- 10 janvier 1998 - Voeux au Corps Diplomatique
L’homme et la femme de cette fin de siècle sont vulnérables… Il est heureux, certes, que les Organisations internationales, par exemple, se préoccupent toujours davantage d’indiquer les critères pour améliorer la qualité de la vie humaine et de prendre des initiatives concrètes….
… On ne doit pas oublier que nos contemporains sont souvent soumis à des idéologies qui leur imposent des modèles de société ou de comportement prétendant décider de tout, de leur vie comme de leur mort, de leur intimité et de leur pensée, de la procréation comme du patrimoine génétique. La nature n’est plus qu’un simple matériau, ouvert à toutes les expériences. On a parfois l’impression que la vie n’est appréciée qu’en fonction de l’utilité ou du bien-être qu’elle peut procurer, que la souffrance est considérée comme dépourvue de signification. On néglige la personne handicapée et le vieillard parce qu’encombrants, on tient trop souvent l’enfant à naître pour un intrus dans une existence planifiée en fonction d’intérêts subjectifs peu généreux. L’avortement ou l’euthanasie en viennent alors rapidement à apparaître comme des « solutions » acceptables.
L’Eglise catholique – et la plupart des familles spirituelles – savent d’expérience que l’homme est hélas capable de trahir son humanité. Il faut donc l’éclairer et l’accompagner pour que, dans ses errements, il puisse toujours retrouver les sources de la vie et de l’ordre que le Créateur a inscrits au plus intime de son être. Là où l’homme naît, souffre et meurt, l’Eglise, pour sa part, sera toujours présente afin de signifier que, au moment où il fait l’expérience de sa finitude, Quelqu’un l’appelle pour l’accueillir et donner un sens à son existence fragile.
Conscient de ma responsabilité de Pasteur au service de l’Eglise universelle, j’ai eu souvent l’occasion de rappeler, dans des actes de mon ministère, l’absolue dignité de la personne humaine, depuis le moment de la conception, jusqu’à son dernier souffle, le caractère sacré de la famille comme lieu privilégié de la protection et de la promotion de la personne, la grandeur et la beauté de la paternité et de la maternité responsables, ainsi que les nobles finalités de la médecine et de la recherche scientifique.
Ce sont là des éléments qui s’imposent à la conscience des croyants. Quand l’homme court le risque d’être considéré comme un objet que l’on peut transformer ou asservir à son gré, quand on ne perçoit plus en lui l’image de Dieu, quand sa capacité d’aimer et de se sacrifier est délibérément occultée, quand l’égoïsme et le profit deviennent les motivations premières de l’activité économique, alors tout est possible et la barbarie n’est pas loin.
Excellences, Mesdames, Messieurs, ces considérations vous sont familières, vous qui êtes les témoins quotidiens de l’action du Pape et de ses collaborateurs. Mais j’ai voulu les proposer une fois encore à votre réflexion, car on a souvent l’impression que les responsables des sociétés comme des Organisations internationales se laissent conditionner par un nouveau langage, qui semble accrédité par des technologies récentes et que certaines législations admettent ou même ratifient. En réalité, il s’agit de l’expression d’idéologies ou de groupes de pression qui tendent à imposer à tous leurs conceptions et leurs comportements. Le pacte social en est alors profondément affaibli et les citoyens perdent leurs repères.
Ceux qui sont les garants de la loi et de la cohésion sociale d’un pays, ou ceux qui guident les organisations créées pour le bien de la communauté des nations, ne peuvent éluder la question de la fidélité à la loi non-écrite de la conscience humaine dont parlaient déjà les anciens et qui est pour tous, croyants ou non, le fondement et le garant universel de la dignité humaine et de la vie en société. Je ne puis que reprendre à ce sujet ce que j’ai écrit naguère : « S’il n’existe aucune vérité dernière qui guide et oriente l’action politique, les idées et les convictions peuvent alors être facilement exploitées au profit du pouvoir… » (Centesimus annus, 46). Devant la conscience, « il n’y a de privilèges ni d’exceptions pour personne. Que l’on soit le maître du monde ou le dernier des misérables sur la face de la terre, cela ne fait aucune différence : devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux. » (Veritatis Splendor, 96)
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24 février 1998, à l’Académie Pontificale pour la Vie
En vous saluant tous, membres ordinaires et correspondants de l'Académie Pontificale pour la Vie, je désire exprimer un vif remerciement au Président, le Prof. Juan de Dios Vial Correa, pour ses aimables paroles. Je salue également le vice-président Mons. Elio Sgreccia, qui travaille généreusement pour votre prestigieuse Institution.
