2013
18 mai 2013 – Veillée de Pentecôte
L’Église n’est pas un mouvement politique, ni une structure bien organisée : ce n’est pas cela. Nous ne sommes pas une ‘ong’, quand l’Église devient une ‘ong’ elle perd son sel, elle n’a plus de goût, elle n’est plus qu’une organisation vide. Et en cela soyez malins, parce que le diable nous trompe, parce que l’on court le risque de l’efficacité à tout prix. C’est une chose de prêcher Jésus, c’en est une autre l’efficacité, être efficients.
2014
17 avril 2014 – Homélie Messe chrismale – Basilique saint Pierre
Le prêtre est le plus pauvre des hommes si Jésus ne l’enrichit pas de sa pauvreté, il est le serviteur le plus inutile si Jésus ne l’appelle pas ami, le plus insensé des hommes si Jésus ne l’instruit pas patiemment comme Pierre, le plus sans défense des chrétiens si le Bon Pasteur ne le fortifie pas au milieu de son troupeau. Personne n’est plus petit qu’un prêtre laissé à ses seules forces ; donc notre prière de protection contre tout piège du Malin est la prière de notre Mère : je suis prêtre parce qu’il a regardé avec bonté ma petitesse (cf. Lc 1, 48). Et à partir de cette petitesse, nous accueillons notre joie. Joie de notre petitesse !
Même dans des moments de tristesse, où tout semble s’obscurcir et où le vertige de l’isolement nous séduit, ces moments d’apathie et d’ennui que parfois nous connaissons dans la vie sacerdotale (et à travers lesquels moi aussi je suis passé), même en ces moments le peuple de Dieu est capable de garder la joie, il est capable de te protéger, de t’embrasser, de t’aider à ouvrir ton c½ur et à retrouver une joie renouvelée.
2015
Message pour le Carême 2015
La souffrance de l’autre constitue un appel à la conversion parce que le besoin du frère me rappelle la fragilité de ma vie, ma dépendance envers Dieu et mes frères. Si nous demandons humblement la grâce de Dieu et que nous acceptons les limites de nos possibilités, alors nous aurons confiance dans les possibilités infinies que l’amour de Dieu a en réserve. Et nous pourrons résister à la tentation diabolique qui nous fait croire que nous pouvons nous sauver et sauver le monde tout seuls.
21 juin 2015 – Rencontre du Pape François avec les jeunes, à Turin. Discours improvisé
Je voudrais répéter la phrase de Pier Giorgio Frassati : si vous voulez faire quelque chose de bon dans la vie, vivez, ne vivotez pas. Vivez !
Mais vous êtes intelligents, et vous me direz certainement : « Mais, père, vous parlez ainsi parce que vous êtes au Vatican, il y a tant de Monseigneurs là, qui font votre travail, vous êtes tranquille et vous ne savez pas ce que c’est, la vie de tous les jours... ». Oui, certains peuvent penser cela. Le secret est de bien comprendre où l’on vit. Sur cette terre — et je l’ai dit aussi à la Famille salésienne — à la fin du XIXe siècle, les conditions les plus mauvaises pour la croissance de la jeunesse étaient rassemblées. C’était l’époque de la franc-maçonnerie, même l’Église ne pouvait rien faire, il y avait les anti-cléricaux, il y avait les satanistes... Ce fut l’une des périodes les plus terribles et l’un des lieux les plus terribles de l’histoire d’Italie. Mais vous, si voulez faire un beau devoir à la maison, allez voir combien de saints et combien de saintes sont nés à cette époque ! Pourquoi ? Parce qu’ils se sont aperçus qu’ils devaient aller à contre-courant de cette culture, de cette façon de vivre. La réalité, vivre la réalité. Et si cette réalité est du verre et pas du diamant, je cherche la réalité à contre-courant et j’en fais ma réalité, mais quelque chose qui soit un service aux autres. Pensez à vos saints de cette terre, à ce qu’ils ont fait !
