PRÉSIDÉ PAR LE SAINT-PÈRE
FRANÇOIS
VENDREDI SAINT
MÉDITATIONS
de jeunes Libanais sous la conduite
de Sa Béatitude
Monsieur le Cardinal Béchara Boutros Raï
Introduction
« Un homme accourut vers Jésus, se mit à genoux et lui demanda: ‘Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?’ » (Mc 10,17).
Jésus a répondu à cette question, qui brûle au plus profond de notre être, en parcourant le chemin de la croix.
Nous te contemplons, Seigneur, sur cette route que toi, d’abord, tu as prise et à la fin de laquelle « tu as jeté ta croix comme un pont vers la mort, afin que les hommes puissent passer du pays de la mort à celui de la Vie» (S. Éphrem le Syrien, Homélie).
L’appel à te suivre est adressé à tous, en particulier aux jeunes et à ceux qui sont éprouvés par les divisions, par les guerres ou par l’injustice et qui luttent pour être, au milieu de leurs frères, des signes d’espérance et des artisans de paix.
Nous nous présentons donc devant toi avec amour, nous te présentons nos souffrances, nous tournons nos regards et nos cœurs vers ta sainte Croix et, forts de ta promesse, nous te prions : « Béni soit notre Rédempteur, qui nous a donné la vie par sa mort. Ô Rédempteur, réalise en nous le mystère de ta rédemption, par ta passion, ta mort et ta résurrection » (Liturgie maronite).
Première station: Jésus est condamné à mort
De l’Évangile selon saint Marc 15, 12-13.15
Et comme Pilate reprenait: ‘Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? ’, ils crièrent de nouveau : ‘Crucifie-le !’. Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barrabas, et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.
Devant Pilate, détenteur du pouvoir, Jésus aurait dû obtenir justice. En effet, Pilate avait le pouvoir de reconnaître l’innocence de Jésus et de le libérer. Mais le gouverneur romain préféra servir la logique de ses intérêts personnels et se plia aux pressions politiques et sociales. Il condamna un innocent pour plaire à la foule, sans satisfaire la vérité. Il livra Jésus au supplice de la croix, tout en le sachant innocent… avant de s’en laver les mains.
Dans notre monde contemporain, nombreux sont les “Pilate” qui tiennent entre leurs mains les leviers du pouvoir et en font usage au service des plus forts. Nombreux sont ceux qui, faibles et lâches devant ces courants de pouvoir, engagent leur autorité au service de l’injustice et piétinent la dignité de l’homme et son droit à la vie.
Seigneur Jésus, ne permets pas que nous soyons au nombre des injustes. Ne permets pas que les forts se complaisent dans le mal, dans l’injustice et dans le despotisme. Ne permets pas que l’injustice conduise les innocents au désespoir et à la mort. Confirme-les dans l’espérance et éclaire la conscience de ceux qui ont autorité en ce monde, afin qu’ils gouvernent dans la justice. Amen
Deuxième station: Jésus est chargé de la croix
De l’Évangile selon saint Marc 15, 20
Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau rouge, et ils lui remirent ses vêtements. Puis ils l’emmenèrent pour le crucifier.
Jésus Christ se tient devant des soldats qui croient avoir tout pouvoir sur lui, alors qu’il est Celui par qui « tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui » (Jn 1, 3).
En tout temps, l’homme a cru pouvoir se substituer à Dieu et déterminer de lui-même le bien et le mal ( cf. Gn 3, 5), sans référence à son Créateur et Sauveur. Il s’est cru tout-puissant, capable d’exclure Dieu de sa propre vie et de celle de ses semblables, au nom de la raison, du pouvoir ou de l’argent.
Aujourd’hui aussi, le monde ploie sous des réalités qui cherchent à expulser Dieu de la vie de l’homme, comme le laïcisme aveugle qui étouffe les valeurs de la foi et de la morale au nom d’une supposée défense de l’homme ; ou le fondamentalisme violent qui prend pour prétexte la défense des valeurs religieuses (cf. Exhort. apost. Ecclesia in Medio Oriente, n. 29).
