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Jésus vient guérir les blessures de l'amour humain

Publiée le 06-11-2021

 

 

     Le 6 novembre 2021 le Pape recevait en Audience, des membres de l’Association Retrouvaille. A cette occasion, il leur a adressé ces mots (larges extraits) :

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     Je suis heureux que durant cette « Année de la Famille Amoris Laetitia » il y ait aussi cette rencontre, dédiée aux conjoints qui vivent une crise, une crise sérieuse dans leur couple. C’est très important, nous ne devons pas nous effrayer d’une crise. La crise nous aide à grandir, et ce à quoi nous devons veiller, c’est de ne pas tomber dans le conflit, car quand tu tombes dans le conflit tu fermes ton c½ur et il n’y a pas de solution au conflit ou difficilement. En revanche, la crise te chamboule un peu, elle te fait parfois ressentir des choses désagréables, mais on peut sortir de la crise, à condition de d’en sortir meilleurs. Nous ne pouvons pas en sortir pareils : soit nous en sortons meilleurs, soit nous en sortons pires. C’est important. Et nous pouvons difficilement sortir de la crise tout seuls, nous devons toujours tous sortir de la crise. …. Ne pas avoir peur de la crise, avoir peur du conflit !

     Le premier mot que je voudrais partager avec vous est justement crise. …Je me retrouve dans votre expérience, qui invite à considérer la crise comme une opportunité, oui, une opportunité douloureuse mais une opportunité, en l’occurrence une opportunité de faire un saut qualitatif dans la relation. Dans l’Exhortation Amoris Laetitia, une partie est consacrée aux crises familiales (cf. 232-238). Et ici, je voudrais immédiatement ajouter un autre mot : blessures. Parce que les crises des gens produisent des blessures, elles produisent des plaies dans le c½ur et dans la chair. « Blessures » est un mot clé pour vous, il fait partie du vocabulaire quotidien de Retrouvaille. Cela fait partie de votre histoire : en effet, vous êtes des couples blessés qui ont traversé la crise et qui sont guéris ; et c’est précisément pour cette raison que vous êtes en mesure d’aider d’autres couples blessés. Vous n’êtes pas partis vous ne vous êtes pas éloignés dans la crise – « cela ne va pas… je retourne chez maman » – ; vous avez pris la crise en main et vous avez cherché la solution.

     Voilà votre don, l’expérience que vous avez vécue et que vous mettez au service des autres. Je vous remercie beaucoup pour cela. C’est un don précieux tant sur le plan personnel qu’ecclésial. On a aujourd’hui un grand besoin de personnes, de conjoints qui sachent témoigner que la crise n’est pas une malédiction, qu’elle fait partie du chemin, et constitue une opportunité. Et nous aussi, prêtres et évêques, nous devons nous engager dans cette voie, montrer que la crise est une opportunité. Sinon, nous serions des prêtres ou des évêques repliés sur nous-mêmes, sans réel dialogue avec les autres. Il y a toujours une crise dans le dialogue réel. Mais pour être crédible, il faut l’avoir vécu. Cela ne peut pas être un discours théorique, une « pieuse exhortation » ; ce ne serait pas crédible. En revanche, vous portez un témoignage de vie. Vous avez été en crise, vous avez été blessés ; grâce à Dieu et avec l’aide de vos frères et s½urs vous êtes guéris ; et vous avez décidé de partager votre expérience, de la mettre au service des autres. Merci pour cela car c’est un geste qui fait grandir et mûrir d’autres couples.

     J’ai été frappé – dans votre « bagage » expérientiel – par la juxtaposition des deux textes bibliques : celui du Bon Samaritain et celui de Jésus ressuscité qui montre ses blessures à ses disciples (Lc 10, 25-37 ; Jn 20, 19 -29). Je vous remercie de m’aider à mieux voir le lien qui existe entre le Bon Samaritain et le Christ ressuscité ; et de voir que ce lien passe par les blessures, les plaies. Dans le personnage du Bon Samaritain, on a toujours reconnu Jésus, dès les écrits des Pères de l’Église. Votre expérience nous aide à voir que ce Samaritain c’est le Christ ressuscité, qui conserve ses plaies dans son corps glorieux et pour cette raison même – comme le dit la Lettre aux Hébreux (cf. 5, 2) – il éprouve de la compassion pour cet homme blessé abandonné au bord de la route, pour nos blessures à tous.

     Après le binôme « crises-blessures », je voudrais partager un autre mot, qui est une « clé » de la pastorale familiale : accompagner. … Accompagner. Cela concerne naturellement les pasteurs, cela fait partie de leur ministère ; mais elle implique aussi les époux en première personne, comme protagonistes d’une communauté qui « accompagne ». Votre expérience  en donne un témoignage précis. Une expérience née « d’en bas », comme cela arrive souvent lorsque l’Esprit Saint suscite de nouvelles réalités dans l’Église qui répondent à de nouveaux besoins. Il en a été ainsi pour « Retrouvaille ». Face à la réalité de tant de couples en difficulté ou déjà divisés, la réponse est d’abord d‘accompagner.

     Et ici, une autre icône biblique nous aide : Jésus ressuscité avec les disciples d’Emmaüs. Jésus n’apparaît pas d’en haut, du ciel, pour dire d’une voix tonitruante : « Vous deux, où allez-vous ? Retournez ! » Non. Il se met à marcher à leurs côtés le long de la route, sans être reconnu. Il écoute leur crise. Il les invite à raconter, à s’exprimer. Et puis il secoue leur sottise, les surprend en leur révélant une perspective différente, qui existait déjà, était déjà écrite, mais ils ne l’avaient pas compris : ils n’avaient pas compris que le Christ devait souffrir et mourir sur la Croix, que la crise fait partie de l’histoire du Salut… C’est important : la crise fait partie de l’histoire du salut. Et la vie humaine n’est pas une vie de laboratoire ou une vie aseptisée… comme si elle était plongée dans l’alcool pour qu’il n’y ait pas de choses étranges… La vie humaine est une vie en crise, une vie avec tous les problèmes qui surviennent chaque jour. Et puis cette personne, qui était Jésus, ce Voyageur s’arrête pour manger avec eux, reste avec eux : il perd son temps avec eux. Pour accompagner, perdre du temps et ne pas continuellement regarder sa montre. Accompagner, c’est « perdre du temps » pour rester au plus près des situations de crise. Et souvent cela prend du temps, cela demande de la patience, du respect, de la disponibilité… Tout cela c’est accompagner. Et vous le savez bien.

     Chers amis, je vous remercie pour votre engagement et je vous encourage à le poursuivre. Je le confie à la protection de la Vierge Marie et de Saint Joseph. Je vous bénis tous, vos familles et je prie pour les couples que vous accompagnez.


 

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