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Avortement: comment sortir du piège?

Publiée le 09-04-2024

    Extrait de l'article paru dans LA NEF, avril 2024

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article de Grégor Puppinck
Président de l’ECLJ

      "Repartir de la réalité et de la charité.
     Mais avant, l’Église doit regarder en face et analyser cet échec majeur, historique. Comment la France est-elle tombée si bas pour que moins de 10 % des parlementaires s’opposent à cette constitutionnalisation ? Avons-nous douté de la justesse de la cause de la défense de la vie humaine, de l’humanité du conceptus ? Avons-nous été suffisamment courageux ? Avons-nous vraiment combattu ou fait seulement semblant ? Croyons-nous vraiment en l’existence de l’âme ? Avons-nous une réelle compassion pour les femmes enceintes ? Notre manque de courage n’a-t-il pas été aussi un manque de charité ?


Notre silence a été coupable, notre lâcheté aussi, consistant souvent à nous résigner ou à employer de grands mots, des concepts abstraits, tels que « dignité » et « drame », pour se donner satisfaction au plan théorique, mais sans effet sur la réalité. Ces déclarations ne mordent pas la réalité ; ce sont des coups d’épée dans l’air, sachant que la bataille est ailleurs, sur le terrain de la réalité des vies ; un terrain qu’occupent les médias et le « planning familial », avec l’argent public.
« Prêcher ne suffit pas », ainsi que me le confiait récemment un évêque français. Il faut repartir de la réalité et de la charité. Il faut faire de l’avortement un problème central de l’action sociale de l’Église : que chaque diocèse, chaque paroisse ait à c½ur d’aider les femmes enceintes et celles qui ont avorté, suivant l’exemple d’associations catholiques existantes. Les femmes enceintes en détresse doivent savoir qu’elles seront accueillies et aidées dans toutes les paroisses de France. Il faut aider ces femmes, et pour celles qui ont avorté, les aider à se réconcilier avec elles-mêmes et avec Dieu, les sortir du piège de l’avortement. Le pape François a fait grand bien en conférant à tous les prêtres le pouvoir d’accorder l’absolution du péché d’avortement. Il faut aussi mettre en garde les nouvelles générations. La charité doit nous y porter. Il y a tant de bien à faire.

Et l’enfant ?

Il faut aussi parler de l’enfant, et non seulement de la souffrance des femmes. Face à ceux qui dénient son existence et son humanité, l’Église devrait être plus explicite et dire clairement ce qu’est l’enfant conçu, s’il est connu et voulu par Dieu, s’il a une âme et un destin éternel. Dire ce qu’est le fruit de la conception est une nécessité pour l’éducation sexuelle et religieuse, mais aussi pour les femmes qui ont avorté et qui ne savent pas mettre un nom sur la cause de leurs souffrances.
L’Église a le pouvoir de briser ce mensonge qui tait jusqu’à la réalité de l’être avorté : et la science est en cela son alliée.
Sur le plan politique, ce retour à la charité et à la réalité peut prendre la forme du témoignage direct de femmes dont l’avortement n’a pas été une liberté, mais une contrainte et une source de souffrances. Le témoignage direct de ces femmes est le moyen le plus puissant de sortir de l’idéologie, de toucher les c½urs et d’y faire place à la charité.
La constitutionnalisation de l’avortement est une défaite sur le plan des idées ; mais il nous reste tout le champ de l’expérience humaine. Il nous faut regravir la côte à partir du bas, de la réalité ; une réalité douloureuse que personne ne veut voir ni soigner. Cette réalité douloureuse, vécue par tant de femmes, accumulée et enfermée dans le silence, est une bombe. Si nous parvenions à percer ce silence, à briser ce tabou, cette bombe pourrait alors exploser et modifier profondément le regard de la société sur la valeur de la vie et la fragilité de la femme qui la porte et la transmet."

Grégor Puppinck
Président de l’ECLJ

 

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