Publiée le 05-12-2017
Lettre du card. Piacenza aux prêtres du monde, à l'approche de Noël 2017
Très chers et vénérés confrères dans le sacerdoce,
Pour conclure le parcours de cette année liturgique, la sagesse de l’Église avec laquelle Dieu, immuable et éternel, « marque les rythmes du monde, les jours, les siècles et le temps », nous a conduits à confesser et à célébrer la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ ; une royauté au moyen de laquelle le Christ étend sa domination salvifique sur l’univers et sur l’histoire, est présent dans le monde à travers son corps qu’est l’Église et, assis à la droite du Père, jugera chacun selon ses œuvres.
Avec le premier dimanche de l’Avent, nous sommes conduits dans la nouvelle année liturgique pour contempler l’acte central et originel – nous pourrions dire l’essence – de tout le christianisme : la venue de Dieu parmi nous. Cette venue s’insère dans l’histoire à un point et en un moment bien précis et, en même temps, en adopte tout le chemin, se prolongeant au long des siècles à travers le mystère de l’Église, pour dévoiler enfin la création tout entière au jour de son Avènement glorieux.
Ainsi, le commencement et la fin de l’année liturgique, le commencement et l’accomplissement du salut, se touchent vraiment – se confondent presque – et, tandis que nous avançons vers la mangeoire de Bethléem, nous préparons notre cœur à la venue du Dieu-Homme, qui « vient » continuellement dans le temps de l’Église, pour nous libérer par sa miséricorde et qui viendra à la fin des temps, dans la splendeur de la vérité, pour juger les hommes selon leur foi opérante dans la charité.
Ce « jugement final » semble toujours plus étrange à une culture contemporaine dominée par la « dictature de l’instant » et de moins en moins disponible, sinon ouvertement hostile, à l’égard du transcendant. Et pourtant, nous, les confesseurs, nous sommes les témoins privilégiés de la manière dont ce jugement dernier est, en réalité, admirablement anticipé chaque jour, pour le salut de tous les hommes, à travers le sacrement de la miséricorde.
Dans la rencontre sacramentelle avec le pénitent, en vertu de son Incarnation, de sa mort et de sa résurrection, le Christ se fait le compagnon de tous les hommes, s’enfonce dans les profondeurs du péché et le vainc encore et toujours par la puissance de sa résurrection. Dans cette douce rencontre de la miséricorde, le pénitent reconnaît dans l’humanité consacrée du confesseur la présence du mystère ; ou plutôt, il voit cette humanité totalement définie par le Christ, au point de chercher le confesseur avec sécurité, bien qu’il ne le connaisse pas personnellement ; et encore, le pénitent se reconnaît coupable de la croix du Seigneur, à cause de ses péchés qu’il confesse et dépose au pied de cette croix ; enfin, il invoque le sang du Christ rédempteur, pour qu’il renouvelle en lui la grâce du baptême, faisant de lui une « nouvelle créature ».
Quelle grâce immense, pour celui qui exerce avec fidélité le ministère de la Réconciliation, de pouvoir s’offrir au Dieu-Homme pour le salut de chaque frère, en se penchant tendrement sur la pauvreté humaine, en rejoignant cette périphérie du péché dans lequel on a seulement la force de pénétrer et en voyant chacun relevé de son indigence spirituelle et immédiatement enrichi de ce que nous avons de plus cher dans le christianisme : le Christ lui-même !
Je ressens le devoir d’adresser des remerciements tout particuliers aux pénitenciers des basiliques papales « in Urbe » et je les étends volontiers à mes chers confrères présents dans le monde entier pour le ministère fidèlement, et parfois héroïquement, vécu au service du bien authentique de la personne humaine. En effet, l’œuvre du confesseur et réellement au service de l’« écologie de l’homme » si souvent invoquée (Pape François, Lett. Enc. Laudato si’, n.155), de laquelle toute la société humaine tire un profit invisible mais très efficace.
Votre ministère, chers amis confesseurs, ne fait pas de bruit mais il fait des miracles ! Personne ne le remarque mais Dieu voit, et c’est ce qui compte ! Sur la base d’une joyeuse fidélité à la prière personnelle, à votre « conversatio in caelis », vous obtiendrez toujours les lumières et la générosité nécessaires pour expier pour vous-mêmes et pour vos pénitents ; réservez toujours un rôle privilégié au service silencieux, et pas toujours gratifiant humainement, de la confession. Entre autres, je me permets de rappeler que, par le sacrement de la Pénitence, non seulement vous effacez les péchés, mais vous devez engager les pénitents sur la voie de la sainteté, exerçant sur eux, sous une forme convaincante, un véritable enseignement, un ministère de direction et d’accompagnement.
Alors que le centenaire de Fatima touche à sa fin, veuille le cœur immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie vous accorder à tous et à chacun de vivre un fructueux chemin d’Avent pour parvenir, renouvelés, à célébrer la naissance de son Fils. Saint Noël à vous et à vos pénitents dans le cœur desquels vous ferez éclore la joie de savoir que le Seigneur est proche !