Homélie du Pape dans une paroisse romaine. Dimanche 6 mai 2018

Publié le 2018-05-06

Avant de se rendre au jardin des oliviers et de commencer sa passion – Jésus a beaucoup souffert dans le jardin des oliviers – Jésus a eu ce long discours à table avec ses disciples. Et il conseille quelque chose de fort, il donne un conseil très fort : « Demeurez dans mon amour ». C’est le conseil que Jésus donne aux siens avant de souffrir et de mourir. Et c’est aussi le conseil qu’il nous donne, à chacun de nous. Jésus nous dit :

« Demeurez dans mon amour. N’allez pas en dehors de mon amour ». Et chacun de nous peut se demander dans son cœur – dans son propre cœur – : « Est-ce que je demeure dans l’amour du Seigneur ? Ou est-ce que je sors, à la recherche d’autres choses, d’autres divertissements, d’autres conduites de vie ? » Mais « demeurer dans l’amour », c’est faire ce que Jésus a fait pour nous. Il a donné sa vie. Il a été notre serviteur : il est venu nous servir. « Demeurer dans l’amour » signifie servir les autres, être au service des autres. Qu’est-ce que l’amour ? Voulons-nous penser à ce qu’est l’amour ? « Ah oui, j’ai vu un film télévisé sur l’amour, c’était beau… Et ce couple de fiancés… Et puis, cela s’est mal terminé, dommage ! » Ce n’est pas comme cela. L’amour, c’est autre chose. L’amour, c’est prendre en charge les autres. L’amour, ce n’est pas jouer du violon, tout est romantique… L’amour est un travail. Combien d’entre vous sont des mamans, pensez à quand les enfants étaient petits : comment aimiez-vous vos enfants ? Par le travail. En prenant soin d’eux. Ils pleuraient… il fallait les nourrir, les changer ; celui-ci, celui-là… L’amour est toujours un travail pour les autres. Parce que l’amour se montre dans les œuvres, et non dans les mots. Rappelez-vous cette chanson : « Paroles, paroles, paroles ». Bien souvent, il n’y a que des mots. L’amour, lui, est concret. Chacun doit penser : mon amour pour ma famille, dans le quartier, au travail, est-il service des autres ? Est-ce que je me préoccupe des autres ? Je suis allé – on l’appelle la « Maison de la Joie » – mais on peut bien l’appeler la « Maison de l’Amour », parce que cette paroisse a pris soin de tant de personnes qui ont besoin qu’on prenne soin d’elles, qu’on les surveille. Et ceci, c’est de l’amour. L’amour est un travail, un travail pour les autres. L’amour est dans les œuvres, et non dans les mots. « Je t’aime ». « Et que fais-tu pour moi si tu m’aimes ? » Chacun des malades de ce quartier se demande : « Que fais-tu pour moi ? » Dans notre famille, si tu aimes tes enfants, qu’ils soient petits ou grands, les parents, les personnes âgées, que fais-tu pour eux ? Pour voir comment est l’amour, il faut toujours dire : qu’est-ce que je fais ? « Mais père, où apprendre cela ? » De Jésus. Et dans la seconde Lecture, il y a une phrase qui peut nous ouvrir les yeux : « En ceci s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous : Dieu a envoyé dans le monde son Fils ». Voilà l’amour. Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu ; mais c’est lui qui nous a aimés le premier. Le Seigneur aime toujours le premier. Il nous attend avec l’amour. Nous aussi, nous pouvons nous poser la question : est-ce que j’attends les autres avec amour ? Et puis faire la liste des questions. Par exemple : les ragots, est-ce de l’amour ? Celui qui jase à propos des autres… Non, ce n’est pas de l’amour. Dire du mal des gens n’est pas de l’amour. « Oh… j’aime Dieu. Je dis cinq neuvaines par mois. Je fais ceci, ceci… » Oui, mais… et ta langue ? Comme ça va, ta langue ? Voilà exactement la pierre de touche pour voir l’amour. Est-ce que j’aime les autres ? Demande-toi : comment ça va, ma langue ? Tu sauras si c’est vraiment l’amour. Dieu nous a aimés le premier. Il nous attend toujours avec son amour. Est-ce que j’aime le premier ou bien est-ce que j’attends qu’on me donne quelque chose pour aimer ? Comme les petits chiens qui attendent le cadeau, le morceau à manger et qui ensuite font la fête à leur maître. L’amour est gratuit, le premier. Mais le thermomètre pour savoir la température de mon amour, c’est ma langue. N’oubliez pas cela. Lorsque vous vous apprêtez à faire votre examen de conscience, avant la confession ou à la maison, demandez-vous : ai-je fait ce que Jésus m’a dit : « Demeurez en mon amour » ? Et comment puis-je le savoir ? À partir de ma langue. Si j’ai mal parlé des autres, je n’ai pas aimé. Si cette paroisse réussissait à ne jamais mal parler des autres, il faudrait la canoniser ! Et au moins, comme je l’ai dit d’autres fois : faites l’effort de ne pas dire du mal des autres. « Mais Père, donnez-nous un remède pour ne pas dire du mal des autres ». C’est facile. C’est à la portée de tout le monde. Quand tu as envie de dire du mal des autres, mords-toi la langue ! Elle gonflera, mais c’est sûr, tu ne diras plus de mal.

Demandons au Seigneur de « demeurer dans l’amour » et de comprendre que l’amour est service. C’est prendre les autres en charge. Et la grâce de comprendre que le thermomètre de l’amour, c’est la langue.

 

 

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