Benoît XVI de A à Z

Saint François d'Assise

 

2005


11 décembre 2005 - Angelus
Dans de nombreuses familles, suivant une belle tradition consolidée, immédiatement après la fête de l'Immaculée, on commence à construire la crèche, comme pour revivre avec Marie ces jours pleins de trépidation qui précédèrent la naissance de Jésus. Construire la crèche dans la maison peut se révéler un moyen simple, mais efficace de présenter la foi pour la transmettre à ses enfants. La crèche nous aide à contempler le mystère de l'amour de Dieu, qui s'est révélé dans la pauvreté et la simplicité de la grotte de Bethléem. Saint François d'Assise fut à ce point frappé par le mystère de l'incarnation qu'il voulut le reproposer à Greccio dans la crèche vivante, devenant de cette façon le précurseur d'une longue tradition populaire qui conserve aujourd'hui encore sa valeur pour l'évangélisation. La Crèche peut en effet nous aider à comprendre le secret du véritable Noël, parce qu'elle parle de l'humilité et de la bonté miséricordieuse du Christ qui, "s'est fait pauvre, de riche qu'il était" (2 Co 8, 9) pour nous. Sa pauvreté enrichit ceux qui l'embrassent et le Noël apporte la joie et la paix à ceux qui, comme les pasteurs de Bethléem, accueillent les paroles de l'Ange: "Et ceci vous servira de signe: vous trouverez un nouveau-né, enveloppé de langes, et couché dans une crèche" (Lc 2, 12). Cela demeure le signe, pour nous aussi, hommes et femmes de l'An 2000. Il n'y a pas d'autre Noël.

 


2006

 





14 avril 2006 - Méditation Via Crucis, au Colisée
Sur la "voie de la Croix", Paul a trouvé le zèle de sa foi et a allumé la lumière de l'amour. Nous avons vu comment saint Augustin a trouvé sa route: de même que saint François d'Assise, saint Vincent de Paul, saint Maximilien Kolbe et Mère Teresa de Calcutta. Et, nous aussi, nous avons ainsi été invités à trouver notre place, à trouver, avec ces saints grands et courageux, la route avec Jésus et pour Jésus: la route de la bonté, de la vérité; le courage de l'amour.



31 août 2006 - Avec les prêtres du diocèse d'Albano
Ce n'était pas seulement un écologiste ou un pacifiste. C'était surtout un homme converti. ..Peut-être pouvons-nous tous motiver un peu la jeunesse pour faire comprendre ce qu'est la conversion, en faisant référence également à la figure de saint François, pour rechercher une voie qui élargisse la vie. Avant, François était presque une sorte de « playboy ». Puis, il a senti que ce n'était pas suffisant. Il a entendu la voix du Seigneur : « Rebâtis ma maison ». Peu à peu, il a compris ce que signifiait « bâtir la Maison du Seigneur ».



2 septembre 2006 - Message du pape Benoît XVI à l'occasion du XXème anniversaire de la Rencontre Interreligieuse de prière pour la paix - (Assise 27 octobre 1986)
Saint François, le Poverello a incarné de manière exemplaire en effet la Béatitude que Jésus a proclamée dans l'Evangile : « Bienheureux les ouvriers de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9). Le témoignage qu'il a rendu en son temps fait de lui un point de référence naturel pour tous ceux qui, aujourd'hui encore, cultivent l'idéal de la paix, dans le respect de la nature, dans le dialogue entre les personnes, entre les religions et les cultures. …C'est dans les paroles que le crucifié lui a adressées à Saint-Damien, - « va, François, répare ma maison... » -, dans son choix d'une pauvreté radicale, dans le baiser au lépreux où s'exprimait sa nouvelle capacité à voir et à aimer le Christ dans ses frères souffrants, que cette aventure humaine et chrétienne a pris naissance, elle qui continue à fasciner tant d'hommes de notre temps et fait de cette ville le terme de tant de pèlerinages.

