Cher frères et soeurs,
« C’est à la Vierge Marie, qui a accueilli le Fils de Dieu fait homme par sa foi, dans son sein
maternel, […] que nous confions la prière et l’engagement en faveur de la vie naissante1 ».
Chers amis, ces paroles de Benoît XVI prononcées lors de la première Veillée pour la vie en
2010, résonnent encore dans notre coeur.
Cette année encore, nous offrons à Dieu cette veillée de prière et répétons avec Jean-Paul II :
« Respecte, défends, aime et sers la vie, toute vie humaine ! C’est seulement sur cette voie
que tu trouveras la justice, le développement, la liberté véritable, la paix et le bonheur2 ! »
La Sainte Vierge a accueilli l’auteur de toute Vie et ce soir, ici, c’est pour nous un immense
honneur d’accueillir la Mère du Sauveur, à travers l’icône de la madone noire du monastère de Josna
Gòra à Czestochowa.
Elle accomplit depuis plusieurs mois un périple de l’océan Pacifique à l’océan Atlantique, de
Vladivostok à Fatima : l’Eurasie entière, orthodoxes et catholiques, « l’Orient et l’Occident, dans la
défense de la Vie ».
Cette icône est pour nous ce soir chargée de symboles :
La tradition affirme en effet que son original fût peint par saint Luc évangéliste, qui était
médecin et reste encore aujourd’hui patron de tous les professionnels de la santé.
En outre, la madone noire fut et demeure le coeur battant de l’identité polonaise, catholique et
nationale.
Elle est pour le monde ce point de ralliement et de défense contre toute forme d’outrage à la
liberté, à la vie, à la dignité humaine. Jean-Paul II nous le dit :
« La vierge de Josna Góra a révélé sa sollicitude maternelle pour toute âme ;
pour toute famille ;
pour tout homme qui vit sur cette terre,
qui travaille, lutte et tombe sur les champs de bataille,
qui est condamné à l’extermination,
qui se combat lui-même, qui est vainqueur ou vaincu, […]
pour tout homme3… »
1 BENOÎT XVI, Homélie des premières vêpres du premier Dimanche de l’Avent, Veillée mondiale pour
la vie naissante, Basilique Saint-Pierre, 27 novembre 2010.
2 Bx JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Evangelium Vitae, Rome, 25 mars 1995.
2
Chers amis, veiller et prier ce soir pour le respect de la Vie n’est pas anodin :
Nous rentrons aujourd’hui dans le temps de l’Avent. Un temps où nous nous préparons à
commémorer la venue dans la chair du Verbe de Vie.
Notre pape nous le dit :
« Le mystère de l’Incarnation du Seigneur et le début de la vie humaine sont reliés entre eux
de façon intime et harmonieuse […]…
L’Incarnation nous révèle, dans une lumière intense, et de façon surprenante, que toute vie
humaine a une dignité très haute, incomparable4 » « car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en
quelque sorte uni lui-même à tout homme5. »
En prenant notre nature humaine, le Christ, vrai Dieu, « découvre à chacun la sublimité de sa
vocation6 » :
- Jésus-Christ nous le répète : « Vous êtes des dieux7 », « des fils du Très-Haut.8 »
- C’est le caractère inouï de cette vocation surnaturelle qui révèle la grandeur et le prix de
la vie humaine.
- La vie humaine ne tire pas sa grandeur de son utilité sociale mais de sa participation à
l’absolu de Dieu.
Même sans la foi, tout homme raisonnable peut découvrir cette mystérieuse dignité humaine :
- Comme le dit Benoît XVI, « l’expérience même et la droite raison attestent que l’être
humain est un sujet capable de comprendre et de vouloir, conscient de soi et libre, unique
et irremplaçable, sommet de toutes les réalités terrestres, qui requiert d’être reconnu
comme une valeur en soi et mérite d’être toujours accueilli avec respect et amour9. »
- La dignité de l’homme est fondée sur sa nature rationnelle et donc spirituelle qui fait de lui
une personne:
- cette nature est permanente même lorsqu’elle ne s’exprime pas, du fait de la faiblesse du
corps, comme chez l’enfant à naître, les handicapés, ou les personnes en fin de vie.
De ce point de vue, le grand drame de notre époque n’est pas tant le déchaînement des
forces des ténèbres contre la Vie - c’est un combat habituel depuis le premier jour - que
l’obscurcissement des consciences, même chez les meilleurs.
- L’invasion des forces d’inversion se fait tous azimuts, jusque dans les recoins de nos
âmes, dans les dernières fibres de nos corps.
3 Bx JEAN-PAUL II, Homélie, Czestochowa, Jasna Góra, lundi 4 juin 1979.
4 BENOÎT XVI, Homélie des premières vêpres du premier Dimanche de l’Avent, Veillée mondiale pour
la vie naissante, Basilique Saint-Pierre, 27 novembre 2010.
5 Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes, n° 22.
6 Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes, n° 22.
7 Jn 10,34
8 Ps 82,6
9 BENOÎT XVI, Homélie des premières vêpres du premier Dimanche de l’Avent, Veillée mondiale pour
la vie naissante, Basilique Saint-Pierre, 27 novembre 2010.
3
- Ces forces n’ont qu’un seul but : « anesthésier les consciences10 » pour faire triompher le
mensonge sous de fallacieux prétextes.
- Mes frères, autrefois, la sainteté était vue comme la perfection dans les choses
surnaturelles, car les bases naturelles de la société restaient saines et admises par tous.
