Manifester l'espérance
Editorial du mensuel Eglise de Fréjus-Toulon n° 107 - mai 2007
27 avril 2007| Père Marc Aillet
En ce début du mois de mai, nous sommes en pleine période électorale : le second tour de la présidentielle, la perspective toute proche des législatives. Pour nous chrétiens, qui sommes appelés à exercer notre droit de vote, comme tous les citoyens, l'heure est à la prière, comme nous y invitent de nombreuses voix qui se sont spontanément élevées depuis quelques semaines.
L'action est le débordement de la prièreComme le disait Marthe Robin, qui nous a laissé une fameuse prière pour la France, "l'action est le débordement de la prière". En favorisant l'union de notre volonté avec la volonté de Dieu, la prière nous fait communier à son dessein de salut dans notre histoire personnelle et collective : Dieu a un projet sur les personnes, mais aussi sur les familles et sur les nations. Qui peut douter, à regarder son histoire, que la France ait une vocation particulière, ainsi résumée par le Pape Jean Paul II dans une interrogation célèbre : "France, fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?" Permettez-moi de vous demander : France, fille aînée de l'Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l'homme, à l'alliance avec la sagesse éternelle ?.
Prier pour apaiser les passionsL'apôtre Paul recommandait déjà aux premiers chrétiens cette nécessité de la prière "pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l'autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible, en toute piété et dignité" (1 Tm 2, 2). C'est notre première contribution, la plus spécifique, non seulement à la construction d'une société plus juste et fraternelle, condition sine qua non pour que "tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" (1 Tm 2, 3) ; mais encore pour apaiser les passions que les campagnes électorales ont le don de déchaîner, au risque de faire triompher le règne de l'irrationnel : "Ainsi donc je veux que les hommes prient en tout lieu, élevant vers le Ciel des mains pieuses, sans colère ni dispute" (1 Timothéem 2, 8). Dans le combat pour un ordre juste, l'Église a pour première tâche de "réveiller les forces spirituelles" au sein de la société et de contribuer à la promotion du Bien commun par "la voie de l'argumentation rationnelle" (Cf. Benoît XVI, Deus Caritas est n. 28). En cela, la Doctrine sociale de l'Église est l'instrument privilégié de l'engagement chrétien en politique. Et il faut se réjouir de la mise en place, déjà dans une dizaine de paroisses de notre diocèse, d'antennes locales de l'observatoire socio-politique pour en approfondir le contenu et les implications concrètes.
Défense et promotion des valeurs non négociablesLe mois de Mai nous donnera l'occasion de confier à la Vierge Marie cette grande cause d'un sursaut spirituel pour notre pays, si souvent visité par Notre-Dame et exhorté par elle à la prière et à la conversion. Ils sont nombreux les lieux de notre combat spirituel, en particulier la défense et la promotion de ces valeurs qui ne sont pas négociables, comme vient de nous le rappeler le Pape Benoît XVI :
"Le respect et la défense de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle, la famille fondée sur le mariage entre homme et femme, la liberté d'éducation des enfants et la promotion du bien commun sous toutes ses formes" (Exhortation apostolique sur l'Eucharistie - n. 83).
Fêter la familleParoisses et communautés sont invitées à se mobiliser, le 20 mai prochain, pour notre rassemblement diocésain "famille en fête", autour du thème fondamental de la famille. Ce sera une manière opportune de célébrer, de manière festive, par la louange, la réflexion et le partage fraternel, ce qui constitue la cellule de base de toute société humaine, le creuset par excellence de la "civilisation de l'amour" dont nous voulons être les bâtisseurs, avec tous les hommes de bonne volonté. La prière, en particulier en famille, expression du désir devant Dieu, est la manifestation constante de notre espérance, précisément à l'heure où nos vieilles nations chrétiennes semblent "se congédier de l'histoire" et sombrer dans la désespérance.