Publiée le 30-04-2024
Motu proprio
« Vitae mysterium »
instituant
l’Académie Pontificale pour la Vie
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1.Le mystère de la vie, plus particulièrement de la vie humaine, attire de plus en plus l’attention des savants qui sont stimulés par les extraordinaires possibilités d’investigation que les progrès de la science et de la technique offrent aujourd’hui à leurs recherches. Cette situation nouvelle ouvre des perspectives fascinantes d’intervention sur les sources mêmes de la vie mais elle pose aussi de multiples questions inhabituelles d’ordre moral, que l’homme ne peut pas ignorer sans courir le risque de poser des gestes peut-être irréparables.
Dans cette conscience, l’Église qui, par mandat du Christ, est tenue d’éclairer la conscience des hommes sur les exigences morales qui se font jour, « après avoir pris connaissance des données de la recherche et de la technique, entend proposer, en vertu de sa mission évangélique et de son devoir apostolique, la doctrine morale qui correspond à la dignité de la personne et à sa vocation intégrale » (Congrégation pour la Doctrine de la foi, Instruction Donum vitae,1) .
Cette tâche est particulièrement urgente à notre époque, si l’on considère que « en accueillant avec amour et générosité toute vie humaine, surtout si elle est faible et malade, l’Église vit aujourd’hui un moment capital de sa mission, d’autant plus nécessaire que s’affirme une “culture de mort” » (Exhortation apostolique Christifideles laici,38) .
2.La présence de l’Église dans le domaine de la santé est pluriséculaire et, bien souvent, elle fut antérieure aux interventions de l’État. Aujourd’hui encore, elle continue, par son action de pastorale et d’assistance, à proclamer « l’Évangile de la vie » dans les situations historiques et culturelles changeantes, s’appuyant sur une pédagogie fidèle à la vérité évangélique et attentive aux « signes des temps ». Dans le domaine de la santé, elle ressent plus particulièrement le besoin d’approfondir toute connaissance possible au service de la vie humaine pour que, là où la technique n’est pas en mesure de fournir des réponses exhaustives, puisse se manifester « la loi de la charité ». Une loi qui inspire toute son action missionnaire et qui la pousse à exprimer d’une manière toujours plus vivante et plus actuelle le message du Christ venu pour donner la vie et la donner en abondance (cf. Jn 10, 10).
3. En instituant le 11 février 1985 la Commission pontificale qui est maintenant devenue le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, j’ai indiqué, parmi les buts qu’il devait poursuivre, celui de « diffuser, expliquer et défendre les enseignements de l’Église en matière de santé, et en favoriser la pénétration dans la pratique sanitaire » (Motu proprio Dolentium hominum, 6).
En ce qui concerne ce dicastère, cette finalité a été réaffirmée par la Constitution apostolique Pastor bonus (art. 153, § 3-4) . Cela exige que toutes les personnes qui travaillent dans le monde de la santé soient convenablement formées en ce qui concerne la morale et les problèmes de la bioéthique (cf. Assemblée spéciale pour l’Europe du Synode des évêques, 1991, Déclaration, 10), afin de manifester que la science et la technique, si elles sont mises au service de la personne humaine et de ses droits fondamentaux, contribuent au bien intégral de l’homme et à la réalisation du projet divin de salut (cf. Constitution pastorale Gaudium et spes, 35).
4. Afin de mieux parvenir à cette fin, après avoir recueilli les avis exprimés par les plus hauts responsables de la pastorale de la santé et conscient que, dans son service de la vie, l’Église ne peut pas ne pas rencontrer la science (Concile ½cuménique Vatican II, Message aux hommes de culture et de science, 8 décembre 1965), j’institue, par le présent Motu proprio, l’Académie pontificale pour la vie, laquelle, selon ses statuts, est autonome. Elle sera cependant en lien et entretiendra des rapports étroits avec le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé. Elle aura pour tâche spécifique d’étudier, d’informer et de donner une formation en ce qui concerne les principaux problèmes de la bio-médecine et du droit, relatifs à la promotion et à la défense de la vie, surtout dans le rapport direct qu’ils entretiennent avec la morale chrétienne et les directives du Magistère pontifical.
5. L’Académie pontificale pour la vie, avec siège au Vatican, sera présidée par un président nommé par moi-même , et qui sera aidé par un Conseil et par un conseiller ecclésiastique. Il appartiendra au président de l’Académie pontificale de convoquer son assemblée, de stimuler son activité, d’approuver son programme annuel, de veiller à son administration, selon des statuts propres à soumettre à l’approbation du Siège apostolique.
Les membres de l’Académie, nommés par moi-même, seront des représentants des diverses branches des sciences bio-médicales et de celles qui sont plus étroitement liées aux problèmes concernant la promotion et la défense de la vie.
Par ailleurs, on pourra prévoir la nomination de membres correspondants.
6. En invoquant l’assistance divine sur l’activité de la nouvelle Académie pontificale, dont je ne manquerai pas de suivre les travaux avec un vif intérêt, il m’est agréable d’accorder à tous ses membres et collaborateurs, ainsi qu’à tous ceux qui se dépenseront pour la réussite la meilleure de cette initiative, une spéciale bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 11 février 1994.
Jean Paul II