Publiée le 04-09-2019
Extrait de l'éditorial de Mgr Aillet, paru dans la revue diocésaine "Notre Eglise" d'octobre 2019
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"La ferveur de ce petit troupeau est d’autant plus importante aujourd’hui que ce que saint Jean Paul II appelait des « structures de péché » exerce une influence de plus en plus destructrice sur les équilibres de vie de nos contemporains. C’est en plein été que le projet de loi bioéthique a été présenté en Conseil des ministres pour être discuté en priorité au Parlement dès le mois de septembre, comme si, avec la crise des gilets jaunes, il n’y avait rien de plus urgent en France ! Peut-être la bataille est-elle perdue d’avance : rien ne peut résister au progrès de la liberté individuelle qui soumet désormais la loi, censée protéger et promouvoir le bien commun, aux désirs individuels. Pour satisfaire les désirs de quelques-uns, en substituant à la nature de la personne humaine les prouesses coûteuses de la science et de la technique, on va légaliser la PMA pour toutes et organiser la fabrication d’enfants privés intentionnellement de père ! Est-ce vraiment un progrès pour l’humanité ? Ce n’est pas faute d’avoir alerté et pourtant rien n’y a fait : ni les Etats généraux de la bioéthique où un large consensus s’est constitué contre la PMA ; ni les prises de position épiscopales pourtant bien argumentées du point de vue scientifique et anthropologique, et dans une volonté de dialogue apaisé. Nul ne fait plus attention aux mensonges qui nous bercent d’illusions : à l’heure du PACS, ceux qui nous gouvernent juraient leurs grands dieux qu’il n’y aurait jamais de mariage homosexuel ; à l’heure du mariage pour tous, on nous assurait en haut lieu qu’il n’y aurait jamais la PMA ; aujourd’hui on nous promet qu’il n’y aura pas de GPA … autrement dit : celle-ci est inéluctable à plus ou moins brève échéance ! Comme le souligne Chantal Delsol dans une excellente chronique : « Nous avons l’impression que rien ne peut arrêter ce processus, que le dit progrès est comme une roue crantée qui jamais ne retourne en arrière ».
Pour autant, le petit troupeau qui ne se désintéresse pas du bien de l’homme, dont la dignité est d’avoir été créé par Dieu à son image et racheté par Jésus-Christ, ne doit en aucun cas se démobiliser. Il doit même faire entendre la voix de la raison et du bon sens, et se joindre à tous les hommes de bonne volonté qui n’abdiquent pas leur dignité. A court terme, cette voix est quasi inaudible auprès des gouvernants et des législateurs et d’une opinion publique anesthésiée par des medias complices. Mais le petit troupeau se situe résolument dans le temps long et il sait qu’en se manifestant il peut réveiller les consciences. Il faut continuer à crier dans le désert, en espérant contre toute espérance. Dieu n’est jamais insensible au cri des pauvres qui n’ont pas d’autres armes que leur foi, leur prière et l’intégrité de leur conscience pour combattre et remporter la victoire. Oui il faut se manifester.