Publiée le 20-07-2010
extrait de sa lettre pastorale aux diocésains du diocèse de Laval en la Solennité de la Pentecôte, 23 mai 2010
Notre société connaît des évolutions profondes qui modifient les façons de vivre ensemble et nos manières d'être hommes. Nous vivons en des temps difficiles où rien n'encourage vraiment des jeunes hommes et des jeunes femmes à se lancer dans l'aventure du mariage. Pour le dire autrement, la climatologie ambiante n'est globalement pas favorable aux projets de vocations qui inscrivent l'engagement amoureux dans le sens de la durée et de la fidélité jusqu'au bout. Et cela est vrai tout autant dans la vie consacrée que dans le sacrement de mariage. La crise que nous traversons, crise de l'appel et de l'engagement, est donc d'abord une crise de nos sociétés où il est difficile de trouver des chemins vers une réelle humanisation. Il est important de redire cela pour nous affranchir d'une double tentation qui consisterait, soit à désigner des coupables à l'intérieur même de l'Église, soit à « diaboliser » la société dans laquelle nous vivons. Notre Église est le reflet des mutations qui affectent la société tout entière, une société sécularisée, toujours plus tentée de se replier sur elle-même en refusant de s'ouvrir à la transcendance.
C'est bien dans cette société cependant que nous avons reçu mission d'annoncer l'Évangile en aimant le monde tel qu'il est. Pour cela, il nous faut une bonne dose de courage et d'audace.
Car, que nous en soyons conscients ou non, l'air ambiant que nous respirons se trouve, depuis longtemps déjà, appauvri des valeurs de l'Évangile : nous baignons en permanence, osons-le dire, dans une atmosphère où règnent les idéaux de l'argent, du plaisir, de la réussite sociale. L'indifférence religieuse s'étend jusque dans nos campagnes et nos villages avec ce fond de néo-paganisme qui imprègne largement les mentalités et les comportements, si bien que, même parmi les chrétiens, il en est beaucoup qui vivent « comme si Dieu n'existait pas ».
Il nous faut par conséquent remettre le Christ au centre de nos familles. Et remettre le Christ au centre, c'est réapprendre ces gestes simples de la vie chrétienne, à commencer par le signe de la Croix dont nos fronts ont été marqués au jour de notre baptême, les gestes de bénédiction, en particulier la bénédiction des repas au moment de se mettre à table ; c'est retrouver le chemin de la prière, prière du Rosaire et prière personnelle, car la prière est la foi en acte. Remettre le Christ au centre, c'est réintroduire les valeurs de renoncement et de sacrifice en des temps où ne compte que la satisfaction immédiate des désirs personnels ; c'est éduquer nos enfants à l'intériorité, c'est-à-dire à cette joie du dialogue avec Dieu dans le sanctuaire du coeur. L'enfant n'est pas seulement un corps qu'il faut faire grandir, il n'est pas seulement une intelligence qu'il faut former, il est aussi et surtout une âme spirituelle qu'il faut épanouir en éveillant sa conscience à cette présence de Dieu qui habite au plus intime de lui-même comme en chacun de nous, une présence qui invite à une relation partagée, une relation d'amour tout simplement. Oui, tout être humain porte en lui une dimension spirituelle. Et donc, il n'est pas facultatif d'éduquer cette part essentielle et structurante de la personnalité, en particulier chez nos jeunes qui subissent aujourd'hui la tyrannie de l'image et du son comme pour remplir un vide intérieur. Oui, si nous invitons chez nous la Parole de Dieu, c'est comme un climat nouveau qui s'instaurera au coeur de nos familles, climat de bienveillance, d'amour et de paix.