Publiée le 24-11-2009
« Seigneur, je rends les armes et je m'abandonne à vous. Pour vous aimer, je ne sais plus m'y prendre, et décidément, ce qui me retarde le plus dans mon élan, c'est de vouloir me frayer seul ma route et de me confier en mes propres moyens. Vous avez beau déjouer mes plans et renverser d'un souffle mes échafaudages, je conserve sur ce point une opiniâtreté incorrigible : je serai le saint que j'ai prévu et j'ai fait mon portrait d'avance ; n'ayez de crainte, Seigneur, j'ai bien tout contrôlé, jusqu'à mes attitudes et les circonstances où se déve¬loppera ma splendide vertu. Mais à la longue, à force de voir crouler tant de rêves, après tant de résolutions manquées, de projets avortés et de lendemains si différents de ce qui était prévu au programme, oui, il faut bien Vous rendre les armes et Vous dire : Seigneur, je veux Vous aimer, être un saint, mais celui que Vous voudrez et par les chemins que Vous choisirez. Je renonce aux projets vaniteux de façonner ma propre maquette. Et voici que j'ai trouvé la paix tranquille, car il n'est plus pour moi de désillusions. Pour qui vous aime sans conditions, Seigneur, il n'y a plus de déceptions, ni rien d'imprévu, et jamais personne d'indésirable, mais seule Votre Volonté, partout, très adorable.
Et voilà pourquoi je salue ma soeur la maladie avec un sourire joyeux et je veux chanter un Alléluia ! Car pour aller à Vous, Seigneur, c'est le seul moyen que je n'avais pas prévu, le seul chemin que je n'aurais jamais choisi.
Seigneur, parce que tous mes plans sont bouleversés et que je ne peux plus raisonner.
Je ne peux que Vous tendre les bras, et c'est justement ce que Vous attendiez. »
Pierre Lyonnet, Écrits Spirituels