Je profite volontiers de cette occasion pour exprimer ma satisfaction pour ce que l’Académie est en train de réaliser, et ce, dès les premiers pas de son parcours, dans l'accomplissement de sa tâche de promotion et de défense de la valeur fondamentale de la vie.
Je suis heureux que vous ayez porté à l'attention de votre quatrième Assemblée Générale le thème : "Génome humain : personnalité humaine et société du futur". Dans le merveilleux voyage que l'esprit humain entreprend pour connaître l'univers, l'étape franchie ces dernières années dans le domaine génétique est particulièrement évocatrice, car elle conduit l'homme à la découverte des secrets les plus intimes de sa propre corporéité.
Le génome humain est comme le dernier continent que l'on explore actuellement. Dans ce millénaire qui s'achève, si riche en drames et en conquêtes, les hommes, à travers des explorations et des découvertes géographiques, se sont rencontrés et, d'une certaine manière, se sont rapprochés. La connaissance humaine a aussi réalisé d’importantes acquisitions dans le monde de la physique, jusqu'à la découverte récente de la structure des composants de l'atome. Aujourd'hui, les scientifiques, grâce à la connaissance de la génétique et de la biologie moléculaire, lisent avec le regard pénétrant de la science dans le tissu intime de la vie et les mécanismes qui caractérisent les individus, assurant la continuité des espèces vivantes.
Ces conquêtes révèlent de plus en plus la grandeur du Créateur, car elles permettent à l'homme de constater ordre intrinsèque de la Création et d'apprécier les merveilles de son corps, outre que celui de son intellect, dans lequel, dans une certaine mesure, se reflète la lumière de la Parole "par laquelle toutes choses ont été créées" (Jn 1, 3).
Cependant, à l'époque moderne, il y a une vive tendance à rechercher la connaissance non pas tant pour admirer et contempler, mais plutôt pour accroître le pouvoir sur les choses. La connaissance et le pouvoir sont de plus en plus imbriqués dans une logique qui peut emprisonner l'homme lui-même. Dans le cas de la connaissance du génome humain, cette logique pourrait conduire à intervenir dans la structure interne de la vie humaine elle-même de l’homme avec la perspective d'assujettir, de sélectionner et de manipuler le corps et, en fin de compte, la personne et les générations futures.
Votre Académie pour la Vie a donc bien fait de porter la réflexion sur les découvertes en cours dans le domaine du génome humain, avec l'intention de placer à la base de ses travaux une fondation anthropologique, fondé sur la dignité même de la personne humaine.
Le génome apparaît comme l'élément structurant et constructif du corps dans ses caractéristiques tant individuelles qu’ héréditaires : il marque et conditionne l'appartenance à l'espèce humaine, le lien héréditaire et les notes biologiques et somatiques de l'individualité. Son influence dans la structure de l'être corporel est déterminante dès la première aube de la conception jusqu'à la mort naturelle. C'est sur la base de cette vérité interne du génome, déjà présente au moment de la procréation lorsque les patrimoines génétiques du père et de la mère s’unissent, que l'Église s'est donné comme engagement de défendre la dignité humaine de chaque individu dès sa conception.
En fait, l’approfondissement anthropologique porte à reconnaître qu'en vertu de l'unité substantielle du corps avec l'esprit, le génome humain n'a pas seulement une signification biologique ; il est porteur d'une dignité anthropologique, qui trouve son fondement dans l'âme spirituelle qui l'imprègne et la vivifie.
