Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, chers séminaristes,
Je vous souhaite la bienvenue en ce centenaire de la fondation du Séminaire pontifical régional Flaminio, voulu par saint Pie X. Je vous salue tous de tout coeur ; je remercie le cardinal Matteo Zuppi pour ses paroles et je salue avec affection Mgr Luigi Bettazzi, qui est presque contemporain du Séminaire ! Cet anniversaire important représente une heureuse occasion de réfléchir sur la beauté de l’appel au sacerdoce ministériel, qui nous fait le don et nous offre l’engagement de représenter le Bon Pasteur au milieu de son peuple et de vivre comme le Bon Pasteur au milieu de son peuple.
Pour se préparer à cette mission, l’Église notre mère demande d’entreprendre un parcours de formation sérieux, que l’environnement du Séminaire peut offrir au mieux. Dans cette perspective, je voudrais vous indiquer trois aspects qui identifient ce lieu et surtout ce temps de formation et de préparation au sacerdoce qu’est le séminaire. C’est une maison de prière, une maison d’études, une maison de communion.
Vous êtes appelés à être des évangélisateurs dans votre région, marquée elle aussi par la déchristianisation. Ceux qui sont davantage exposés au vent froid de l’incertitude ou de l’indifférence religieuse ont besoin de trouver dans la personne du prêtre cette foi robuste qui est comme un flambeau dans la nuit et comme un roc auquel s’attacher. Cette foi se cultive surtout dans la relation personnelle, coeur à coeur, avec la personne de Jésus-Christ. Et le Séminaire est avant tout la maison de prière où le Seigneur convoque encore les « siens » dans « un lieu à l’écart » (Lc 9,18), à vivre une expérience forte de rencontre et d’écoute. À travers ce chemin, il veut les préparer à devenir des « éducateurs du peuple de Dieu dans la foi », et les habiliter à « proclamer avec autorité la Parole de Dieu », à « rassembler le peuple » et à le nourrir avec les sacrements pour « le conduire sur la voie du salut » et le conserver dans l’unité (cf. Paul VI, Exh. ap. Evangelii nuntiandi, 68).
C’est pourquoi il est nécessaire de consacrer un engagement adéquat à la formation spirituelle. Ce sont les années les plus favorables pour apprendre à « rester avec lui », goûtant avec stupeur la grâce d’être ses disciples, apprendre à l’écouter, à contempler son visage… Ici, l’expérience du silence et de la prière est fondamentale : c’est là, en demeurant en sa présence, que le disciple peut connaître le Maître, comme il est connu de lui, dirait saint Paul (cf. 1 Cor 13,12). Mais la rencontre avec Jésus dans le visage et dans la chair des pauvres est aussi essentielle. Cela aussi fait partie intégrante de la formation spirituelle du séminariste.
Le second aspect qui identifie le Séminaire est celui de l’étude. L’étude fait partie d’un itinéraire visant à l’éducation d’une foi vivante, une foi consciente, appelée à devenir la foi du pasteur. L’étude, sur ce chemin, est l’instrument privilégié d’une connaissance sapientielle et scientifique, capable d’assurer des fondements solides à tout l’édifice de la formation des futurs prêtres. C’est aussi l’instrument d’un savoir commun. Je m’explique. L’engagement à étudier, notamment au Séminaire, est clairement personnel, mais il n’est pas individuel. Partager les leçons et l’étude avec ses compagnons de séminaire est aussi une façon de faire partie d’un presbyterium. En effet, sans négliger les inclinations et les talents personnels, au contraire, en les valorisant, au séminaire on étudie ensemble pour une mission commune et cela donne une « saveur » toute particulière à l’apprentissage des Écritures Saintes, de la théologie, de l’histoire, du droit et de toutes les disciplines. Les différentes sensibilités personnelles se confrontent sur l’horizon commun de l’appel et de la mission ; et cela grâce au service d’enseignants qui, à leur tour, enseignent à l’intérieur de ce même horizon ecclésial, libre de toute autoréférentialité. Il est beau d’étudier ainsi, dans cet environnement.
