Publiée le 16-04-2019
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu » (Is 40,1). Ses paroles du prophète Isaïe raisonnent fortement en cette Semaine Sainte où nous accompagnons la Passion et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ en préparant nos cœurs à la joie de sa Résurrection. Notre-Dame, notre chère cathédrale, témoin de tant d’événements majeurs de notre pays, a été détruite par un incendie effrayant après avoir résisté si longtemps aux péripéties de son histoire. La France pleure et avec elle tous ses amis du monde entier. Elle est touchée au cœur car ses pierres sont le témoignage d’une espérance invincible qui, par le talent, le courage, le génie et la foi des bâtisseurs, a élevé cette dentelle lumineuse de pierres, de bois et de verre. Cette foi demeure la nôtre. C’est elle qui déplace les montagnes et nous permettra de rebâtir ce chef-d’œuvre. Chers frères et sœurs, chers amis, merci de tous ces nombreux signes d’amitié, d’encouragement qui me proviennent de partout. Merci pour les élans de solidarité, merci pour la prière fervente qui console notre cœur. Profitons de cette émotion si grande pour vivre intensément cette semaine tellement décisive pour les chrétiens. Retrouvons ce don du Père qui nous a été fait à notre baptême pour que nous devenions ses enfants. Dieu reste fidèle et attendra toujours que nous revenions vers lui en nous tendant les bras.
Tous les fidèles parisiens sont invités demain à la messe chrismale qui aura lieu en l’église Saint-Sulpice. Ce sera l’occasion pour nous tous de manifester notre unité, notre ferveur et notre confiance en l’avenir. Nous sentons bien que nous n’aurons pas seulement à rebâtir notre cathédrale mais à reconstruire aussi notre Église dont le visage est si blessé. Je propose à toutes les personnes de bonne volonté de mettre à leur fenêtre dans la nuit de Pâques, un lumignon, une bougie, comme nous le ferons dans toutes nos églises en commençant la Vigile Pascale par le rite du feu nouveau. Il signifie que la lumière éclaire les ténèbres, que la vie triomphe définitivement de la mort. Chers frères et sœurs, chers amis, que ce drame permette à notre pays de retrouver une unité heureuse pour que nous puissions construire ensemble ce qui est écrit au fronton de nos édifices publics : la fraternité. Nous croyons qu’elle trouve son origine dans la paternité de Dieu source de tout amour.
Michel Aupetit,
Archevêque de Paris