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Un troisième cycle universitaire de bioéthique sous le patronage de Jérôme Lejeune



Pierre-Olivier Arduin*
22.6.2007 - Liberté Politique

La Fondation Jérôme-Lejeune ouvre un troisième cycle de bioéthique, en coopération avec l'Institut politique Léon-Harmel, dans le but de "former les consciences et armer les professionnels" face aux défis posés par la médecine moderne, dans une perspective personnaliste. Les cours commenceront en septembre 2007. Cette formation est placée sous le patronage du professeur Jérôme Lejeune, dont l'ouverture officielle du procès de béatification aura lieu le 28 juin à Paris.

LA BIOETHIQUE se présente comme une réflexion systématique sur toutes les interventions de la médecine. De plus en plus sollicitée dans nos sociétés à haut développement technoscientifique, cette discipline nouvelle cherche à identifier les principes, les normes et les valeurs susceptibles de guider l'agir humain sur la vie elle-même. Malgré une réserve française devant ce néologisme (y aurait-il donc plusieurs "éthiques" ?), le terme "bioéthique" s'est imposé définitivement à la faveur de sa puissance médiatique.

Née il y a quarante ans outre-Atlantique, la bioéthique a trouvé sa place aujourd'hui dans les grandes institutions internationales et la plupart des États, sous la forme de hauts-comités appelés à conseiller les responsables publics. Malheureusement, le projet idéologique sous-jacent a bien souvent donné le champ libre au politique pour attenter légalement au principe éthique universel du respect intangible de la vie de l'être humain depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle.

Par ailleurs, dans le milieu hospitalo-universitaire, on a vu des espaces éthiques offrir de manière louable aux équipes de soignants, la possibilité de débattre sur les décisions difficiles. Ces échanges prirent d'abord la forme de débats et de rencontres pour se donner rapidement un statut de formation spécialisée de troisième cycle : bioéthique et philosophie, bioéthique et sciences, bioéthique et droit,... Finalement une formation universitaire généraliste a vu le jour prenant le nom officiel d' « Ethique, Science, Santé et Société ».

Il n'est pas surprenant que cette formation soit dominée par un certain discours postmoderne, très utilitariste. Or contrairement à d'autres pays européens comme l'Italie, la Pologne ou l'Espagne, il n'existe pas en France de formation intégrale d'inspiration personnaliste.

L'initiative de la Fondation Jérôme-Lejeune et de l'Institut Léon-Harmel est aussi une réponse concrète à l'appel de Benoît XVI en faveur d'un devant l'Académie pontificale pour la Vie, le 24 février 2007 qui incitait clairement à cette création :
« Dans la phase actuelle de la sécularisation postmoderne, [...] l'on se méfie de la capacité de la raison à percevoir la vérité et l'on s'éloigne du goût de la réflexion. Sans une formation continue et adaptée, il devient de plus en plus difficile de porter un jugement dans les questions posées par la biomédecine en matière de sexualité, de vie naissante, de procréation, comme dans la manière de traiter et de soigner les patients. »



Le programme du troisième cycle

Le troisième cycle proposé court sur deux années, soit 300 heures d'enseignement. Sans se placer dans une perspective confessionnelle ou religieuse comme l'avait demandé Jean-Paul II [1], il s'agit de promouvoir une conception juste et argumentée de la personne humaine. Asseoir sa réflexion sur une éthique personnaliste universelle et fondée en raison est bien la motivation essentielle pour devenir un serviteur résolu de la vie, prêt à affronter les forces puissantes de la culture de mort.

L'agir suivant la pensée, l'attention des étudiants sera constamment portée sur la vulnérabilité du plus faible, celui devant lequel nous ne pouvons nous dérober et qui requiert tout à la fois le meilleur de nos compétences et de notre sollicitude. Car la souffrance qui vient toucher l'être humain quel qu'il soit convoque la compassion de chacun comme une véritable exigence morale. La formation proposée vise à retrouver cette passion de la réflexion, en réconciliant science, médecine, droit, philosophie et théologie, tout en permettant de se tenir constamment en éveil sur l'humain.

Le programme de la première année s'articule autour de cinq grandes intentions :
saisir les fondements de la bioéthique,

comprendre les systèmes de valeurs et les modèles idéologiques à l'oeuvre,

approfondir l'éthique personnaliste,

étudier l'ensemble de la panoplie juridique nationale et internationale,

prendre en compte toutes les dimensions anthropologiques qui alimentent la réflexion bioéthique.
De plus, une initiation aux domaines scientifiques de la biologie permettra aux personnes extérieures au monde médical d'acquérir le vocabulaire et des notions de bases.

La seconde année sera consacrée à l'étude approfondie des grands thèmes de bioéthique : euthanasie et fin de la vie, avortement, eugénisme, dépistage prénatal, statut de l'embryon et cellules souches, sexualité humaine, diffusion des politiques de santé reproductive dans les pays émergents, mais aussi pastorale de la vie... Rien ne sera laissé dans l'ombre de manière à permettre à l'étudiant d'embrasser toute la complexité des cas et de préparer son engagement concrètement, avec compétence et vigilance.

La localisation principale des cours est à Paris centre, dans les nouveaux locaux de la Fondation Jérôme-Lejeune, mais des sites décentralisés seront envisagés si des groupes d'au moins cinq étudiants se constituent, comme c'est déjà le cas à Lyon.

Les cours débutent en septembre à raison de seize heures par mois répartis sur deux jours consécutifs pour les personnes qui travaillent : le jeudi après midi de 13 h à 22 h et le vendredi de 8 h à 17 h, hors vacances scolaires d'été. Des contrôles continus et la rédaction d'un mémoire permettent à chacun de se mesurer aux connaissances. Chaque étudiant sera suivi par un tuteur. Le recrutement sur dossier est ouvert à toute personne du niveau Master 1 (ancienne maîtrise) ou pouvant faire valoir des acquis de l'expérience (VAE). Tous les dossiers seront étudiés avec bienveillance. Outre les soignants, cette formation s'adresse aux enseignants, aux éducateurs, aux accompagnateurs de malades, aux prêtres et religieux, ou tout simplement aux parents.

Accéder à la connaissance est une source de joie pour l'homme qui découvre la « splendeur de la vérité » et la beauté de la vie. Mais cette joie est appelée à déborder. Chaque étudiant deviendra un témoin de cette vérité qui libère, partout où l'on cherche, où l'on soigne, où l'on apprend, où l'on sert son prochain.



* Pierre-Olivier Arduin, directeur des études de la formation Jérôme-Lejeune ;



Pour en savoir plus :
■ Renseignements et inscriptions : www.iplh.fr
■ Contact : [email protected]






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[1] « Un engagement particulier doit concerner certains aspects de la radicalité évangélique qui sont souvent le moins compris, au point de rendre impopulaire l'intervention de l'Église. Je veux parler ici du devoir de s'engager pour le respect de la vie de tout être humain depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle [...]. Pour que le témoignage chrétien soit efficace, spécialement dans ces domaines délicats et controversés, il est important de faire un gros effort pour expliquer, de manière appropriée, les motifs de position de l'Église, en soulignant qu'il ne s'agit pas d'imposer aux non-croyants une perspective de foi, mais d'interpréter et de défendre les valeurs fondées sur la nature même de l'être humain », Lettre apostolique Au début du nouveau millénaire, 6 janvier 2001.

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