Publiée le 10-01-2011
Au début du Pontificat de Jean Paul II, 84 Etats du monde avaient un Ambassadeur accrédité près le Saint-Siège. En 2011, ce sont 178 Etats du monde qui ont cette présence auprès du Saint-Siège. ce sont ces Ambassadeurs que le Saint-Père Benoit XVI a recontré lundi 10 janvier, pour la traditionnelle cérémonie des voeux. Ci-dessous, les petites phrases du Pape, tirtées de son Discours. Pour lire l'intégralité du Discours :
- La dimension religieuse est une caractéristique indéniable et incoercible de l'être et de l'agir de l'homme, la mesure de la réalisation de son destin et de la construction de la communauté à laquelle il appartient. Par conséquent, quand l'individu lui-même ou ceux qui l'entourent négligent ou nient cet aspect fondamental, se créent des déséquilibres et des conflits à tous les niveaux, aussi bien au plan personnel qu'au plan interpersonnel.
- La paix, de fait, se construit et se conserve seulement quand l'homme peut librement chercher et servir Dieu dans son cœur, dans sa vie et dans ses relations avec les autres
- n'y a-t-il pas de nombreuses situations, dans lesquelles, malheureusement, le droit à la liberté religieuse est lésé ou nié ? Ce droit de l'homme, qui est en réalité le premier des droits, parce que, historiquement, il a été affirmé en premier, et que, d'autre part, il a comme objet la dimension constitutive de l'homme, c'est à dire sa relation avec son Créateur, n'est-il pas trop souvent mis en discussion ou violé ? Il me semble que la société, ses responsables et l'opinion publique se rendent compte aujourd'hui davantage, même si ce n'est pas toujours de façon exacte, de cette grave blessure portée contre la dignité et la liberté de l'homo religiosus, sur laquelle j'ai tenu, à de nombreuses reprises, à attirer l'attention de tous.
- Oui, regardant vers l'Orient, les attentats qui ont semé mort, douleur et désarroi parmi les chrétiens d'Iraq, au point de les inciter à quitter la terre où leurs pères ont vécu pendant des siècles, nous ont profondément accablés. Je renouvelle aux Autorités de ce pays et aux chefs religieux musulmans mon appel anxieux à œuvrer afin que leurs concitoyens chrétiens puissent vivre en sécurité et continuer à apporter leur contribution à la société dont ils sont membres à plein titre.
- Je voudrais rappeler enfin que le droit à la liberté religieuse n'est pas pleinement appliqué là où est garantie seulement la liberté de culte, qui plus est, avec des limitations. En outre, j'encourage à accompagner la pleine sauvegarde de la liberté religieuse et des autres droits humains par des programmes qui, depuis l'école primaire et dans le cadre de l'enseignement religieux, éduquent au respect de tous les frères en humanité. Pour ce qui concerne les Etats de la Péninsule Arabique, où vivent de nombreux travailleurs immigrés chrétiens, je souhaite que l'Eglise catholique puisse disposer des structures pastorales appropriées.
- Parmi les normes qui lèsent le droit des personnes à la liberté religieuse, une mention particulière doit être faite de la loi contre le blasphème au Pakistan: j'encourage à nouveau les Autorités de ce pays à faire les efforts nécessaires pour l'abroger, d'autant plus qu'il est évident qu'elle sert de prétexte pour provoquer injustices et violences contre les minorités religieuses.
- La vénération à l'égard de Dieu promeut la fraternité et l'amour, et non pas la haine et la division.
- Le poids particulier d'une religion déterminée dans une nation ne devrait jamais impliquer que les citoyens appartenant à une autre confession soient discriminés dans la vie sociale ou, pire encore, que soit tolérée la violence à leur encontre.
- Dans divers pays, d'autre part, la Constitution reconnaît une certaine liberté religieuse, mais, de fait, la vie des communautés religieuses est rendue difficile et parfois même précaire (cf. Concile Vatican II, Déclaration Dignitatis Humanae, n. 15) parce que l'ordonnancement juridique ou social s'inspire de systèmes philosophiques et politiques qui postulent un strict contrôle, pour ne pas dire un monopole, de l'Etat sur la société. Il faut que cessent de telles ambiguïtés, de manière à ce que les croyants ne se trouvent pas tiraillés entre la fidélité à Dieu et la loyauté à leur patrie.
