Publiée le 28-05-2020
Extrait de l'Encyclique de Saint Jean Paul II Dominum et Vivificantem, sur l'Esprit Saint, du 18 mai 1986, jour de la Pentecôte. (N.39)
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L'Esprit, qui sonde les profondeurs de Dieu, a été appelé par Jésus, dans son discours du Cénacle, le Paraclet. En effet, depuis le commencement, «il est invoqué»145 pour «manifester le péché du monde». Il est invoqué de façon définitive à travers la Croix du Christ. Manifester le péché veut dire montrer le mal qu'il comporte. Ce qui revient à révéler le mysterium iniquitatis. Il n'est pas possible de saisir le mal du péché dans toute sa douloureuse réalité sans «sonder les profondeurs de Dieu». Depuis les origines, le mystère obscur du péché s'est manifesté dans le monde avec en arrière-plan la référence au Créateur de la liberté humaine. Il s'est manifesté comme un acte de volonté de la créature-homme contraire à la volonté de Dieu, à la volonté salvifique de Dieu; bien plus, il s'est manifesté en opposition à la vérité, sur la base du mensonge désormais «jugé» définitivement, ce mensonge qui a mis en état d'accusation, en état de suspicion permanente, l'Amour créateur et sauveur lui-même. L'homme a suivi le «père du mensonge», en s'opposant au Père de la vie et à l'Esprit de vérité.
«Manifester le péché» ne devrait-il pas alors signifier également révéler la souffrance, révéler la douleur, inconcevable et inexprimable, que, à cause du péché, le Livre saint semble, dans sa vision anthropomorphique, entrevoir dans les «profondeurs de Dieu» et, en un sens, au c½ur même de l'inexprimable Trinité? L'Eglise, s'inspirant de la Révélation, croit et professe que le péché est une offense faite à Dieu. Qu'est-ce qui correspond, dans l'insondable intimité du Père, du Verbe et de l'Esprit Saint, à cette «offense», à ce refus de l'Esprit qui est Amour et Don? La conception de Dieu comme être nécessairement très parfait exclut évidemment, en Dieu, toute souffrance provenant de carences ou de blessures; mais dans les «profondeurs de Dieu», il y a un amour de Père qui, face au péché de l'homme, réagit, selon le langage biblique, jusqu'à dire: «Je me repens d'avoir fait l'homme»146. «Le Seigneur vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre... Le Seigneur se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, et il s'affligea dans son c½ur. Et le Seigneur dit... "je me repens de les avoir faits" »147. Mais plus souvent le Livre saint nous parle d'un Père qui éprouve de la compassion pour l'homme, comme s'il partageait sa souffrance. En définitive, cette insondable et indescriptible «douleur» de père donnera surtout naissance à l'admirable économie de l'amour rédempteur en Jésus Christ, afin que, par le mysterium pietatis, l'amour puisse, dans l'histoire de l'homme, se révéler plus fort que le péché. Afin que prévale le «Don»!
... Si le péché, en refusant l'amour, a engendré la «souffrance» de l'homme qui s'est étendue d'une certaine manière à toute la création148, l'Esprit Saint entrera dans la souffrance humaine et cosmique avec une nouvelle effusion d'amour qui rachètera le monde. Et sur les lèvres de Jésus Rédempteur, dans l'humanité de qui se concrétise la «souffrance» de Dieu, reviendra un mot par lequel se manifeste l'Amour éternel plein de miséricorde: «Misereor», «j'ai pitié»149. Ainsi, pour l'Esprit Saint, «mettre en lumière le péché» revient à manifester, devant la création «assujettie à la vanité» et surtout au plus profond des consciences humaines, que le péché est vaincu par le sacrifice de l'Agneau de Dieu, lequel est devenu «jusqu'à la mort» le serviteur obéissant qui, remédiant à la désobéissance de l'homme, opère la rédemption du monde. C'est de cette façon que l'Esprit de vérité, le Paraclet, «met en lumière le péché».