11 février 1997, à un groupe d’évêques des Philippines, en visite Ad Limina. ORLF 20.5.1997
La défense et la promotion de la famille, le centre de toute la société, constitue un devoir prioritaire qui revient à tous ceux qui sont engagés dans la poursuite du bien-être social et de la justice. Tout au long de mon pontificat, je me suis efforcé d’expliquer que “par elle, passe la principale ligne de force de la civilisation de l’amour qui trouve en elle ses “fondements sociaux””. Il revient en premier lieu à vous, évêques, de former les consciences des fidèles selon les enseignements de l’Église, afin que les laïcs en particulier puissent oeuvrer efficacement en faveur de l’introduction de politiques qui renforcent la vie familiale.
L’État, qui, de par sa nature, est ordonné au bien commun, est obligé de protéger la famille, en respectant sa structure naturelle et ses droits inaliénables. Les fidèles laïcs, en particulier à travers des organisations et des associations familiales, doivent être encouragés à continuer de promouvoir les institutions sociales, les législations civiles et les politiques nationales qui protègent les droits et les responsabilités de la famille.
Dans le même temps, l’économie joue un rôle vital dans la garantie de la solidité de la famille. L’une des critiques principales que les pasteurs de l’Église doivent adresser au système socio-économique aujourd’hui dominant, interprété comme une subordination de presque toutes les autres valeurs aux forces du marché, consiste dans le fait que la dimension familiale du contrat de travail est généralement ignorée. Ce système ne se préoccupe que peu ou pas du tout de la rétribution familiale. Combien certaines sociétés sont encore loin de ce que l’Église demande avec force : “Une juste rémunération du travail de l’adulte chargé de la famille est celle qui sera suffisante pour fonder et faire vivre dignement sa famille et pour en assurer l’avenir”. Les législateurs, les responsables du commerce, de l’industrie et du travail, les éducateurs, les agents des communications sociales et les familles elles-mêmes doivent être tous encouragés à recréer une économie centrée sur la famille, fondée sur les principes de la subsidiarité et de la solidarité. La véritable justice sociale passe à travers la famille !
Lorsque la vie sociale s’aventure dans les sables mouvants d’un relativisme absolu, le soin moral et spirituel de la famille représente un défi qui ne peut être ignoré : il définit pratiquement la mission pastorale de l’Église.
“Église domestique”, la famille est la première communauté devant être évangélisée afin de pouvoir être à son tour l’évangélisatrice proche et immédiate de ses membres. Les jeunes couples qui se préparent au mariage ont besoin d’être aidés pour comprendre que le mariage et la famille se fondent sur la responsabilité librement assumée face à Dieu, aux conjoints, aux enfants, à la société et à l’Église. Les liens instaurés entre eux qui deviennent “une seule chair” exigent une communion et une fidélité pour toute la vie.
Notre mission prophétique en tant que hérauts de la “vérité de l’Évangile”, exige que nous proclamions de façon vigoureuse et persuasive l’enseignement de l’Église sur la transmission responsable de la vie humaine. Cela exige un effort concerté pour aider les fidèles à comprendre plus clairement que la réalisation conjugale est liée au respect de la signification et de la fin intrinsèques de la sexualité humaine. Je vous encourage avec affection à poursuivre les initiatives déjà entreprises pour améliorer la préparation au mariage et pour soutenir l’enseignement des méthodes naturelles de régulation de la fertilité. Les traditions culturelles et religieuses de votre peuple, qui apprécie la vie et la liberté, devraient l’aider à s’opposer à des mesures contraires à la vie : avortement, stérilisation et contraception. L’Eglise annonce l’Évangile de la vie, une vision totalement positive de l’existence humaine, contraire au pessimisme et à l’égoïsme de ceux qui menacent la splendeur de la sexualité et de la vie humaine.
8 mars 1997, à des évêques de France en visite Ad Limina. ORLF 18.3.97
La crise du mariage et de la famille appelle un renouveau du sens chrétien de ce sacrement, qui devrait conduire les couples à témoigner d’une conception authentique du mariage, qui est à l’image de la relation de Dieu avec l’humanité.
9 mars, homélie de la Messe. ORLF 18.3.97
Trop souvent les jeunes, riches de possibilités et de dons, se retrouvent sans travail, sans l’appui d’une véritable famille. Ils sont donc souvent la proie facile de la solitude, du manque de projets, des désillusions, lorsqu’ils ne tombent pas dans le piège de la drogue, de la criminalité et d’autres formes de déviation.