- La sainteté aujourd’hui consiste aussi à rester héroïquement attaché à la nature, au réel,
au bon sens, au vrai :
- «Ce qu’on appelle le bon sens, nous dit Gustave Thibon, n’est pas autre chose que cet
équilibre que crée dans la pensée et les actes la communion au réel. L’homme de bon
sens est toujours un homme relié. L’isolé, le déraciné au contraire, si intelligent qu’il
puisse être, n’a pas de bon sens et l’absurdité éclate dans ses propos et dans ses
gestes11. »
Cette absurdité, nous la contemplons cette année dans le projet de loi sur l’impossible
« mariage pour tous ».
- Nous sommes là face à un refus du réel, de la nature, des liens et relations qu’établit cette
dernière pour le bonheur et l’épanouissement de l’homme comme être social.
- Ce projet de loi, s’il est voté, risque d’atteindre la Vie à tous les niveaux :
- D’abord la vie ou le bien commun de la société : en renonçant à privilégier la famille
naturelle comme source de procréation, d’éducation et d’équilibre des enfants.
- Ensuite, la vie des personnes concernées par ce projet de loi : en les laissant croire à un
nouveau mirage de bonheur, en les enfermant dans une réclamation égoïste d’un
supposé droit à l’enfant. Illusion et mirage : la transmissionde la vie suppose l’altérité
exuelle inscrite au coeur de la nature. Les discussions des parlementaires n’y peuvent
rien. « Dieu pardonne toujours, l’ homme pardonne parfois, la nature, elle, ne pardonne
jamais12. »
- Mais encore la vie des enfants eux-mêmes: en leur refusant leur droit - bien réel celui-là -
d’avoir un père et une mère, leur droit de connaître leur filiation afin de trouver leur
équilibre psychologique.
- Et enfin, la vie des enfants à naître dans le cadre de ces nouveaux couples : en autorisant
sans doute un jour des méthodes de procréation de plus en plus scabreuses, aberrantes,
ravalant l’homme au rang de simple matériel biologique. La dignité imprescriptible de
l’homme nous invite à ne pas confondre la science médicale avec les pratiques des
vétérinaires.
10 BENOÎT XVI, Homélie des premières vêpres du premier Dimanche de l’Avent, Veillée mondiale
pour la vie naissante, Basilique Saint-Pierre, 27 novembre 2010.
11 G. THIBON, Retour au réel, 1943.
12 Pr. H. JOYEUX, (Professeur de Cancérologie et Chirurgie digestive à la Faculté de Médecine de
Montpellier, chirurgien des Hôpitaux et de l’Institut du Cancer de Montpellier : Centre Val d’Aurelle) au sujet
du SIDA.
4
Pourtant, chers amis, l’espérance doit nous animer.
- Le temps de l’Avent est un temps où nous nous projetons surtout vers l’avenir, vers la
seconde venue du Christ dans la gloire, son triomphe définitif.
- Le Christ viendra pour juger les vivants et les morts, les juger sur l’Amour, l’Amour qui est
au coeur du mystère de la Vie.
- La victoire du Christ est acquise et les avancées de l’erreur et du mensonge participent
mystérieusement à cette victoire.
- Pourtant, notre rôle aujourd’hui est de répandre la Vérité du Christ pour le salut du plus
grand nombre, à commencer par le nôtre.
- Ce soir, nous voulons demander pardon à Dieu pour toutes nos fautes contre le premier
de tous les biens offerts à l’homme : la vie.
- Nous voulons aussi demander à Dieu d’éclairer les consciences de tous ceux qui doivent
faire des choix cruciaux face au mystère sacré de la vie.
C’est donc naturellement que nous nous tournons ce soir vers Marie, celle qui prononça le
plus beau « Oui » à la Vie : « Fiat mihi secundum Verbum Tuum13 ».
- Elle a porté en son sein Celui qui est notre Résurrection et notre Vie.
- Depuis près de sept siècles, la madone de Czestochowa a été à l’origine de toutes les
résurrections du peuple de Pologne.
- Nous aussi, ici, à Vannes, nous voudrions honorer de façon particulière notre Mère qui est
lumière sur notre route.
- C’est pourquoi je vous propose de raviver l’amour de notre ville pour Notre-Dame du
Méné qui fut proclamée par notre vénérable prédécesseur Mgr Le Bellec Reine de
Vannes « comme sainte Anne est la Reine du Diocèse et la Reine de toute la
Bretagne14 ! »
- Vendredi soir prochain, 7 décembre, vigiles de l’Immaculée Conception, nous déploierons
une grande procession aux flambeaux, signe de la victoire de la Vie sur l’ombre de la Mort
et du péché originel.
- Des remparts jusqu’à la Cathédrale, tous ensembles, nous allons redonner vie à une
tradition vannetaise ancestrale.
- Je vous invite tous à illuminer vos fenêtres avec des lumignons, signes de notre joie et de
notre goût de la vie.
13 Lc 1,38
14 Mgr E. LE BELLEC, Lettre aux habitants de la ville épiscopale sur le culte de Notre Dame du Méné,
1er décembre 1949, cit. in « La Semaine Religieuse de Vannes », 1949, p. 385.
5
Que Notre-Dame du Méné bénisse elle-même notre ville et la procession que nous ferons en
son honneur.
Et, ce soir, qu’elle illumine déjà nos coeurs et les ouvre au grand mystère de la Vie.
Amen
+ Raymond CENTENE
Evêque de Vannes