2008
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Chers frères et soeurs,
Les Exercices spirituels qui, comme chaque année ont vu le pape et ses collaborateurs de la curie romaine réunis dans la prière et la méditation, se sont terminés hier, ici, au palais apostolique. Je remercie ceux qui ont été proches de nous dans la prière : que le Seigneur daigne les récompenser pour leur générosité. Aujourd'hui, deuxième dimanche de carême, poursuivant le chemin pénitentiel, la liturgie nous invite à réfléchir sur l'événement extraordinaire de la Transfiguration sur la montagne, après nous avoir présenté, dimanche dernier, l'Evangile des tentations de Jésus dans le désert. Considérés ensemble, ces deux épisodes anticipent le mystère pascal : la lutte de Jésus conte le tentateur annonce le grand duel final de la passion, tandis que la lumière de son Corps transfiguré anticipe la gloire de la Résurrection. D'une part nous voyons Jésus pleinement homme, qui partage avec nous jusqu'à la tentation ; de l'autre nous le contemplons Fils de Dieu, qui divinise notre humanité. Ainsi, nous pourrions dire que ces deux dimanches servent de piliers sur lesquels repose tout l'édifice du carême jusqu'à Pâques, et même toute la structure de la vie chrétienne, qui consiste essentiellement dans le dynamisme pascal : de la mort à la vie.
La montagne - le Thabor comme le Sinaï - est le lieu de la proximité avec Dieu. C'est le lieu, élevé, par rapport à la vie de tous les jours, où l'on peut respirer l'air pur de la création. C'est le lieu de la prière, où l'on peut être en présence du Seigneur, comme Moïse et comme Elie qui apparaissent aux côtés de Jésus transfiguré et parlent avec Lui de l' « exode » qui l'attend à Jérusalem, c'est-à-dire de sa Pâque. La Transfiguration est un événement de prière : en priant, Jésus se plonge en Dieu, s'unit intimement à Lui, adhère avec sa volonté humaine à la volonté d'amour du Père, et ainsi la lumière l'envahit et la vérité de son être devient visible : Il est Dieu, Lumière née de la Lumière. Les vêtements de Jésus aussi deviennent blancs et éclatants. Cela fait penser au Baptême, à la robe blanche que revêtent les néophytes. Celui qui renaît dans le Baptême est revêtu de lumière, anticipant la vie au ciel, que l'Apocalypse représente par le symbole des robes blanches (cf. Ap 7, 9.13). Ici se trouve le point crucial : la transfiguration est une anticipation de la résurrection, mais celle-ci suppose la mort. Jésus manifeste sa gloire aux apôtres, afin qu'ils aient la force de faire face au scandale de la croix, et comprennent qu'il faut passer à travers de nombreuses tribulations pour atteindre le Royaume de Dieu. La voix du Père, qui retentit du ciel, proclame Jésus comme son Fils bien-aimé, comme lors de son baptême dans le Jourdain, en ajoutant : « Ecoutez-le » (Mt 17, 5). Pour entrer dans la vie éternelle il faut écouter Jésus, le suivre sur le chemin de la croix, en portant dans son coeur, comme Lui, l'espérance de la résurrection. « Spe salvi », sauvés dans l'espérance. Aujourd'hui nous pouvons dire : « Transfigurés dans l'espérance ».
Nous tournant à présent vers Marie dans la prière, nous reconnaissons en Elle la créature humaine transfigurée intérieurement par la grâce du Christ, et nous nous laissons conduire par elle pour parcourir avec foi et générosité l'itinéraire du carême.
APRES L'ANGELUS
Je suis avec inquiétude les tensions qui persistent au Liban. Depuis près de trois mois le pays ne réussit pas à se donner un chef d'Etat. Les efforts pour résoudre la crise et le soutien offert par de nombreux et illustres représentants de la communauté internationale, même s'ils ne sont pas encore parvenus à un résultat, témoignent de l'intention de trouver un président qui représente tous les Libanais, et de jeter ainsi les bases pour surmonter les divisions actuelles. Malheureusement, les motifs de préoccupation ne manquent pas, surtout en raison d'une violence verbale inhabituelle ou de ceux qui misent même sur la force des armes et l'élimination physique de leurs adversaires.
Uni au patriarche maronite et à tous les évêques libanais, je vous demande de prier avec moi Notre Dame du Liban afin qu'elle encourage les citoyens de cette chère Nation, et en particulier les responsables politiques, à travailler avec persévérance en faveur de la réconciliation, d'un dialogue vraiment sincère, de la coexistence pacifique et du bien d'une patrie ressentie profondément comme une patrie commune.
Puis le pape a salué les pèlerins en différentes langues. Voici ce qu'il a dit en français :
Je vous salue, chers pèlerins de langue française, venus vous associer à la prière de l'Angélus, en particulier le groupe de laïcs du Burkina Faso accompagné de prêtres jubilaires. En ce temps de carême, à l'imitation d'Abraham qui a quitté sa terre pour répondre à la promesse de Dieu, nous sommes invités à nous mettre en route pour suivre le Fils bien-aimé du Père. Puissions-nous, par la prière, la pénitence et le partage, marcher à la suite du Christ, pour nous laisser transfigurer par Lui. Avec ma Bénédiction apostolique.