2006
26 mai 2006 – Rencontre de Benoit XVI avec les jeunes, à Cracovie, en Pologne
Je vous souhaite une cordiale bienvenue ! Votre présence me réjouis. Je suis reconnaissant au Seigneur de cette rencontre chaleureuse et cordiale. Nous savons que lorsque "deux ou trois sont réunis au nom de Jésus, Il est là au milieu d'eux" (cf. Mt 18, 20). Mais vous êtes ici aujourd'hui bien plus nombreux ! Je remercie chacun et chacune d'entre vous. Jésus est donc ici avec nous. Il est présent parmi les jeunes de la terre polonaise, pour leur parler d'une maison qui ne s'écroulera jamais, parce qu'elle est bâtie sur un roc. C'est la parole évangélique que nous venons d'écouter (cf. Mt 7, 24-27).
Chers amis, dans le coeur de chaque homme, il y a le désir d'une maison. D'autant plus dans un coeur jeune, il y a une grande aspiration à posséder sa propre maison, qui soit solide, dans laquelle non seulement on puisse rentrer avec joie, mais où l'on puisse également recevoir avec joie tous ses invités. C'est la nostalgie d'une maison dans laquelle le pain quotidien soit l'amour, le pardon, le besoin de compréhension, dans laquelle la vérité soit la source d'où jaillit la paix du coeur. C'est la nostalgie d'une maison dont on puisse être fiers, dont on ne doive pas avoir honte et dont on ne doive jamais pleurer l'effondrement. Cette nostalgie n'est autre que le désir d'une vie pleine, heureuse, réussie. N'ayez pas peur de ce désir ! Ne le fuyez pas ! Ne vous découragez pas à la vue de maisons effondrées, de désirs évanouis, de nostalgies disparues. Le Dieu Créateur, qui place dans un jeune coeur l'immense désir du bonheur, ne l'abandonne pas ensuite dans la difficile construction de cette maison qui s'appelle la vie.
Mes amis, une question s'impose : "Comment construire cette maison ?". C'est une question qui assurément a déjà résonné plusieurs fois dans votre coeur et qui y reviendra encore très souvent. C'est une question qu'il faut se poser à soi-même plus d'une fois. Chaque jour, elle doit être devant les yeux du c½ur : comment construire cette maison qu'on appelle la vie? Jésus, dont nous venons d'entendre les paroles dans le texte de l'évangéliste Matthieu, nous exhorte à construire sur le roc. Ce n'est qu'ainsi, en effet, que la maison ne s'effondrera pas. Mais que veut dire construire sa maison sur le roc ? Construire sur le roc veut dire avant tout: construire sur le Christ et avec le Christ. Jésus dit : "Ainsi quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme aisé qui a bâti sa maison sur le roc" (Mt 7, 24). Il ne s'agit pas de paroles vides de sens dites par le premier venu, mais des paroles de Jésus. Il ne s'agit pas d'écouter n'importe qui, mais d'écouter Jésus. Il ne s'agit pas d'accomplir une chose parmi tant d'autres, mais d'accomplir les paroles de Jésus.
Construire sur le Christ et avec le Christ signifie construire sur des fondations qui s'appellent l'amour crucifié. Cela veut dire construire avec Quelqu'un qui, nous connaissant mieux que nous-mêmes, nous dit : "Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t'aime" (Is 43, 4). Cela veut dire construire avec Quelqu'un qui est toujours fidèle, même si nous manquons nous-mêmes de fidélité, parce qu'il ne peut pas se renier lui-même (cf. 2 Tm 2, 13). Cela veut dire construire avec Quelqu'un qui se penche constamment sur le coeur blessé de l'homme et dit: "Je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus" (cf. Jn 8, 11). Cela veut dire construire avec Quelqu'un qui, du haut de la croix, étend ses bras, pour répéter pour toute l'éternité : "Je donne ma vie pour toi, homme, parce que je t'aime". Construire sur le Christ veut dire, enfin, fonder sur sa volonté tous ses désirs, ses attentes, ses rêves, ses ambitions et tous ses projets. Cela signifie dire à soi-même, à sa propre famille, à ses amis et au monde entier mais surtout au Christ : "Seigneur, dans la vie je ne veux rien faire contre Toi, parce que tu sais ce qui est le mieux pour moi. Toi seul as les paroles de vie éternelle" (cf. Jn 6, 68). Mes amis, n'ayez pas peur de miser sur le Christ ! Ayez la nostalgie du Christ, comme fondement de la vie! Allumez en vous le désir de construire votre vie avec Lui et pour Lui! Parce que celui qui mise tout sur l'amour crucifié du Verbe incarné ne peut pas perdre.
Construire sur le roc signifie construire sur le Christ et avec le Christ, qui est le roc. Dans la Première Epître aux Corinthiens, saint Paul, en parlant du chemin du peuple élu à travers le désert, explique que "tous ont bu... à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher c'était le Christ" (1 Co 10, 4). Les pères du peuple élu ne savaient certes pas que ce roc était le Christ. Ils n'étaient pas conscients d'être accompagnés par Celui qui, lorsque viendrait la plénitude des temps, s'incarnerait, prenant un corps humain. Ils n'avaient pas besoin de comprendre que leur soif serait satisfaite par la source même de la vie, capable d'offrir l'eau vive pour étancher tous les coeurs. Il burent toutefois à ce roc spirituel qui est le Christ, parce qu'ils avaient la nostalgie de l'eau de la vie, ils en avaient besoin. En chemin sur les routes de la vie, nous ne sommes peut-être parfois pas conscients de la présence de Jésus. Mais précisément cette présence, vivante et fidèle, la présence dans l'oeuvre de la création, la présence dans la Parole de Dieu et dans l'Eucharistie, dans la communauté des croyants et dans chaque homme racheté par le précieux Sang du Christ, cette présence est la source inépuisable de la force humaine. Jésus de Nazareth, Dieu qui s'est fait Homme, est à nos côtés dans le bonheur comme les difficultés et il a soif de ce lien, qui est en réalité le fondement de l'authentique humanité. Nous lisons dans l'Apocalypse ces paroles significatives : "Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi" (Ap 3, 20).
