Publiée le 05-03-2010
Juan Carlos Ier, roi d'Espagne, a apposé sa signature au document constatant le vote par lequel a été adoptée la loi de « santé sexuelle et reproductive et d'interruption volontaire de la grossesse ». Elle a été publiée au Bulletin officiel de l'Etat et entrera en vigueur le 5 juillet prochain, quatre mois après le lendemain de sa publication. Elle donne aux femmes le plein droit de mettre fin à leur grossesse pendant les 14 premières semaines de gestation, « sans interférence de tierces personnes », tandis que l'avortement sera légal jusqu'à la 22e semaine en cas de danger pour la mère ou malformation fœtale. Si la maladie ou l'anomalie est « incompatible avec la vie », l'avortement sera possible à n'importe quel moment de la grossesse.
Le roi a donc signé. Il a signé parce que, dit-on, la Constitution espagnole ne lui permet pas de faire autrement. L'épiscopat espagnol, si exemplaire dans sa lutte contre cette loi de mort, n'avait d'ailleurs pas osé s'en prendre au symbole de la monarchie, si bien que le porte-parole de la Conférence des évêques avait assuré qu'il n'y avait pas de commune mesure entre ceux qui avaient voté la loi, qui encourent l'excommunication, et le roi s'il devait la signer.
On pouvait en déduire que la signature du roi au bas des lois espagnoles n'est rien, et qu'il est un pantin.
Monarque de figuration, roi sans pouvoir qui a pourtant pris sur lui de signer la Constitution qui le privait de l'autorité que Franco lui avait léguée pour maintenir l'Espagne une, grande et libre, Juan Carlos a cette fois-ci préféré son rôle d'automate.
Pourtant, les mots qu'il a accepté de prendre à son compte sont effroyables.
« Juan Carlos 1, Roi d'Espagne, à tous ceux qui verraient et entendraient ceci. Sachez : que les Cortes Generales ont approuvé, et que je viens moi, sanctionner la suivante loi organique... » Suit la loi.
Peut-il s'abriter derrière le fait qu'il se borne à « sanctionner » une décision prise ?
J'aurais du mal, moi, à estimer ma responsabilité dégagée si je concluais ainsi un texte qui va envoyer des milliers de tout petits Espagnols à la mort :
« La Loi entrera en vigueur dans le délai de quatre mois à partir du jour suivant sa publication dans le “Bulletin Officiel de l'Etat.
Pour autant :
J'ordonne à tous les Espagnols, personnes privées ou détenant l'autorité, de garder et de faire garder (on pourrait traduire : respecter et faire respecter) cette loi organique.
Madrid, le 3 mars 2010. »
Peut-être, au fond, le roi d'Espagne est-il d'accord. Bien des Espagnols ont pourtant cru pouvoir lui faire confiance, ou du moins l'ébranler dans cette affaire si grave.
SOURCE : leblogdejeannesmits.