On lit dans les Actes des Apôtres qu’après l’Ascension du Christ au ciel, et dans l’attente de la Pentecôte, tous étaient assidus à la prière avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1,14).
C’est exactement ce que nous faisons nous aussi, peu avant le début du Conclave, sous le regard de la Vierge Marie, placée à côté de l’autel, en cette Basilique qui s’élève sur la tombe de l’Apôtre Pierre.
Nous sommes ici pour invoquer l’aide de l’Esprit Saint, pour implorer sa lumière et sa force, afin que soit élu le Pape dont l’Église et l’humanité ont besoin en ce tournant si difficile et si complexe de l’histoire.
Prier, en invoquant l’Esprit Saint, est la seule attitude juste qui convienne, alors que les Cardinaux électeurs se préparent à un acte de la plus haute responsabilité humaine et ecclésiale.
C’est un choix d’une importance exceptionnelle ; un acte humain pour lequel toute considération personnelle doit être abandonnée, en ayant seulement dans l’esprit et dans le cœur le Dieu de Jésus-Christ et le bien de l’Église et de l’humanité.
Dans l’Évangile proclamé, résonnent les paroles du testament de Jésus, données à ses apôtres le soir de la Cène :
« Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12).
Et il précise :
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).
C’est le message d’amour que Jésus définit comme un “nouveau” commandement.
Nouveau, parce qu’il transforme en positif et élargit l’avertissement de l’Ancien Testament :
« Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».
L’amour que Jésus révèle ne connaît pas de limites. Il doit caractériser les pensées et l’action de tous ses disciples.
Ils sont appelés à manifester un amour authentique et à construire une nouvelle civilisation, celle que Paul VI a appelée “civilisation de l’amour”.
L’amour est la seule force capable de changer le monde.
Jésus a donné l’exemple de cet amour dès le début de la dernière Cène, par un geste surprenant :
Il s’est abaissé au service des autres, lavant les pieds des apôtres – sans exclure Judas, qui allait le trahir.
Ce geste fait écho à la première lecture de la messe, où le prophète Isaïe rappelle que la qualité fondamentale des pasteurs est l’amour jusqu’au don total de soi.
Les textes liturgiques de cette célébration eucharistique nous invitent donc à :
L’amour fraternel
L’aide mutuelle
L’engagement pour la communion ecclésiale et la fraternité humaine universelle
Parmi les tâches de chaque successeur de Pierre :
Faire grandir la communion :
Communion de tous les chrétiens avec le Christ
Communion des évêques avec le Pape
Communion des évêques entre eux
Cette communion n’est pas autoréférentielle, mais tendue vers :
La communion entre personnes, peuples et cultures
Une Église “maison et école de communion”
L’appel est fort à maintenir l’unité de l’Église dans la voie tracée par le Christ aux Apôtres.
Il s’agit d’une unité voulue par le Christ, qui ne signifie pas uniformité, mais communion profonde dans la diversité, à condition de rester fidèles à l’Évangile.
Chaque Pape continue d’incarner Pierre et sa mission.
Il représente ainsi le Christ sur terre, le roc sur lequel l’Église est édifiée (cf. Mt 16,18).
L’élection du nouveau Pape n’est pas une simple succession de personnes, mais c’est toujours l’Apôtre Pierre qui revient.
Les Cardinaux électeurs exprimeront leur vote dans la Chapelle Sixtine, où, comme le dit la Constitution Universi dominici gregis :
« Tout concourt à nourrir la conscience de la présence de Dieu, devant lequel chacun devra un jour se présenter pour être jugé. »
Dans le Triptyque romain, le Pape Jean-Paul II exprimait le souhait que, lors du vote,
l’image imposante de Jésus Juge rappelle à chacun la grandeur de la responsabilité de remettre les “clés suprêmes” (Dante) entre de bonnes mains.
Prions pour que l’Esprit Saint, qui nous a donné au cours des cent dernières années une série de Pontifes saints et grands, nous donne un nouveau Pape selon le cœur de Dieu, pour le bien de l’Église et de l’humanité.
Prions pour que Dieu accorde à l’Église un Pape qui réveille les consciences, ainsi que les énergies morales et spirituelles, dans une société :
De grands progrès technologiques
Mais qui tend à oublier Dieu
Le monde d’aujourd’hui attend beaucoup de l’Église, pour la sauvegarde des valeurs humaines et spirituelles fondamentales,
sans lesquelles la coexistence humaine ne pourra s’améliorer ni porter du bien aux générations futures.
Que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, intervienne par sa maternelle intercession,
afin que l’Esprit Saint éclaire l’esprit des Cardinaux électeurs
et les rende unanimes dans l’élection du Pape dont notre temps a besoin.