François de A à Z

Evangelium Vitae - 2018

2018

25 mai 2018 – Au personnel de la Préfecture de Rome (extraits)

     Vous rencontrer avec vos enfants, vos épouses, vos maris, vos parents, cela me donne de la joie ! Vous regarder dans les yeux, vous serrer la main, caresser vos enfants ouvre le c½ur, nous rapproche et nous unit dans la louange et dans l’action de grâce au Seigneur….

     La famille est la première communauté où l’on enseigne et où l’on apprend à aimer. Et c’est le cadre privilégié où s’enseigne et où s’apprend la foi, où l’on apprend à accomplir le bien. Et la foi, l’amour, faire le bien, s’apprennent seulement “en dialecte”, le dialecte de la famille. Dans une autre langue, ils ne se comprennent pas. Ils se comprennent en dialecte, le dialecte de la famille. La bonne santé de la famille est décisive pour l’avenir du monde et de l’Eglise, en considérant les multiples défis et difficultés qui aujourd’hui se présentent dans la vie de tous les jours. En effet, lorsqu’on rencontre une réalité amère, lorsqu’on ressent de la souffrance, lorsque fait irruption l’expérience du mal ou de la violence, c’est dans la famille, dans sa communion de vie et d’amour, que tout peut être compris et dépassé.

     La famille aussi, comme toute réalité humaine, est marquée par la souffrance ; de nombreuses pages de la Bible l’attestent : la violence fratricide de Caïn sur Abel, les disputes entre les enfants et les épouses d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les tragédies qui touchent David, la souffrance de Tobie, la douleur de Job. La vie de la Sainte Famille aussi a connu des contradictions douloureuses, comme la fuite de Marie et de Joseph qui se sont exilés en Egypte avec le petit Jésus. Marie méditait toutes ces expériences dans son c½ur ; et Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie, à son tour, voit, écoute, souffre et se réjouit, en expérimentant dans son c½ur les vicissitudes des personnes qu’il rencontre : la belle-mère de Pierre qui est au lit malade, Marthe et Marie qui pleurent la mort de leur frère Lazare, la veuve de Naïm qui a perdu son fils unique, le centurion éprouvé par la grave maladie de celui qui lui est cher… Jésus est toujours capable de se mesurer aux personnes qui l’implorent pour la santé ou qui pleurent, inconsolables.

     A l’exemple de Jésus, l’Eglise aussi, dans son chemin quotidien, connaît les inquiétudes et les tensions des familles, les conflits générationnels, les violences domestiques, les difficultés économiques, la précarité du travail… En reflétant chaque jour l’Evangile, l’Eglise est conduite par l’Esprit-Saint à être proche des familles, comme compagne de voyage, surtout pour celles qui traversent quelque crise ou vivent quelque douleur, et aussi pour indiquer la destination finale, où la mort et la souffrance disparaîtront pour toujours.

     Sur le chemin de la vie, Jésus ne nous abandonne jamais : Il suit et accompagne avec miséricorde tous les êtres humains ; de façon particulière les familles, qu’il sanctifie dans l’amour. Sa présence se manifeste à travers la tendresse, les caresses, l’étreinte d’une maman, d’un père, d’un enfant. La famille est le lieu de la tendresse. S’il vous plaît, ne perdez jamais la tendresse ! Et cette époque manque de tendresse, il faut la retrouver, et la famille peut nous y aider. C’est pour cela que dans les Ecritures Dieu se montre père mais aussi mère qui prend soin et qui se penche dans le geste d’allaiter et de donner à manger.

     L’Eglise, comme mère prévenante, nous enseigne à rester solidement en Dieu, ce Dieu qui nous aime et qui nous soutient. A partir de cette expérience intérieure fondamentale, il est possible d’arriver à supporter toutes les contrariétés et les vicissitudes de la vie, les agressions du monde, les infidélités et les défauts, les nôtres et ceux des autres. C’est seulement en partant de cette solide expérience intérieure que nous pouvons être saints dans la persévérance dans le bien, qui avec la grâce de Dieu vainc tout mal.

     La foi aussi se transmet en famille. C’est là que l’on apprend à prier : la prière humble, simple et en même temps ouverte à l’espérance, accompagnée de la joie, la joie véritable, qui vient d’une harmonie entre les personnes, de la beauté d’être ensemble et de nous soutenir mutuellement sur le chemin de la vie, tout en ayant conscience de toutes nos limites.

     L’époque où nous vivons est parcourue de changements profonds. … Une bonne famille transmet aussi les valeurs civiles, éduque à se sentir comme partie du corps social, à se comporter en citoyens loyaux et honnêtes. Une nation ne peut pas se gouverner si les familles n’accomplissent pas ce devoir. La première éducation civique se reçoit – elle aussi “en dialecte” – dans la famille.

     … Que la Famille de Nazareth et saint Michel Archange, … aident toutes vos familles.

 

 

28 mai 2018 – A une délégation de la Fédération Internationale des Médecins Catholiques

      Votre qualification de « médecins catholiques » vous engage à une formation spirituelle, morale et bioéthique permanente afin de mettre en ½uvre les principes évangéliques dans votre pratique médicale, en partant du rapport médecin-patient jusqu’à arriver à l’activité missionnaire pour améliorer les conditions de santé des populations dans les périphéries du monde. Votre ½uvre est une forme particulière de solidarité humaine et de témoignage chrétien ; votre travail, en effet, est enrichi par l’esprit de foi Et c’est important que vos associations s’engagent pour sensibiliser à ces principes les étudiants en médecine et les jeunes médecins, en les impliquant dans les activités associatives.

