Publiée le 03-06-2015
Quelques extraits de l'intervention du secrétaire d'Etat du Saint-SIège aujourd'hui à l’UNESCO lors du Forum sur l’Education :
"éduquer c’est se mettre à côté, dans l’adhésion au bien, et c’est accompagner dans la recherche de la vérité, en aidant à libérer la force créative de la raison qui ne méprise pas la beauté et la bonté."
"Le premier défi perspectif de l’éducation est, donc, la récupération de la centralité de l’humain face à une tendance surtout technicienne qui prive l’instruction de son caractère universel. Les nouveaux mots d’ordre sont efficacité, concurrence, incitation, compétence avec le risque de devenir une véritable idéologie globale, présentée cependant comme une «technè» et donc absolument libre des valeurs et de tout jugement moral. (...)
[L'Eglise] a à cœur une plus grande prise de conscience des implications éthiques et morales, en favorisant une rencontre positive entre les diverses disciplines «de manière à leur éviter de s’enfermer dans une conception particulariste», en promouvant une vision synthétique."
"Les sciences humaines ne peuvent pas être éliminées ou considérées superflues. Grâce à elles se structurent une capacité logique, une faculté de jugement et une complexité de la pensée qui offrent des possibilités extraordinaires de connaître rationnellement et d’approfondir scientifiquement des concepts, des données et des formulations. Parmi ces disciplines, l’éducation à la beauté, à l’art, à la musique, à la poésie occupe une place irremplaçable. La beauté est non seulement partie intégrante de tout processus éducatif mais aussi une occasion d’expériences émotives et intuitives relatives au Transcendant et au méta-empirique. L’homme moderne semble symboliquement desséché tellement qu’il ne donne pas l’importance convenable à la promotion du beau et, en conséquence, à la défense de la nature. Cette dimension de la beauté est, en même temps, éducative et thérapeutique. Une éducation sensible à la beauté se consolide et gagne en maturité dans le soin de l’environnement ambiant, dans l’attention au prochain, dans la participation aux idéaux."
"Dans la société – de même que dans les écoles et dans les universités – on doit créer les conditions pour une coopération fructueuse qui mette les enseignants et tous les acteurs de l’univers éducatif dans les conditions à pouvoir travailler bien et ensemble, en prenant intégralement soin des relations entre les familles et ceux qui apprennent, par un «jeu coopératif» qui stimule mutuellement les uns et les autres. À cet égard, le principe de subsidiarité, pilier de la doctrine sociale de l’Église, assume une valeur fondamentale aussi et surtout dans les rapports éducatifs. Elle est le fondement de tout choix éducatif raisonnable et autonome"
"Pour cette raison, l’école et l’université sont appelées à proposer de nouveau les conditions nécessaires pour un nouvel humanisme qui sache reconstruire un esprit de fraternité entre les personnes et entre les nations. Le véritable objectif de la recherche est, en effet, la résolution des problèmes et la proposition de solutions qui sachent intégrer la dimension individuelle avec la dimension relationnelle et communautaire. Accepter les différences propre à chaque culture ne signifie pas nier l’existence de valeurs objectives et de principes communs à la nature humaine elle-même, sans lesquels on est transporté dans le relativisme culturel, qui oublie délibérément tout questionnement ultime sur la vérité et ouvre les portes à l’oubli de la mémoire, au nihilisme et au radicalisme."