Seigneur Jésus, toi qui as pris sur toi l’humiliation et qui t’es identifié aux plus faibles, nous te confions tous les hommes et tous les peuples humiliés et souffrants, en particulier ceux du Moyen-Orient tourmenté. Donne-leur d’avoir, en toi, la force pour pouvoir porter avec toi leur croix d’espérance. Nous mettons entre tes mains tous ceux qui sont égarés, pour que, grâce à toi, ils trouvent la vérité et l’amour. Amen.
Troisième station: Jésus tombe pour la première fois
Du livre du prophète Isaïe 53, 5
Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison.
Celui qui tient les luminaires du ciel dans sa main divine et devant qui tremblent les puissances des cieux, le voici qui tombe à terre, sans se protéger, sous le joug pesant de la croix.
Celui qui a porté la paix au monde, blessé par nos péchés, tombe sous le fardeau de nos fautes.
« Regardez, ô fidèles, notre Sauveur qui avance sur le chemin du Calvaire. Accablé par des souffrances amères, ses forces l’abandonnent. Allons voir cet incroyable événement qui dépasse notre compréhension et qui est difficile à décrire. Les fondements de la terre ont été ébranlés et une peur terrible s’empara des personnes présentes quand leur Créateur et Dieu fut écrasé sous le poids de la croix et se laissa conduire à la mort, par amour de toute l’humanité » (Liturgie chaldéenne).
Seigneur Jésus, relève-nous de nos chutes, ramène notre esprit égaré à ta Vérité. Ne permets pas que la raison humaine, que tu as créée pour toi, se contente des vérités partielles de la science et de la technologie sans chercher à poser les questions fondamentales du sens de l’existence (cf. Lettre apost. Porta fidei, n. 12).
Donne-nous, Seigneur, de nous ouvrir à l’action de ton Esprit-Saint, afin qu’il nous conduise à la plénitude de la Vérité. Amen.
Quatrième station: Jésus rencontre sa mère
De l’Évangile selon saint Luc 2, 34-35.51b
Siméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : ‘Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. – Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. – Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre’. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Blessé et souffrant, portant la croix de l’humanité, Jésus rencontre sa mère et, sur son visage, toute l’humanité.
Marie, Mère de Dieu, a été la première disciple du Maître. Accueillant la parole de l’ange, elle a rencontré, pour la première fois, le Verbe incarné et elle est devenue temple du Dieu vivant. Elle l’a rencontré sans comprendre comment le Créateur du ciel et de la terre a voulu choisir une jeune fille, une créature fragile, pour s’incarner dans ce monde. Elle l’a rencontré dans une recherche constante de son Visage, dans le silence du cœur et dans la méditation de la Parole. Elle croyait que c’était à elle de le chercher, mais, en vérité, c’était lui qui la cherchait. Maintenant, alors qu’il porte la croix il la rencontre.
Jésus souffre de voir sa mère souffrir, et Marie de voir souffrir son Fils. Mais de cette souffrance commune naît une humanité nouvelle. “ Salam (Paix) à toi ! Nous te supplions, ô Sainte pleine de gloire, Vierge pour toujours, Mère de Dieu, Mère du Christ. Fais monter notre prière en présence de ton fils bien-aimé pour qu’il pardonne nos péchés ” (Theotokion de l’Orologion copte, Al-Aghbia 37).
Seigneur Jésus, dans nos familles nous éprouvons nous aussi les souffrances causées aux enfants par leurs parents et aux parents par leurs enfants. Seigneur, fais qu’en ces temps difficiles nos familles soient des lieux de ta présence, afin que nos souffrances se changent en joie. Sois toi-même le soutien de nos familles et fais d’elles des oasis d’amour, de paix et de sérénité, à l’image de la sainte Famille de Nazareth. Amen.
