Evangelium Vitae - 2025

Publié le 2025-05-28

2025

9 mai 2025 – Homélie de la Messe Pro Ecclesia, célébrée par le Pape Léon XIV, en présence des Cardinaux électeurs, dans la Chapelle Sixtine

     Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c'est-à-dire l'unique Sauveur et le révélateur du visage du Père.

      En Lui, Dieu, pour se faire proche et accessible aux hommes, s'est révélé à nous dans les yeux confiants d'un enfant, dans l'esprit éveillé d'un adolescent, dans les traits mûrs d'un homme (cf. Conc. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 22), jusqu'à apparaître aux siens, après sa résurrection, dans son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle d'humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d'une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités.

 

 

 

10 mai 2025 – Discours du Pape Léon XIV au Collège Cardinalice.

    Je voudrais que nous renouvelions ensemble, aujourd'hui, notre pleine adhésion au chemin que l'Église universelle suit depuis des décennies dans le sillage du Concile Vatican II. Le Pape François en a magistralement rappelé et actualisé le contenu dans l'Exhortation apostoliqueEvangelii gaudium, dont je voudrais souligner quelques aspects fondamentaux : le retour à la primauté du Christ dans l'annonce (cf. n° 11) ; la conversion missionnaire de toute la communauté chrétienne (cf. n° 9) ; la croissance dans la collégialité et la synodalité (cf. n° 33) ; l'attention au sensus fidei (cf. nos 119-120), en particulier dans ses formes les plus authentiques et les plus inclusives, comme la piété populaire (cf. n° 123) ; l'attention affectueuse aux plus petits et aux laissés-pour-compte (cf. n° 53) ; le dialogue courageux et confiant avec le monde contemporain dans ses diverses composantes et réalités (cf. n° 84 ; Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, 1-2).

     Il s'agit de principes évangéliques qui ont toujours animé et inspiré la vie et l'œuvre de la Famille de Dieu, de valeurs à travers lesquelles le visage miséricordieux du Père s'est révélé et continue de se révéler dans le Fils fait homme, espérance ultime de quiconque recherche sincèrement la vérité, la justice, la paix et la fraternité (cf. Benoît XVI, Lett. enc. Spe salvi, 2 ; François, Bulle Spes non confundit, n. 3).

     C'est précisément parce que je me sens appelé à poursuivre dans ce sillage que j'ai pensé à prendre le nom de Léon XIV. Il y a plusieurs raisons, mais principalement parce que le Pape Léon XIII, avec l'encyclique historique Rerum novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle ; et aujourd'hui l'Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l'intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail.

 

 

 

16 mai 2025 – Discours de Léon XIV aux membres du Corps Diplomatiques accrédités près le Saint-Siège

      Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de s’efforcer à construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées. Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, « une société très petite sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile » [2]. En outre, personne ne peut se dispenser de promouvoir des contextes où la dignité de chaque personne soit protégée, en particulier celle des plus fragiles et des plus vulnérables, du nouveau-né à la personne âgée, du malade au chômeur, que celui-ci soit citoyen ou immigrant.

     … L’Église ne peut jamais se soustraire à son devoir de dire la vérité sur l’homme et sur le monde, en recourant si nécessaire à un langage franc qui peut au début susciter une certaine incompréhension. Mais la vérité n’est jamais séparée de la charité qui, à la racine, a toujours le souci de la vie et du bien de tout homme et de toute femme. D’ailleurs, dans la perspective chrétienne, la vérité n’est pas l’affirmation de principes abstraits et désincarnés, mais la rencontre avec la personne même du Christ qui vit dans la communauté des croyants.

 

17 mai 2025 – Discours du Pape Léon XIV aux membres de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice

     … Il existe aujourd’hui un besoin généralisé de justice, une demande de paternité et de maternité, un profond désir de spiritualité, surtout chez les jeunes et les marginalisés, qui ne trouvent pas toujours de moyens efficaces pour s’exprimer. Il existe une attente croissante envers la Doctrine sociale de l’Eglise à laquelle nous devons répondre.

 

 

 

28 mai 2025 – Message du Pape Léon XIV aux participants au séminaire « Evangéliser les familles d’aujourd’hui et de demain : défis ecclésiologiques et pastoraux », promu par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie.

