Publiée le 03-10-2016
Extrait de la conférence de presse du Saint-Père François, dans l’avion Bakou-Rome, le 2 octobre, en réponse à une question de Maria Elena Ribezzo, à propos de ce que le pape avait dit la veille sur le divorce qui « abîme l’image de Dieu »: comment concilier cela avec l’accueil des divorcés prôné pendant le synode sur la famille ? Réponse du Saint-Père :
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"Tout est contenu, tout ce que j’ai dit hier, en d’autres termes – parce qu’hier j’ai parlé spontanément et un peu à chaud – se trouve dans Amoris Laetitia, tout. Quand on parle du mariage comme union de l’homme et de la femme, comme les a faits Dieu, comme image de Dieu, c’est l’homme et la femme. L’image de Dieu n’est pas l’homme [masculin], c’est l’homme avec la femme. Ensemble. Qui sont une seule chair quand ils s’unissent dans le mariage. Voilà la vérité.
Il est vrai que dans cette culture, les conflits et les nombreux problèmes ne sont pas bien gérés et qu’il y a aussi des philosophies du « aujourd’hui je fais ceci [mariage], quand je me lasse, j’en fais un autre, puis j’en fais un troisième, puis j’en fais un quatrième ». C’est cette « guerre mondiale » dont vous parlez, contre le mariage. Nous devons être attentifs à ne pas laisser entrer en nous ces idées.
Mais avant tout : le mariage est l’image de Dieu, homme et femme en une seule chair. Quand on détruit cela, on « salit » ou on défigure l’image de Dieu.
Ensuite, Amoris Laetita parle de comment traiter ces cas, comment traiter les familles blessées et là, entre la miséricorde. Et il y a une très belle prière de l’Église, que nous avons priée la semaine dernière. Elle disait ceci : « Dieu qui as si admirablement créé le monde et l’as recréé plus admirablement » : c’est là qu’entre la miséricorde. Le principe est celui-là, mais les faiblesses humaines existent, les péchés existent, et toujours ce n’est pas la faiblesse qui a le dernier mot, le péché n’a pas le dernier mot : c’est la miséricorde qui a le dernier mot !
J’aime raconter – je ne sais pas si je l’ai dit, parce que je le répète souvent – que, dans l’église Sainte Marie Madeleine, à Vézelay, il y a un très beau chapiteau du treizième siècle, plus ou moins. Au Moyen-Âge, on faisait la catéchèse avec les sculptures des cathédrales. D’un côté du chapiteau, il y a Juda, pendu, la langue sortie, les yeux exorbités et, de l’autre côté du chapiteau, il y a Jésus, le Bon Pasteur, qui le prend et le porte sur lui. Et si nous regardons bien le visage de Jésus, ses lèvres sont tristes d’un côté, mais avec un petit sourire de complicité de l’autre. Ils avaient compris ce qu’est la miséricorde ! Avec Juda !
Et pour cette raison, dans Amoris Laetita, on parle du mariage, du fondement du mariage tel qu’il est, mais ensuite arrivent les problèmes. Comment se préparer au mariage, comment éduquer ses enfants ; et puis, dans le chapitre huit, quand les problèmes arrivent, comment les résoudre. Ils se résolvent selon quatre critères : accueillir les familles blessées, accompagner, discerner chaque cas et intégrer, refaire. Ce serait la manière de collaborer dans cette « seconde création », dans cette recréation merveilleuse qu’a faite le Seigneur avec la rédemption. Est-ce compréhensible comme cela ? Oui, si tu ne prends qu’une partie seulement, cela ne va pas.
Amoris Laetitia – je veux dire ceci – : tout le monde va au chapitre huit. Non, non. Il faut lire du début à la fin. Et quel est le centre ? Mais… cela dépend de chacun. Pour moi, le centre, le noyau d’Amoris Laetitia est le chapitre quatre, qui sert pour toute la vie. Mais il faut la lire en entier et la relire en entier et la discuter en entier, c’est tout un ensemble. Il y a le péché, il y a la rupture, mais il y a aussi la miséricorde, la rédemption, le soin. Me suis-je bien expliqué là-dessus ?