Cinquième station: Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
De l’Évangile selon saint Luc 23, 26
Pendant qu’ils emmenaient Jésus, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
La rencontre de Jésus avec Simon de Cyrène est une rencontre silencieuse, une leçon de vie : Dieu ne veut pas la souffrance et n’accepte pas le mal. La même chose vaut pour l’être humain. Mais la souffrance, accueillie dans la foi, se transforme en chemin de salut. Alors nous l’acceptons comme Jésus et nous aidons à la porter comme Simon de Cyrène.
Seigneur Jésus, tu as associé l’homme à porter la croix. Tu nous as invités à partager ta souffrance. Simon de Cyrène nous ressemble et nous enseigne à accepter la croix que nous rencontrons sur les routes de la vie.
À ton exemple, Seigneur, nous portons nous aussi aujourd’hui la croix de la souffrance et de la maladie, mais nous l’acceptons parce que tu es avec nous. Elle peut clouer à la chaise, mais non empêcher de rêver ; obscurcir le regard, mais non frapper la conscience ; rendre les oreilles sourdes, mais non empêcher d’écouter ; lier la langue, mais non supprimer la soif de vérité. Appesantir l’âme, mais non voler la liberté.
Seigneur, nous voulons être tes disciples pour porter ta croix tous les jours ; nous la porterons avec joie et avec espérance parce que tu la portes avec nous, parce que tu as triomphé de la mort pour nous.
Nous te rendons grâce, Seigneur, pour toute personne malade ou souffrante, qui sait être témoin de ton amour, et pour tout « Simon de Cyrène » que tu mets sur notre chemin. Amen.
Sixième station: Véronique essuie le visage de Jésus
Du livre des Psaumes 27, 8-9
Mon cœur m’a redit ta parole: ‘Cherchez ma face!’. C’est ta face Seigneur que je cherche : ne me cache pas ta face. N’écarte pas ton serviteur avec colère : tu restes mon secours. Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas, Dieu mon salut.
Véronique t’a cherché au milieu de la foule. Elle t’a cherché et enfin elle t’a trouvé. Alors que ta douleur était à son comble, elle a voulu la soulager en essuyant ton visage avec un linge. Un petit geste, mais il exprimait tout son amour pour toi et toute sa foi en toi ; il est resté imprimé dans la mémoire de notre tradition chrétienne.
Seigneur Jésus, c’est ton visage que nous cherchons. Véronique nous rappelle que tu es présent en toute personne qui souffre et qui avance sur le chemin du Golgotha. Seigneur, fais que nous te trouvions dans les pauvres, tes petits frères, pour essuyer les larmes de celui qui pleure, prendre soin de celui qui souffre et soutenir celui qui est faible.
Seigneur, tu nous enseignes qu’une personne blessée et oubliée ne perd ni sa valeur ni sa dignité et qu’elle demeure signe de ta présence cachée dans le monde. Aide-nous à essuyer sur son visage les traces de la pauvreté et de l’injustice, afin que ton image se révèle et resplendisse en elle.
Prions pour tous ceux qui cherchent ton Visage et le trouvent dans celui des sans-abri, des pauvres et des enfants exposés à la violence et l’exploitation. Amen.
Septième station: Jésus tombe pour la deuxième foi
Du Livre des Psaumes 22, 8.12
Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête. Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider.
Jésus est seul sous le poids intérieur et extérieur de la croix. C’est la chute, quand le poids du mal se fait trop grand et qu’il semble qu’il n’y a plus de limites à l’injustice et à la violence.
Mais il se relève une autre fois, fort de la confiance infinie qu’il a en son Père. Face aux hommes qui l’abandonnent à son sort, la force de l’Esprit le relève; l’unit entièrement à la volonté du Père, celle de l’amour qui peut tout.
Seigneur Jésus, dans ta deuxième chute, nous reconnaissons tant de nos situations qui semblent sans issue. Parmi elles, celles qui viennent des préjugés et de la haine, qui poussent nos cœurs et conduisent aux conflits religieux.