     Je suis heureux qu’au lendemain de la célébration du Jubilé des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes âgées, un groupe d’experts se soit réuni au Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie pour réfléchir sur le thème: Evangéliser avec les familles d’aujourd’hui et de demain. Défis ecclésiologiques et pastoraux.

     Ce thème exprime bien la sollicitude maternelle de l’Eglise à l’égard des familles chrétiennes présentes dans le monde entier: membres vivants du Corps mystique du Christ et premier noyau ecclésial auquel le Seigneur confie la transmission de la foi et de l’Evangile, en particulier aux nouvelles générations.

     La recherche profonde d’infini inscrite dans le cœur de tout homme donne aux pères et aux mères la mission de rendre leurs enfants conscients de la Paternité de Dieu, selon ce qu’écrivait saint Augustin: «La source de la vie est auprès de toi, comme c’est dans ta lumière que nous verrons la lumière» (Confessions, XIII, 16).

     Notre époque est caractérisée par une recherche croissante de spiritualité, perceptible surtout chez les jeunes, désireux de relations authentiques et de maîtres de vie. C’est pourquoi il est important que la communauté chrétienne sache porter son regard au loin, devenant gardienne, face aux défis du monde, de cet élan de foi qui habite le cœur de chacun.

      Il est particulièrement urgent, dans cet effort, de prêter une attention spéciale aux familles qui, pour diverses raisons, sont spirituellement plus éloignées: celles qui ne se sentent pas concernées, qui se disent désintéressées, ou encore qui se sentent exclues des parcours ordinaires mais qui aimeraient malgré tout faire partie d’une communauté dans laquelle grandir et avec laquelle marcher. Combien de personnes aujourd’hui ignorent l’invitation à rencontrer Dieu!

     Malheureusement, face à ce besoin, une «privatisation» de plus en plus répandue de la foi empêche souvent ces frères et sœurs de découvrir la richesse et les dons de l’Eglise, lieu de grâce, de fraternité et d’amour!

     Ainsi, bien qu’habités par des désirs sains et saints, tout en cherchant véritablement des appuis pour gravir les beaux sentiers de la vie et de la pleine joie, beaucoup finissent par s’en remettre à de faux soutiens qui, ne supportant pas le poids de leurs aspirations les plus profondes, les laissent retomber vers le bas, les éloignant de Dieu et en faisant d’eux des naufragés dans un océan de sollicitations mondaines.

     Parmi eux se trouvent des pères et des mères, des enfants, des jeunes et des adolescents, parfois éloignés par des modèles de vie illusoires où il n’y a pas de place pour la foi, et à la diffusion desquels contribue dans une large mesure l’usage déformé de moyens en eux-mêmes potentiellement bons — comme les réseaux sociaux — mais qui deviennent nuisibles lorsqu’ils véhiculent des messages trompeurs.

      C’est précisément ce désir d’aller «pêcher» cette humanité qui pousse l’Eglise dans son effort pastoral et missionnaire, pour la sauver des eaux du mal et de la mort à travers la rencontre avec le Christ.

     Il se peut que de nombreux jeunes, qui aujourd’hui préfèrent le concubinage au mariage chrétien, ont en réalité besoin de quelqu’un qui leur montre, de manière concrète et compréhensible, surtout par l’exemple de la vie, ce qu’est le don de la grâce sacramentelle et quelle force en découle; qui les aide à comprendre «la beauté et la grandeur de la vocation à l’amour et au service de la vie» que Dieu confie aux époux (saint Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio, n. 1).

     De même, de nombreux parents, dans l’éducation à la foi de leurs enfants, ont besoin de communautés qui les soutiennent pour créer les conditions permettant à leurs enfants de rencontrer Jésus, «des lieux où se réalise cette communion d’amour qui trouve sa source ultime en Dieu lui-même» (François, Audience générale, 9 septembre 2015).

     La foi est avant tout une réponse à un regard d’amour, et la plus grande erreur que nous puissions commettre en tant que chrétiens est, selon les paroles de saint Augustin, «de prétendre faire consister la grâce du Christ dans son exemple, et non dans le don de sa personne» (Contra Iulianum opus imperfectum, II, 146). Combien de fois, dans un passé sans doute pas si lointain, avons-nous oublié cette vérité, et présenté la vie chrétienne principalement comme un ensemble de préceptes à observer, remplaçant ainsi l’expérience merveilleuse de la rencontre avec Jésus, Dieu qui se donne à nous, par une religion moralisante, lourde, peu attirante, et par certains aspects irréalisables dans la vie quotidienne concrète.