2016
1er janvier 2016 – Homélie de la Messe
Chaque jour, tandis que nous voudrions être soutenus par des signes de la présence de Dieu, nous devons rencontrer des signes opposés, négatifs, qui le font plutôt sentir comme absent. La plénitude des temps semble s’effriter devant les multiples formes d’injustice et de violence qui blessent chaque jour l’humanité. Parfois nous nous demandons : comment est-il possible que perdure le mépris de l’homme par l’homme ?, que l’arrogance du plus fort continue à humilier le plus faible, le reléguant aux marges les plus sordides de notre monde ? Jusqu’à quand la méchanceté humaine sèmera sur la terre violence et haine, provoquant d’innocentes victimes ? Comment ce peut être le temps de la plénitude, ce que nous donnent à voir des multitudes d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient la guerre, la faim, la persécution, disposés à risquer leur vie pour voir respectés leurs droits fondamentaux ? Un fleuve de misère, alimenté par le péché, semble contredire la plénitude des temps réalisée par le Christ.
Pourtant, ce fleuve en crue ne peut rien contre l’océan de miséricorde qui inonde notre monde. Nous sommes tous appelés à nous immerger dans cet océan, à nous laisser régénérer, pour vaincre l’indifférence qui empêche la solidarité, et sortir de la fausse neutralité qui empêche le partage. La grâce du Christ, qui porte l’attente du salut à son accomplissement, nous pousse à devenir ses coopérateurs dans la construction d’un monde plus juste et fraternel, où chaque personne et chaque créature puisse vivre en paix, dans l’harmonie de la création originaire de Dieu…
… Là où ne peut arriver la raison des philosophes ni les négociations de la politique, là peut arriver la force de la foi qui porte la grâce de l’Évangile du Christ, et qui peut toujours ouvrir de nouvelles voies à la raison et aux négociations.
2024
25 septembre 2024 – Audience Générale du Pape François
Immédiatement après son baptême dans le Jourdain, Jésus « fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable » (Mt 4,1) – ainsi rapporte l’Evangile de Matthieu. L'initiative ne vient pas de Satan, mais de Dieu. En allant dans le désert, Jésus obéit à une inspiration de l’Esprit-Saint, il ne tombe pas dans un piège de l'ennemi, non, non ! Une fois l'épreuve passée, Lui retourne en Galilée - est-il écrit - « avec la puissance de l'Esprit Saint » (Lc 4,14).
Jésus, dans le désert, s'est débarrassé de Satan et peut maintenant délivrer de Satan. Lui s’est libéré, il libère de Satan. C'est ce que les Evangélistes mettent en évidence avec les nombreux récits de libération de possédés. Jésus dit à ses adversaires : « Si c'est par l'Esprit de Dieu que je chasse les démons, c'est que le royaume de Dieu est venu parmi vous » (Mt 12,27). Et Jésus chasse les démons dans la perspective du royaume de Dieu.
Aujourd'hui, nous assistons à un phénomène étrange concernant le démon. À un certain niveau culturel, on pense qu'il n'existe tout simplement pas. Il serait un symbole de l'inconscient collectif, de l'aliénation, bref une métaphore. Mais « la plus grande ruse du diable est de faire croire qu'il n'existe pas », comme l'a écrit quelqu'un (Charles Baudelaire). Il est astucieux : il nous fait croire qu'il n'existe pas et ainsi il domine tout. Il est fourbe. Et pourtant notre monde technologique et sécularisé regorge de magiciens, d'occultisme, de spiritisme, d'astrologues, de vendeurs de sorts et d'amulettes, et malheureusement de véritables sectes sataniques. Chassé par la porte, le diable est rentré par la fenêtre, pourrait-on dire. Chassé par la foi, il revient par la superstition. Et si tu es superstitieux, inconsciemment tu es en train de dialoguer avec le diable. Avec le diable, on ne dialogue pas.
La preuve la plus forte de l'existence de Satan n'est pas dans les pécheurs ou les possédés, mais chez les saints ! “Et pourquoi cela, mon père ?”. Si, c’est vrai que le démon est présent et actif dans certaines formes extrêmes et “inhumaines” de mal et de méchanceté que nous voyons autour de nous. Cependant, par cette voie, il est pratiquement impossible d'arriver à la certitude, dans des cas individuels, qu'il s'agit bien de lui, puisque nous ne pouvons pas savoir précisément où s'arrête son action et où commence notre propre mal. C'est pourquoi l'Église est très prudente et très stricte dans l'exercice de l'exorcisme, contrairement à ce qui se passe malheureusement dans certains films !