Éclaire nos consciences afin qu’elles reconnaissent, malgré « les divergences humaines et religieuses », qu’« un rayon de vérité illumine tous les hommes », appelés à cheminer ensemble – dans le respect de la liberté religieuse – vers la vérité qui est en Dieu seul. Ainsi, les diverses religions pourront « se mettre ensemble au service du bien commun et contribuer à l’épanouissement de chaque personne et à la construction de la société » (Exhort. apost. Ecclesia in Medio Oriente, nn. 27-28).
Viens, Esprit Saint, consoler et fortifier les chrétiens, en particulier ceux du Moyen-Orient, afin qu’unis au Christ, ils soient, sur une terre déchirée par l’injustice et par les conflits, les témoins de son amour universel. Amen.
Huitième station: Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent sur lui
De l’Évangile selon saint Luc 23, 27-28
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Sur le chemin du Calvaire, le Seigneur rencontre les femmes de Jérusalem. Ces femmes pleurent sur la souffrance du Seigneur comme s’il s’agissait d’une souffrance sans espérance. De la croix, elles ne voient que le bois, signe de malédiction (cf. Dt 21, 23), alors que le Seigneur l’a voulue comme moyen de Rédemption et de Salut.
Dans la Passion et dans la Crucifixion, Jésus donne sa vie en rançon pour la multitude. Ainsi il a apporté soulagement à tous ceux qui étaient opprimés sous le joug et il a consolé les affligés. Il a essuyé les larmes des femmes de Jérusalem et il a ouvert leurs yeux à la vérité pascale.
Notre monde est plein de mères affligées, de femmes blessées dans leur dignité, violentées par les discriminations, par l’injustice et par la souffrance (cf. Exhort. apost. Ecclesia in Medio Oriente, n. 60). Ô Christ souffrant, sois leur paix et le baume de leurs blessures.
Seigneur Jésus, par ton Incarnation de Marie « bénie entre les femmes » (Lc 1, 42), tu as élevé la dignité de toute femme. Par l’Incarnation tu as unifié le genre humain (cf. Ga 3, 26-28).
Seigneur, que la rencontre avec toi soit le désir de nos cœurs. Que notre parcours rempli de souffrance soit toujours un parcours d’espérance, avec toi et vers toi qui es le refuge de notre vie et notre Salut. Amen.
Neuvième Station: Jésus tombe pour la troisième fois
De la deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 5, 14-15
L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux.
Pour la troisième fois Jésus tombe sous la croix, chargé de nos péchés, et pour la troisième fois il cherche à se relever, rassemblant les forces qui lui restent, pour poursuivre son chemin vers le Golgotha, refusant de se laisser écraser et de succomber à la tentation.
À partir de son Incarnation, Jésus porte la croix de la souffrance humaine et du péché. Il a pleinement et éternellement assumé la nature humaine, montrant aux hommes que la victoire est possible et que le chemin de la filiation divine est ouvert.
Seigneur Jésus, l’Église, née de ton côté ouvert, est accablée sous la croix des divisions qui éloignent les chrétiens les uns des autres et de l’unité que tu as voulue pour eux ; ils dévient de ton désir « que tous soient un » (Jn 17, 21) comme le Père avec toi. Cette croix pèse de tout son poids sur leur vie et sur leur témoignage commun. Accorde-nous Seigneur, la sagesse et l’humilité, pour nous relever et avancer sur le chemin de l’unité, dans la vérité et dans l’amour, sans succomber à la tentation de recourir aux seuls critères des intérêts personnels ou sectaires, devant les divisions auxquelles nous nous heurtons (cf. Exhort. apost. Ecclesia in Medio Oriente, n. 11).
Donne-nous de renoncer à la mentalité de division «pour que ne soit pas réduite à néant la croix du Christ » (1 Co 1,17). Amen.
Dixième station: Jésus est dépouillé de ses vêtements
Du livre des Psaumes 22, 19
Ils partagèrent entre eux mes habits et tirèrent au sort mon vêtement.