     Dans ce contexte, il revient d’abord aux évêques, successeurs des apôtres et pasteurs du troupeau du Christ, de jeter les filets en mer et de devenir «pêcheurs de familles». Mais les laïcs sont eux aussi appelés à s’impliquer dans cette mission, devenant, aux côtés des ministres ordonnés, des «pêcheurs» de couples, de jeunes, d’enfants, de femmes et d’hommes de tout âge et de toute condition, afin que tous puissent rencontrer Celui qui seul peut sauver. En effet, chacun de nous, dans le baptême, est constitué Prêtre, Roi et Prophète pour ses frères, et devient «pierre vivante» (cf. 1 P 2, 4-5) pour la construction de l’édifice de Dieu «dans la communion fraternelle, dans l’harmonie de l’Esprit, dans la coexistence des diversités» (Homélie, 18 mai 2025).

     Je vous demande donc de vous unir aux efforts par lesquels toute l’Eglise part à la recherche de ces familles qui, seules, ne s’approchent plus; afin de comprendre comment marcher avec elles et comment les aider à rencontrer la foi, pour qu’elles deviennent à leur tour «pêcheuses» d’autres familles.

     Ne vous laissez pas décourager par les situations difficiles que vous rencontrerez. Il est vrai qu’aujourd’hui, les foyers familiaux sont blessés de nombreuses manières, mais «l’Evangile de la famille nourrit également ces germes qui attendent encore de mûrir et doit prendre soin des arbres qui se sont desséchés et qui ont besoin de ne pas être négligés» (François, Exhort. apost. Amoris laetitia, n. 76).

     C’est pourquoi il est urgent de promouvoir la rencontre avec la tendresse de Dieu, qui valorise et aime l’histoire de chacun. Il ne s’agit pas d’apporter des réponses hâtées à des questions difficiles, mais de se faire proches des personnes, de les écouter, en cherchant à comprendre avec elles comment affronter les difficultés, prêts aussi à nous ouvrir, si nécessaire, à de nouveaux critères d’évaluation et à différentes modalités d’action, car chaque génération est différente des précédentes et présente des  défis, des rêves et des interrogations propres. Mais, au milieu de tant de changements, Jésus Christ demeure «le même hier, aujourd’hui et à jamais» (He 13, 8 ). C’est pourquoi, si nous voulons aider les familles à vivre des chemins joyeux de communion et à être les unes pour les autres des semences de foi, il est nécessaire, avant tout, que nous cultivions et renouvelions notre propre identité de croyants.

     Chers frères et sœurs, je vous remercie pour ce que vous faites! Que l’Esprit Saint vous guide dans le discernement de critères et de modalités d’engagement ecclésial capables de soutenir et de promouvoir la pastorale familiale. Aidons les familles à écouter avec courage la proposition du Christ et les appels de l’Eglise! Je vous porte dans ma prière et je vous donne de tout cœur à  tous la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 28 mai 2025

 

 

 

1er juin 2025 – Homélie du Pape Léon XIV lors de la Messe du Jubilé des familles.

     Très chers amis, nous avons reçu la vie avant même de la vouloir. Comme l’enseignait le pape François, « tous les hommes sont des enfants, mais aucun de nous n’a choisi de naître » (Angelus, 1er janvier 2025). Mais ce n’est pas tout. Dès notre naissance, nous avons eu besoin des autres pour vivre, seuls nous n’y serions pas y arriver : c’est quelqu’un d’autre qui nous a sauvés, en prenant soin de nous, de notre corps comme de notre esprit. Nous vivons donc tous grâce à une relation, c’est-à-dire à un lien libre et libérateur d’humanité et de soin mutuel.

     Il est vrai que parfois cette humanité est trahie. Par exemple, chaque fois que l’on invoque la liberté non pour donner la vie, mais pour la retirer, non pour secourir, mais pour offenser. Cependant, même face au mal qui s’oppose et tue, Jésus continue de prier le Père pour nous, et sa prière agit comme un baume sur nos blessures, devenant pour tous une annonce de pardon et de réconciliation. Cette prière du Seigneur donne pleinement un sens aux moments lumineux de notre amour les uns pour les autres, en tant que parents, grands-parents, fils et filles. Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde : nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”, dans nos familles et là où nous vivons, travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux, mais un, toujours, en toutes circonstances et à tous les âges de la vie.

