Chers frères dans l’épiscopat,
C’est pour moi une joie de vous rencontrer, pasteurs de l’Église en Slovaquie, à l’occasion de cette visite ad limina pendant laquelle vous vous rendez sur les tombes des apôtres, renouvelant votre foi en Jésus-Christ et les liens de communion avec le Successeur de Pierre, et approfondissant aussi le sens de la collégialité et de la collaboration entre vous. Je tiens à vous encourager dans le travail pastoral que vous accomplissez, en particulier dans les difficultés du temps actuel, caractérisé par des transformations rapides dans de nombreux domaines de la vie humaine et par le grand défi de la globalisation. On y observe parfois des menaces pour les nations les moins peuplées, mais en même temps aussi des éléments qui peuvent offrir de nouvelles opportunités. Le phénomène des migrations est une opportunité, devenue un signe des temps ; il requiert d’être compris et abordé avec sensibilité et sens de la justice. L’Église est appelée à proclamer l’accueil du migrant et à en témoigner dans un esprit de charité et de respect de la dignité de la personne humaine, dans l’observance nécessaire de la légalité.
Devant la perspective d’un environnement multiculturel de plus en plus étendu, il convient d’assumer des attitudes de respect réciproque pour favoriser la rencontre. Il est souhaitable que le peuple slovaque maintienne son identité culturelle et son patrimoine de valeurs éthiques et spirituelles fortement lié à sa tradition catholique. Il pourra ainsi s’ouvrir sans crainte à la confrontation dans un horizon continental et mondial plus vaste, contribuant à un dialogue sincère et fructueux, y compris sur des thèmes d’une importance vitale comme la dignité de la vie humaine et la fonction essentielle de la famille.
Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire d’éclairer le chemin des peuples avec les principes chrétiens, saisissant les occasions qu’offre la situation actuelle pour développer une évangélisation qui, avec un langage nouveau, rende plus compréhensible le message du Christ. C’est pourquoi il est important que l’Église insuffle l’espérance afin que tous les changements des temps actuels se transforment en une rencontre renouvelée avec le Christ, qui pousse votre peuple vers un progrès authentique. Les fidèles laïcs, appelés à animer les réalités temporelles avec le ferment de l’Évangélique, ne peuvent pas se dispenser d’agir aussi à l’intérieur des processus politiques orientés vers le bien commun. Pour être des témoins joyeux de l’Évangile dans tous les milieux, ils ont besoin de sentir qu’ils ont une part active dans l’Église. Il est de votre devoir de reconnaître leur rôle propre dans la vie des communautés ecclésiales, y compris en ce qui concerne l’élaboration et la réalisation des projets pastoraux.
J’apprécie beaucoup ce que vous faites en faveur de la famille qui affronte tant de difficultés et qui est soumise à tant d’embûches. Ces efforts requièrent d’être accompagnés par une pastorale familiale intégrale au niveau diocésain et national, incluant un accompagnement adéquat des familles, y compris de celles qui ne sont pas complètes, surtout lorsqu’il y a des enfants. Dans le cadre de la pastorale de la famille, il est nécessaire de valoriser les jeunes, espérance de l’Église et de la société.
En eux palpite un désir fort de service du prochain et de solidarité, qui nécessite l’orientation et la confiance des pasteurs pour se transformer en une rencontre vivante avec le Christ, en un projet déterminé de diffusion de l’Évangile. De fait, malgré tous les leurres qui invitent à l’hédonisme, à la médiocrité et au succès immédiat, les jeunes ne se laissent pas effrayer facilement par les difficultés et ils sont particulièrement sensibles à l’engagement sans réserve quand se présente à eux la signification authentique de la vie. Ils ont pour cela besoin d’avoir de votre part des indications doctrinales et morales claires pour édifier dans la ville de l’homme la cité de Dieu.
Ayez une grande sollicitude paternelle envers les prêtres, vos collaborateurs principaux dans le ministère pastoral. Ils ont besoin de programmes bien structurés de formation permanente dans les domaines de la théologie, de la spiritualité, de la pastorale et de la doctrine sociale de l’Église, qui leur permettent d’être des évangélisateurs compétents. En effet, pour une grande partie du peuple de Dieu, ils sont le canal principal à travers lequel passe l’Évangile, et aussi l’image la plus immédiate par laquelle ils rencontrent le mystère de l’Église.
Leur préparation intellectuelle et doctrinale doit par conséquent être toujours unie au témoignage d’une vie exemplaire, en étroite communion avec les évêques, à la fraternité avec leurs frères dans le sacerdoce, à l’affabilité dans leurs relations avec tous et à cette sorte de paix spirituelle et d’ardeur apostolique que seul le contact constant avec leur divin Maître peut donner. Afin que les prêtres sentent la proximité de votre présence, il est très important que vous soyez disposés à les écouter et à les traiter avec confiance, en montrant votre attention aux difficultés qui les affligent si souvent.
L’Église, signe et instrument d’unité des hommes avec Dieu et entre eux, est appelée à être une maison et une école de communion, où l’on sait apprécier et accueillir ce qu’il y a de positif dans l’autre. Cette attitude est aussi très utile pour les bons contacts qu’il convient de rétablir en Slovaquie entre les pasteurs et les personnes consacrées, en valorisant mieux l’apport valide de tous les religieux dans l’activité pastorale. En même temps, l’Église qui est dans votre pays est appelée à développer la pastorale des Roms, par une œuvre de grande évangélisation qui cherche à rejoindre toutes ces personnes qui, malheureusement, continuent de vivre une certaine séparation sociale.
Je vous demande de transmettre à vos communautés ecclésiales l’expression de mon affection et de ma proximité spirituelle ; d’adresser mes remerciements aux prêtres et aux communautés religieuses masculines et féminines qui s’emploient avec beaucoup de générosité à annoncer l’Évangile et à en témoigner, ainsi qu’aux catéchistes et à vos autres collaborateurs dans cette œuvre d’évangélisation ; et de communiquer la reconnaissance du pape à l’égard des personnes et des institutions dédiées à la charité et à la solidarité avec les plus démunis.
Je confie vos préoccupations pastorales à la Vierge de Douleur, patronne de la Slovaquie, et j’invoque sa maternelle intercession afin que votre pays prospère dans la paix et conformément aux meilleures valeurs de sa tradition chrétienne. Et tout en vous demandant de prier pour moi, à vous et aux fidèles de chacune des Églises particulières que vous présidez, j’accorde de grand cœur la bénédiction apostolique.