Publiée le 26-08-2023
« L'Eglise connaît la route qui conduira la famille au c½ur de sa vérité profonde. Cette route, que l'Eglise a apprise à l'école du Christ et à celle de l'histoire interprétée à la lumière de l'Esprit Saint, elle ne l'impose pas, mais elle ressent en elle-même une exigence imprescriptible de la proposer à tous, sans crainte, et même avec une confiance et une espérance très grandes, tout en sachant que la «bonne nouvelle» comporte aussi le langage de la croix. Or c'est à travers la Croix que la famille peut atteindre la plénitude de son être et la perfection de son amour. » Ces paroles de Saint Jean Paul II, dans son Exhortation Apostolique Familiaris Consortio, (FC,86), disent tout de la famille Ulma, qui sera prochainement béatifiée.
Jozepf Ulma est né le 2 mars 1900 à Markowa, en Pologne, d’une famille profondément chrétienne. Il est cultivateur, enseignant en technique de culture et d’apiculture. Le 7 juillet 1935, il épouse Wiktoria Niemczak, née dans le même village, le 10 décembre 1912, d’une famille elle aussi vivant sa foi catholique. Tous deux appartiennent au Rosaire vivantde la paroisse.
Pour Jozef et Wiktoria, le choix est clair : fonder une famille profondément chrétienne où l’on vit quotidiennement les exigences de l’Evangile, comme époux et parents. Ils accueillent chaque enfant comme une bénédiction de Dieu : 3 filles et 3 garçons. En 1943, Wiktoria attend son septième enfant. Ils vivent leur foi au c½ur de leur paroisse, s’engageant dans divers mouvements. La porte de la maison est toujours ouverte. Les gens du village le savent bien et n’hésitent pas à en franchir le seuil pour être écoutés, conseillés. Les Ulma sont une famille respectée par tous. Chaque soir, le père de famille avec ses enfants se mettent à genoux, pour la prière familiale.
En 1942, une famille juive de 8 personnes frappe à leur porte, demandant refuge pour échapper à la déportation. Conscients de ce que cet accueil pourrait comporter de sacrifices à vivre, les Ulma, confiants en Dieu, ouvrent leur porte et leurs bras. Pour eux, l’amour de Dieu et du prochain dépasse toute autre loi. Après leur mort, on retrouvera une Bible avec deux passages soulignés par Jozef : celui du bon samaritain et celui du sermon sur la Montagne (Mt 5,46). Ils vont vivre ces deux passages de l’Evangile, de manière héroïque, jusqu’au don de leur propre vie en haine de la foi pour avoir accueilli une famille juive.
A l’aube du 24 mars 1944, des nazis frappent à la porte familiale des Ulma. A la tête de ce groupe de soldats, se trouve le commandant Eilert Dieken, (+ 1960) « décidé à combattre contre le christianisme », dira le postulateur de la Cause de Béatification de la famille Ulma, le Père Witold Burda. Toute la famille juive est tuée d’une balle dans la nuque. « Le commandant, ajoute le Postulateur de la Cause de Béatification, savait bien lui et son équipe, que les Ulma étaient catholiques pratiquants et que leur foi était à la base de l’accueil de ces réfugiés juifs ».
Jozef et Wiktoria sont ensuite conduits hors de la maison, et fusillés sous les yeux de leurs enfants. Wiktoria est alors enceinte. Son septième enfant devait naître dans deux mois. Le témoin oculaire Nawojski, parle d’une « vision horrible ». « Après le meurtre des parents, au milieu des cris des enfants, les gendarmes commencèrent à parler du sort des enfants. Le commandant décide alors que les enfants seraient eux aussi fusillés. » Un gendarme de 23 ans, Jozef Kokott, arborant sur son béret une tête de mort, signe sataniste occulte, exécute les enfants en prononçant ces mots : « Regardez comment meurent des cochons de polonais qui donnent refuge à des juifs ».
Nous sommes le 24 mars. Demain, l’Eglise fête l’Annonciation, le Fiat de la Bienheureuse Vierge Marie, d’accueillir en son sein Jésus, l’Auteur de la Vie.
Pour la première fois dans l’Histoire de l’Eglise une famille entière va être béatifiée. S’ajoute un fait unique, pour la première fois, un enfant à naître, se trouvant dans le sein de sa mère, à deux mois de sa naissance, donne sa vie, comme martyr. Cette décision de l’Eglise catholique est un événement considérable. Peut-être aurons-nous un jour la fête de l’Annonciation comme une fête d’obligation au même titre que Noël, l’Ascension et l’Assomption ou la Toussaint ? Ce serait une réponse forte aux atteintes contre la vie naissante se répandant dans le monde entier. Ce serait une parole lumineuse offerte au monde entier que l’enfant à naitre, dès sa conception, est une personne que l’on ne peut de quelque manière que ce soit blesser, supprimer, mais que nous devons respecter, défendre, protéger.
Espérons aussi que la Béatification de cet enfant dans le sein de sa maman Wiktoria, dont le prénom n’est connu qu’au ciel, soit un pas vers une parole plus forte venant de l'Eglise quant au sort des enfants morts dans le sein maternel. Tant de familles sont concernées !
En attendant, la fête liturgique de la famille Ulma, le 24 mars, une fois béatifiée, sera profondément liée dans la vie de l’Eglise à la solennité de l’Annonciation.
Le 17 décembre 2022, le Pape François signe le décret « concernant le martyre des époux Jozef et Wiktoria Ulma et leurs 7 enfants tués par les nazis le 24 mars 1944, à Markowa, en Pologne » Ce décret suffit pour procéder à la Béatification.
Au terme de l’Audience générale du 28 novembre 2018 sur l’enseignement des 10 Commandements, le Pape François évoquera la famille Ulma en ces termes : « Dans le contexte des méditations sur le Décalogue, que cette grande famille des Serviteurs de Dieu en attente de béatification soit pour nous tous un exemple de fidélité à Dieu et à ses commandements, d'amour du prochain et de respect de la dignité humaine. »