Il n'est donc pas licite d'intervenir de quelque manière que ce soit sur le génome, sauf si c'est pour le bien de la personne, entendue comme l'unité du corps et de l'esprit ; tout comme il n'est pas licite de discriminer les sujets humains sur la base d'éventuels défauts génétiques détectés avant ou après la naissance.
L'Église catholique, qui reconnaît dans l'homme racheté par le Christ sa voie (cf. Redemptor hominis, 14), insiste pour que la reconnaissance de la dignité de l'être humain en tant que personne dès le moment de sa conception soit également assurée par la loi. Elle invite également tous les responsables politiques et les scientifiques à promouvoir le bien de la personne par la recherche scientifique visant à mettre au point des thérapies appropriées, y compris dans le domaine génétique, si elles sont réalisables et exemptes de risques disproportionnés. Cela est possible, en reconnaissance des scientifiques eux-mêmes, dans le cadre d'interventions thérapeutiques sur le génome des cellules somatiques, mais pas sur le génome des cellules germinales et des embryons précoces.
Je sens qu’il est mon devoir d'exprimer ici ma préoccupation quant à l'instauration d'un climat culturel favorisant la dérive du diagnostic prénatal dans une direction qui n'est plus celle de la thérapie, dans le but d’ un meilleur accueil de la vie de l'enfant à naître, mais plutôt celle de la discrimination à l'égard de ceux qui ne sont pas en bonne santé lors de l'examen prénatal. Actuellement, il existe une grave disproportion entre les possibilités diagnostiques, qui sont en phase d'expansion progressive, et les rares possibilités thérapeutiques : ce fait pose de sérieux problèmes éthiques aux familles, qui ont besoin d'être soutenues dans l'accueil de la vie naissante même lorsqu'elles sont affectées par un défaut ou une malformation quelconque.
De ce point de vue, il est juste de dénoncer l'émergence et la propagation d'un nouvel eugénisme sélectif, qui provoque la suppression d'embryons et de f½tus souffrant de certaines maladies. Nous utilisons parfois pour cette sélection de théories sans fondement sur les différences anthropologiques et éthiques dans les divers degrés de développement de la vie prénatale : le soi-disant "gradualisme de l'humanisation du f½tus". Parfois, on fait appel à une conception erronée de la qualité de la vie, qui devrait - dit-on - prévaloir sur le caractère sacré de la vie. À cet égard, on ne peut pas ne pas demander que les droits proclamés par les Conventions et Déclarations Internationales sur la protection du génome humain et, en général sur le droit à la vie, aient pour propriétaire tout être humain dès le moment de la fécondation, sans discrimination, que cette discrimination soit liée à des imperfections génétiques ou à des défauts physiques ou qu'elle concerne les différentes périodes du développement de l'être humain. Il est donc urgent de renforcer les remparts juridiques face aux immenses possibilités de diagnostic que révèle le projet de séquençage du génome humain.
Plus les connaissances et le pouvoir d'intervention augmentent, plus la conscience des valeurs en jeu doit être grande. J'espère donc que la conquête de ce nouveau continent de la connaissance, le génome humain, ouvrira de nouvelles possibilités de victoire sur la maladie et qu'une orientation sélective des êtres humains ne sera jamais avalisée.
Dans cette perspective, il sera très utile que les organisations scientifiques internationales veillent à ce que les avantages souhaités de la recherche génétique soient également mis à la disposition des peuples en développement. On évitera ainsi une nouvelle source d'inégalité, étant donné également que d'énormes ressources financières sont investies dans ce type de recherche qui pourrait, selon certains, être consacrée en priorité au soulagement des maladies curables et de la misère économique persistante d'une grande partie de l'humanité.
Ce qui apparait certain dès maintenant, c'est que la société de l'avenir sera à la mesure de la dignité de la personne humaine et à l'égalité entre les peuples si les découvertes scientifiques sont orientées vers le bien commun, qui passe toujours par le bien de chaque personne et nécessite la coopération de tous, en particulier celle des scientifiques d'aujourd'hui.
