« Marie a prononcé les mots : « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses », mais elle a aussi entendu les mots de Siméon : « un glaive te transpercera l'âme », et néanmoins elle a été debout au pied de la Croix comme une Reine ; car le couronnement de la vie de Jésus, sa crucifixion, était la garantie qu'il « a jeté les puissants à bas de leurs trônes » et qu'il « a élevé les humbles », car le plus humilié entre tous, ce fut lui, le Maître l'Histoire.
Evidemment, la lutte devait être soutenue à tout moment, à toute heure, tous les jours, tous les mois, tous les ans. Un des chapitres de la souffrance était qu'on ne pouvait célébrer la liturgie ; un autre en était la faim, un autre le froid ; ces deux-là étaient épouvantables. Aucun livre, aucun journal, aucune information, aucune relation avec la famille. La mienne était une famille de paysans, et ma mère avait donné naissance à seize enfants. J'ai appris la mort de ma mère huit années plus tard à cause de la prison. Mais tout cela constituait des humiliations qui nous déterminaient à méditer plus profondément les mots de Marie : "Il a porté son regard sur son humble servante », et nous en avons conclu que, considéré dans l'absolu, notre état ne pouvait se comparer à celui de nos persécuteurs, desquels on peut dire : « il a jeté les puissants à bas de leurs trônes, et il a élevé les humbles ».
Après tout ce qui s'est passé, nous tombons à genoux devant la sagesse et la paternité divine et, dans un murmure de prière, nous admirons la bonté& dont il nous a fait part : « Qui ressemble au Seigneur notre Dieu... Il relève le faible de la poussière, il tire le pauvre du tas d'ordures, pour l'installer avec les princes, avec les princes de son peuple » (Ps 113) -
Cardinal Todea, (+2002)
martyr en Roumanie arrêté en 1948, libéré en 1964
- Mgr Todea a célébré la Messe, les chaînes aux pieds)