Mes amis, que veut dire construire sur le roc ? Construire sur le roc signifie également construire sur Quelqu'un qui a été rejeté. Saint Pierre parle à ses fidèles du Christ comme d'une "pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse, auprès de Dieu" (1 P 2, 4). Le fait indéniable de l'élection de Jésus de la part de Dieu ne dissimule pas le mystère du mal, en raison duquel l'homme est capable de rejeter Celui qui l'a aimé jusqu'à la fin. Ce rejet de Jésus de la part des hommes, évoqué par saint Pierre, se prolonge dans l'histoire de l'humanité et arrive également jusqu'à nos jours. Il n'y a pas besoin d'un esprit très incisif pour s'apercevoir des multiples manifestations du rejet de Jésus, même là où Dieu nous a permis de grandir. Souvent Jésus est ignoré, il est tourné en ridicule, il est proclamé roi du passé, mais non d'aujourd'hui et encore moins de demain, il est remisé dans le placard des questions et des personnes dont on ne devrait pas parler à haute voix et en public. Si, dans la construction de la maison de votre vie, vous rencontrez ceux qui méprisent les fondations sur lesquelles vous êtes en train de construire, ne vous découragez pas! Une foi forte doit traverser les épreuves ! Une foi vivante doit toujours croître. Notre foi en Jésus Christ, pour rester telle, doit souvent se mesurer à l'absence de foi des autres.
Chers amis, que veut dire construire sur le roc ? Construire sur le roc veut dire être conscients que l'on rencontrera des contrariétés. Le Christ dit : "La pluie est venue, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n'a pas croulé" (Mt 7, 25). Ces phénomènes naturels ne sont pas seulement l'image des multiples contrariétés du destin humain, mais ils indiquent également leur prévision normale. Le Christ ne promet pas que sur une maison en construction ne s'abattra jamais une tempête, il ne promet pas qu'un raz-de-marée ne bouleversera pas ce que nous avons de plus cher, il ne promet pas que des vents impétueux n'emporteront pas ce que nous avons construit parfois au prix d'énormes sacrifices. Le Christ comprend non seulement l'aspiration de l'homme à une maison durable, mais il est pleinement conscient également de ce qui peut réduire en ruines le bonheur de l'homme. Ne vous étonnez donc pas des contrariétés, quelles qu'elles soient ! Ne vous découragez pas à cause d'elles ! Un bâtiment bâti sur le roc ne veut pas dire une construction échappant au jeu des forces de la nature, inscrites dans le mystère de l'homme. Avoir bâti sur le roc signifie pouvoir compter sur la conscience que, dans les moments difficiles, il existe une force sur laquelle on peut s'appuyer de manière sûre.
Mes amis, permettez-moi d'insister : que veut dire construire sur le roc ? Cela veut dire construire avec sagesse. Ce n'est pas sans raison que Jésus compare ceux qui écoutent ses paroles et les mettent en pratique, à un homme sage qui a construit sa maison sur le roc. Il est stupide en effet de construire sur le sable, lorsqu'on peut le faire sur le roc, en ayant ainsi une maison en mesure de résister à toutes les tempêtes. Il est stupide de construire sa maison sur un terrain qui n'offre pas les garanties de résister dans les moments les plus difficiles. Qui sait ? peut-être est-il plus aisé de fonder sa vie sur les sables mouvants de sa propre vision du monde, de construire son avenir loin de la Parole de Jésus, et parfois même contre celle-ci. Il n'en demeure pas moins que celui qui construit de cette manière manque de prudence, parce qu'il veut se persuader lui-même et persuader les autres qu'aucune tempête ne se déchaînera dans sa vie, qu'aucune vague ne frappera sa maison. Etre sage signifie savoir que la solidité de la maison dépend des fondations. N'ayez pas peur d'être sages, c'est-à-dire n'ayez pas peur de construire sur le roc !
Mes amis, encore une fois : que veut dire construire sur le roc ? Construire sur le roc veut dire également construire sur Pierre et avec Pierre. Le Seigneur lui dit en effet : "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle" (Mt 16, 18). Si le Christ, le Roc, la pierre vivante et précieuse, appelle son apôtre une pierre, cela signifie qu'il veut que Pierre, et avec lui l'Eglise tout entière, soient le signe visible de l'unique Sauveur et Seigneur. Ici, à Cracovie, la ville bien-aimée de mon Prédécesseur Jean-Paul II, l'indication de construire sur Pierre et avec Pierre ne surprend certes personne. Aussi, je vous dis : n'ayez pas peur de construire votre vie dans l'Eglise et avec l'Eglise! Soyez fiers de l'amour pour Pierre et pour l'Eglise qui lui est confiée. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui veulent opposer le Christ et l'Eglise ! Il n'y a qu'un seul roc sur lequel il vaut la peine de construire sa maison. Ce roc est le Christ. Il n'y a qu'une seule pierre sur laquelle il vaut la peine de faire reposer toute chose. Cette pierre est celui à qui le Christ a dit : "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise" (Mt 16, 18). Vous, les jeunes, vous avez bien connu le Pierre de notre temps. C'est pourquoi n'oubliez pas que ni le Pierre qui nous observe à présent depuis la fenêtre de Dieu le Père, ni ce Pierre qui est maintenant devant vous, ni aucun des Pierre à venir ne sera jamais contre vous, ni contre la construction d'une maison durable sur le roc. Au contraire, il engagera son coeur et ses mains à vous aider à construire la vie sur le Christ et avec le Christ.
Chers amis, en méditant les paroles du Christ sur le roc comme fondation adéquate pour notre maison, nous ne pouvons manquer de relever que la dernière parole est une parole d'espérance. Jésus dit que, malgré le déchaînement des éléments, la maison ne s'est pas effondrée, parce qu'elle était fondée sur le roc. Dans cette parole il y a une extraordinaire confiance dans la force du fondement, la foi qui ne craint pas de démentis parce qu'elle est confirmée par la mort et la résurrection du Christ. Telle est la foi qui, après de nombreuses années, sera confessée par saint Pierre dans sa lettre : "Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse, et celui qui se confie en elle ne sera pas confondu" (1 P 2, 6). Assurément "il ne sera pas confondu...". Chers jeunes amis, la peur de l'échec peut quelquefois freiner même les rêves les plus beaux. Elle peut paralyser la volonté et rendre incapables de croire qu'il puisse exister une maison construite sur le roc. Elle peut persuader que la nostalgie de la maison est seulement un désir de jeunesse et non un projet de vie. Avec Jésus dites à cette peur : "Une maison bâtie sur le roc ne peut s'écrouler"! Avec saint Pierre, dites à la tentation du doute : "Celui qui se confie dans le Christ ne sera pas confondu !". Soyez des témoins de l'espérance, de cette espérance qui ne craint pas de construire la maison de sa propre vie, parce qu'elle sait bien qu'elle peut compter sur le fondement qui ne s'effondrera jamais : Jésus Christ notre Seigneur.
