Publiée le 27-08-2024
Benoit XVI, le 30 janvier 2008 lors de l'Audience Générale
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"Foi et raison, ne doivent pas être séparées ni opposées, mais doivent plutôt toujours aller de pair. … L'harmonie entre foi et raison signifie surtout que Dieu n'est pas éloigné: il n'est pas éloigné de notre raison et de notre vie; il est proche de tout être humain, proche de notre c½ur et proche de notre raison, si nous nous mettons réellement en chemin.
La présence de Dieu en l'homme est profonde et dans le même temps mystérieuse, mais elle peut être reconnue et découverte dans notre propre intimité: ne sors pas – affirme Saint Augustin, converti - mais "rentre en toi-même; c'est dans l'homme intérieur qu'habite la vérité; et si tu trouves que la nature est muable, transcende-toi toi-même. Mais rappelle-toi, lorsque tu te transcendes toi-même, que tu transcendes une âme qui raisonne. Tends donc là où s'allume la lumière de la raison" (De vera religione, 39, 72). Précisément comme il le souligne, dans une affirmation très célèbre, au début des Confessiones, son autobiographie spirituelle écrite en louange à Dieu: "Tu nous as faits pour toi et notre c½ur est sans repos, tant qu'il ne repose pas en toi" (I, 1, 1).
Etre éloigné de Dieu équivaut alors à être éloigné de soi-même: "En effet - reconnaît Augustin (Confessiones, III, 6, 11) en s'adressant directement à Dieu - tu étais à l'intérieur de moi dans ce que j'ai de plus intime et plus au-dessus de ce que j'ai de plus haut", interior intimo meo et superior summo meo; si bien que - ajoute-t-il dans un autre passage lorsqu'il rappelle l'époque antérieure à sa conversion - "tu étais devant moi; et quant à moi en revanche, je m'étais éloigné de moi-même, et je ne me retrouvais plus; et moins encore te retrouvais-je" (Confessiones, V, 2, 2). C'est précisément parce qu'Augustin a vécu personnellement cet itinéraire intellectuel et spirituel, qu'il a su le rendre dans ses ½uvres de manière immédiate et avec tant de profondeur et de sagesse, reconnaissant dans deux autres passages célèbres des Confessiones (IV, 4, 9 et 14, 22) que l'homme est "une grande énigme" (magna quaestio) et "un grand abîme" (grande profundum), une énigme et un abîme que seul le Christ illumine et sauve. Voilà ce qui est important: un homme qui est éloigné de Dieu est aussi éloigné de lui-même, et il ne peut se retrouver lui-même qu'en rencontrant Dieu. Ainsi il arrive également à lui-même, à son vrai moi, à sa vraie identité."