À la plénitude des temps, tu as revêtu, Seigneur Jésus, notre humanité, toi dont « la traîne emplissait le sanctuaire » (Is 6,1); désormais tu chemines au milieu de nous, et tous ceux qui touchent la frange de tes vêtements guérissent. Mais tu as été dépouillé aussi de ce vêtement, Seigneur ! Nous t’avons volé le vêtement et tu nous as donné même ta tunique (cf. Mt 5, 40). Tu as permis que le voile de ta chair se déchire afin que nous soyons de nouveau admis en la présence du Père (cf. He 10, 19-20).
Nous pensions pouvoir nous réaliser nous-mêmes, indépendamment de toi (cf. Gn 3, 4-7). Nous nous sommes retrouvés nus, mais dans ton amour infini tu nous as revêtus de la dignité de fils et de filles de Dieu et de ta grâce sanctifiante.
Accorde, Seigneur, aux enfants des Églises orientales – dépouillés par diverses difficultés, parfois jusqu’à la persécution, et affaiblis par l’immigration – le courage de rester dans leurs pays pour annoncer la Bonne Nouvelle.
Ô Jésus, Fils de l’homme, qui t’es dévêtu afin de nous révéler la créature nouvelle ressuscitée des morts, arrache en nous le voile qui nous sépare de Dieu et tisse en nous ta présence divine.
Donne-nous de vaincre la peur face aux événements de la vie qui nous dépouillent et nous mettent à nu, et de revêtir l’homme nouveau de notre Baptême, afin d’annoncer la Bonne Nouvelle, en proclamant que tu es le seul vrai Dieu qui conduit l’histoire. Amen.
Onzième station: Jésus est cloué sur la croix
De l’Évangile selon saint Jean 19, 16a.19
Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié. Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix, avec cette inscription : ‘Jésus le Nazaréen, roi des Juifs’.
Voici le Messie attendu, suspendu au bois de la croix entre deux brigands. Les deux mains qui ont béni l’humanité sont blessées. Les deux pieds qui ont foulé notre terre pour annoncer la Bonne Nouvelle sont suspendus entre ciel et terre. Les yeux pleins d’amour qui, par un regard, ont guéri les malades et pardonné nos péchés ne fixent plus que le ciel.
Seigneur Jésus, tu as été crucifié pour nos iniquités. Tu pries Dieu le Père et tu intercèdes pour l’humanité. Chaque coup de marteau résonne comme un battement de ton cœur immolé.
Comme ils sont beaux sur le mont Calvaire les pieds de Celui qui annonce la Bonne Nouvelle du Salut. Ton amour, Jésus, a rempli l’univers. Tes mains blessées sont notre refuge dans l’angoisse. Elles nous accueillent chaque fois que l’abîme du péché nous menace, et nous trouvons dans tes plaies la guérison et le pardon.
Ô Jésus, nous te prions pour tous les jeunes qui sont opprimés par le désespoir, pour les jeunes victimes de la drogue, des sectes et des perversions.
Libère-les de leurs esclavages. Qu’ils lèvent les yeux et accueillent l’Amour. Qu’ils découvrent le bonheur en toi et sauve-les toi, notre Sauveur. Amen.
Douzième station: Jésus meurt sur la croix
De l’Évangile selon saint Luc 23, 46
Jésus poussa un grand cri : ‘Père, entre tes mains je remets mon esprit’ . Et après avoir dit cela, il expira.
Du haut de la croix, un cri : cri d’abandon au moment de la mort, cri de confiance dans la souffrance, cri de l’enfantement d’une vie nouvelle. Te voici suspendu à l’Arbre de la Vie, remettre ton esprit dans les mains du Père, faisant jaillir la vie en abondance et modelant la nouvelle créature. Nous aussi nous affrontons aujourd’hui les défis de ce monde : nous sentons que les vagues des préoccupations nous submergent et font vaciller notre confiance. Donne-nous Seigneur, la force de savoir intimement qu’aucune mort ne nous vaincra, tant que nous reposerons entre les mains qui nous ont formés et qui nous accompagnent.
Et que chacun de nous puisse s’écrier:
« Hier, j’étais crucifié avec le Christ,
aujourd’hui, je suis glorifié avec lui.
