Publiée le 12-05-2020
Dimanche 10 mai 1981. Le Pape Jean Paul II comme à l'habitude conduit la prière du Regina Caeli en cette période pascale. Sa voix et particulièrement puissante, forte. Au cours de cette prière mariale, il a prononcé ces paroles... trois jours avant l'attentat qu'il devait vivre Place Saint-Pierre, le 13 mai 1981.
-----------------------------------------------------------
Vous vous êtes réunis Place Saint-Pierre, représentant des paroisses et communautés de toute la ville de Rome, pour témoigner qu’au cours de ces derniers mois et dernières semaines, vous avez réfléchi sur la vie humaine, en tout premier lieu à la vie cachée sous le c½ur de la femme mère, à la vie des enfants à naître. Cette vie a été l’objet de votre méditation, de votre engagement de croyants, d’hommes et de citoyens, mais surtout vous en avez fait le thème de vos prières. Vous avez médité sur la responsabilité particulière envers la vie conçue, qui, selon la juste compréhension de l’homme, doit être entouré d’une particulière sollicitude et protection de la part des parents eux-mêmes, comme aussi de la société, en particulier des personnes qui, de diverses manières, sont responsables de cette vie.
Vous avez répondu à l’invitation de vos Evêques qui, pendant le Carême, ont attiré l’attention de toute la société sur la grande menace qui pèse sur cette valeur fondamentale qui est la vie humaine et en particulier la vie des enfants à naître. C’est le devoir de l’Eglise de réaffirmer que l’avortement provoqué signifie la mort, le meurtre d’une créature innocente. Par conséquent, l’Eglise considère chaque loi favorable à l’avortement provoqué comme une grave offense aux droits premiers de l’homme et du commandement divin : « Tu ne tueras pas ».
Aujourd’hui, je désire présenter au Christ tous vos efforts, tout le travail de l’Eglise, en Italie comme à travers le monde, qui vise à garantir la sainte inviolabilité de la vie humaine. Jésus a dit : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie » (Jn 10,10). Afin que ces êtres humains les plus petits, les plus fragiles, les plus vulnérables, aient la vie. Afin que cette vie ne leur soit pas supprimée avant qu’ils naissent. Nous justement, nous servons et servirons en union avec le Bon Pasteur parce que cette cause est sainte.
En servant cette cause, nous servons l’homme et nous servons la société, nous servons la patrie. Le service envers l’homme se manifeste non seulement dans le fait que nous défendons la vie d’un enfant à naître. Celui-ci se manifeste en même temps dans le fait que nous défendons les consciences humaines. Nous défendons la rectitude de la conscience humaine, pour qu’elle nomme bien le bien et mal le mal ; pour qu’elle vive dans la vérité. Pour que l’homme vive dans la vérité, pour que la société vive dans la vérité.
Quand Jésus dit : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie… » (Jn 10,10), il pense aussi, surtout même, à cette vie intérieure de l’homme qui se manifeste dans la voix de la conscience droite.
L’Eglise a toujours retenu le service envers la conscience comme son service essentiel : le service rendu à la conscience de tous ses fils et filles ; mais aussi à la conscience de chaque homme. Car l’homme vit la vie digne de l’homme quand il suit la voix de la conscience droite, sans devenir sourd en lui-même rendant ainsi sa conscience insensible.
Ainsi servent auprès des plus pauvres et ceux dans le besoin, les hommes et les femmes qui se consacrent à la défense de la vie, de la vie des corps et des âmes : missionnaires, religieuses, médecins, infirmiers, éducateurs, techniciens. Il suffit de nous souvenir encore une fois, comme nous le savons déjà, de Mère Teresa de Calcutta. Sa voix pour la défense de la vie des enfants à naître s’élève non seulement en Inde, mais aussi de diverses parties de la terre. Au Japon, dernièrement, j’ai dit : « Chaque enfant tué par l’avortement, est un indice de grande pauvreté, parce que chaque vie humaine est importante et a un caractère spécial pour Dieu ».
En faisant tout son possible pour sauver l’homme de la misère matérielle, Mère Teresa, cette admirable témoin de la dignité de l’humanité, fait tout pour défendre aussi sa conscience de l’insensibilité et de la mort spirituelle.