     Mes très chers amis, si nous nous aimons ainsi, sur le fondement du Christ, qui est « l’alpha et l’oméga », « le commencement et la fin » (cf. Ap 22, 13), nous serons un signe de paix pour tous, dans la société et dans le monde. Et n’oublions pas : c’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples.

 

     Oui : en désignant comme témoins exemplaires des époux, l’Église nous dit que le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour connaître et accueillir l’amour de Dieu et surmonter, par sa force qui unifie et réconcilie, les forces qui désagrègent les relations et les sociétés.

 

     Le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond (cf. Saint Paul VI, Lettre encyclique Humanae vitae, 9). Tout en vous transformant en une seule chair, cet amour vous rend capables, à l’image de Dieu, de donner la vie.

 

 

1er juin 2025 – Méditation du Pape Léon lors de la prière Mariale du Regina Caeli

     Je suis heureux d'accueillir autant d'enfants qui ravivent notre espérance ! Je salue toutes les familles, petites églises domestiques, où l'Évangile est accueilli et transmis. La famille – disait saint Jean-Paul II – trouve son origine dans l'amour avec lequel le Créateur embrasse le monde créé (Lett. Gratissimam sane, n. 2). Que la foi, l'espérance et la charité grandissent toujours dans nos familles. Je salue tout particulièrement les grands-parents et les personnes âgées Vous êtes un modèle authentique de foi et une source d'inspiration pour les jeunes générations. Merci d'être venus !

 

 

4 juin 2025 – Enseignement du Pape Léon lors de l’Audience Générale, en partant de la parabole des ouvriers de la vigne : Mt 20,4

     Parfois, nous avons l'impression de ne pas parvenir à trouver de sens à notre vie : nous nous sentons inutiles, inadaptés, comme les ouvriers qui attendent sur la place du marché que quelqu'un les fasse travailler. Mais il arrive aussi que le temps passe, que la vie s'écoule et que nous ne nous sentions pas reconnus ni appréciés. Peut-être ne sommes-nous pas arrivés à temps, d'autres se sont présentés avant nous, ou des soucis nous ont retenus ailleurs.

     La métaphore de la place du marché est également très adaptée à notre époque, car le marché est le lieu des affaires, où malheureusement s’achète et se vend autant l’affection que la dignité, en essayant d’en tirer profit. Et quand on ne se sent pas valorisé, reconnu, on risque même de se vendre au premier venu. Le Seigneur, au contraire, nous rappelle que notre vie a une valeur et qu'il désire nous aider à la découvrir.

     Toujours dans la parabole,  il y a des ouvriers qui attendent que quelqu'un les prenne pour une journée. Nous sommes au chapitre 20 de l'Évangile de Matthieu et là aussi nous trouvons un personnage au comportement inhabituel, qui étonne et interroge. Il s'agit du propriétaire d'une vigne, qui se déplace en personne pour aller chercher ses ouvriers. Il veut évidemment établir avec eux une relation personnelle.

     Comme je le disait, c'est une parabole qui donne de l'espérance, parce qu'elle nous dit que ce patron sort plusieurs fois pour aller à la recherche de qui cherche à donner un sens à sa vie. Le patron sort dès l'aube et revient ensuite toutes les trois heures pour chercher des ouvriers à envoyer dans sa vigne. Selon ce schéma, après être sorti à trois heures de l'après-midi, il n'y aurait plus de raison de sortir à nouveau, car la journée de travail se terminerait à six heures.

     Au lieu de cela, ce patron infatigable, qui veut à tout prix valoriser la vie de chacun d’entre nous, sort pourtant à cinq heures. Les ouvriers restés sur la place du marché avaient sans doute perdu tout espoir. Cette journée s’était déroulée en vain. Et pourtant, quelqu'un a cru encore en eux. Quel sens cela a-t-il de prendre des ouvriers uniquement pour la dernière heure de la journée de travail ? Quel sens cela a-t-il d'aller travailler pour une heure seulement ? Pourtant, même lorsqu'il nous semble de ne pouvoir faire que peu de chose dans la vie, cela en vaut toujours la peine. Il y a toujours la possibilité de trouver un sens, parce que Dieu aime notre vie.

