Publiée le 18-11-2015
« Excita, Domine, potentiam tuam, et veni ! » – par ces paroles et d’autres semblables la liturgie de l’Église prie à maintes reprises pendant les jours de l’Avent. Ce sont des invocations formulées probablement dans la période du déclin de l’Empire romain. La décomposition des systèmes porteurs du droit et des attitudes morales de fond, qui leur donnaient force, provoquaient la rupture des digues qui, jusqu’à ce moment, avaient protégé la cohabitation pacifique entre les hommes. Un monde était en train de décliner. De fréquents cataclysmes naturels augmentaient encore cette expérience d’insécurité. On ne voyait aucune force qui aurait pu mettre un frein à ce déclin. L’invocation de la puissance propre de Dieu était d’autant plus insistante : qu’il vienne et protège les hommes de toutes ces menaces !
« Excita, Domine, potentiam tuam, et veni ! ». Aujourd’hui aussi nous avons des motifs multiples pour nous associer à cette prière d’Avent de l’Église. Le monde, avec toutes ses nouvelles espérances et possibilités, est, en même temps, tourmenté par l’impression que le consensus moral est en train de se dissoudre, un consensus sans lequel les structures juridiques et politiques ne fonctionnent pas ; en conséquence, les forces mobilisées pour la défense de ces structures semblent être destinées à l’échec.
Excita – la prière rappelle le cri adressé au Seigneur, qui dormait dans la barque des disciples battue par la tempête et près de couler. Quand sa parole puissante eut calmé la tempête, il réprimanda les disciples pour leur peu de foi (cf. Mt 8, 26 et par.). Il voulait dire : en vous-mêmes la foi a dormi. Il veut dire la même chose à nous aussi. Si souvent en nous aussi la foi dort. Prions-le donc de nous réveiller du sommeil d’une foi devenue fatiguée et de redonner à la foi le pouvoir de déplacer les montagnes – c’est-à-dire de donner l’ordre juste aux choses du monde.
Benoit XVI - 20.12.2010