Les jeunes sont attirés par la Vérité et l’exigence - Benoit XVI, le 11 juin 2007

     Au fur et à mesure que les enfants grandissent, croît naturellement en eux le désir d'autonomie personnelle, qui devient facilement, en particulier au cours de l'adolescence, une prise de distance critique vis-à-vis de leur famille. La proximité qui peut être assurée par le prêtre, par la religieuse, par le catéchiste ou par d'autres éducateurs capables de rendre concret pour un jeune le visage ami de l'Eglise et l'amour du Christ, se révèle alors particulièrement importante. Pour engendrer des effets positifs qui durent dans le  temps,  notre  proximité doit être consciente que le rapport éducatif est une rencontre de liberté et que l'éducation chrétienne elle-même est une formation à la liberté authentique. Toute véritable proposition éducative conduit en effet à une décision, tout en restant respectueuse et pleine d'amour, et la proposition chrétienne interpelle précisément totalement la liberté, en l'appelant à la foi et à la conversion. Comme je l'ai dit au Congrès ecclésial de Vérone, "une éducation véritable doit réveiller le courage des décisions définitives, qui sont aujourd'hui considérées comme un lien qui porte atteinte à notre liberté, mais qui en réalité sont indispensables pour croître et parvenir à quelque chose de grand dans la vie, en particulier pour faire  mûrir  l'amour  dans  toute  sa beauté:  et donc pour donner consistance  et  signification  à  la liberté elle-même" (Discours du 19 octobre 2006). Lorsqu'ils sentent qu'ils sont respectés et pris au sérieux en ce qui concerne leur liberté, les adolescents et les jeunes, en dépit de leur inconstance et fragilité, sont tout à fait disponibles à se laisser interpeller par des propositions exigeantes:  ils se sentent même attirés et souvent fascinés par elles. Ils veulent également manifester leur générosité dans le dévouement aux grandes valeurs qui sont éternelles et qui constituent le fondement de la vie.
     L'éducateur authentique prend également au sérieux la curiosité intellectuelle qui existe déjà chez les enfants et qui, avec les années, revêt des formes plus conscientes. Sollicité et souvent égaré par la multiplicité des informations et par le contraste des idées et des interprétations qui lui sont continuellement proposées, le jeune d'aujourd'hui conserve toutefois en lui un grand besoin de vérité:  il est donc ouvert à Jésus Christ qui, comme nous le rappelle Tertullien (De virginibus velaudis, I, 1) "a affirmé être la vérité, non l'habitude". Notre devoir est de tenter de répondre à la demande de vérité en confrontant sans crainte la proposition de la foi avec la raison de notre temps. Nous aiderons ainsi les jeunes à élargir les horizons de leur intelligence, en s'ouvrant au mystère de Dieu, dans lequel se trouvent le sens et la direction de l'existence, et en surmontant les conditionnements d'une rationalité qui ne se fie que de ce qui peut être objet d'expérience et de calcul. Il est donc très important de développer ce que nous avons appelé l'an dernier "la pastorale de l'intelligence".
     Le travail éducatif passe à travers la liberté, mais il a également besoin d'autorité. C'est pourquoi, en particulier lorsqu'il s'agit d'éduquer à la foi, la figure du témoin et le rôle du témoignage sont essentiels. Le témoin du Christ ne transmet pas simplement des informations, mais il est impliqué personnellement par la vérité qu'il propose et à travers la cohérence de sa vie, il devient un point de référence fiable. Cependant,  il  ne  renvoie  pas à lui-même, mais à Quelqu'un qui est infiniment plus grand que lui, auquel il a fait confiance, et qui a fait l'expérience de la bonté fiable.


Benoit XVI, le 11 juin 2007, au Congrès du Diocèse de Rome

 

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