Et nous en venons à la troisième dimension : le séminaire comme maison de communion. Cet aspect aussi est « transversal », comme les deux autres. Il part d’une base humaine d’ouverture aux autres, de capacité d’écoute et de dialogue, et il est appelé à prendre la forme de la communion presbytérale autour de l’évêque et sous sa direction. La charité pastorale du prêtre ne peut être crédible si elle n’est pas précédée et accompagnée de la fraternité, d’abord entre séminaristes et ensuite entre prêtres. Une fraternité toujours plus imprégnée de la forme apostolique, et enrichies par les traits de l’esprit diocésain, c’est-à-dire de ces caractéristiques particulières du peuple de Dieu et des saints, surtout des saints prêtres, d’une Église particulière.
Dans ce contexte, le séminaire se définit comme un chemin qui éduque les candidats à évaluer toutes leurs actions en référence au Christ et à considérer leur appartenance à l’unique presbyterium en tant que dimension préalable à l’agir pastoral et témoignage de communion, indispensables pour servir efficacement le mystère de l’Église et sa mission dans le monde.
Ici je voudrais m’arrêter un moment pour reprendre les quatre « proximités », les quatre attitudes de proximité des prêtres diocésains. Être proche de Dieu dans la prière, je l’ai dit, commence au séminaire. Être proche de l’évêque, toujours proche de l’évêque : sans l’évêque, l’Église ne marche pas, sans l’évêque le prêtre peut être un leader mais ce ne sera pas un prêtre. Troisième proximité : être proche du presbyterium, entre vous. C’est quelque chose qui me fait souffrir, quand je vois des prêtres fragmentés, où ils sont l’un contre l’autre, ou encore très courtois mais ensuite ils disent du mal les uns des autres. S’il n’y a pas un presbyterium uni… Cela ne signifie pas que l’on ne peut pas discuter, non, on discute, on échange des idées, mais la charité est ce qui unit. Et la quatrième proximité : la proximité à l’égard du peuple de Dieu. S’il vous plaît, n’oubliez pas d’où vous venez. Paul disait à Timothée : « Souviens-toi de ta mère et de ta grand-mère », c’est-à-dire de tes racines ; souviens-toi que tu as été pris parmi le troupeau et que tu es venu parce que le Seigneur t’a choisi. Tu n’es pas venu faire une carrière ecclésiastique, comme on disait autrefois, dans un style littéraire d’une autre époque. Proximité à l’égard de Dieu, proximité à l’égard de l’évêque, proximité à l’égard du presbyterium, entre vous, et proximité à l’égard du peuple de Dieu. S’il manque l’une d’elles, le prêtre ne fonctionne pas et glissera, lentement, dans la perversion du cléricalisme ou dans des attitudes de rigidité. Là où est le cléricalisme, il y a la corruption, et là où il y a la rigidité, sous la rigidité, il y a de graves problèmes.
Chers séminaristes, hier nous avons célébré la solennité de l’Immaculée. Marie resplendit dans l’Église en raison de sa vocation singulière vécue à la suite de son Fils, dans l’humble et courageuse obéissance au dessein d’amour de Dieu. Que celle qui fut toujours unie à Jésus de sa conception jusqu’à sa mort sur la croix, vous aide à découvrir chaque jour le « trésor », la « perle précieuse » que sont le Christ et son Royaume, et à devenir des messagers joyeux de son Évangile. Le séminaire est aussi le temps où l’on accueille chez soi Marie comme Mère, dans sa propre vie, comme l’apôtre Jean. Qu’elle vous accompagne !
Je vous remercie pour votre visite. Je bénis votre chemin, par l’intercession de saint Pie X et des témoins exemplaires que l’archevêque a rappelés au commencement.
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