     Et l'originalité de ce patron se manifeste aussi à la fin de la journée, au moment de la paie. Avec les premiers ouvriers, ceux qui vont à la vigne dès l'aube, le maître s'était mis d'accord sur une somme d'argent, qui était le coût typique d'une journée de travail. Aux autres, il dit qu'il leur donnera ce qui est juste. Et c'est précisément ici que la parabole vient nous interpeller : qu'est-ce qui est juste ? Pour le propriétaire de la vigne, c'est-à-dire pour Dieu, il est juste que chacun ait le nécessaire pour vivre. Il a appelé les travailleurs personnellement, il connaît leur dignité et il veut les payer en fonction de celle-ci. Et il leur donne à tous de l'argent.

     Le récit dit que les ouvriers de la première heure sont déçus : ils ne voient pas la beauté du geste du patron, qui n'a pas été injuste, mais simplement généreux, il n’a pas seulement considéré le mérite, mais aussi le besoin. Dieu veut donner à tous son Royaume, c'est-à-dire une vie pleine, éternelle et heureuse. Et c'est ainsi que Jésus fait avec nous : il ne fait pas de classement, à qui lui ouvre son cœur il Se donne tout entier.

     À la lumière de cette parabole, le chrétien d'aujourd'hui pourrait être tenté de penser : "Pourquoi commencer à travailler immédiatement ? Si la rémunération est la même, pourquoi travailler plus ? A ces doutes Saint Augustin répondait ainsi : « Pourquoi donc tardes-tu à suivre celui qui t’appelle, alors que tu es sûr de la rémunération mais incertain du jour ? Prends garde de ne pas te priver toi-même, à force de repousser, ce qu'il te donnera selon sa promesse » [1].

     Je voudrais dire, surtout aux jeunes, de ne pas attendre, mais de répondre avec enthousiasme au Seigneur qui nous appelle à travailler dans sa vigne. Ne pas tarder, retrousse les manches, car le Seigneur est généreux et tu ne seras pas déçu ! En travaillant dans sa vigne, tu trouveras une réponse à cette interrogation profonde que tu portes en toi : quel est le sens de ma vie ?

     Chers frères et sœurs, ne nous décourageons pas ! Même dans les moments sombres de la vie, quand le temps passe sans nous donner les réponses que nous cherchons, demandons au Seigneur de sortir à nouveau et de nous rejoindre là où nous l'attendons. Le Seigneur est généreux et il viendra aussitôt !

 

 

4 juin 2025 – Paroles du Pape Léon XIV, aux pèlerins francophones venus à l’Audience Générale.

     Notre monde peine à trouver une valeur à la vie humaine, même en sa dernière heure : que l’Esprit du Seigneur éclaire nos intelligences, pour que nous sachions défendre la dignité intrinsèque de toute personne humaine.

 

 

17 juin 2025 – Message du Pape Léon XIV aux participants à le 2ème Conférence annuelle sur l’IA, éthique et gouvernance d’entreprise les 19 et 20 juin

     A l’occasion de cette deuxième conférence annuelle de Rome sur l’Intelligence artificielle, j’exprime mes meilleurs vœux dans la prière à tous les participants. Votre présence témoigne du besoin urgent d’une réflexion sérieuse et d’un débat constant sur la dimension intrinsèquement éthique de l’IA, ainsi que sur sa gouvernance responsable. A cet égard, je suis heureux que le deuxième jour de la Conférence se déroule au Palais apostolique, ce qui manifeste clairement la volonté de l’Eglise de participer à ces débats qui touchent directement le présent et l’avenir de notre famille humaine.

     A côté de son extraordinaire potentiel au bénéfice de la famille humaine, le développement rapide de l’IA soulève également des questions plus profondes concernant l’utilisation appropriée de cette technologie pour édifier une société mondiale plus authentiquement juste et humaine. Dans ce sens, tout en étant sans aucun doute un produit exceptionnel du génie humain, l’IA est «avant tout un outil» (Pape François, Discours à la session du G7 sur l’Intelligence artificielle, 14 juin 2024). Par définition, les outils renvoient à l’intelligence humaine qui les a conçus et tirent une grande partie de leur force éthique des intentions des personnes qui les manipulent. Dans certains cas, l’IA a été utilisée de façon positive et même noble pour promouvoir une plus grande égalité, mais il existe également la possibilité qu’elle soit détournée à des fins égoïstes au détriment des autres, ou pire, pour fomenter les conflits et les agressions.