En invoquant sur votre travail l'assistance divine pour un service toujours plus incisif et efficace à la cause fondamentale de la vie humaine, je vous bénis tous cordialement.
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27 mai 1998 - Audience Générale
1. Jésus est lié au Saint-Esprit dès le premier instant de son existence dans le temps, comme le rappelle le Symbole de Nicée-Constantinople: «Et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine». La foi de l'Eglise dans ce mystère se fonde sur la Parole de Dieu: «L'Esprit Saint — annonce l'ange Gabriel à Marie — viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1, 35). Et il est dit a Joseph: «Ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint» (M 1, 20).
Grâce à l'intervention directe de l'Esprit Saint, la grâce suprême se réalise dans l'Incarnation, la «grâce de l'union», de la nature humaine avec la personne du Verbe. Cette union est source de tout autre grâce, comme l'explique saint Thomas (S.Th. III, q.2, a. 10-12; q.6, a.6; q. 7, a. 13).
2. Pour approfondir le rôle de l'Esprit Saint dans l'événement de l'Incarnation, il est important de revenir aux éléments que nous offre la Parole de Dieu.
Saint Luc affirme que l'Esprit Saint descend comme une puissance d'en haut sur Marie, qui est prise sous son ombre. L'Ancien Testament nous montre que chaque fois que Dieu décide de faire naître la vie, il agit à travers la «puissance» de son souffle créateur: «Par la parole de Yahvé les cieux ont été faits, par le souffle de sa bouche, toute leur armée» (Ps 33 [32], 6). Cela est valable pour chaque être vivant, au point que si Dieu «ramenait à lui son esprit, s'il concentrait en lui son souffle, toute chair (c'est-à-dire chaque être humain) expirerait à la fois et l'homme retournerait à la poussière» (Jb 34, 14-15). Dieu fait intervenir son Esprit en particulier dans les moments où Israël éprouve son impuissane à se relever par ses seules forces. Le prophète Ezéchiel le suggère dans la vision dramatique de la vallée pleine de squelettes: «L'esprit vint en eux, ils reprirent vie et se mirent debout sur leurs pieds» (Ez 37, 10).
La conception virginale de Jésus est «la plus grande ½uvre accomplie par l'Esprit Saint dans l'histoire de la création et du salut» (Dominum et vivificantem, n. 50). Dans cet événement de grâce, une vierge est rendue féconde, une femme, rachetée dès sa conception, engendre le Rédempteur. Une nouvelle création se prépare ainsi et la nouvelle et éternelle alliance débute: un homme qui est le Fils de Dieu commence à vivre. Jamais avant cet événement il n'avait été dit que l'Esprit Saint soit descendu sur une femme pour la rendre mère. Dans l'histoire d'Israël, lors-que des naissances prodigieuses ont lieu, l'intervention divine, quand elle est mentionnée, fait référence à l'enfant qui naîtra et non pas à la mère.
3. Si nous nous demandons dans quel but l'Esprit a accompli l'événement de l'Incarnation, la Parole de Dieu nous répond de façon concise, dans la deuxième Lettre de Pierre, que cela s'est produit pour que nous devenions des «participants de la nature divine» (2 P 1, 4). «En effet, — explique saint Irénée de Lyon — tel est le motif pour lequel le Verbe s'est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l'homme: pour que l'homme en entrant en communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiation divine, devienne fils de Dieu» (Adv. Haer. 3, 19, 1). Saint Athanase se situe dans le même courant: «Quand le Verbe fut sur la Saint Vierge, l'Esprit avec le Verbe entra en elle; dans l'Esprit le Verbe forma un corps et l'adapta pour lui, voulant à travers sa personne unir et conduire au Père toute la création» (Ad Serap. 1, 31). Ces affirmations sont reprises par saint Thomas: «Le Fils unique de Dieu, voulant que nous participions de sa nature divine, assuma notre nature humaine, afin que, devenu homme, il fasse des hommes des dieux» (Opusc. 57 in festo Corp. Christi, 1), c'est-à-dire des êtres participants, par la grâce, de la nature divine.
