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Qui était le Cardinal Sgreccia ?

Publiée le 29-05-2020

     Le 5 juin 2019 , il y a un an, ’est éteint à Rome le cardinal Elio Sgreccia, président émérite de l’Académie pontificale pour la Vie et membre ad honorem de celle-ci. Il allait juste avoir 91 ans. Bioéthicien internationalement reconnu, son activité académique, pastorale et de recherche a été dominée,  dans une constante cohérence, par son souci du respect et de la sauvegarde de la valeur et de la dignité de toute vie humaine, et par le témoignage qu’il a donné de ces valeurs et de ces principes.
 

Qui est le Cardinal Sgreccia ?
     Né à Nidastore di Arcevia, dans les Marches, le 6 juin 1928, Elio Sgreccia a rapidement le désir de devenir prêtre mais il est contraint d’attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour entrer au séminaire. Après avoir été ordonné prêtre en 1952, à 24 ans, Il exerce d’abord son ministère auprès des jeunes de l’Action catholique, puis comme professeur au Séminaire pontifical de Fano, en Italie centrale, avant d’en prendre la direction. En 1973, il rejoint Rome pour se mettre au service de la pastorale universitaire au sein de la Faculté de médecine et de chirurgie de l’Université catholique du Sacré-C½ur. Il développera dans ce cadre une expertise appréciée dans le domaine de la bioéthique, un secteur encore peu connu alors, et dont il sera un pionnier. Le Père Sgreccia commence alors à devenir une référence dans ce domaine avant de s’imposer naturellement comme une figure reconnue de la bioéthique catholique. Au sein de l’Université du Sacré-C½ur, il crée en 1985 un Centre de bioéthique qui est le premier en date de l’Italie, et tout à fait en avance sur le reste de l’Europe. Ce Centre devient en 1992 l’Institut de Bioéthique de l’Université du Sacré C½ur, dont Monseigneur Elio Sgreccia est le premier président. Cet Institut d’enseignement pour les médecins s’occupe en même temps de la formation des laïques et des prêtres dans cette discipline, ce qui lui assure un rayonnement notoire, en Italie, puis hors d’Italie. En 1990, Monseigneur Sgreccia devient membre du comité national italien de bioéthique où il siégera jusqu’en 2006.

 

Le Cardinal Sgreccia collaborateur de Jean Paul II
     Saint Jean-Paul II l’appelle au service de la Curie romaine en 1992, en tant que secrétaire du Conseil pontifical pour la Famille, une responsabilité qu’il assumera jusque 1996. Le pape Jean Paul II  l’ordonne évêque en 1993. En 1994, le prélat rejoint l’Académie pontificale pour la vie, d’abord en tant que vice-président, puis en tant que président de 2005 à 2008. Deux ans plus tard, en 2010,  il est créé cardinal par Benoît XVI à l’âge de 82 ans. En 2014, le pape François lui demande de participer au synode des évêques sur les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation. L’année suivante, il prend également part au synode sur la vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et dans le monde contemporain.


     En juin 2018, le pape François a rendu un hommage remarqué au cardinal Sgreccia au cours d’une audience avec les membres de l’Académie pontificale pour la vie. Le pontife le remercia pour ce qu’il avait «réalisé et continuait de faire» pour la bioéthique. Dans un télégramme de condoléances envoyé à la nièce du défunt prélat, le pape François a déclaré plus récemment: « Je me souviens avec gratitude de son généreux service à l’Église, spécialement pour son ½uvre précieuse et assidue en défense de la valeur fondamentale de la vie humaine, par une vaste action d’étude, de formation et d’évangélisation. »


Le cardinal Elio Sgreccia  a écrit de nombreux ouvrages et articles sur des sujets complexes comme le don d’organes, l’objection de conscience ou encore l’état végétatif permanent. Il était l’auteur d’un Manuel pour médecins et biologistes en deux volumes, traduit dans de nombreuses langues. Préoccupé par les nouvelles questions qui ne cessent d’émerger dans l’actualité, le cardinal Sgreccia a continué jusqu’au bout à s’engager pour réaffirmer le droit à la vie, l’accueil du malade et du mourant. Son influence fut très importante dans la rédaction des documents de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi « Donum Vitae » sur le respect de la vie naissante (1987) puis dans le complément du précédent « Dignitas Personae » sur les questions de bioéthique (2008). Il participa activement à l’élaboration de l’Encyclique « Evangelium Vitae » de Saint Jean Paul II. 

Le témoignage de Mons Suaudeau sur le cardinal

     J’ai côtoyé le Cardinal Sgreccia – qui n’était alors que « Monseigneur », depuis la fin de 1993. J’ai été d’abord à ses côtés comme « officiel » au Conseil Pontifical pour la Famille, lorsqu’il en était le Secrétaire. En 1994, sous l’impulsion de Mgr Sgreccia, le conseil a commencé une série de rencontres, dans différents pays d’Afrique subsaharienne, avec les évêques de ces pays, sur le thème « famille et bioéthique ». Je me rappelle  ces sessions en Côte d’Ivoire, Ghana, Bénin, République Centre Africaine, Congo Brazzaville, Zaïre, Nigeria, Tanzanie. Quel que soit l’interlocuteur qu’il rencontrait, Mgr Sgreccia frappait par son calme, son souci d’expliquer clairement les choses, sa patience aussi devant tous les incidents techniques qui émaillaient ces rencontres. Il respectait ses interlocuteurs, quels qu’ils soient, ne s’irritait jamais, calmait les esprits… et convainquait.
     J’ai retrouvé Mgr Sgreccia en 2003, alors qu’il était président de l’Académie pour la Vie, et que j’étais moi-même transféré du Conseil de la Famille à cette Académie. Il n’avait pas changé, mais sa capacité d’analyse et de travail m’impressionnèrent encore davantage. Je l’ai vu aider bien des gens, se pencher sur les problèmes sociaux des personnes qui travaillaient sous sa direction ou entraient en contact avec lui, et j’ai alors saisi davantage sa profonde humanité liée à une rare humilité. J’ai compris qu’en lui c’était la foi qui expliquait tout, sa sérénité, son efficacité, son énergie, son souci des collaborateurs, son pardon des offenses.
     Je l’ai vu pratiquer, développer une bioéthique au service de l’homme, au service de la personne humaine,  inspirée par la foi chrétienne mais dans laquelle tous les justes, tous les hommes de bonne volonté pouvaient se retrouver. Je ne lui ai jamais entendu dire une parole de mépris, ou de condamnation, je n’ai jamais vu venir sur ses lèvres une critique à l’égard de quelque personne que ce soit. Quand il avait ressenti une attaque personnelle, une contradiction, un manque d’attention ou de respect,  quand il constatait une évidente malfonction à laquelle il ne pouvait apporter remède, il se taisait, gardant son calme.
     En la personne du Cardinal Elio Sgreccia, c’est un pilier de la bioéthique qui nous a quitté, un sage qui s’en va, un défenseur avisé, clairvoyant et sans compromis de la vie humaine. Il nous manque. Mais nous avons son exemple, ses écrits, son témoignage. Tachons de lui être fidèle. Lui ne nous abandonnera pas, dans le Seigneur.

 

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Deux petits livres (photos dans l'article) viennent de paraître aud Ed du Peuple Libre, dans la Collection de l'Evangile de la Vie (disponibles à l'Evangile de la Vie)

 

 

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