5 juin 2006 – Au Congrès du Diocèse de Rome
Celui qui sait être aimé est à son tour sollicité à aimer. C'est précisément ainsi que le Seigneur, qui nous a aimés en premier, nous demande de mettre à notre tour au centre de notre vie l'amour pour Lui et pour les hommes qu'il a aimés. En particulier, les adolescents et les jeunes, qui ressentent fortement en eux le rappel de l'amour, ont besoin d'être libérés du préjugé commun selon lequel le christianisme, avec ses commandements et ses interdits, place trop d'obstacles à la joie de l'amour et en particulier empêche de goûter pleinement au bonheur que l'homme et la femme trouvent dans leur amour réciproque. Au contraire, la foi et l'éthique chrétienne ne veulent pas étouffer, mais rendre l'amour sain, fort et véritablement libre: tel est précisément le sens des dix Commandements, qui ne sont pas une série de "non", mais un grand "oui" à l'amour et à la vie. En effet, l'amour humain a besoin d'être purifié, de mûrir et également de se dépasser, pour pouvoir devenir pleinement humain, pour être le principe d'une joie véritable et durable, pour répondre ainsi à la demande d'éternité qu'il porte en lui et à laquelle on ne peut renoncer sans se trahir soi-même. Tel est le motif principal pour lequel l'amour entre l'homme et la femme ne se réalise pleinement que dans le mariage.
Dans tout le travail d'éducation, dans la formation de l'homme et du chrétien, nous ne devons donc pas, par peur ou par embarras, laisser de côté la grande question de l'amour: si nous le faisions, nous présenterions un christianisme désincarné, qui ne peut intéresser sérieusement le jeune qui s'ouvre à la vie. Toutefois, nous devons également introduire à la dimension intégrale de l'amour chrétien, où amour pour Dieu et amour pour l'homme sont unis de façon indissoluble et où l'amour du prochain est un engagement véritablement concret. Le chrétien ne se contente pas de paroles, encore moins d'idéologies trompeuses, mais il répond aux nécessités de son frère en se mettant véritablement en jeu, sans se contenter de quelque bonne action sporadique.
31 août 2006 – Avec les prêtres du Diocèse d’Albano
Le mariage se présente comme une grande occasion missionnaire, parce qu'aujourd'hui - grâce à Dieu - beaucoup de personnes veulent encore se marier à l'église, même si elles ne fréquentent pas beaucoup l'église. C'est une occasion pour amener ces jeunes à se confronter avec la réalité du mariage chrétien, le mariage sacramentel. Cela me semble également une grande responsabilité. Nous le voyons lors des procès en nullité et nous le voyons surtout dans le grand problème des divorcés remariés, qui veulent participer à la Communion et qui ne comprennent pas pourquoi cela n'est pas possible. Ils n'ont probablement pas compris, au moment du « oui » devant le Seigneur, en quoi consiste ce « oui ». C'est une manière de faire alliance avec le « oui » du Christ avec nous. Une manière d'entrer dans la fidélité du Christ, c'est-à-dire dans le Sacrement qu'est l'Eglise et ainsi dans le Sacrement du mariage. C'est pourquoi je pense que la préparation au mariage est une occasion de très grande importance, une occasion d'engagement missionnaire, pour annoncer à nouveau dans le Sacrement du mariage le Sacrement du Christ, pour comprendre cette fidélité et ainsi faire comprendre ensuite le problème des divorcés remariés.
2007
10 mai 2007 – Avec les jeunes, au Brésil
Ayez surtout un grand respect pour l'institution du Sacrement du Mariage. Il ne pourra pas y avoir de bonheur véritable dans les foyers si, dans le même temps, il n'y a pas de fidélité entre les époux. Le mariage est une institution de droit naturel, qui a été élevée par le Christ à la dignité de Sacrement; c'est un grand don que Dieu a fait à l'humanité. Respectez-le, vénérez-le. Dans le même temps, Dieu vous appelle à vous respecter les uns les autres également lorsque vous tombez amoureux et vous vous fiancez, car la vie conjugale, qui par disposition divine est réservée aux couples mariés, sera une source de bonheur et de paix uniquement dans la mesure où vous saurez faire de la chasteté, en dehors et à l'intérieur du mariage, un rempart de vos espérances futures. Je vous répète ici à tous que "l'eros veut nous élever [...] vers le Divin, nous conduire au-delà de nous-mêmes, mais c'est précisément pourquoi est requis un chemin de montée, de renoncements, de purifications et de guérisons" (Lettre encyclique Deus caritas est [25 décembre 2005], n. 5). En peu de mots, il requiert un esprit de sacrifice et de renoncement pour un bien plus grand, qui est précisément l'amour de Dieu sur toutes les choses. Essayez de résister avec force aux pièges du mal existant dans de nombreux milieux, qui vous pousse à une vie dissolue, paradoxalement vide, en vous faisant égarer le don précieux de votre liberté et de votre vrai bonheur. Le véritable amour "cherchera toujours plus le bonheur de l'autre, il se préoccupera toujours plus de l'autre, il se donnera et il désirera "être pour" l'autre" (ibid., n. 7) et, pour cette raison, sera toujours plus fidèle, indissoluble et fécond.
Comptez dans ce but sur l'aide de Jésus Christ qui, par sa grâce, rendra cela possible (cf. Mt 19, 26). La vie de foi et de prière vous conduira sur les voies de l'intimité avec Dieu et de la compréhension de la grandeur des projets qu'il a pour chaque personne.
11 mai 2007 – Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.
Le monde a besoin de vies transparentes, d'âmes claires, d'intelligences simples, qui refusent d'être considérées comme des créatures objets de plaisir. Il est nécessaire de dire non à ces moyens de communication sociale qui tournent en ridicule la sainteté du mariage et la virginité avant le mariage.
C'est précisément là que nous est donnée dans la Vierge la meilleure défense contre les maux qui affligent la vie moderne; la dévotion mariale est la garantie certaine de protection maternelle et de tutelle à l'heure de la tentation. Et quelle ne sera pas cette mystérieuse présence de la Vierge Très pure, lorsque nous invoquerons sa protection et son aide.
18 mai 2007 - Aux évêques du Mali en visite Ad Limina
Il est du devoir de l'Église d'aider les baptisés, particulièrement les jeunes, à comprendre la beauté et la dignité du Sacrement du Mariage dans l'existence chrétienne. Pour répondre à la crainte souvent exprimée face au caractère définitif du mariage, une solide préparation, avec la collaboration de laïcs et d'experts, permettra aussi aux couples chrétiens de demeurer fidèles aux promesses du mariage. Ils deviendront conscients que la fidélité des époux et l'indissolubilité de leur alliance, dont le modèle est la fidélité manifestée par Dieu dans l'alliance indestructible que lui-même a conclue avec l'homme, sont une source de bonheur pour ceux qui s'unissent. Et ce bonheur sera aussi celui de leurs enfants, reflets de l'amour que se portent leurs parents. Une éducation humaine et chrétienne donnée dès la petite enfance et fondée sur l'exemple des parents permettra aux enfants d'accueillir, puis de faire grandir en eux, les germes de la foi. Dans cet esprit, je rends grâce pour les jeunes qui acceptent d'entendre l'appel de Dieu à le servir dans le sacerdoce et dans la vie consacrée.
