Publiée le 30-04-2018
Extrait de l'article paru dans Valeurs Actuelles, le 30 avril 2018
"Le transhumanisme n’est pas pour le meilleur des mondes mais pour le monde des meilleurs. Nous sommes prévenus. On a même la liberté de le contredire. Peu de siècles ont été plus moraux que le nôtre, au moins en paroles. Chaque jour c’est un feu d’artifice d’idées généreuses, un festival de sincérités successives, d’engagements pour des valeurs sublimes. Cependant, dès qu’il s’agit de croire aux idées qu’on défend, concrètement, sur le vif, en vrai, l’enthousiasme s’étiole. Nous venons d’en avoir des exemples récents des deux côtés de la Manche avec les affaires Vincent Lambert et Alfie Evans. Etonnant parallélisme où l’on retrouve des décors, des coulisses, des ficelles, des mensonges identiques. Et le même mutisme complice des institutions morales et politiques des pays concernés. Comme s’il fallait laisser le monopole d'une vision transhumaniste imposer sa loi aux derniers sous-hommes. Dans les deux cas, il s’agit bien de forcer la main du législateur pour qu’enfin il grave dans le marbre la maîtrise du vivant de son premier instant à son dernier souffle. Tant mieux si les cas sont choquants, ils seront autant de cliquets anti retour. Si le juge accepte l’euthanasie d’un enfant qui peut se passer de respirateur, a fortiori on l’acceptera pour celui qui ne peut s’en passer. Si le juge accepte l’euthanasie d’un tétraplégique qui n’est ni malade, ni souffrant, ni en fin de vie, ni sous traitement, le sort de ceux qui sont moins bien lotis sera vite réglé. Il n’est pas exclu que cet acharnement euthanasique parvienne à ses fins. Il signera l’échec patent du transhumanisme qui asservit plus vite qu’il ne libère. Des millions d’hommes et de femmes, parfois accompagnés ou précédés par des souverains authentiques, ont manifesté qu’ils n’étaient pas dupes de cette vision inhumaine. Mais ce ne sont pas encore eux qui font les lois du monde."