22 mars 1997, à des Évêques de l’Est de la France, en visite Ad Limina. ORLF 1er avril 1997
J’invite les parents à porter sur l’avenir de leurs enfants un regard de foi, à aider les jeunes à réaliser librement leur vocation; c’est à ce prix qu’ils seront heureux dans l’existence, car le Seigneur donne à ceux qu’il choisit la force et les ressources spirituelles nécessaires pour surmonter les difficultés. Le don total de soi au Seigneur et à l’Église est source de joie.
24 avril 1997, au nouvel Ambassadeur de Malte. ORLF 27.5.97
L’engagement en faveur de la vie, commence précisément par la famille, laquelle, fondée sur le mariage, constitue le milieu naturel dans lequel la personne, au cours des diverses étapes de son existence, est accueillie, éduquée et soignée, de sa conception à sa mort .
4 juin 1997, homélie de la Messe en Pologne. ORLF 17.6.97
Grâce à la présence sacramentelle du Christ, grâce au pacte librement stipulé, à travers lequel les conjoints se donnent réciproquement, la famille est une communauté sainte.
7 juin 1997, en Pologne. ORLF 1er juillet 1997
Dans le monde d’aujourd’hui, vous, familles nombreuses, vous êtes des témoins du bonheur qui jaillit du partage de l’amour, même au prix de nombreux sacrifices. N’ayez pas peur d’apporter ce témoignage ! Le monde ne peut pas vous comprendre, le monde peut demander pourquoi vous n’avez pas suivi une voie plus facile, mais le monde a besoin de votre témoignage; le monde a besoin de votre amour, de votre paix et de votre bonheur. Que Marie, protectrice des familles, vous soutienne. Adressez-vous à elle le plus souvent possible. Récitez le Chapelet. Que cette prière devienne le fondement de votre unité.
20 juin 1997, au nouvel Ambassadeur d’Argentine près le Saint Siège. ORLF 23.9.1997
Le Saint Siège apprécie l’engagement du gouvernement argentin en vue de faire valoir le droit inaliénable à la vie, en élevant sa voix de façon responsable et résolue dans les forums internationnaux, souvent dans un contexte caractérisé par la diffusion d’une culture contraire à la vie, et qui dans de nombreux cas apparaît véritablement comme “une culture de mort” présente dans le recours à l’avortement et à l’euthanasie comme un signe de progrès et une conquête de la liberté. Aujourd’hui, il est également urgent d’accomplir un effort éthique commun pour mettre en pratique une grande stratégie en faveur de la vie. Cette tâche incombe en particulier aux responsables de la société, qui ont le devoir de prendre des décisions efficaces pour sa défense, en particulier dans le domaine des dispositions législatives, en assurant à la famille le soutien qui lui est dû, car “la politique familiale doit être le pivot et le moteur de toutes les politiques sociales” (E.V, 90)
C’est pourquoi, alors que ne manquent pas les voix qui prétendent diffuser une mentalité antinataliste et une vision erronée de la sexualité, demandant que la loi autorise le crime abominable de l’avortement, et alors que se profile parfois le danger de l’acceptation de la manipulation génétique des moyens de reproduction humaine, les hommes et les femmes de bonne volonté sont appelés à soutenir et à promouvoir l’institution familiale et son fondement irremplaçable qui est - selon le dessein divin - le mariage indissoluble d’un homme et d’une femme. Il ne faut pas oublier qu’en l’absence de la base solide qu’est le mariage, c’est non seulement la vie ecclésiale qui s’affaiblit, mais aussi le bien commun de la nation qui se détériore.
- le 14 septembre 1997, à l’Angelus. ORLF 16.9.1997
Il faut développer un intérêt actif pour la grande cause de la famille, à travers laquelle passe l’avenir de l’humanité et de la nouvelle évangélisation.
L’identité spirituelle et culturelle de la famille constitue la base de l’identité de la Nation à laquelle elles appartiennent.
La famille est cellule primordiale de la société et sanctuaire de la vie. Pour se renouveler et faire face aux exigences des temps, la famille demande à être reconnue par la société, respectée et soutenue dans ses droits.
Je fais appel aux dirigeants et aux législateurs, afin que les institutions soutiennent aux maximum ce rôle fondamental de la famille.
