Publiée le 21-03-2017
La forme de vie sacerdotale inventée par Saint Philippe Néri au XVIe siècle est assez unique en son genre. Elle se définit comme une vie familiale sous le même toit, unissant les membres par le seul lien de la charité fraternelle proposée comme but et moyen de sanctification. Cette vie commune est au service d’un apostolat commun qui participe à l’œuvre d’évangélisation de la ville où est implantée et accueillie la maison.
Les membres ne sont pas unis, comme les religieux, par les trois vœux et l’observance d’une règle détaillée. Ils ne sont pas unis non plus par un créneau spécial d’apostolat comme l’éducation, l’enseignement ou la liturgie : ils peuvent être dans des paroisses et avoir des ministères différents, selon la demande de l’Evêque. Ils sont unis seulement par la volonté de vivre ensemble de façon stable, c’est-à-dire jusqu’à la mort, comme dans une famille. Cela veut dire que les personnes (prêtres et frères) se choisissent et se donnent comme une priorité l’attention mutuelle, avec la note de joie propre à Saint Philippe. Dans l’apostolat, la principale « marque de fabrique » visible est la cordialité, et la préférence donnée au contact personnel pour aider les âmes à entrer dans l’amitié divine.
L’Oratoire des prêtres-frères au service de l’Oratoire séculier
Avec les prêtres et les frères (Oratoire), les laïcs forment un autre cercle : c’est l’Oratoire séculier qui est l’oeuvre propre et première de l’Oratoire. Il correspond historiquement au premier noyau : autour de saint Philippe, se réunissaient des jeunes et des personnes de toutes conditions pour méditer l’Ecriture Sainte, et aussi visiter les malades, faire le fameux « pèlerinage aux sept églises », et prier avec un goût pour le chant et la belle liturgie. Le genre musical « oratorio » (récitatif sur des paroles bibliques) trouve d’ailleurs là son origine : dans la bande se trouvait le fameux musicien Palestrina. Ce groupe est couramment appelé “Oratoire séculier” formant un cercle avec l’Oratoire des prêtres et des frères assemblés en vie commune pour l’animation de ce groupe.
L’Oratoire séculier tend à répandre auprès de personnes laïques l’esprit même de Saint Philippe par la méditation de la Parole de Dieu éclairée de la tradition de l’Eglise. On trouve souvent plusieurs « Oratorios » dans l’Oratoire séculier : l’Oratorio pour les enfants, l’Oratorio pour les jeunes, celui pour les adultes etc.
Oratoire de St Philippe Néri et Oratoire de France
Il y a dans le monde 85 Oratoires romains de Saint Philippe Néri réunissant plus de 600 membres aussi bien dans la plupart des pays d’Europe qu’en Afrique du sud, Etats-Unis, Amérique centrale et Amérique du sud. En France, on trouve pour l’instant trois communautés reconnues (Nancy, Hyères, Dijon) et plusieurs projets de fondation suivis et encouragés par le responsable de la Confédération des Oratoires, et en lien avec d’autres Oratoires.
On le voit, cette formule est fort différente de celle de l’Oratoire de France. En effet, au XVIIe siècle, le Cardinal de Bérulle fonda une congrégation nouvelle, « l’Oratoire de France », qui s’inspire aussi, mais de plus loin, de Saint Philippe. Il s’agit d’une congrégation nationale, avec un supérieur général qui envoie les prêtres dans telle ou telle maison, ce qui n’est pas l’idée de l’Oratoire de Saint Philippe Néri où les personnes forment une maisonnée stable.
Dans l’Eglise aujourd’hui
Chaque Oratoire de Saint Philippe Néri est indépendant, même si des liens de charité unissent nécessairement les différentes maisons, spécialement dans un même pays. Ils sont toutefois réunis au niveau mondial dans une Confédération. Chaque Oratoire est régulièrement visité par le responsable de la Confédération ou son délégué. Il s’assure que l’esprit de St Philippe et de l’Oratoire est bien présent.
Le responsable de l’Oratoire est élu pour un temps court par ses frères de communauté.
Pour qu’un Oratoire soit effectivement fondé, il faut au moins quatre membres dont deux prêtres (il peut y avoir des séminaristes et éventuellement des frères). La taille des maisons est variable selon l’histoire de chacune mais reste familière : Le bienheureux Cardinal Newman, qui a fondé l’Oratoire de St Philippe Néri en Angleterre, indique que la taille des communautés doit rester telle que l’on puisse se connaître « de visage à visage ». Il faut aussi que tous puissent avoir un ministère tout en habitant sous le même toit. Les Oratoires sont d’ailleurs généralement urbains. Concrètement, les membres de la communauté –prêtres et frères- suivent les maximes que Saint Philippe a laissées, et organisent les temps de prière (notamment l’oraison), d’échanges, de formation et de repas à partager ensemble.
En plus de l’Oratoire séculier, la communauté accomplit la ou les missions confiée(s) par l’Evêque qui a accueilli la communauté (Paroisse, aumôneries, etc) dans l’obéissance évidemment à l’Evêque et à ses orientations pastorales, et en lien avec les autres prêtres du diocèse ; les prêtres de l’Oratoire peuvent être aussi incardinés dans le presbyterium local, ce qui les rend plus proches encore de leurs frères prêtres diocésains avec qui ils partagent la charge pastorale.
POUR CONCLURE
Laissons la conclusion au Pape Saint Jean Paul II :
Dans un Discours adressé au Congrès Général de l’an 2000, Saint Jean Paul II le rappelait aux Oratoriens :
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