Audience Générale - 25 janvier

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Audience Générale 25 janvier 2006



Lecture: Psaume 143, 9-10.12.4-15




Chers frères et soeurs,

1. Aujourd'hui se conclut la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, au cours de laquelle nous avons réfléchi sur la nécessité d'invoquer sans cesse du Seigneur le grand don de la pleine unité entre tous les disciples du Christ. En effet, la prière contribue de manière substantielle à rendre plus sincère et riche de fruits l'engagement oecuménique commun des Eglises et des Communautés ecclésiales.

A l'occasion de cette rencontre, nous voulons reprendre la méditation sur le Psaume 143, que la liturgie des vêpres nous propose en deux temps distincts (cf. vv. 1-8 et vv. 9-15). Le ton est toujours celui d'un hymne et, dans ce deuxième mouvement du Psaume, c'est également la figure de l'« Oint » qui entre en scène, c'est-à-dire du « Consacré » par excellence, Jésus, qui attire tous les hommes à lui pour faire de tous « une seule chose » (cf. Jn 17, 11.21). C'est pour cette raison que la scène qui dominera le chant sera marquée par le bien-être, par la prospérité et par la paix, symboles typiques de l'ère messianique.

2. C'est pourquoi le chant est défini « nouveau », un terme qui dans le langage biblique n'évoque pas tant la nouveauté extérieure des mots que la plénitude ultime qui scelle l'espérance (cf. v. 9). On chante donc l'objectif de l'histoire, lorsque finalement se taira la voix du mal, qui est décrite par le Psalmiste comme le « mensonge » et le « parjure », des expressions destinées à indiquer l'idolâtrie (cf. v. 11). Mais cet aspect négatif laisse place, de manière beaucoup plus vaste, à la dimension positive, celle du nouveau monde joyeux qui va s'affirmer. Tel est le véritable « shalom », c'est-à-dire la « paix » messianique, un horizon lumineux qui s'articule à travers une succession de petites scènes de la vie sociale: elles peuvent devenir également pour nous un souhait pour la naissance d'une société plus juste.

3. Voilà tout d'abord la famille (cf. v. 12), qui se fonde sur la vitalité de sa descendance. Les fils, espérance de l'avenir, sont comparés à des arbres vigoureux; les filles sont représentées comme des colonnes solides qui soutiennent l'édifice de la maison, semblables à celles d'un temple. De la famille, on passe à la vie économique, à la campagne avec ses fruits conservés dans les granges, avec l'étendue de ses troupeaux qui paissent, avec les bêtes de traits qui avancent dans des champs fertiles (cf. vv. 13-14a).

Le regard se tourne ensuite vers la ville, c'est-à-dire vers toute la communauté civile qui jouit finalement du don précieux de la paix et de la tranquillité publique. En effet, les « brèches » que les envahisseurs ouvrent dans les murs de la ville au cours des assauts cessent pour toujours; les « incursions » qui comportent des pillages et des déportations prennent fin et, enfin, le « gémissement » des désespérés, des blessés, des victimes, des orphelins, triste héritage des guerres, ne s'élève plus (cf. v. 14.b).

4. Cette évocation d'un monde différent, mais possible, est confiée à l'oeuvre du Messie et également à celle de son peuple. Tous ensemble, sous la direction du Messie Christ, nous devons travailler pour réaliser ce projet d'harmonie et de paix, en mettant un terme à l'action destructrice de la haine, de la violence, de la guerre. Il faut cependant effectuer un choix en se rangeant aux côtés du Dieu de l'amour et de la justice.

C'est pourquoi le Psaume se conclut par les mots: « Heureux le peuple dont Yahvé est le Dieu ». Dieu est le bien suprême, la condition de tous les autres biens. Seul un peuple qui connaît Dieu et défend les valeurs spirituelles et morales, peut réellement marcher vers une paix profonde et devenir également une force de la paix pour le monde, pour les autres peuples. Et il peut donc entonner, plein de confiance et d'espérance, avec le Psalmiste le « chant nouveau ». On pense spontanément au nouveau pacte, à la nouveauté même qu'est le Christ et son Evangile.

C'est ce que nous rappelle saint Augustin. En lisant ce Psaume, il interprète également la parole: « Je jouerai pour toi sur la harpe à dix cordes ». La harpe à dix cordes est pour lui la loi résumée dans ses dix commandements. Mais de ces dix cordes, de ces dix commandements, nous devons trouver la juste clef. Et ce n'est que si l'on fait vibrer ces dix cordes, ces dix commandements - comme le dit saint Augustin - grâce à la charité du coeur, que leur son est harmonieux. La charité est la plénitude de la loi. Celui qui vit les commandements comme dimension de l'unique charité, chante réellement le « chant nouveau ». La charité qui nous unit aux sentiments du Christ est le véritable « chant nouveau » de l'« homme nouveau », capable de créer également un « monde nouveau ». Ce Psaume nous invite à chanter « sur la harpe à dix cordes » avec un coeur nouveau, à chanter avec les sentiments du Christ, à vivre les dix commandements dans la dimension de l'amour, à contribuer ainsi à la paix et à l'harmonie du monde. (cf. Discours sur les Psaumes, 143, 16: Nuova Biblioteca Agostiniana, XXVIII, Rome 1977, pp. 677).

[Texte original : italien - Traduction réalisée par Zenit]

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