- le 21 septembre 1997, à l’Amgelus. ORLF 23.9.1997
Chers familles ! Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. (Cf Mt 5,13-14). Aujourd’hui plus que jamais, vous avez le devoir urgent de proclamer, à travers votre mode de vie, la beauté et la grandeur de l’amour véritable. En puisant, à travers le sacrement du mariage, dans le mystère de l’Amour du Christ et de l’Église, vous faites resplendir en vous la lumière de l0Évangile, qui renferme le salut du monde.
- le 3 octobre 1997, à Rio de Janeiro, au Brésil. ORLF 14.10.1997
L’homme est la route de l’Église. Et la famille est l’expression première de cette route.
L’Évangile illumine la dignité de l’homme et délivre de tout ce qui peut appauvrir la vision de l’homme et de sa vérité. C’est dans le Christ que l’homme perçoit la grandeur de son appel à être l’image et le fils de Dieu ; c’est en lui que se manifeste dans toute sa splendeur le dessein original de Dieu le Père pour l’homme, et c’est dans le Christ que ce dessein original trouvera sa pleine réalisation. Et c’est toujours dans le Christ que cette expression première et privilégiée de la société humaine qu’est la famille, trouvera la lumière et la pleine capacité de réalisation, conformément aux desseins d’amour du Père.
Le Christ, lumière des peuples, illumine les routes des hommes, en particulier celle de la communion intime de vie et d’amour des conjoints qui, dans la vie des hommes et des peuples, est le carrefour nécessaire où Dieu est toujours allé à leur rencontre.
La famille ne représente pas pour l’homme une structure accessoire et extérieure, qui empêche son développement et son évolution intérieure.
La famille, loin de représenter un obstacle au développement et à la croissance de la personne, représente le milieu privilégié pour développer les potentiels personnels et sociaux que l’homme porte inscrits en son être.
La famille, fondée et vivifiée par l’amour, est le lieu où chaque personne est appelée à ressentir, à faire sien et à partager cet amour sans lequel l’homme ne pourrait exister et toute sa vie serait privée de sens.
Les ténèbres qui entourent aujourd’hui la conception même de l’homme, assombrissent en premier lieu et directement la réalité et les expressions qui lui sont connaturelles. La personne et la famille vont de pair en ce qui concerne tant l’estime et la reconnaissance de leur dignité, que les attaques et les tentatives de désagrégation à leur égard. La grandeur et la sagesse de Dieu se manifestent dans ses oeuvres. Toutefois, il semble aujourd’hui que les ennemis de Dieu, plutôt que d’attaquer en face l’Auteur de la création, préfèrent le frapper à travers ses oeuvres. Et l’homme est le point culminant, le sommet de ses oeuvres visibles.
Parmi les vérités obscurcies dans le coeur de l’homme en raison de la sécularisation croissante et de l’hédonisme dominant, celles qui concernent la famille sont particulièrement touchées. Autour de la famille et de la vie se déroule aujourd’hui la lutte fondamentale pour la dignité de l’homme. En premier lieu, la communion conjugale n’est pas reconnue, ni respectée, en ce qui concerne l’égalité de la dignité des époux et la nécessaire diversité et complémentarité sexuelles. La fidélité conjugale elle-même et le respect pour la vie, dans toutes les phases de son existence, sont bouleversés par une culture qui n’admet pas la transcendance de l’homme, crée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Lorsque les forces destructrices du mal réussissent à séparer le mariage de sa mission à l’égard de la vie humaine, elles portent atteinte à l’humanité, la privant de l’une des garanties essentielles de son avenir.
Il est nécessaire de retrouver et de présenter un front commun, inspiré et fondé sur les vérités centrales de la Révélation , dont l’interlocuteur soit la personne et l’agent soit la famille.
Outre le fait de mettre en valeur et de renforcer la présence des Églises comme levain, lumière et sel de la terre, afin que la vie des hommes ne se désintègre pas, il faut donner la priorité à des programmes de pastorale qui promeuvent la formation de foyers pleinement chrétiens et qui fassent croître chez les époux la générosité pour incarner dans leur vie les vérités que l’Église propose à la famille humaine.
La conception chrétienne du mariage et de la famille ne modifie en rien la réalité de la création, mais élève les composantes essentielles de la société conjugale : la communion des époux qui engendrent des vies nouvelles, les éduquent et les intègrent dans la société, ainsi que la communion des personnes comme lien solide entre les membres de la famille.
- le 4 octobre 1997, Homélie de la Messe à Rio de Janeiro. ORLF 14.101.997
Le banquet nuptial de Cana nous conduit à réfléchir sur le mariage, dont le mystère renferme la présence du Christ. N’est-il pas légitime de voir dans la présence du Fils de Dieu à ces noces, un indice du fait que le mariage devrait être un signe efficace de sa présence ?