24 juillet 2007 – Avec les prêtres du diocèse de Belluno
D.: Je m'appelle Dom Samuele. Nous assistons toujours plus à une augmentation considérable de situations de personnes divorcées qui se remarient, vivent ensemble et nous demandent à nous, prêtres, de les aider dans leur vie spirituelle. Ce sont des personnes qui portent souvent en elles la douloureuse demande d'accéder aux sacrements. Il s'agit de réalités qui exigent de nous une confrontation et également un partage des souffrances qu'elles comportent. Très Saint-Père, je vous demande au moyen de quels comportements humains, spirituels et pastoraux nous pouvons unir miséricorde et vérité. Merci.
R.: C'est vrai, il s'agit d'un problème douloureux, et il n'existe certainement pas de recette simple qui puisse le résoudre. Nous souffrons tous de ce problème, car nous connaissons tous des personnes qui sont dans cette situation et nous savons que pour elles, il s'agit d'une douleur et d'une souffrance, car elles veulent rester en pleine communion avec l'Eglise. Ce lien du mariage précédent est un lien qui limite leur participation à la vie de l'Eglise. Que faire? Je dirais qu'un premier point serait naturellement la prévention, pour autant que cela soit possible. La préparation au mariage devient toujours plus fondamentale et nécessaire. Le Droit canonique suppose que l'homme en tant que tel, même sans grande instruction, entende contracter un mariage selon la nature humaine, comme cela est indiqué dans les premiers chapitres de la Genèse. C'est un homme, il est de nature humaine et il sait donc ce que signifie le mariage. Il entend faire ce que lui dicte la nature humaine. C'est sur cette affirmation que se fonde le Droit canonique. C'est une chose qui s'impose d'elle-même: l'homme est homme, la nature est celle-ci et lui dicte cela. Mais aujourd'hui, cet axiome selon lequel l'homme entend faire ce qui est dans sa nature, un mariage unique, fidèle, se transforme en un axiome un peu différent. "Volunt contrahere matrimonium sicut ceteri homines". Ce n'est plus simplement la nature qui parle, mais les "ceteri homines", ce que tous font. Et ce que tous font aujourd'hui n'est plus simplement le mariage naturel selon le Créateur, selon la création. Ce que font les "ceteri homines", est de se marier dans l'idée qu'un jour, le mariage puisse échouer, et que l'on puisse passer ainsi à un deuxième, et à un troisième, puis à un quatrième mariage. Ce modèle, "comme tous le font", devient ainsi un modèle en opposition avec ce que dit la nature. Il devient ainsi normal de se marier, de divorcer, de se remarier et personne ne pense qu'il s'agit d'une chose qui va contre la nature humaine ou tout au moins, on rencontre difficilement quelqu'un qui soit de cet avis. C'est pourquoi pour aider à arriver réellement au mariage, non seulement dans le sens d'Eglise, mais du Créateur, nous devons retrouver la capacité d'écouter la nature. …Redécouvrir derrière ce que tous font ce que nous dit la nature elle-même, qui parle de façon différente de cette habitude moderne. En effet, elle nous invite au mariage pour la vie, dans une fidélité pour la vie, également avec les souffrances que comporte grandir ensemble dans l'amour. C'est pourquoi, les cours de préparation au mariage devraient consister à écouter à nouveau la voix de la nature, du Créateur, redécouvrir derrière tout ce que font les "ceteri homines" ce que nous dit notre être même, au plus profond de nous. Dans cette situation donc, entre ce que tous font et ce que dit notre être, les cours de préparation devraient être un chemin de redécouverte pour apprendre à nouveau ce que nous dit notre être, nous aider à parvenir à une véritable décision sur le mariage selon le Créateur et selon le Rédempteur. Donc, ces cours de préparation pour "se connaître soi-même", pour apprendre la véritable volonté matrimoniale, sont d'une grande importance. Mais la préparation ne suffit pas, car les crises profondes viennent après. C'est la raison pour laquelle un accompagnement permanent pendant les dix premières années au moins, est très important. C'est pourquoi, dans la paroisse, il faut non seulement se soucier des cours de préparation, mais également de la communion sur le chemin qui suit, de l'accompagnement, de l'aide réciproque. Que les prêtres, mais pas seulement eux, également les familles, qui ont déjà traversé une expérience semblable, qui connaissent ces souffrances, ces tentations, soient présents dans les moments de crise. Il est important de garantir la présence d'un réseau de familles qui s'aident et divers mouvements peuvent apporter une grande contribution. La première partie de ma réponse prend en compte la prévention, non seulement dans le sens de préparer, mais d'accompagner, la présence d'un réseau de familles qui apporte une aide dans cette situation moderne, où tout s'oppose à la fidélité à vie. Il faut aider à trouver, à apprendre également à travers la souffrance, cette fidélité. Toutefois, en cas d'échec, c'est-à-dire si les époux ne se montrent pas capables de demeurer fidèles à leur volonté originelle, il reste toujours la question de savoir s'il existait réellement une volonté, dans le sens de sacrement. Et il y a éventuellement le procès de déclaration de nullité. S'il s'agissait d'un vrai mariage et qu'ils ne peuvent donc pas se remarier, la présence permanente de l'Eglise aide ces personnes à supporter une autre souffrance. Dans le premier cas, nous avons la souffrance de surmonter cette crise, d'apprendre à parvenir à une fidélité difficile et mûrie. Dans le second cas, nous avons la souffrance de se trouver dans un lien nouveau, qui n'est pas celui du sacrement et qui ne permet donc pas la pleine communion aux sacrements de l'Eglise. Ici, il faudrait enseigner et apprendre à vivre avec cette souffrance. …. Nous devons, dans notre génération, et dans notre culture, redécouvrir la valeur de la souffrance, apprendre que la souffrance peut être une réalité très positive, qui nous aide à mûrir, à devenir davantage nous-mêmes, plus proches du Seigneur qui a souffert pour nous et qui souffre avec nous. Dans cette seconde situation également, la présence du prêtre, des familles et des mouvements est donc d'une très grande importance; de même que l'est également la communion personnelle et communautaire dans ces situations, l'aide de l'amour du prochain, qui est un amour tout à fait spécifique. Et je pense que seul cet amour ressenti par l'Eglise, qui se réalise à travers un multiple accompagnement, peut aider ces personnes à se sentir aimées par le Christ, membres de l'Eglise, même si elles sont dans une situation difficile, et ainsi vivre leur foi.
