De l'homélie de Saint Jean Chrysostome, sur le miracle en faveur du paralytique

Publié le 0000-00-00


Homélie de saint Jean Chrysostome, évêque (Homélie 39 [35] sur s. Jean, 1: PG 59, 202-204).


En ce passage de l'Évangile [rapportant] le miracle opéré en faveur du paralytique qui attendait le passage de l'ange près de la piscine appelée en hébreu Bethsaïde, à quel mode de guérison est-il fait allusion? Quel mystère nous semble indiqué sous l'écorce du fait historique? Les détails de ce fait n'ont pas été consignés sans motif, mais saint Jean nous annonce comme par une figure et une image ce qui devait s'accomplir dans la suite, de peur que si [la prédication] d'une chose aussi surprenante [qu'un baptême régénérateur] arrivait sans être aucunement attendue, la foi de beaucoup d'auditeurs ne fût jusqu'à un certain point ébranlée. Que signifie donc cette narration? Elle prédit le baptême qui devait être conféré plus tard, plein de vertu et d'une grâce immense; le baptême qui allait laver tous les péchés et rendre des morts à la vie. C'est donc le baptême qui est figuré par la piscine et plusieurs autres symboles. Parmi ceux-ci, le Seigneur a d'abord donné l'eau qui lave les taches corporelles et purifie les souillures, non réelles mais réputées telles provenant de funérailles, de lèpre et d'autres causes. Sous l'ancienne loi, il fallait en bien des circonstances, se purifier par l'eau.

Mais poursuivons notre sujet. La Providence a donc voulu que l'eau servît en premier lieu à purifier les souillures matérielles, puis à guérir diverses infirmités. Pour nous rapprocher davantage de la grâce du baptême, Dieu ne se contente plus de porter remède aux souillures, mais il guérit aussi les maladies. Soit à propos du baptême, soit à propos de la passion ou de tout autre sujet, les images qui touchent de plus près à la vérité sont plus claires que celles données plus anciennement. Il en est des figures comme des gardes de l'empereur; les plus rapprochés de sa personne sont toujours plus élevés en dignité que les autres. L'Ange descendait dans la piscine Probatique, en agitait l'eau pour lui communiquer une vertu curative: ce qui préparait les juifs à reconnaître à plus fortes raisons, au Seigneur des Anges, le pouvoir de guérir tous les maux de l'âme. Toutefois, de même que les eaux de la piscine ne guérissaient point par elles-mêmes (autrement elles l'eussent toujours fait), mais en vertu de l'action de l'Ange, de même l'eau dans le baptême n'agit pas non plus par elle-même; elle n'efface tous nos péchés que lorsqu'elle a reçu la grâce de l'Esprit.

Autour de cette piscine «gisait une grande multitude de malades, d'aveugles, de boîteux, de paralytiques attendant que l'eau fût mise en mouvement» (Jn 5, 3). Alors l'infirmité même de chacun d'eux mettait souvent obstacle à sa guérison bien qu'il la voulût. Aujourd'hui il dépend de chacun d'avoir accès à la piscine spirituelle. Ce n'est plus l'ange du Seigneur qui agite les eaux, c'est le Seigneur des Anges qui seul intervient. Nous n'avons plus le droit de dire: «Tandis que je m'avance, un autre descend avant moi.» Car l'univers entier se présentât-il, la grâce n'en serait pas pour cela épuisée, l'action divine n'en aurait pas moins toute son efficacité et n'en demeurerait pas moins toujours la même. Quoique les rayons du soleil nous éclairent chaque jour, ils ne se raréfient point, quoiqu'ils réjouissent bien des regards, ils ne perdent point leur splendeur; ainsi (ou plutôt encore moins) l'action de l'Esprit-Saint n'est pas diminuée par le grand nombre de ceux en qui elle s'exerce. Ce qui arrivait à Bethsaïde avait pour but de préparer ceux qui auraient connaissance de cette vertu de l'eau pour guérir les maladies corporelles et qui seraient familiarisés avec ce spectacle, à croire sans peine que les maux de l'âme sont, eux aussi, susceptibles de guérison.

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