Comme nous le lisons dans le Livre de la Genèse, l’homme quitte son père et sa mère, s’unit à son épouse pour former, dans un certain sens, un seul coprs avec elle (Cf Gm 2,24). Le Christ répètera ces paroles de l’Ancien Testament en parlant aux pharisiens, qui lui posaient des questions au sujet de l’indissolubilité du mariage. Ils se référaient aux prescriptions de la Loi de Moïse, qui permettaient, dans certains cas, la séparation des conjoints, c’est-à-dire le divorce. Le Christ leur répondit : “C’est en raison de votre dureté de coeur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais dès l’origine il n’en fut pas ainsi” (Mt 19,8). Et il cita les paroles du Livre de la Genèse : “N’avez-vous pas lu que le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme... Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien ! Ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer” (Mt 19,4-6)
À la base de tout l’ordre social se trouve donc ce principe d’unité et d’indissolubilité du mariage, principe sur lequel se fonde l’institution de la famille et toute la vie familiale. Ce principe reçoit une confirmation et une nouvelle force dans l’élévation du mariage à la dignité de sacrement.
Et quelle grande dignité, très chers frères et soeurs ! Il s’agit de la participation à la vie de Dieu, c’est-à-dire de la grâce sanctifiante et des grâces innombrables qui accompagnent la vocation au mariage, la condition de parents et la condition familiale. L’évènement de Cana de Galilée semble nous conduire précisément à cela. L’admirable transformation de l’eau en vin ! Voilà que l’eau, notre boisson la plus commune, acquiert, grâce à l’action du Christ, un nouveau caractère : elle devient vin, c’est-à-dire une boisson, en un certain sens, d’une plus grande valeur. La signification de ces symboles - de l’eau et du vin - trouve son expression dans la Sainte Messe. Au cours de l’Offertoire, en unissant un peu d’eau au vin, nous demandons à Dieu, à travers le Christ, de participer à sa vie dans le Sacrifice eucharistique. Le mariage, la condition de parents, la maternité, la paternité, la famille : tout appartient à l’ordre de la nature, depuis que Dieu a créé l’homme et la femme ; et tout cela, à travers l’action du Christ, est élevé à l’ordre surnaturel. Le sacrement du mariage devient une façon de participer à la vie de Dieu. L’homme et la femme qui croient dans le Christ, qui s’unissent comme conjoints, peuvent, pour leur part, confesser : nos corps sont rachetés, l’union conjugale est rachetée. La condition de parents, la maternité, la paternité et tout ce qui renferme l’empreinte de la sainteté, est racheté.
C’est pour cette raison que l’Église ne cesse de présenter, dans son intégralité, la doctrine du Christ sur le mariage en ce qui concerne son unité et son indissolubilité.
“Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille”... alors le roi désirera ta beauté” (Ps 44, 11-12) Aujourd’hui, le Pape désire dire la même chose à chaque famille humaine : “Écoute, regarde : Dieu veut que tu sois belle, que tu vives la plénitude de la dignité humaine et de la sainteté du Christ, que tu sois au service de l’amour et de la vie. Tu es née des mains du Créateur et tu as été sanctifiée par l’Esprit Paraclet, pour devenir l’espérance de toutes la nations”.
- le 4 octobre 1997, rencontre avec les familles à Rio de Janeiro. ORLF 14.10.1997
N’est-il pas vrai que le Seigneur, dans les situations les plus diverses, et également au milieu des souffrances et des difficultés, vous a toujours accompagné ? Oui ! Le Seigneur de l’Alliance, qui est venu vous chercher et qui vous a trouvés, vous a toujours accompagné sur votre route. Dieu, Notre Seigneur, l’Auteur du mariage, qui vous a unis, vous a emplis avec abondance de la richesse de son amour, pour votre bonheur.
La famille représente le patrimoine de l’humanité, car c’est à travers elle que, selon le dessein de Dieu, la présence de l’homme sur terre doit se poursuivre. Dans les familles chrétiennes, fondées sur le sacrement du mariage, la foi illumine de façon merveilleuse le visage du Christ, splendeur de la vérité, qui emplit de lumière et de joie les foyers dont la vie est inspirée par l’Évangile.