Le mystère de l'Incarnation révèle l'amour stupéfiant de Dieu, dont l'Esprit Saint est la personnification la plus élevée, étant l'Amour de Dieu en personne, la Personne-Amour: «En ceci s'est manifesté l'amour de Dieu pour nous: Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui» (1 Jn 4, 9). Dans l'Incarnation, plus que dans tout autre ½uvre, se révèle la gloire de Dieu.
C'est à juste titre que dans le Gloria in excelsis nous chantons: «Nous te louons, nous te bénissons... nous te rendons grâce pour ton immense gloire». Cette expression peut être appliquée de façon particulière à l'action de l'Esprit Saint qui, dans la première Lettre de Pierre, est appelé «l'Esprit de la gloire» (1 P 4, 14). Il s'agit d'une gloire qui est pure gratuité: elle ne consiste pas à prendre ou à recevoir, mais seulement à donner. En nous donnant son Esprit, qui est source de vie, le Père manifeste sa gloire, en la rendant visible dans notre vie. En ce sens, Irénée affirme que «la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant» (Adv. Hær. IV, 20, 7).
4. Si nous cherchons à présent à voir de plus près ce que l'événement de l'Incarnation nous révèle du mystère de l'Esprit, nous pouvons dire que cet événement nous montre tout d'abord qu'Il est la puissance bienveillante de Dieu qui engendre la vie.
La puissance qui «prend sous son ombre» Marie, rappelle la nuée du Seigneur qui se posait sur la tente dans le désert (cf. Ex 40, 34) ou qui remplissait le temple (cf. 1 R 8, 10). Il s'agit donc d'une présence amicale, la proximité salvifique de Dieu qui vient sceller un pacte d'amour avec ses enfants. C'est une puissance au service de l'amour, qui se déploie sous le signe de l'humilité: non seulement elle inspire l'humilité de Marie, la servante du Seigneur, mais elle se cache presque derrière elle, au point que personne à Nazareth ne réussit à comprendre que «ce qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint» (Mt 1, 20). Saint Ignace d'Antioche exprime de façon merveilleuse ce mystère paradoxal: «Au prince de ce monde la virginité de Marie resta cachée et également sa maternité, et il en fut de même de la mort du Seigneur. Ce sont les trois mystères à la voix élevée qui se sont accomplis dans le silence calme de Dieu» (Ad Eph. 19, 1).
5. Le mystère de l'Incarnation, vu dans la perspective de l'Esprit Saint qui l'a accompli, jette également une lumière sur le mystère de l'homme.
En effet, si l'Esprit agit de façon unique dans le mystère de l'Incarnation, il est présent également à l'origine de chaque être humain. L'être humain est un «être reçu», une réalité pensée, aimée et donnée. L'évolution ne suffit pas à expliquer l'origine du genre humain, de même que la causalité biologique des parents ne suffit pas à expliquer à elle seule la naissance d'un enfant. Même dans la transcendance de son action, toujours respectueuse des «causes secondes», Dieu crée l'âme spirituelle du nouvel être humain, en lui communiquant le souffle vital (cf. Gn 2, 7) à travers son Esprit qui est le «dispensateur de la vie». Chaque enfant doit donc être vu et accueilli comme un don de l'Esprit Saint.
La chasteté des célibataires et des vierges constitue également un reflet particulier de cet amour «répandu dans nos c½urs par le Saint Esprit» (Rm 5, 5). L'Esprit qui a fait participer la Vierge Marie à la fécondité divine, assure également à ceux qui ont choisi la virginité pour le Royaume des cieux une descendance nombreuse dans le cadre de la famille spirituelle, formée par tous ceux qui «ne sont engendrés ni du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu» (cf. Jn 1, 13).
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