13 septembre 2007 – Au nouvel Ambassadeur de Slovaquie
La famille est le noyau dans lequel une personne apprend en premier lieu l'amour humain et cultive les vertus de la responsabilité, de la générosité et de la préoccupation fraternelle. Les familles solides sont édifiées sur les bases de mariages solides. Les sociétés solides sont édifiées sur les bases de familles solides.
19 septembre 2007 – Audience Générale
Les fiançailles et le mariage : « A la jeunesse succède l'âge de la personne mûre, où se présentent les engagements de la famille : le temps est venu de chercher une femme » (ibid.). Saint Jean Chrysostome rappelle les objectifs du mariage, en les enrichissant - avec un rappel à la vertu de la tempérance - d'un riche tissu de relations personnalisées. Les époux bien préparés barrent ainsi la route au divorce : tout se déroule avec joie et l'on peut éduquer les enfants à la vertu. Lorsque naît ensuite le premier enfant, celui-ci est « comme un pont ; les trois deviennent une seule chair, car l'enfant réunit les deux parties » (Homélie 12, 5 sur la Lettre aux Colossiens), et les trois constituent « une famille, petite Eglise » (Homélie 20, 6 sur la Lettre aux Ephésiens).
20 septembre 2007 – Aux Evêques du Bénin, en Visite Ad Limina.
La présence de l'Église dans la société se manifeste aussi par les interventions publiques de ses Pasteurs. En diverses circonstances, vous avez défendu courageusement les valeurs de la famille et du respect de la vie, alors qu'elles étaient menacées par des idéologies proposant des modèles et des attitudes en opposition avec une authentique conception de la vie humaine. Je vous encourage à poursuivre cet engagement, qui est un service rendu à la société tout entière. … En aidant les jeunes à acquérir une maturité humaine et spirituelle, faites-leur découvrir Dieu, faites-leur découvrir que c'est dans le don d'eux-mêmes au service des autres qu'ils deviennent plus libres et plus mûrs ! Par ailleurs, les obstacles qu'ils rencontrent pour s'engager dans le mariage chrétien et pour vivre dans la fidélité aux engagements pris, obstacles souvent liés à la culture et aux traditions, exigent non seulement une sérieuse préparation à ce sacrement, mais aussi un accompagnement permanent des familles, particulièrement dans les moments de plus grande difficulté.
19 octobre 2007 – Aux Evêques du Congo en Visite Ad Limina
Il est important d’aider les couples à acquérir la maturité humaine et spirituelle nécessaire pour assumer de manière responsable leur mission d’époux et de parents chrétiens, en leur rappelant que leur amour est unique, indissoluble et que le mariage contribue à la pleine réalisation de leur vocation humaine et chrétienne.
2008
20 juillet 2008 – Angélus à Sydney
Lors de la belle prière de l’Angélus, nous réfléchissons sur Marie, jeune femme s’entretenant avec l’Ange qui l’invite, au nom de Dieu, à un don particulier d’elle-même, de sa propre vie, de son avenir de femme et de Mère. Nous pouvons imaginer ce que Marie ressentit à ce moment-là : étant toute bouleversée, totalement dépassée par la proposition qui lui était faite.
L’Ange comprit son inquiétude et s’efforça aussitôt de la rassurer : « Sois sans crainte, Marie (…) l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1, 30, 35). C’est l’Esprit Saint qui lui a donné la force et le courage de répondre à l’appel du Seigneur. C’est l’Esprit qui l’aide à comprendre le grand mystère qui est en train de s’accomplir à travers elle. C’est l’Esprit qui l’enveloppe de son amour et la rend capable de concevoir dans ses entrailles le Fils de Dieu.
Cette scène constitue sans aucun doute le moment central de l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple. Dans l’Ancien Testament, Dieu s’était révélé de façon partielle et de manière graduelle, comme nous le faisons tous dans nos relations personnelles. Il fallait un certain temps au peuple élu pour approfondir sa relation avec Dieu. L’Alliance avec Israël a été comme un temps de séduction, de longues fiançailles. Le moment définitif arriva donc, le moment du mariage, la réalisation de la nouvelle et éternelle alliance. À ce moment-là, devant le Seigneur, Marie représente toute l’humanité. Dans le message de l’Ange, c’était Dieu qui faisait une proposition de mariage avec l’humanité. Et, en notre nom, Marie dit son « oui ».
Dans les fables, les récits s’achèvent ainsi : et tous « vécurent alors heureux et contents ». Dans la vie réelle, ce n’est pas aussi facile. Marie dut faire face à de nombreuses difficultés pour affronter les conséquences de ce « oui » dit au Seigneur. Siméon prophétisa qu’une épée lui transpercerait le c½ur. Lorsque Jésus eut douze ans, elle connut les pires cauchemars que tout parent éprouve quand, pendant trois jours, elle dut affronter la disparition de son Fils. Et après l’activité publique de Jésus, elle souffrit l’agonie, étant présente à sa crucifixion et à sa mort. Dans ses différentes épreuves, elle resta toujours fidèle à sa promesse, soutenue par l’Esprit de force. Et elle en fut récompensée par la gloire.
Nous aussi nous devons rester fidèles au « oui » par lequel nous avons accueilli l’offre d’amitié que le Seigneur nous a faite. Nous savons qu’Il ne nous abandonnera jamais. Nous savons qu’Il nous soutiendra toujours par les dons de l’Esprit. Marie a accueilli la « proposition » du Seigneur en notre nom. Tournons-nous alors vers elle et demandons-lui de nous guider dans les difficultés pour rester fidèles à cette relation vitale que Dieu a établie avec chacun de nous. Marie nous inspire, elle est notre modèle. Elle intercède pour nous auprès de son Fils et, avec son amour maternel, elle nous protège des dangers.