Malheureusement, aujourd’hui, se diffuse dans le monde un faux message de bonheur, irrationnel et inconsistant, qui n’apporte que délosation et amertume. Le bonheur ne s’obtient pas en parcourant la voie de la liberté sans la vérité, car ce serait la voie de l’égoïsme irresponsable, qui divise et détruit la famille et la société.
Ce n’est pas vrai que les conjoints, comme s’ils étaient des esclaves condamnés à leur propre fragilité, ne peuvent pas demeurer fidèles au don réciproque et total de soi, jusqu’à la mort ! Le Seigneur, qui vous appelle à vivre dans l’unité d’”une seule chair”, unité de corps et d’âme, unité de la vie tout entière, vous donne la force de vivre une fidélité qui ennoblit et qui empêche votre union de courir le risque de la trahison, qui prive de la dignité et du bonheur et qui introduit dans le foyer division et amertume, dont les principales victimes sont les enfants. La meilleure défense de l’unité familiale réside dans la fidélité, qui constitue un don du Dieu fidèle et miséricordieux, dans un amour racheté par Lui-même.
Je voudrais lancer ici, encore une fois, un cri d’espérance et de libération !
Familles d’Amérique latine et du monde entier : ne vous laissez pas séduire par ce message mensonger qui avilit les peuples, porte atteinte aux traditions et aux plus hautes valeurs, et fait retomber sur les enfants tant de souffrance et de malheur. La cause de la famille confère une dignité au monde et le libère à travers la vérité authentique de l’être humain, du mystère de la vie, don de Dieu, de l’homme et de la femme, images de Dieu. Il faut lutter pour cette cause, pour assurer votre bonheur et l’avenir de la famille humaine.
D’ici, cet après-midi, où les familles de tous les coins du monde se donnent la main, comme pour former une immense châine d’amour et de fidélité, j’adresse une invitation à ceux qui oeuvrent pour l’édification d’une nouvelle société dans laquelle règne la civilisation de l’amour : défendez vos familles comme un don précieux et irremplaçable, protégez-les à travers des lois justes qui combattent le fléau de la pauvreté et du chômage et qui permettent en même temps aux parents de mener à bien leur mission. Comment les jeunes peuvent-ils créér une famille s’ils ne disposent pas des moyens de la maintenir ? La pauvreté détruit la famille, empêche l’accès à la culture et à l’instruction de base, corrompt les moeurs et mine à la racine la santé des jeunes et des adultes. Aidez-les ! Aidez- les ! C’est votre avenir qui est en jeu.
Dans l’histoire moderne, il existe d’innombrables phénomènes sociaux qui nous invitent à faire un examen de conscience sur la famille. Dans de nombreux cas, il faut reconnaîtrte avec honte que des erreurs et des écarts ont été commis. Comment ne pas dénoncer ces comportements, motivés par le dérèglement et l’irresponsabilité, qui conduisent à traiter les êtres humains comme de simples choses ou des instruments de plaisir éphémères et vides ? Comment de pas réagir face au manque de respect, à la pornographie et à toute sorte d’exploitations, dont, dans de nombreux cas, les enfants payent le prix le plus élevé ?
Les sociétés qui se désintéressent de l’enfance sont inhumaines et irresponsables. Les foyers qui n’éduquent pas intégralement leurs enfants, qui les abandonnent, commettent une injustice très grave dont ils auront à répondre devant le tribunal de Dieu. Je sais que de nombreuses familles sont parfois victimes de situations qui leur échappent.
Dans de tels cas, il faut faire appel à la solidarité de tous, afin que les enfants, ne finissent pas par être victimes de toutes les formes de pauvreté : celle de la pauvreté économique et, surtout, de la pauvreté morale qui donne naissance au phénomène auquel j’ai fait référence dans la Lettre aux Familles : il existe de nombreux orphelins de leurs praents vivants !
Accueillez vos enfants avec un amour responsable ; défendez-les comme un don de Dieu, à partir du moment où ils sont conçus et où la vie humaine naît du sein de la mère ; que le crime abominable de l’avortement, honte de l’humanité, ne condamne pas les nouveaux-nés à la plus injuste des exécutions : celle des êtres humains les plus innocents ! Combien de fois avons-nous entendu, de la bouche de Mère Teresa de Calcutta, la proclamation de la valeur inestimable de la vie, à partir de sa conception dans le sein maternel, et le refus de tout geste de suppression de la vie ? Nous l’avons ententue lors de la première rencontre à Rome. La mort a condamné cette voix au silence. Mais le message de Mère Teresa en faveur de la vie continue à être plus que jamais vibrant et convaincant.