Hier, j’étais mort avec lui,
aujourd’hui, je suis vivant avec lui.
Hier j’étais enseveli avec lui,
aujourd’hui, je suis ressuscité avec lui » (Grégoire de Nazianze).
Dans les ténèbres de nos nuits, nous te contemplons. Enseigne-nous à nous tourner vers le Très-Haut, ton Père céleste.
Aujourd’hui, prions pour tous ceux qui promeuvent l’avortement, qu’ils prennent conscience que l’amour ne peut être que source de vie. Pensons aussi aux défenseurs de l’euthanasie et à ceux qui encouragent des techniques et des procédés qui mettent en danger la vie humaine. Ouvre leurs cœurs, pour qu’ils te connaissent en vérité, pour qu’ils s’engagent dans l’édification de la civilisation de la vie et de l’amour. Amen.
Treizième station: Jésus est descendu de la croix et confié à sa mère
De l’Évangile selon saint Jean 19,26-27a
« Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère: ‘Femme, voici ton fils !’. Puis il dit au disciple : ‘Voici ta mère !’ ».
Seigneur Jésus, ceux qui t’aiment restent à côté de toi et conservent la foi. À l’heure de l’agonie et de la mort, quand le monde croit que le mal triomphe et que la voix de la vérité et de l’amour, de la justice et de la paix se tait, leur foi ne cesse pas.
Ô Marie, nous déposons notre terre entre tes mains. « Qu’il est triste de voir cette terre bénie souffrir dans ses enfants qui s’entredéchirent avec acharnement, et meurent ! » (Exhort. apost. Ecclesia in Medio Oriente, n. 8). Il semble que rien ne puisse supprimer le mal, le terrorisme, le meurtre et la haine. « Devant la croix sur laquelle ton fils a étendu ses mains immaculées pour notre salut, ô Vierge, nous nous prosternons en ce jour : accorde-nous la paix » (Liturgie byzantine).
Prions pour les victimes des guerres et de la violence qui dévastent, en notre temps, divers pays du Moyen-Orient, comme aussi d’autres parties du monde. Prions pour que les réfugiés et les migrants forcés puissent retourner le plus vite possible dans leurs maisons et sur leurs terres. Fais, Seigneur, que le sang des victimes innocentes soit la semence d’un nouvel Orient plus fraternel, plus pacifique et plus juste, et que cet Orient recouvre la splendeur de sa vocation de berceau de civilisation et de valeurs spirituelles et humaines.
Étoile de l’Orient, indique-nous la venue de l’Aube! Amen.
Quatorzième station: Jésus est mis au tombeau
De l’Évangile selon saint Jean 19, 39-40
Nicodème – celui qui la première fois était venu trouver Jésus pendant la nuit – vint lui aussi; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent le corps de Jésus, et ils l’enveloppèrent d’un linceul, en employant les aromates selon la manière juive d’ensevelir les morts.
Nicodème reçoit le corps du Christ, il en prend soin et le dépose dans un sépulcre, dans un jardin qui rappelle celui de la Création. Jésus se laisse ensevelir comme il s’est laissé crucifier, dans le même abandon, entièrement « remis » entre les mains des hommes et « parfaitement uni » à eux « jusqu’au sommeil sous la pierre de la tombe » (S. Grégoire de Narek).
Accepter les difficultés, les événements douloureux, la mort, exige une espérance solide, une foi vivante.
La pierre mise à l’entrée de la tombe sera renversée et une vie nouvelle surgira.
En effet, « par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » (Rm 6, 4).
Nous avons reçu la liberté des enfants de Dieu pour ne pas retourner à l’esclavage ; la vie nous a été donnée en abondance, pour ne plus nous contenter d’une vie privée de beauté et de signification.
Seigneur Jésus, fais de nous des enfants de la lumière qui ne craignent pas les ténèbres. Nous te prions aujourd’hui pour tous ceux qui cherchent le sens de la vie et pour ceux qui ont perdu l’espérance, afin qu’ils croient en ta victoire sur le péché et sur la mort. Amen.