2010
8 février 2010 – Au Conseil pontifical pour la Famille
Un autre engagement important du dicastère est l'élaboration d'un Vademecum pour la préparation au mariage. Mon bien-aimé prédécesseur, le vénérable Jean-Paul II, dans l'exhortation apostolique Familiaris consortio, affirmait que cette préparation « est plus nécessaire que jamais » et « comporte trois principales étapes: préparation éloignée, prochaine et immédiate » (n. 66). Se référant à ces indications, le dicastère se propose de définir de façon adaptée la physionomie des trois étapes de l'itinéraire pour la formation et la réponse à la vocation conjugale. La préparation éloignée concerne les enfants, les adolescents et les jeunes. Celle-ci implique la famille, la paroisse et l'école, lieux dans lesquels on est éduqué à comprendre la vie comme une vocation à l'amour, qui s'exprime ensuite de façon spécifique dans les modalités du mariage et de la virginité pour le Royaume des Cieux, mais qui est toujours une vocation à l'amour. Dans cette étape, en outre, devra progressivement apparaître la signification de la sexualité comme capacité de relation et énergie positive à intégrer dans l'amour authentique. La préparation prochaine concerne les fiancés et devrait se présenter comme un itinéraire de foi et de vie chrétienne, qui conduise à une connaissance approfondie dans le mystère du Christ et de l'Eglise des sens de grâce et de responsabilité du mariage (cf. ibid.). La durée et les modalités de réalisation seront nécessairement différentes selon les situations, les possibilités et les besoins. Mais il est souhaitable que l'on offre un parcours de catéchèse et d'expériences vécues dans la communauté chrétienne, qui prévoie les interventions du prêtre et de divers experts, ainsi que la présence d'animateurs, l'accompagnement de couples exemplaires d'époux chrétiens, le dialogue en couple et en groupe et un climat d'amitié et de prière. Il convient, en outre, d'apporter un soin particulier afin qu'en cette occasion, les fiancés ravivent leur rapport personnel avec le Seigneur Jésus, en particulier en écoutant la Parole de Dieu, en s'approchant des Sacrements, et surtout en participant à l'Eucharistie. Ce n'est qu'en plaçant le Christ au centre de l'existence personnelle et du couple qu'il est possible de vivre l'amour authentique et d'en faire don aux autres: « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » nous rappelle Jésus (Jn 15, 5). La préparation immédiate a lieu peu avant le mariage. Outre l'examen des fiancés, prévu par le droit canonique, celle-ci pourrait comprendre une catéchèse sur le rite du mariage et sur sa signification, la retraite spirituelle et le souci afin que la célébration du mariage soit perçue par les fidèles et en particulier par tous ceux qui s'y préparent, comme un don pour toute l'Eglise, un don qui contribue à sa croissance spirituelle. En outre, il est bon que les évêques promeuvent l'échange des expériences plus significatives, offrent des encouragements pour un engagement pastoral sérieux dans cet important domaine et fassent preuve d'une attention particulière afin que la vocation des conjoints devienne une richesse pour toute la communauté chrétienne et en particulier dans le contexte actuel, un témoignage missionnaire et prophétique.
5 juin 2011 – Homélie de la Messe à Zagreb
Au cours de cette Sainte Messe que j’ai la joie de présider, concélébrant avec de nombreux Frères dans l’épiscopat et avec un grand nombre de prêtres, je rends grâce au Seigneur pour toutes les familles bien-aimées réunies ici, et pour tant d’autres qui sont reliées à nous par la radio et la télévision. Je remercie particulièrement le Cardinal Josip Bozanić, Archevêque de Zagreb, pour ses chaleureuses paroles du début de la Messe. A tous, j’adresse mon salut et je vous exprime ma grande affection avec un baiser de paix !
Nous avons célébré, il y a peu, l’Ascension du Seigneur et nous nous préparons à recevoir le grand don du Saint-Esprit. Dans la première lecture, nous avons vu comment la communauté apostolique était réunie en prière dans le Cénacle avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 12-14). C’est là un portrait de l’Église qui plonge ses racines dans l’événement pascal : le Cénacle, en effet, est le lieu où Jésus institua l’Eucharistie et le Sacerdoce, au cours de la Dernière Cène, et où, ressuscité des morts, il répandit l’Esprit Saint sur ses Apôtres le soir de Pâques (cf. Jn 20, 19-23). A ses disciples, le Seigneur avait ordonné « de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4) ; il avait plutôt demandé qu’ils restent ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Et ils se réunirent pour prier avec Marie au Cénacle dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14). Rester ensemble fut la condition mise par Jésus pour accueillir la venue du Paraclet, et la prière prolongée fut la condition nécessaire de leur concorde. Nous trouvons ici une formidable leçon pour chaque communauté chrétienne. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend principalement d’une programmation consciencieuse et de son intelligente mise en ½uvre par un engagement concret. Certes, le Seigneur demande notre collaboration, mais avant n’importe quelle réponse de notre part, son initiative est nécessaire : c’est son Esprit le vrai protagoniste de l’Église, à invoquer et à accueillir.
Dans l’Évangile, nous avons écouté la première partie de ce qu’on appelle « la prière sacerdotale » de Jésus (cf. Jn 17, 1-11a) – en conclusion des discours d’adieux – pleine de confidence, de douceur et d’amour. Elle est appelée « prière sacerdotale », parce qu’en elle, Jésus se présente dans l’attitude du prêtre qui intercède pour les siens, au moment où il va quitter ce monde. Le passage est dominé par le double thème de l’heure et de la gloire. Il s’agit de l’heure de la mort (cf. Jn 2, 4 ; 7, 30 ; 8, 20), l’heure au cours de laquelle le Christ doit passer de ce monde au Père (13, 1). Mais elle est aussi, en même temps, l’heure de sa glorification qui s’accomplit à travers la croix, appelée par l’évangéliste Jean « exaltation », c’est-à-dire élévation, montée dans la gloire : l’heure de la mort de Jésus, l’heure de l’amour suprême, est l’heure de sa gloire la plus haute. Pour l’Église aussi, pour chaque chrétien, la gloire la plus haute est celle de la Croix, c’est vivre la charité, don total à Dieu et aux autres.
Chers frères est s½urs ! J’ai accueilli très volontiers l’invitation que m’ont adressée les Évêques de la Croatie à visiter ce pays à l’occasion de la première Rencontre Nationale des Familles Catholiques Croates. Je désire exprimer ma vive appréciation pour l’attention et l’engagement envers la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale aujourd’hui, dans votre pays comme ailleurs, doit affronter des difficultés et des menaces et donc a particulièrement besoin d’être évangélisée et soutenue, mais aussi parce que les familles chrétiennes sont une ressource décisive pour l’éducation à la foi, pour l’édification de l’Église comme communion et pour sa présence missionnaire dans les situations les plus diverses de la vie. Je connais la générosité et le dévouement avec lequel, vous, chers Pasteurs, servez le Seigneur et l’Église. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, comme aussi pour la préparation au mariage et pour l’accompagnement des familles, est la route fondamentale pour régénérer toujours de nouveau l’Église et aussi pour vivifier le tissu social du pays. Poursuivez avec disponibilité votre précieux engagement pastoral !