5 octobre 1997 – Homélie de la Messe célébrée par Jean Paul II, à Rio de Janeiro, à l’occasion de la IIème Rencontre Mondiale des familles
1. « Que nous bénisse le Seigneur, tous les jours de notre vie » (Psaume responsorial).
Je rends grâce à Dieu pour m'avoir permis de vous rencontrer à nouveau, familles du monde entier, afin de réaffirmer solennellement que vous êtes « l'espérance de l'humanité »!
La première Rencontre mondiale avec les Familles a eu lieu à Rome en 1994. La seconde se conclut aujourd'hui à Rio de Janeiro. Je remercie cordialement le Cardinal Eugênio de Araújo Sales pour m'avoir invité et je remercie également tous les évêques et les représentants des Autorités brésiliennes qui ont contribué au succès de ce grand événement. Nous sommes venus ici de divers pays et de différentes Eglises, non seulement du Brésil et de l'Amérique latine, mais de tous les continents, pour élever tous ensemble cette prière à Dieu: « Que nous bénisse le Seigneur, tous les jours de notre vie »!
En effet, la famille est la communauté d'amour et de vie particulière, et en même temps primordiale, sur laquelle se fondent toutes les autres communautés et sociétés. C'est pourquoi, en invoquant les Bénédictions du Très-Haut pour les familles, nous prions ensemble pour toutes les grandes sociétés que nous représentons ici. Nous prions pour l'avenir des nations et des Etats, ainsi que pour l'avenir de l'Eglise et du monde.
En effet, à travers la famille, toute l'existence humaine est orientée vers l'avenir. C'est en son sein que l'homme vient au monde, grandit et mûrit. En elle, il devient un citoyen toujours plus responsable de son pays et un membre toujours plus conscient de l'Eglise. La famille est également le milieu premier et fondamental où chaque homme découvre et réalise sa propre vocation humaine et chrétienne. Enfin, la famille constitue une communauté qui ne peut être remplacée par aucune autre. C'est ce qui ressort de la lecture de la liturgie de ce jour.
2. Les représentants de l'orthodoxie juive, les Pharisiens, se présentent devant le Messie et lui demandent s'il est licite qu'un mari répudie sa femme. A son tour, le Christ demande ce que Moïse a commandé : ils répondent que Moïse permet de rédiger un acte de divorce et de la renvoyer. Mais le Christ leur dit : « C'est en raison de votre dureté de c½ur qu'il a écrit pour vous cette prescription. Mais dès l'origine de la création, Il les fit homme et femme. Ainsi donc, l'homme quittera son père et sa mère, et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi, ils ne seront plus deux, mais une seule chair. Eh bien! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer » (Mc 10, 5-9).
Le Christ fait référence au début. Ce début est contenu dans le Livre de la Genèse, où nous trouvons la description de la création de l'homme. Comme nous le lisons dans le premier chapitre de ce Livre, Dieu créa l'homme à son image et ressemblance, homme et femme il les créa (cf. Gn 1, 27), et il dit « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1, 28). Dans la seconde description de la création, que la lecture de la liturgie de ce jour nous propose, nous lisons que la femme fut créée à partir de l'homme. L'Ecriture rapporte ce qui suit: « Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria : "Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair. Celle-ci sera appelée femme, car elle fut tirée de l'homme, celle-ci!". C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair » (Gn 2, 21, 24).
3. Le langage employé utilise les catégories anthropologiques du monde antique, mais il est d'une profondeur extraordinaire : il exprime d'une manière vraiment merveilleuse les vérités essentielles. Tout ce qui a été découvert par la suite par la réflexion humaine et par la connaissance scientifique n'a fait que confirmer ce qui existait déjà dans le texte.
Le Livre de la Genèse révèle, tout d'abord, la dimension cosmique de la création. L'apparition de l'homme a lieu dans le cadre immense de la création du cosmos tout entier : ce n'est pas un hasard si elle a lieu le dernier jour de la création du monde. L'homme est entré dans l'½uvre du Créateur au moment où toutes les conditions étaient réunies pour qu'il puisse exister. L'homme est l'une des créatures visibles ; toutefois, il est en même temps dit dans l'Ecriture Sainte qu'il est le seul à avoir été créé « à l'image et ressemblance de Dieu ». Cette merveilleuse union du corps et de l'esprit constitue une innovation décisive dans le processus de la création. A travers l'être humain, toute la grandeur de la création visible s'ouvre à la dimension spirituelle. L'intelligence et la volonté, la connaissance et l'amour — tout cela apparaît dans l'univers visible au moment même de la création de l'homme. Ces éléments apparaissent en manifestant précisément dès le début la compénétration de la vie corporelle avec la vie spirituelle. Ainsi, l'homme quitte son père et sa mère, et il s'unit à sa femme, devenant une seule chair; toutefois, cette union conjugale s'enracine en même temps dans la connaissance et dans l'amour, c'est-à-dire dans la dimension spirituelle.
