30 octobre 2025 - Discours du pape Léon XIV lors de la rencontre avec les étudiants à l’occasion du Jubilé du monde éducatif
Il ne suffit pas d’avoir une grande science, si nous ne savons pas qui nous sommes et quel est le sens de la vie. Sans silence, sans écoute, sans prière, même les étoiles s’éteignent. Nous pouvons en savoir beaucoup sur le monde et ignorer notre cœur : vous aussi, il vous est arrivé de percevoir ce sentiment de vide, d’inquiétude qui ne nous laisse pas en paix. Dans les cas les plus graves, on assiste à des épisodes de détresse, de violence, d’intimidation, d’abus, voire à des jeunes qui s’isolent et ne veulent plus entrer en relation avec les autres. Je pense que derrière ces souffrances se cache aussi le vide creusé par une société incapable d’éduquer la dimension spirituelle, et pas seulement technique, sociale et morale de la personne humaine.
Jeune homme, saint Augustin était un garçon brillant, mais profondément insatisfait, comme nous le lisons dans son autobiographie, Les Confessions. Il a cherché partout, entre la carrière et les plaisirs, et il a combiné toutes sortes de choses, mais sans trouver ni la vérité ni la paix. Jusqu’à ce qu’il découvre Dieu dans son cœur, en écrivant une phrase très dense, qui vaut pour nous tous : « Mon cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi ». C’est cela éduquer à la vie intérieure : écouter notre inquiétude, ne pas la fuir ni la gorger de ce qui ne rassasie pas. Notre désir de l’infini est la boussole qui nous dit : « Tu mérites plus, tu es fait pour quelque chose de plus grand », « ne vivotez pas, mais vivez ».
Le deuxième des nouveaux défis éducatifs est un engagement qui nous touche tous les jours et dont vous êtes les maîtres : l’éducation numérique. Vous y vivez, et ce n’est pas une mauvaise chose : il y a d’énormes possibilités d’étude et de communication. Mais ne laissez pas l’algorithme écrire votre histoire ! Soyez l’auteur : utilisez la technologie à bon escient, mais ne laissez pas la technologie vous utiliser.
L’intelligence artificielle est aussi une grande nouveauté – l’une des rerum novarum, c’est-à-dire des choses nouvelles – de notre époque : cependant, il ne suffit pas d’être « intelligent » en réalité virtuelle, mais il est nécessaire d’être humain avec les autres, en cultivant l’intelligence émotionnelle, spirituelle, sociale, écologique. C’est pourquoi je vous dis : éduquez-vous à humaniser le numérique, en le construisant comme un espace de fraternité et de créativité, pas comme une cage où vous enfermer, pas comme une addiction ou une échappatoire. Au lieu de touristes sur le net, soyez des prophètes dans le monde numérique !
À cet égard, nous avons devant nous un exemple de sainteté très actuel : saint Carlo Acutis. Un garçon qui n’est pas devenu esclave du réseau, mais qui l’a utilisé avec habileté pour faire le bien. Saint Carlo Acutis a uni sa belle foi à sa passion pour l’informatique, créant un site sur les miracles eucharistiques, et faisant ainsi d’Internet un outil d’évangélisation. Son initiative nous enseigne que le numérique est éducatif lorsqu’il ne nous enferme pas sur nous-mêmes, mais nous ouvre aux autres : lorsqu’il ne nous met pas au centre, mais nous concentre sur Dieu et sur les autres.