     Pour sa part, l’Eglise désire contribuer à un débat serein et éclairé sur ces questions urgentes en soulignant avant tout le besoin de mesurer les ramifications de l’IA à la lumière du «développement intégral de la personne et de la société» (Note Antiqua et Nova, n. 6). Cela implique de prendre en compte le bien-être de la personne humaine, non seulement du point de vue matériel, mais également intellectuel et spirituel; cela signifie sauvegarder la dignité inviolable de chaque personne humaine et respecter la richesse culturelle et spirituelle des peuples du monde. En définitive, les bénéfices ou les risques de l’IA doivent être évalués précisément en fonction de ce critère éthique supérieur.

     Malheureusement, comme le regretté Pape François l’a souligné, nos sociétés assistent aujourd’hui à une certaine «disparition ou du moins à une éclipse du sens de l’humain» et cela nous exhorte tous à réfléchir plus profondément sur la véritable nature et l’unicité de notre dignité humaine commune (Discours à la session du G7 sur l’Intelligence artificielle, 14 juin 2024). L’IA, en particulier l’IA générative, a ouvert de nouveaux horizons à différents et multiples niveaux, notamment en améliorant la recherche en matière de santé et de découverte scientifique, mais elle soulève également des questions préoccupantes sur ses possibles répercussions sur l’ouverture de l’humanité à la vérité et à la beauté, sur notre capacité distinctive à saisir et à interpréter la réalité. Reconnaître et respecter ce qui caractérise de façon unique la personne humaine est essentiel au débat de tout cadre éthique adéquat pour la gouvernance de l’IA.  

     Nous sommes tous, j’en suis certain, préoccupés pour les enfants et les jeunes, et les possibles conséquences de l’utilisation de l’IA sur le développement intellectuel et neurologique. Il faut aider nos jeunes, et non pas les entraver, dans leur parcours vers la maturité et la véritable responsabilité. Ils sont notre espérance pour l’avenir, et le bien-être de la société dépend de la capacité qu’ils pourront avoir de développer les dons et les aptitudes que Dieu leur a donnés, et de répondre aux défis de notre époque et aux besoins des autres avec un esprit libre et généreux. Aucune génération n’a jamais eu un tel accès rapide à la masse d’information désormais disponible grâce à l’IA. Mais une fois encore, l’accès à des données — bien qu’extensives — ne doit pas être confondue avec l’intelligence, qui implique nécessairement «l’ouverture de la personne aux questions ultimes de la vie et reflète une orientation vers le Vrai et le Bien» (Antiqua et Nova, n. 29). A la fin, la sagesse authentique est davantage liée à la reconnaissance de la véritable signification de la vie, qu’à la disponibilité de données.

     Chers amis, dans cette perspective, je forme le vœu que vos débats considéreront également l’IA dans le contexte de l’apprentissage intergénérationnel nécessaire qui permettra aux jeunes d’intégrer la vérité dans leur vie morale et spirituelle, éclairant ainsi leurs décisions mûres et ouvrant la voie à un monde de plus grande solidarité et unité (cf. ibid., n. 28). La tâche qui s’ouvre à vous n’est pas aisée, mais elle est d’une importance vitale. En vous remerciant pour vos efforts présents et futurs, j’invoque cordialement sur vous et vos familles les bénédictions divines de sagesse, de joie et de paix.

Du Vatican, le 17 juin 2025

Léon PP. XIV

 

 

 

21 juin 2025 – Discours du Pape Léon XIV lors du Jubilé des Pouvoirs Publics, et Parlementaires