Le Livre de la Genèse parle de tout cela dans un langage qui lui est propre et qui est en même temps merveilleusement simple et exhaustif. L'homme et la femme, appelés à vivre dans le processus de la création cosmique, se présentent au seuil de leur propre vocation en ayant en eux la capacité de procréer en collaboration avec Dieu, qui crée directement l'âme de chaque nouvel être humain. A travers la connaissance réciproque et l'amour, comme à travers l'union corporelle, ils appelleront à la vie des êtres semblables à eux — et créés, comme eux, « à l'image et ressemblance de Dieu ». Ils donneront la vie à leurs enfants, comme ils l'ont reçue de leurs parents. Telle est la vérité, simple et profonde, sur la famille telle qu'elle est présentée dans les pages du Livre de la Genèse et de l'Evangile : dans le dessein de Dieu, le mariage — le mariage indissoluble — est le fondement d'une famille saine et responsable.
4. Dans l'Evangile, le Christ décrit, par touches rapides mais incisives, le dessein originel de Dieu Créateur. Ce récit est également présent dans l'Epître aux Hébreux, proclamée lors de la seconde lecture : « Il convenait en effet, que, voulant conduire à la gloire un grand nombre de fils, celui pour qui et par qui sont toutes choses rendît parfait par des souffrances le chef qui devait les guider vers leur salut. Car le sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine » (He 2, 10-11). La création de l'homme a son fondement dans le Verbe éternel de Dieu. Dieu a appelé chaque chose à la vie à travers l'action du Verbe, le Fils éternel au moyen duquel tout a été créé. L'homme a également été créé à travers le Verbe, il a été créé homme et femme. L'alliance conjugale prend origine dans le Verbe éternel de Dieu. La famille a été créée en Lui. En Lui, la famille est de toute éternité pensée, imaginée et réalisée par Dieu. A travers le Christ, elle acquiert son caractère sacramentel, sa sainteté.
Le texte de l'Epître aux Hébreux rappelle que la sainteté du mariage, comme celle de toute autre réalité humaine, a été réalisée par le Christ au prix de sa passion et de la croix. A cette occasion, il se présente comme le nouvel Adam. S'il est vrai que dans l'ordre naturel, nous descendons tous d'Adam, dans l'ordre de la grâce et de la sanctification, nous procédons tous du Christ. La sanctification de la famille puise sa source dans le caractère sacramentel du mariage.
Celui qui sanctifie — c'est-à-dire le Christ — et tous ceux qui doivent être sanctifiés — vous, les pères et les mères, vous, les familles — vous présentez ensemble devant Dieu le Père avec cette supplication ardente, afin qu'Il bénisse ce qu'il a réalisé en vous à travers le sacrement du mariage. Cette prière inclut tous les couples et toutes les familles qui vivent sur terre. Dieu, unique Créateur de l'univers, est en effet la source de la vie et de la sainteté.
5. Parents et familles du monde entier, laissez-moi vous dire : Dieu vous appelle à la sainteté. Lui-même vous a choisis « dès avant la fondation du monde — nous dit saint Paul —, pour être saints et immaculés en sa présence [...] par Jésus- Christ » (Ep 1, 4). Il vous aime beaucoup, Il désire votre bonheur, mais il veut que vous sachiez toujours conjuguer la fidélité avec le bonheur, car l'un ne peut pas exister sans l'autre. Ne laissez pas la mentalité hédoniste, l'ambition, l'égoïsme entrer dans vos foyers. Soyez généreux avec Dieu. Je ne peux que rappeler, encore une fois, que la famille est « au service de l'Eglise et de la société dans son être et dans son agir, en tant que communauté intime de vie et d'amour » (Familiaris consortio, n. 50). Le don réciproque de soi, béni par Dieu et imprégné de foi, d'espérance et de charité, permettra d'atteindre la perfection et la sanctification des deux conjoints. En d'autres termes, il servira de noyau sanctificateur de la famille elle-même et d'instrument de diffusion de l'½uvre de l'évangélisation de chaque foyer chrétien.
