Respect de la vie - Bioéthique

Sortir du trou ! - Tugdual Derville - 15 octobre 2010

L'aventure des 33 mineurs arrachés au gouffre où ils étaient ensevelis mais aussi celle du malheureux spéléologue que les secouristes ont retrouvé noyé, fait réfléchir.

D'abord sur la solidarité humaine et le prix de la vie. Voilà qu'une communion d'espoir et d'attente puis de peine ou de joie a étreint le cœur de l'humanité. Quels efforts déployés sur place pour ramener des camarades à la lumière du jour ! Tout cela dit quelque chose de cet amour de la vie qui réside au plus profond des consciences.

On est prêt à l'inimaginable pour aller chercher l'un des nôtres qui semble perdu ! Chaque personne ordinaire en semble capable. Mais alors, y a-t-il une seule personne qu'on puisse se permettre de dire ordinaire puisque nous constatons que chacun a l'héroïsme à fleur de peau et qu'on fait tout pour sauver ? Les faits-divers le montrent : dernièrement c'est un père de famille qui a réussi à ramener sains et sauf sur un rivage de Corse ses deux petits garçons qui se noyaient avant d'être lui-même emporté par les vagues. Un scénario comparable s'était déroulé l'été dernier dans un fleuve de l'Hexagone… Les parents se sacrifient spontanément pour leurs enfants. Un policier s'est même récemment noyé dans un cours d'eau où il avait plongé pour sauver l'homme qu'il poursuivait et dont la voiture était tombée dans l'eau…

Jésus évoque ces drames à propos du Sabbat : « Quel est celui d'entre vous ne se précipiterait pas pour retirer son fils tombé dans un puits ! » Et lorsqu'il utilise la même image pour la chute d'une brebis dans un trou, il précise : « Un homme vaut tellement plus qu'une brebis » !

Mais que se passe-t-il pour les hommes au fond du trou ? C'est ma seconde réflexion. Car ceux qui reviennent des ténèbres (qu'ils aient été capturés comme Ingrid Betancourt et les otages français en Afghanistan ou au Niger… ou prisonnier d'un éboulement), semblent avoir trouvé quelque chose au cœur de leur épreuve, et même Quelqu'un.

Faudrait-il être au fond du gouffre pour rencontrer Dieu ? Ingrid Betancourt ose même dire qu'elle souhaite à ses enfants… de souffrir ! Faudrait-il souffrir pour espérer ?

Car beaucoup de rescapés reviennent à la fois blêmes et transfigurés. Ils prient.

Un mineur chilien ayant frôlé la mort, a enfin demandé sa compagne en mariage. Comme s'il fallait en passer par là pour se recentrer sur l'essentiel. Comme s'il fallait être arraché à l'agitation du monde pour découvrir au fond de la mine, dans le silence du temps qui passe, un sacré trésor : la vie intérieure.

 

publié le : 16 octobre 2010

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