- Déplaçant notre regard de l'Orient à l'Occident, nous nous trouvons face à d'autres types de menaces contre le plein exercice de la liberté religieuse. Je pense, en premier lieu, à des pays dans lesquels on accorde une grande importance au pluralisme et à la tolérance, mais où la religion subit une croissante marginalisation. On tend à considérer la religion, toute religion, comme un facteur sans importance, étranger à la société moderne ou même déstabilisant et l'on cherche par divers moyens à en empêcher toute influence dans la vie sociale. On en arrive ainsi à exiger que les chrétiens agissent dans l'exercice de leur profession sans référence à leurs convictions religieuses et morales, et même en contradiction avec celles-ci, comme, par exemple, là où sont en vigueur des lois qui limitent le droit à l'objection de conscience des professionnels de la santé ou de certains praticiens du droit.
Dans ce contexte, on ne peut que se réjouir de l'adoption par le Conseil de l'Europe, au mois d'octobre dernier, d'une Résolution qui protège le droit du personnel médical à l'objection de conscience face à certains actes qui lèsent gravement le droit à la vie, comme l'avortement.
- Une autre manifestation de la marginalisation de la religion, et, en particulier, du christianisme, consiste dans le bannissement de la vie publique des fêtes et des symboles religieux, au nom du respect à l'égard de ceux qui appartiennent à d'autres religions ou de ceux qui ne croient pas. En agissant ainsi, non seulement on limite le droit des croyants à l'expression publique de leur foi, mais on se coupe aussi des racines culturelles qui alimentent l'identité profonde et la cohésion sociale de nombreuses nations. L'année dernière, certains pays européens se sont associés au recours du Gouvernement italien dans la cause bien connue concernant l'exposition du crucifix dans les lieux publics. Je désire exprimer ma gratitude aux Autorités de ces nations, ainsi qu'à tous ceux qui se sont engagés dans ce sens, Episcopats, Organisations et associations civiles ou religieuses, en particulier le Patriarcat de Moscou et les autres représentants de la hiérarchie orthodoxe, ainsi qu'à toutes les personnes - croyants mais aussi non-croyants - qui ont tenu à manifester leur attachement à ce symbole porteur de valeurs universelles.
- Reconnaître la liberté religieuse signifie, en outre, garantir que les communautés religieuses puissent opérer librement dans la société, par des initiatives dans les secteurs social, caritatif ou éducatif. Partout dans le monde, d'ailleurs, on peut constater la fécondité des œuvres de l'Eglise catholique en ces domaines. Il est préoccupant que ce service que les communautés religieuses rendent à toute la société, en particulier pour l'éducation des jeunes générations, soit compromis ou entravé par des projets de loi qui risquent de créer une sorte de monopole étatique en matière scolaire, comme on le constate par exemple dans certains pays d'Amérique Latine. Alors que plusieurs d'entre eux célèbrent le deuxième centenaire de leur indépendance, occasion propice pour se souvenir de la contribution de l'Eglise catholique à la formation de l'identité nationale, j'exhorte tous les Gouvernements à promouvoir des systèmes éducatifs qui respectent le droit primordial des familles à décider de l'éducation des enfants et qui s'inspirent du principe de subsidiarité, fondamental pour organiser une société juste.
- Je ne puis passer sous silence une autre atteinte à la liberté religieuse des familles dans certains pays européens, là où est imposée la participation à des cours d'éducation sexuelle ou civique véhiculant des conceptions de la personne et de la vie prétendument neutres, mais qui en réalité reflètent une anthropologie contraire à la foi et à la juste raison.
- On ne peut créer une sorte d'échelle dans la gravité de l'intolérance envers les religions. Malheureusement, une telle attitude est fréquente, et ce sont précisément les actes discriminatoires contre les chrétiens qui sont considérés comme moins graves, moins dignes d'attention de la part des gouvernements et de l'opinion publique.
- on doit aussi refuser le contraste périlleux que certains veulent instaurer entre le droit à la liberté religieuse et les autres droits de l'homme, oubliant ou niant ainsi le rôle central du respect de la liberté religieuse dans la défense et la protection de la haute dignité de l'homme.
- Moins justifiables encore sont les tentatives d'opposer au droit à la liberté religieuse de prétendus nouveaux droits, activement promus par certains secteurs de la société et insérés dans des législations nationales ou dans des directives internationales, mais qui ne sont, en réalité, que l'expression de désirs égoïstes et ne trouvent pas leur fondement dans l'authentique nature humaine. Enfin, il faut affirmer qu'une proclamation abstraite de la liberté religieuse n'est pas suffisante : cette norme fondamentale de la vie sociale doit trouver application et respect à tous les niveaux et dans tous les domaines; autrement, malgré de justes affirmations de principe, on risque de commettre de profondes injustices à l'égard des citoyens qui souhaitent professer et pratiquer librement leur foi.