Il est bien connu de tous que la famille chrétienne est un signe spécial de la présence et de l’amour du Christ et qu’elle est appelée à donner une contribution spécifique et irremplaçable à l’évangélisation. Le bienheureux Jean-Paul II, qui a visité par trois fois ce noble pays, affirmait que « la famille chrétienne est appelé à prendre une part active et responsable à la mission de l’Église d’une façon propre et originale, en se mettant elle-même au service de l’Église et de la société dans son être et dans son agir, en tant que ‘communauté intime de vie et d’amour’ » (Familiaris consortio, 50). La famille chrétienne a toujours été la première voie de transmission de la foi et elle conserve aujourd’hui de grandes possibilités pour l‘évangélisation dans de multiples domaines.
Chers parents, engagez-vous toujours à enseigner à vos enfants à prier, et priez avec eux ; faites-les approcher des Sacrements, particulièrement de l’Eucharistie - cette année vous célébrez les 600 ans du ‘miracle eucharistique de Ludbreg’ - ; et introduisez-les dans la vie de l’Église ; dans l’intimité domestique, n’ayez pas peur de lire la Sainte Écriture, illuminant la vie familiale de la lumière de la foi et louant Dieu comme Père. Soyez presque un petit cénacle, comme celui de Marie et des disciples, dans lequel se vit l’unité, la communion, la prière !
Aujourd’hui, grâce à Dieu, de nombreuses familles chrétiennes acquièrent toujours plus la conscience de leur vocation missionnaire et s’engagent sérieusement dans le témoignage au Christ Seigneur. Le bienheureux Jean-Paul II a dit : « A notre époque, les familles qui collaborent activement à l’évangélisation sont de plus en plus nombreuses… Dans l’Église a mûri l’heure de la famille, qui est également l’heure de la famille missionnaire » (Angelus, 21 octobre 2001). Dans la société d’aujourd’hui, la présence des familles chrétiennes exemplaires est plus que jamais nécessaire et urgente. Malheureusement, nous devons constater, spécialement en Europe, que se répand une sécularisation qui porte à la marginalisation de Dieu dans la vie et à une croissante désagrégation de la famille. On absolutise une liberté sans engagement pour la vérité, et on entretient comme idéal le bien-être individuel à travers la consommation des biens matériels et des expériences éphémères, négligeant la qualité des relations avec les personnes et les valeurs humaines plus profondes ; on réduit l’amour à une émotion sentimentale et à une satisfaction de pulsions instinctives, sans s’engager à construire des liens durables d’appartenance réciproque et sans ouverture à la vie. Nous sommes appelés à contester une telle mentalité ! Auprès de la parole de l’Église, le témoignage et l’engagement des familles sont très importants, votre témoignage concret, surtout pour affirmer l’intangibilité de la vie humaine de la conception à sa fin naturelle, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives qui soutiennent les familles dans la tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants. Chères familles, soyez courageuses ! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire, ou même substitutive au mariage ! Montrez par votre témoignage de vie qu’il est possible d’aimer, comme le Christ, sans réserve, qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager pour une autre personne ! Chères familles, réjouissez-vous de la paternité et de la maternité ! L’ouverture à la vie est signe d’ouverture à l’avenir, de confiance dans l’avenir, de même que le respect de la morale naturelle libère la personne au lieu de l’humilier ! Le bien de la famille est aussi le bien de l’Église. Je voudrais rappeler tout ce que j’ai affirmé dans le passé : «L’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Église, qui la soutient et la conduit avec elle… Et, réciproquement, l’Église est édifiée par les familles, 'petites Églises domestiques' » (Discours d’ouverture du Congrès ecclésial diocésain de Rome, 6 juin Insegnamenti di Benedetto XVI, I, 2005, p. 205). Prions le Seigneur pour que les familles soient toujours plus de petites Églises et que les communautés ecclésiales soient toujours plus une famille !
Chères familles croates, en vivant la communion de foi et de charité, soyez témoins de façon toujours plus transparente de la promesse que le Seigneur monté au ciel fait à chacun de nous : « …je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt, 28, 20). Chers chrétiens croates, sentez-vous appelés à évangéliser par toute votre vie ; écoutez avec force la parole du Seigneur : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19). Que la Vierge Marie, Reine des croates, accompagne toujours votre chemin. Amen ! Loués soient Jésus et Marie !
11 septembre 2011 – Rencontre de Benoit XVI avec les fiancés, à Ancone, en Italie
Je suis heureux de conclure cette intense journée, point culminant du Congrès eucharistique national, en vous rencontrant, comme pour confier l’héritage de cet événement de grâce à vos jeunes vies. D’ailleurs, l’Eucharistie, don du Christ pour le salut du monde, indique et contient l’horizon le plus authentique de l’expérience que vous vivez : l’amour du Christ comme plénitude de l’amour humain. Je remercie l’archevêque d’Ancône-Osimo, Mgr Edoardo Menichelli, pour son cordial et profond salut, et vous tous, pour votre participation animée ; merci encore pour les questions que vous m’avez adressées et que j’accueille, confiant dans la présence parmi nous du Seigneur Jésus : Lui seul possède les paroles de vie éternelle, paroles de vie pour vous et pour votre avenir !
Les questions que vous posez assument, dans le contexte social actuel, une importance encore plus grande. Je voudrais vous offrir seulement quelques orientations pour une réponse. Sous certains aspects, notre époque n’est pas facile, surtout pour vous, les jeunes. La table est dressée et offre de nombreux mets exquis, mais, comme dans l’épisode évangélique des noces de Cana, il semble que manque le vin de la fête. En particulier la difficulté de trouver un travail stable recouvre l’avenir d’un voile d’incertitude. Cette situation contribue à renvoyer le moment de prendre des décisions définitives, et influence de façon négative la croissance de la société, qui ne réussit pas à mettre pleinement en valeur la richesse d’énergies, de compétences et de créativité de votre génération.
Le vin de la fête manque également à une culture qui tend à se passer de critères moraux clairs: dans la désorientation, chacun est poussé à agir de façon individuelle et autonome, souvent dans les seules limites du présent. La fragmentation du tissu communautaire se reflète dans un relativisme qui porte atteinte aux valeurs essentielles ; les affinités de sensations, d’états d’âme et d’émotions semblent plus importantes que le partage d’un projet de vie. Les choix fondamentaux deviennent alors eux aussi fragiles, courant éternellement le risque d’être révoqués, ce qui est souvent considéré comme une expression de liberté, tandis qu’en réalité, cela en manifeste plutôt le manque. L’apparente exaltation du corps appartient également à une culture privée du vin de la fête, car en réalité, elle banalise la sexualité et tend à la faire vivre en dehors d’un contexte de communion de vie et d’amour.
