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Que veut dire : Jésus "est descendu aux enfers" ?

Publiée le 16-04-2022

         Dans son livre « La foi chrétienne hier et aujourd’hui », publié en 1968, le Cardinal Ratzinger médite sur le Credo. Voici quelques extraits sur ce que veut dire la « descente aux enfers ».

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     « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps 21,1). « Cette prière jaillie de la détresse profonde de l’absence de Dieu se termine un hymne à la grandeur de Dieu….  Ce cri illumine le mystère de la descente de Jésus aux enfers comme un éclair éblouissant dans la nuit noire. Dans cette dernière prière de Jésus, comme d’ailleurs dans la scène du Mont des Oliviers, il apparait que l’essentiel de sa Passion n’est pas une quelconque souffrance physique, mais la solitude radicale, le délaissement total. Or, c’est finalement l’abîme de la solitude de l’homme tout court qui se révèle ici, de l’homme qui, au plus intime de lui-même, est seul… La véritable peur de l’homme ne peut être surmontée par la raison, mais uniquement par la présence d’un être aimant. Est-il encore besoin alors de demander ce que doit être l’adoration en notre heure de ténèbres ? Peut-elle être autre chose que le cri venu des profondeurs, en union avec le Seigneur qui est « descendu aux enfers » et qui a instauré la proximité de Dieu au milieu du délaissement et de l’absence de Dieu ? …

 

     S’il y avait une solitude où aucune parole d’un autre ne pourrait plus pénétrer pour la transformer, s’il y avait une déréliction si profonde qu’aucun Toi ne pourrait plus y atteindre, alors ce serait la solitude véritable et totale, la peur totale, ce que le théologien appelle « enfer ». Le sens de ce mot peut être exactement défini à partir de là : il désigne une solitude où ne pénètre plus la parole de l’amour et qui constitue ainsi véritablement l’existence exposée, menacée. Il existe une nuit dans la déréliction de laquelle aucune voix de parvient : il existe une porte, par laquelle nous ne pouvons passer que solitaires : la porte de la mort. Cela explique pourquoi l’Ancien Testament n’a qu’un seul mot pour l’enfer et pour la mort, le mot Shéol, car pour l’Ancien testament, les deux sont en dernière analyse identiques. La mort, c’est la solitude tout court, tandis que la solitude où l’amour ne peut plus pénétrer, c’est l’enfer… Mais le Christ a franchi la porte de notre ultime solitude, il est entré, à travers sa Passion, dans l’abîme de notre déréliction. Là où aucune parole ne saurait plus nous atteindre, il y a lui. Ainsi l’enfer est surmonté ou plus exactement, la mort qui auparavant était ‘l’enfer, ne l’est plus. Les deux ne sont plus identiques, parce qu’au milieu de la mort il y a de la vie, parce que l’amour habite au milieu de la mort. Seul le repliement délibéré sur soi-même est désormais enfer. Tandis que mourir, ce n’est plus la route de la solitude glaciale ; les portes du Shéol sont ouvertes. La porte de la mort est ouverte depuis que dans la mort habite la vie, c’est-à-dire l’amour.

 

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