Publiée le 21-05-2020
Extraits de l'homélie du Père Abbé de Fontgombault Dom Pateau - 21 mai 2020 Solennité de l'Ascension :
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"... Aujourd’hui, c’est avec une profonde tristesse qu’on peut lire
que l’expérience des Messes virtuelles retransmises par les
nouveaux moyens de communication semble satisfaire un
nombre non négligeable de chrétiens. Pour certains, ce mode
d’assistance à la Messe permettrait de pallier le manque de
vocations sacerdotales. Plus profondément, le fait de se
contenter ainsi d’un contact « virtuel » révèle l’état de déshumanisation
de notre époque post-moderne. L’individualisme,
nouvelle idole, conduit à ignorer l’humanité de l’autre tant qu’il
ne m’est pas utile ; et encore se limitera-t-on souvent à le considérer
uniquement d’un point de vue fonctionnel. L’avortement,
considéré du côté de ses victimes : l’enfant toujours, la femme
et les médecins qui l’accomplissent parfois, l’euthanasie, les
peuples et les hommes ployant sous le joug du dieu argent, les
familles broyées par la guerre intestine des divorces et des abus,
en sont des illustrations. En face, l’épidémie que nous vivons
n’est rien. Et le monde se tait, dans la complicité des États qui
souvent soutiennent et promeuvent ces situations.
Au soir du Jeudi-saint, Jésus se serait-il trompé ? En aurait-il
trop fait, trop dit ? Pourquoi ne s’est-il pas borné à affirmer un
vague et lointain amour de Dieu pour l’homme ? Non, les
disciples ont bien entendu : « Ceci est mon corps, donné pour
vous… Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang
répandu pour vous. » (Lc 22,19-20)
À travers la radio, la télévision ou l’internet, avez-vous
communié à la chair et au sang du Christ ? Ces moyens d’assister
à la Messe ne peuvent être admissibles que dans le cas
d’une réelle incapacité ou d’un empêchement insurmontable.
Cela a été le cas depuis de longues semaines. Beaucoup de
chrétiens ont vécu ce qui est le quotidien de plusieurs monastères
de soeurs cloîtrées, privées de l’eucharistie quotidienne par
le manque de prêtres. Puissent-ils tous ressentir la douleur de
ces moniales et ne pas s’habituer à des Messes virtuelles !
Répondons au don de l’amour divin. La diminution du
nombre des vocations sacerdotales et religieuses et la baisse de
l’assistance à la Messe ne sont que la conséquence du refroidissement
du coeur humain.
Le Christ invite tout homme à le rencontrer dans la communion
à sa chair et à son sang. Puissions-nous communier demain
plus profondément qu’hier, en nous souvenant des paroles du
Seigneur. Prions avec ardeur pour demander des vocations.
À l’image de Marie, « la servante du Seigneur » (Lc 1,38), forts
de la présence en nous du Seigneur et de son Esprit, prenons le
bâton du pèlerin de la charité pour aller à la rencontre de tout
homme, à commencer par le plus proche.
La fête de la Pentecôte promet sur chacun d’entre nous une
effusion renouvelée de cet Esprit. .."