Publiée le 04-06-2011
ISTANBUL, TURQUIE, 27 mai (C-FAM) Pendant des semaines, les deux groupes se tenaient en face l'un de l'autre dans la petite salle de conférence pour la négociation du programme d'action pour les pays les plus pauvres. On aurait souvent dit que les négociations ne concernaient qu'un seul aspect : l'argent.
D'un côté, les pays les plus développés dont l'Europe, les Etats-Unis, le Canada, L'Australie, la Nouvelle Zélande et le Japon. De l'autre, les « pays les moins développés » (PMD), expression usitée par les Nations Unies pour désigner les quarante-huit Etats dont les indicateurs socio-économiques sont les plus bas au monde
Ces négociations étaient le point culminant d'un programme d'action de dix ans destiné aux PMD. Celui-ci a été adopté ce mois-ci en Turquie par les gouvernements des Etats parties. Malgré les louanges qui ont accompagné la décision courageuse de diminuer de moitié le nombre des pays classés PMD dans les dix prochaines années, de nombreux observateurs toutes positions politiques confondues étaient très déçus du résultat final.
Au milieu des débats souvent polémiques entre les pays les plus développés et les moins développés, le Saint Siège a exprimé une vision alternative reflétant la solidarité avec les pays pauvres, sans pour autant prendre partie pour une quelconque position politique ou économique. C'est précisément cette neutralité de la part du Saint Siège qui a paru à la fois étonnante et encourageante aux délégations assises des deux côtés de la table.
Alors que le Saint Siège soutenait les réclamations des PMD, demandant aux pays développés plus de ressources financières, il a aussi mis en garde contre la réduction de l'aide au développement à des considérations exclusivement économiques aux dépends du développement spirituel. Le Saint-Siège a félicité les Etats pour l'attention et l'aide croissante accordées aux PMD, mais a aussi sévèrement critiqué une approche du développement de plus en plus réduite, oubliant des essentiels tels que l'éducation, les soins de santé et la sécurité alimentaire.
La déclaration de l'Archevêque Silvano Tomasi à la conférence des PMD en Turquie était concentrée sur le thème du « développement humain intégral » , tel qu'il est exposé dans l'encyclique Caritas in Veritate du pape Benoît XVI. Mgr Tomasi a souligné que « le développement des individus et des peuples dépend en partie de la résolution de problèmes de nature spirituelle. Le développement doit inclure non seulement une croissance matérielle mais aussi une croissance spirituelle ».
Sachant que le document final PMD ne mentionne la “famille” que dans le contexte du planning familial, Mgr. Tomasi a appelé à rédiger d'une manière qui pourrait permettre d'insérer un texte tel que « un travail qui puisse satisfaire aux besoins des familles et leur permette d'envoyer leurs enfants à l'école... un travail qui permette de redécouvrir ses racines à un niveau personnel, familial et spirituel … »
Tout au long des négociations, le Saint Siège a combattu les pays développés qui tentaient d'établir un lien de cause à effet entre les problèmes de population et les problèmes d'éducation, la santé et le développement. De nombreux délégués des pays développés étaient consternés devant l'insistance avec laquelle le Saint Siège s'opposait à des termes polémiques tels que la « santé sexuelle et reproductive ». Un représentant national a alors mis en doute le statut du Saint Siège pour négociertyler, mais ce geste n'a été soutenu par aucun autre Etat.
En fin de conférence, le Saint Siège était le seul Etat qui ait approuvé le document avec des réserves. Celles-ci disposent que des termes tels que « planning familial » et « santé sexuelle et reproductive » doivent être interprétés en accord avec la position officielle du Saint Siège sur ces questions