Très chers frères et s½urs, quelle grande tâche s'ouvre à vous! Soyez des messagers de joie et de paix au sein de la famille ; la grâce élève et perfectionne l'amour et vous accorde les vertus familiales indispensables de l'humilité, de l'esprit de service et de sacrifice, de l'affection paternelle, maternelle et filiale, du respect et de la compréhension réciproques. Et comme le bien est en lui-même contagieux, je souhaite également que votre adhésion à la pastorale familiale soit, dans la mesure du possible, un encouragement à diffuser avec générosité le don qui est en vous, tout d'abord parmi vos enfants, puis parmi les couples — peut-être des parents et des amis — qui sont loin de Dieu ou qui traversent des moments d'incompréhension ou de découragement. Sur le chemin vers le Jubilé de l'An 2000, j'invite tous ceux qui m'écoutent à ce renforcement de la foi et du témoignage chrétien, afin qu'avec la grâce de Dieu, une véritable conversion et un renouveau personnel au sein des familles du monde entier aient lieu. (cf. Tertio millennio adveniente, n. 42). Que l'Esprit de la Sainte Famille de Nazareth règne dans tous les foyers chrétiens !
Familles du Brésil, d'Amérique latine et du monde entier, le Pape et l'Eglise ont confiance en vous. Ayez confiance : Dieu est avec nous!
- le 8 octobre 1997, à l’audience. ORLF 14.10.1997
Pour assimiler les valeurs qui donnent un sens à l’existence, les nouvelles générations ont besoin de naître et de croître dans la famille, cette communauté de vie et d’amour que Dieu lui-même a voulue pour l’homme et pour la femme, dans cette “Église domestique”, qui constitue l’architecture divine et hunaine prévue pour le développement harmonieux de tout nouveau-né sur la terre.
Oui, la famille est de façon éminente la “voie de l’Église”, qui reconnaît en elle un élement essentiel et incontournable du dessein de Dieu sur l’humanité. La famille est le lieu privilegiée du développement personnel et social. Qui promeut la famille promeut l’homme ; qui l’attaque, attaque l’homme. La famille et la vie sont l’objet aujourd’hui d’un défi fondamental qui touche la dignité même de l’homme.
C’est pourquoi l’Église ressent le besoin de témoigner à tous de la beauté du dessein de Dieu sur la famille, montrant en elle l’espérance de l’humanité.
Ces paroles écrites dans le Livre de la Genèse et confirmées par le Christ dans l’Évangile : “Le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme... Ainsi donc, l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair” (Mt 19, 4-5). “Ainsi ils ne seront plus deux, mais une seule chair. Eh bien, ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer” (Mt 19,6) : Telle est la vérité sur le mariage, sur laquelle se fonde la vérité de la famille. C’est là que réside le secret de sa bonne réussite et la source de sa mission, qui est de faire resplendir dans le monde le reflet de l’amour de Dieu Un et Trine, créateur et rédempteur de la vie.
- le 26 octobre 1997, homélie dans une paroisse de Rome. ORLF 11.11.1997
La famille chrétienne peut et doit jouer un rôle important pour aider les familles qui, pour différentes raisons, traversent des moments difficiles. Pour accomplir cette tâche, elle est appelée à prendre toujours davantage conscience de sa vocation et de sa mission : en tant qu’Église domestique, la famille est le lieu d’où rayonne l’Évangile. La famille qui vit l’Évangile, comme le rappelait mon vénéré Prédecesseur le Pape Paul VI, devient évangélisatrice de nombreuses familles eu du milieu dans lequel elle est inserée. En d’autres termes, elle devient authentiquement missionnaire.
Chers familles, coyez les apôtres de notre ville. Soyez les semeurs de la vérité et de l’amour du Christ à tarvers votre témoignage évangélique cohérent et une participation active à la mission dans la ville.
- le 26 octobre 1997, à l’Angelus. ORLF 28.10.1997
Je voudrais aujourd’hui reproposer à toutes les familles chrétiennes la prière du Rosaire, afin qu’elles puissent goûter le plaisir de s’arrêter ensemble pour méditer, avec Marie, les mystères joyeux, douloureux et glorieux de notre Rédemption et sanctifier ainsi les moments heureux et difficiles de la vie quotidienne. Prier ensemble aide la famille à être plus unie, sereine et fidèle à l’Évangile.
Que Marie, Reine du saint Rosaire, soit la maîtresse et le guide de chaque famille dans cette prière, qui m’est particulièrement chère.