…     Pour avoir alors un point de référence unitaire dans l’action politique, au lieu d’exclure a priori, dans les processus décisionnels, la référence au transcendant, il convient d’y rechercher ce qui unit chacun. A cet égard, un point de référence incontournable est celui de la loi naturelle: non pas écrite de la main de l’homme, mais reconnue comme valide universellement et en tout temps, qui trouve dans la nature même sa forme la plus plausible et convaincante. Dans l’Antiquité, Cicéron en était déjà un éminent interprète, en écrivant dans De re publica: «Il est une loi véritable, la droite raison conforme à la nature, immuable, éternelle, qui appelle l’homme au bien par ses commandements, et le détourne du mal par ses menaces […].  On ne peut ni l’infirmer par d’autres lois, ni déroger à quelqu’un de ses préceptes, ni l’abroger tout entière; ni le sénat ni le peuple ne peuvent nous dégager de son empire; elle n’a pas besoin d’interprète qui l’explique;  il n’y en aura pas une à Rome, une autre à Athènes, une aujourd’hui, une autre dans un siècle; mais une seule et même loi éternelle et inaltérable régit à la fois tous les peuples, dans tous les temps» (Cicéron, La République, III, 22).

     La loi naturelle, universellement valide au-delà d’autres opinions pouvant être discutées, constitue la boussole pour légiférer et agir, notamment face aux délicates questions éthiques qui, aujourd’hui plus que par le passé, touchent le domaine de la vie personnelle et de la vie privée.

     La Déclaration universelle des droits de l’homme, approuvée et proclamée par les Nations unies le 10 décembre 1948, appartient désormais au patrimoine culturel de l’humanité. Ce texte, toujours actuel, peut contribuer de manière décisive à replacer la personne humaine, dans son intégrité inviolable, à la base de la recherche de vérité, afin de rendre sa dignité à ceux qui ne se sentent pas respectés dans leur for intérieur et dans les exigences de leur conscience.

     … Le degré de civilisation atteint dans notre monde, et les objectifs auxquels vous êtes appelés à répondre, trouvent aujourd’hui un grand défi dans l’intelligence artificielle. Il s’agit d’un développement qui apportera sans aucun doute une aide utile à la société, dans la mesure où, toutefois, son utilisation ne compromet pas l’identité et la dignité de la personne humaine, ni ses libertés fondamentales. En particulier, il ne faut pas oublier que le rôle de l’intelligence artificielle est d’être un instrument au service du bien de l’être humain, et non pour le diminuer ou en provoquer la perte. Le défi qui se profile est donc important, et exige une grande attention, une vision clairvoyante de l’avenir, afin de concevoir, dans un monde en rapide mutation, des styles de vie sains, justes et sûrs, en particulier pour les jeunes générations.

     La vie personnelle vaut beaucoup plus qu’un algorithme et les relations sociales ont besoin d’espaces humains bien plus riches que les schémas limités que peut préfabriquer une quelconque machine sans âme. N’oublions pas que bien qu’étant en mesure d’emmagasiner des millions de données et d’offrir en quelques secondes des réponses à de nombreuses questions, l’intelligence artificielle  demeure dotée d’une «mémoire» statique, sans comparaison possible avec celle de l’homme et de la femme, qui est au contraire créative, dynamique, générative, capable d’unir passé, présent et avenir dans une recherche vivante et féconde de sens, avec toutes les implications éthiques et existentielles qui en découlent (cf. François, Discours à la session du G7 sur l’intelligence artificielle, 14 juin 2024).

La politique ne peut ignorer un tel défi. Elle est, au contraire, appelée à répondre aux nombreux citoyens qui regardent à juste titre les défis liés à cette nouvelle culture numérique avec confiance mais aussi préoccupation.

     Saint Jean-Paul II, lors du Jubilé de l’an 2000, a indiqué aux hommes politiques saint Thomas More comme témoin à admirer et intercesseur sous la protection duquel placer leur engagement. En effet, Thomas More fut un homme fidèle à ses responsabilités civiles, précisément en vertu de sa foi, qui le conduisit à interpréter la politique non pas comme une profession, mais comme une mission pour la promotion de la vérité et du bien. Il «mit son activité publique au service de la personne, surtout quand elle est faible ou pauvre; il géra les controverses sociales avec un grand sens de l’équité; il protégea la famille et la défendit avec une détermination inlassable; il promut l’éducation intégrale de la jeunesse» (Lett. Ap. M.P. E Sancti Thomae Mori, 31 octobre 2000, n. 4). Le courage avec lequel il n’hésita pas à sacrifier sa vie pour ne pas trahir la vérité en fait pour nous, aujourd’hui encore, un martyr de la liberté et de la primauté de la conscience. Puisse son exemple être pour chacun de vous une source d’inspiration et d’orientation.

 

 

 

 

 

 

 

    

 

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