C'est dans la vie des saints, là précisément, que le démon est contraint d'apparaître au grand jour, de se dresser “à contre-jour”. Plus ou moins, tous les saints, tous les grands croyants, témoignent de leur lutte contre cette réalité obscure, et l'on ne peut honnêtement supposer qu'ils étaient tous dans l'illusion ou simplement victimes des préjugés de leur temps.
La bataille contre l'esprit mauvais se gagne comme Jésus l'a gagnée dans le désert : par la parole de Dieu. Vous voyez que Jésus ne dialogue pas avec le diable, il ne l'a jamais fait. Il le chasse ou le condamne, mais ne dialogue jamais. Et dans le désert, il répond non pas par sa parole, mais par la Parole de Dieu. Frères, s½urs, ne dialoguez jamais avec le diable ; quand il vient avec des tentations “mais, ce serait bien ceci, ce serait bien cela” : stop. Élève ton c½ur vers le Seigneur, prie la Vierge Marie et chasse-le, comme Jésus nous a appris à le faire. Saint Pierre suggère également un autre moyen, dont Jésus n'avais pas besoin mais nous si, la vigilance : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer.» (1 P 5,8). Et saint Paul nous dit : « Ne donnez pas d'occasion au diable » (Ep 4,27).
Après que le Christ, sur la croix, a vaincu pour toujours le pouvoir du « prince de ce monde » ( Jn 12,31), disait un Père de l'Eglise le diable « est lié, comme un chien à une chaîne ; il ne peut mordre personne, sauf celui qui, bravant le danger, s'approche de lui.... Il peut aboyer, il peut pousser, mais il ne peut pas mordre, sauf celui qui le veut » [1]. Si tu es un niais et que tu ailles voir le diable et que tu lui dises : “Ah, comment ça va ? ...” et tout, il te démolit. Le diable - A distance. Avec le diable, on ne dialogue pas. On le chasse. La distance. Et nous tous, tous ! Nous avons fait l'expérience de la façon dont le diable s'approche avec certaines tentations. La tentation des dix commandements : quand nous nous en apercevons, arrêtons-nous, prenons de la distance, il ne faut pas s’approcher du chien attaché à une chaîne.
La technologie moderne, par exemple, à côté de nombreuses ressources positives qu'il convient d'apprécier, offre également d'innombrables moyens de “donner l'occasion au diable”, et beaucoup y succombent. Pensons à la pornographie en ligne sur Internet, derrière laquelle se cache un marché très florissant : nous le savons tous. C’est le diable qui y travaille. C’est un phénomène assez diffus, dont les chrétiens doivent cependant se méfier et qu'ils doivent rejeter fermement. Parce que n'importe quel téléphone portable a accès à cette brutalité, à ce langage du démon : la pornographie en ligne.
La conscience de l'action du diable dans l'histoire ne doit pas nous décourager. La considération finale doit être également celle de la confiance et de la sécurité : “Je suis avec le Seigneur, va-t'en ”. Le Christ a vaincu le diable et nous a donné l'Esprit Saint pour que nous fassions nôtre sa victoire. L'action même de l'ennemi peut tourner à notre avantage si, avec l'aide de Dieu, nous la mettons au service de notre purification. Demandons donc à l'Esprit Saint, avec les paroles de l'hymne Veni Creator :
« Repousse l’ennemi loin de nous,
donne-nous ta paix sans retard,
pour que, sous ta conduite,
nous évitions tout mal ».
Soyez prudents, car le diable est plein de ruse, mais nous, les chrétiens, avec la grâce de Dieu, sommes plus rusés qu'il ne l'est.
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[1] S. Césaire d’Arles, Discours 121, 6: CC 103, p. 507.
25 septembre 2024 - Au terme de l'Audience Générale, en langue allemande
La proximité de la fête des Archanges Michel, Raphaël et Gabriel nous rappelle que dans la lutte contre le démon, nous ne sommes pas seuls. Invoquons particulièrement l'Archange Saint Michel,... afin qu'il soit notre protecteur contre la malice et les ruses du démon.