Chers jeunes, n’ayez pas peur d’affronter ces défis ! Ne perdez jamais l’espérance. Soyez courageux, même dans les difficultés, en demeurant fermes dans la foi. Soyez certains que, en toute circonstance, vous êtes aimés et protégés par l’amour de Dieu qui est notre force. Dieu est bon. C’est pourquoi il est important que la rencontre avec Dieu, surtout dans la prière personnelle et communautaire, soit permanente, fidèle, précisément comme l’est le chemin de votre amour : aimer Dieu et sentir qu’Il m’aime. Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu ! De plus, soyez certains que l’Eglise aussi est proche de vous, vous soutient, ne cesse de vous regarder avec une grande confiance. Elle sait que vous avez soif de valeurs, des vraies valeurs, sur lesquelles il vaut la peine de construire votre maison ! La valeur de la foi, de la personne, de la famille, des relations humaines, de la justice. Ne vous découragez pas devant les manques qui semblent effacer la joie de la table de la vie. Aux noces de Cana, lorsque le vin vint à manquer, Marie invita les serviteurs à s’adresser à Jésus et leur donna une indication précise : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). Conservez précieusement ces paroles, les dernières de Marie rapportées dans les Evangiles, presque son testament spirituel, et vous aurez toujours la joie de la fête : Jésus est le vin de la fête !
En tant que fiancés, vous vivez une période unique, qui ouvre à la merveille de la rencontre et fait découvrir la beauté d’exister et d’être précieux pour quelqu’un, de pouvoir vous dire mutuellement : tu es important pour moi. Vivez ce chemin de façon intense, graduelle et authentique. Ne renoncez pas à poursuivre un idéal élevé d’amour, de reflet et de témoignage de l’amour de Dieu ! Mais comment vivre cette étape de votre vie, témoigner de l’amour dans la communauté ? Je voudrais vous dire avant tout d’éviter de vous enfermer dans des relations intimistes, faussement rassurantes ; faites plutôt en sorte que votre relation devienne le levain d’une présence active et responsable dans la communauté. N’oubliez pas non plus que, pour être authentique, l’amour exige également un chemin de maturation : à partir de l’attraction initiale et de la sensation de se « sentir bien » avec l’autre, éduquez-vous à «aimer» l’autre, à «vouloir le bien» de l’autre. L’amour vit de gratuité, de sacrifice de soi, de pardon et de respect de l’autre.
Chers amis, chaque amour humain est signe de l’Amour éternel qui nous a créés, et dont la grâce sanctifie le choix d’un homme et d’une femme de se confier réciproquement leur vie dans le mariage. Vivez ce temps de fiançailles dans l’attente confiante de ce don, qui doit être accueilli en parcourant une route de connaissance, de respect, d’attentions que vous ne devez jamais perdre: ce n’est qu’à cette condition que le langage de l’amour prendra toute sa signification également au fil des années. Eduquez-vous également dès à présent à la liberté de la fidélité, qui conduit à prendre soin l’un de l’autre, jusqu’à vivre l’un pour l’autre. Préparez-vous à choisir avec conviction le «pour toujours» qui caractérise l’amour: l’indissolubilité, plus qu’une condition, est un don qui doit être désiré, demandé et vécu, au-delà de l’incertitude de toute situation humaine. Et ne pensez pas, selon une mentalité diffuse, que le concubinage soit une garantie pour l’avenir. Brûler les étapes finit par « brûler » l’amour, qui a besoin au contraire de respecter les temps et les différentes étapes de ses expressions ; il a besoin de laisser un espace au Christ, qui est capable de rendre un amour humain fidèle, heureux et indissoluble. La fidélité et la continuité de votre amour vous rendront capables également d’être ouverts à la vie, d’être parents : la stabilité de votre union dans le sacrement du mariage permettra aux enfants que Dieu voudra vous donner de grandir en ayant confiance dans la bonté de la vie. La fidélité, l’indissolubilité et la transmission de la vie sont les piliers de toute famille, le véritable bien commun, un patrimoine précieux pour toute la société. Dès à présent, fondez sur eux votre chemin vers le mariage et témoignez-en également auprès des jeunes de votre âge: il s’agit d’un service précieux! Soyez reconnaissants à ceux qui, avec engagement, compétence et disponibilité, vous accompagnent dans votre formation : ce sont des signes de l’attention et du soin que la communauté chrétienne vous réserve. Vous n’êtes pas seuls : recherchez et accueillez avant tout la compagnie de l’Eglise.
Je voudrais revenir encore sur un point essentiel : l’expérience de l’amour possède en soi la tension vers Dieu. L’amour véritable promet l’infini ! Faites donc de votre temps de préparation au mariage un itinéraire de foi: redécouvrez pour votre vie de couple la place centrale de Jésus Christ et du chemin dans l’Eglise. Marie nous enseigne que le bien de chacun dépend de l’écoute docile de la parole de son Fils. Pour celui qui se fie à Lui, l’eau de la vie quotidienne se change en vin, le vin d’un amour qui rend la vie bonne, belle et féconde. En effet, Cana est l’annonce et l’anticipation du don du vin nouveau de l’Eucharistie, sacrifice et banquet dans lequel le Seigneur nous touche, nous renouvelle et nous transforme. Et ne perdez pas de vue l’importance vitale de cette rencontre. Que l’assemblée liturgique du dimanche vous trouve pleinement actifs: de l’Eucharistie jaillit le sens chrétien de l’existence et une nouvelle façon de vivre (cf. Exhort. apost. post-syn. Sacramentum caritatis, nn. 72-73). Vous n’aurez alors pas peur d’assumer la responsabilité exigeante du choix conjugal; vous ne craindrez pas d’entrer dans ce «grand mystère», dans lequel deux personnes deviennent une seule chair (cf. Ep 5, 31-32).
Très chers jeunes, je vous confie à la protection de saint Joseph et de la Très Sainte Vierge Marie; en suivant l’invitation de la Vierge Mère — «Tout ce qu’il vous dira, faites-le» — le goût de la véritable fête ne vous manquera pas et vous saurez apporter le «vin» meilleur, celui que le Christ donne pour l’Eglise et pour le monde. Je voudrais vous dire que je suis moi aussi proche de vous et de tous ceux qui, comme vous, vivent ce chemin merveilleux d’amour. Je vous bénis de tout c½ur !