Il faut réaffirmer le droit des enfants à grandir dans une famille, avec un père et une mère capables de créer un environnement adapté à leur développement et à leur maturation affective. En continuant à mûrir dans la relation, dans la confrontation avec ce qu’est le caractère masculin et le caractère féminin d’un père et d’une mère, et en préparant ainsi la maturité affective.
Cela comporte dans le même temps de soutenir le droit des parents à l’éducation morale et religieuse de leurs enfants. Et à ce propos, je voudrais manifester mon refus de tout type d’expérimentation éducative avec les enfants. Avec les enfants et les jeunes on ne peut pas faire des expériences. Ce ne sont pas des cobayes de laboratoire ! Les horreurs de la manipulation éducative que nous avons vécues pendant les grandes dictatures génocides du XXe siècle n’ont pas disparu ; elles conservent leur actualité sous des apparences différentes et des propositions qui, sous prétexte de modernité, poussent les enfants et les jeunes à marcher sur le chemin dictatorial de la « pensée unique ». Il y a un peu plus d’une semaine, un grand éducateur me disait : « Parfois on ne sait pas si avec ces projets — en se référant à des projets concrets d’éducation — on envoie un enfant à l’école ou dans un camp de rééducation ».
Travailler pour les droits humains présuppose de garder toujours vivante la formation anthropologique, d’être bien préparés à la réalité de la personne humaine, et de savoir répondre aux questions et aux défis lancés par les cultures contemporaines et par la mentalité diffusée à travers les mass-media. Il ne s’agit assurément pas de nous réfugier — en nous cachant — dans des milieux protégés, qui de nos jours sont incapables de donner vie, qui sont liés à des cultures qui sont déjà dépassées... Non, ce n’est pas cela, cela ne va pas. Mais affronter avec les valeurs positives de la personne humaine les nouveaux défis que nous lance la nouvelle culture. En ce qui vous concerne, il s’agit d’offrir à vos dirigeants et à vos agents une formation permanente sur l’anthropologie de l’enfant, car c’est là que les droits et les devoirs ont leur fondement. De celle-ci dépend l’organisation des projets éducatifs, qui bien évidemment doivent continuer à progresser, à mûrir et à s’adapter aux signes des temps, en respectant toujours l’identité humaine et la liberté de conscience.
Pape François - 11 avril 2014