Publiée le 04-08-2024
"Se détacher des choses ne signifie pas établir une contradiction entre "les choses" et "Dieu" comme si Dieu était une autre "chose" et que ses créatures étaient ses rivales. Nous ne nous détachons pas des choses pour nous nir à Dieu, mais nous nous détachons de "nous-mêmes" pour voir et utiliser toute chose en Dieu et pour Dieu.
Il s'agit d'une perspective totalement nouvelle que beaucoup de gens, même ceux qui sonr profondément moraux et ascétiques, ne parviennent pas à saisir pleinement. Il n'y a aucune perversité dans les choses créées par Dieu, et rien de ce qui lui appartient ne peut être un obstacle à notre union à lui. L'obstacle se trouve en nous-mêmes, c'est-à-dire dans le besoin tenace de maintenir notre volonté séparée, extérieure, égoïste.
C'est lorsque nous référons tout à ce faux "moi" extérieur que nous nous aliénons de la réalité de Dieu. Alors notre faux moi devient notre dieu, et nous aimons toutes choses par amour de ce faux moi. Nous utilisons tout, pour ainsi dire, pour adorer cette idole qu'est notre moi imaginaire. En agissant ainsi, nous pervertissons et corrompons les choses, ou plutôt, nous rendons nos relations avec elles corrompues et pécheresses. Nous ne pervertissons pas ainsi les choses, mais nous les utilisons pour accrôitre notre attachement à notre moi illusoire."
source : Thomas Merton : in Semences de contemplation. Points - Paris 2010