29 janvier 1994 - Aux membres du Congrès National promu par l'Union catholique des pharmaciens italiens - ORLF 22.2.1994
1- Je suis heureux de vous souhaiter cordialement aujourd’hui la bienvenue, au terme du congrès national organisé par l’Union catholique des Pharmaciens italiens.
Je suis reconnaissant au Président, M. Lino Mottironi, des aimables paroles qu’il m’a adressées, en votre nom ; je remercie l’assistant ecclésiastique, le Père Elia Tripaldi des Fatebenefratelli, qui s’est prodigué en vue de l’heureux succès de cette rencontre. Je salue avec les mêmes égards les représentants de l Fédération de l’Ordre et tous ceux qui ont désiré s’unir à vous pour rendre visite au Successeur de Pierre.
Par ce geste, Votre association désire réaffirmer sa fidélité au Magistère de l’Église, après avoir renforcé les liens de collaboration avec la Conférence épiscopale italienne au moyen du nouveau statut récemment approuvé. L’œuvre incessante du Cardinal Fiorenzo Angelini, auquel j’adresse une pensée reconnaissante, a aidé votre association à prendre un nouvel essor, en reliant les expériences du passé au présent, dans la fidélité aux valeurs chrétiennes qui inspirent vos actes.
2- L’Église est tout à fait consciente du fait que Dieu, auteur de la vie, a également donné l’intelligence à l’homme pour acquérir la double habileté de préserver l’être humain des maladies et de le soigner des infirmités au moyens de médecines adéquates. Dès l’antiquité, le noble art Pharmaceutique, mû par la conscience de la sacralité de la vie humaine, a considérablement contribué à sa protection.
Le service à l’intégrité et au bien-être de la personne est l’idéal qui doit constamment orienter le pharmacien catholique, lequel s’inspire, dans l’exercice de sa profession, de l’exemple de Jesus de Nazareth, « quia passé en faisant le bien et en guérissant » (Ac 10,38) tous ceux qui l’approchaient. Le devoir du pharmacien est donc de « contribuer au soulagement de la souffrance, au bien-être et à la guérison de l’homme » , dans la conscience du fait que, là où se trouve la vie, se manifeste l’Esprit de Dieu qui est créateur et consolateur (Paul VI, Discours à la Fédération internationale pharmaceutique, 7,IX,1974, in Enseignements, XII, 798-801).
Le service que vous offrez à la sacralité de la vie, s’exprime parfois dans un contexte social et culturel complexe et difficile. Je pense par exemple à certaines formes de maladies qui se répandent avec une rapidité impressionnante et qui sont souvent la conséquence d’une conception erronée de la liberté et de la dignité humaine ou, pire, de la recherche de formes d’évasion qui aliènent la capacité de l’homme d’affronter la vie avec responsabilité.
Face à de telles situations, l’enseignement de l’Église a toujours été cohérent dans la défense des valeurs qui ennoblissent l’homme et le sens de la souffrance. Aujourd’hui encore, faisant écho à l’enseignement des Pontifes Pie XII et Paul VI, elle répète que l’ »on ne peut pas accepter de prendre part aux attentats contre la vie ou l’intégrité de l’individu, contre la procréation ou de la santé morale et mentale de l’humanité » (Pie XII, Discours aux pharmaciens catholique,2.IX.1950,in Discours et messages radiophoniques, pp. 177-178). On ne peut pas non plus en toute conscience, « rechercher un bénéfice économique par la distribution de produits qui avilissent l’homme » (Paul VI, Discours à la Fédération internationale pharmaceutique, 7.IX.1974, in Enseignements XII, 798-801) et sa dignité.
J’ai déjà eu l’opportunité de souligner que « la distribution des médicaments – de même que leur conception et leur usage – doit être régie par un code moral rigoureux, observé attentivement. Le respect de ce code de comportement suppose la fidélité à certains principes intangibles que la mission des baptisés et le devoir du témoignage chrétien rendent particulièrement actuels » (A la Fédération internationale des Pharmaciens catholiques, 3.XI.1990, in Enseignements, XIII/2, p.991).
3 – Toutefois, votre travail ne se limite pas à distribuer des produits destinés au bien-être psychique et physique. En tant qu’opérateurs catholiques qui œuvrez dans le domaine de la santé, vous êtes appelés à jouer un rôle humain, social et éthique important. Grâce au contact avec tous ceux qui recourent à votre compétence, vous avez la possibilité de devenir des conseillers et même des évangélisateurs, précisément parce que votre profession suppose une confiance dans votre art et dans votre humanité. Le confort moral et psychologique que vous pouvez offrir à celui qui souffre est grand, s’il est le fruit d’une maturité humaine et d’une richesse de valeurs provenant des principes immuables de l’éthique naturelle et évangélique. A votre profession, vous avez la possibilité d’ajouter une dimension d’authentique solidarité humaine, en ayant présente l’image du Bon Samaritain, qui n’offre pas seulement une aide immédiate, mais accepte aussi la perspective de prendre soin de son frère (cf Lc 10,29-37).
4- Très chers pharmaciens ! La profession que vous exercez exige de profondes qualités humaines, éthiques et spirituelles ; elle requiert sagesse et prudence, unies à un vif sens de l’honnêteté et de la probité. Votre lieu de travail n’est pas le dernier maillon d’une chaîne de production où aboutit la compétition mercantile de groupes industriels. Il doit être plutôt un endroit où la souffrance trouve un remède pour le corps et de la compréhension pour les blessures de l’âme.
Que la Vierge Marie, invoquée sous le nom de « Salus infirmorum », vous aide à accomplir votre mission au service de la vie avec diligence et patience : que vous guide l’exemple des saints martyrs Cosme et Damien, que vous vénérez comme vos protecteurs, pour que vous soyez fermes dans la fidélité aux principes de l’évangile ; que vous accompagne ma Bénédiction, que j’étends volontiers à vos collaborateurs et à tous ceux qui vous sont chers.