     L’identité catholique ne compromet pas votre collaboration avec ceux qui, dans une perspective religieuse différente ou sans croyance spécifique, reconnaissent la dignité et l’excellence de la personne humaine comme critère de leur activité. L’Église est pour la vie et sa préoccupation est que rien ne soit contre la vie dans la réalité d’une existence concrète, aussi faible ou sans défense soit-elle, même si elle n’est pas développée ou si elle est peu avancée. Être des médecins catholiques, c’est donc se sentir des professionnels de la santé qui reçoivent de leur foi et de leur communion avec l’Église l’élan pour rendre toujours plus mure leur formation chrétienne et professionnelle, inlassable leur dévouement et inépuisable leur besoin de connaître les lois de la nature pour mieux servir la vie (cf. Paul VI, Lettre enc. Humanae vitae, 24).

     La fidélité et la cohérence avec lesquelles les associations de votre fédération, au cours des années, ont été fidèles à leur physionomie catholique, en mettant en ½uvre l’enseignement de l’Église et les directives de son Magistère dans le domaine médical et moral, sont bien connues. Ce critère de reconnaissance et d’action a favorisé votre collaboration à la mission de l’Église en promouvant et en défendant la vie humaine de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, la qualité de l’existence, le respect des plus faibles, l’humanisation de la médecine et sa pleine socialisation.

     Cette fidélité a comporté et comporte des efforts et des difficultés qui, dans certaines circonstances, peuvent exiger un grand courage. Continuez avec sérénité et détermination sur cette voie, en accompagnant les interventions magistérielles dans les domaines de la médecine avec une conscience égale de leurs implications morales. Le domaine de la médecine et de la santé, en effet, n’a pas non plus été épargné par l’avancée du paradigme culturel technocratique, par l’adoration du pouvoir humain sans limites et par un relativisme pratique, où tout ce qui ne sert pas les intérêts personnels devient sans importance (cf. Lett. enc. Laudato si’, 122).

     Devant cette situation, vous êtes appelés à affirmer le caractère central du malade en tant que personne et sa dignité avec ses droits inaliénables, en premier le droit à la vie. Il faut s’opposer à la tendance à dévaloriser l’homme malade comme une machine à réparer, sans respect pour les principes moraux, et à exploiter les plus faibles en rejetant ce qui ne correspond pas à l’idéologie de l’efficacité et du profit. La défense de la dimension personnelle du malade est essentielle pour l’humanisation de la médecine, y compris dans le sens de l’ « écologie humaine ». Que vous ayez à c½ur de vous engager dans vos pays respectifs et au niveau international, en intervenant dans les milieux spécialisés mais aussi dans les discussions qui concernent les législations sur des thèmes éthiques sensibles, comme par exemple l’interruption de grossesse, la fin de vie et la médecine génétique. Que votre sollicitude ne soit pas absente non plus de la défense de la liberté de conscience, des médecins et de tous les professionnels de la santé. Il n’est pas acceptable que votre rôle soit réduit à celui de simple exécuteur de la volonté du malade ou des exigences du système de santé dans lequel vous travaillez.

     Lors de votre prochain congrès, qui se tiendra à Zagreb dans quelques jours, vous réfléchirez au thème « Sainteté de vie et profession médicale, de Humanae vitae à Laudato si’ ». C’est aussi un signe de votre participation concrète à la vie et à la mission de l’Église. Cette participation – comme l’a souligné le concile Vatican II – est « tellement nécessaire que, sans elle, l’apostolat même des pasteurs ne peut pas en outre atteindre sa pleine efficacité » (Décret Apostolicam actuositatem, 10). Soyez toujours plus conscients qu’aujourd’hui il est nécessaire et urgent que l’action du médecin catholique se présente avec un caractère d’une clarté reconnaissable sur le plan du témoignage personnel comme associatif.

     À ce propos, il est souhaitable que les activités des associations de médecins catholiques soient interdisciplinaires et impliquent aussi d’autres réalités ecclésiales. En particulier, sachez harmoniser vos efforts avec ceux des prêtres, des religieux et des religieuses et de tous les acteurs de la pastorale de la santé, en vous situant avec eux aux côtés des personnes qui souffrent : elles ont un grand besoin de votre apport et du leur. Soyez des ministres, non seulement des soins, mais aussi de la charité fraternelle, transmettant à ceux dont vous vous approchez, par l’apport de vos connaissances, richesse d’humanité et de compassion évangélique.

     Chers frères et s½urs, nombreux sont ceux qui vous regardent et qui regardent votre travail. Vos paroles, vos gestes, vos conseils, vos choix ont un écho qui dépasse le domaine purement professionnel et qui devient, s’il est cohérent, un témoignage de foi vécue. La profession acquiert ainsi la dignité d’un véritable apostolat. Je vous encourage à poursuivre avec joie et générosité le chemin associatif, en collaboration avec toutes les personnes et les institutions qui partagent l’amour de la vie et qui s’emploient à la servir dans sa dignité et dans son caractère sacré. Que la Vierge Marie, Salut des malades, soutienne vos résolutions, que j’accompagne de ma bénédiction.

 


 

publié le : 29 mai 2018

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