 


2007




12 mai 2007 - Rencontre avec les S½urs Clarisses à la Ferme de l'Espérance, à Guaratingueta, au Brésil.
"Loué sois-tu, mon Seigneur, pour toutes tes créatures"

Avec ce salut au Tout-Puissant et Bon Seigneur, le saint "Poverello" d'Assise reconnaissait la bonté unique de Dieu Créateur et la tendresse, la force et la beauté qui, avec douceur, s'étendent à toutes les créatures, en faisant d'elles le miroir de la toute-puissance du Créateur…

François et Claire d'Assise découvrent ce secret et proposent à leurs fils et filles bien-aimés une seule chose, qui est très simple: vivre l'Evangile. Telle est leur norme de conduite et leur règle de vie. Claire l'exprima très bien, lorsqu'elle déclara à ses cons½urs: "Ayez entre vous, mes filles, le même amour avec lequel Jésus vous a aimées" (Testament).

 

 


17 juin 2007, avec les jeunes, à Assise ; à l'occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.
La conversion de Saint François eut lieu lorsqu'il était au plus fort de sa vitalité, de ses expériences, de ses rêves. Il avait passé vingt-cinq ans sans venir à bout du sens de la vie. Peu de mois avant de mourir, il se rappellera de cette période comme du temps où "il était dans le péché" (cf. 2 Test 1: FF 110).

A quoi pensait François, en parlant de péchés? D'après les biographies, dont chacune possède un point de vue personnel, cela n'est pas facile à déterminer. L'on trouve un portrait évocateur de sa façon de vivre dans la Légende des trois compagnons, où l'on lit: "François était très gai et généreux, se consacrant aux jeux et aux chants, il errait dans les rues d'Assise jour et nuit, avec des amis de son espèce, si généreux à la dépense qu'il dissipa en repas et autres choses tout ce qu'il pouvait avoir ou gagner" (3 Comp 1, 2: FF 1396). De combien de jeunes pourrait-on dire la même chose de nos jours également? De plus, aujourd'hui, il y a la possibilité d'aller se divertir bien au-delà de sa propre ville. Les initiatives de divertissement au cours des week-ends rassemblent de nombreux jeunes. On peut "errer" également virtuellement en "naviguant" sur Internet, en recherchant des informations ou des contacts en tout genre. Malheureusement, ne manquent pas - et ils sont même hélas trop nombreux! -, les jeunes qui cherchent des paysages mentaux aussi vides que destructeurs dans les paradis artificiels de la drogue. Comment nier qu'il y a tant de jeunes et de moins jeunes qui sont tentés de suivre de près la vie du jeune François, avant sa conversion? Derrière cette façon de vivre, il y avait le désir de bonheur qui habite tout c½ur humain. Mais cette vie pouvait-elle apporter la joie véritable? François ne la trouva certainement pas. Vous-mêmes, chers jeunes, vous pouvez vérifier cela à partir de votre propre expérience. La vérité est que les choses finies peuvent apporter des lueurs de joie, mais seul l'Infini peut remplir le c½ur. C'est ce qu'a dit un autre grand converti, saint Augustin: "Tu nous as faits pour toi, ô Seigneur, et notre c½ur sera agité tant qu'il ne repose pas en toi" (Confess. 1, 1).

Le même texte biographique nous rapporte que François était assez vaniteux. Il aimait se faire confectionner des habits somptueux et il recherchait l'originalité (cf. 3 Comp 1, 2: FF 1396). Dans la vanité, dans la recherche de l'originalité, il y a quelque chose qui nous touche tous d'une certaine façon. Aujourd'hui, on a l'habitude de parler de "soin de l'image" ou de "recherche de l'image". Pour avoir un minimum de succès, il faut nous faire valoir aux yeux des autres avec quelque chose d'inédit, d'original. Dans une certaine mesure, cela peut exprimer un désir innocent d'être bien accueillis. Mais souvent s'insinuent l'orgueil, la recherche effrénée de nous-mêmes, l'égoïsme et le désir de domination. En réalité, concentrer sa vie sur soi-même est un piège mortel: nous ne pouvons être nous-mêmes que si nous nous ouvrons à l'amour, en aimant Dieu et nos frères.

Un aspect qui impressionnait les contemporains de François était également son ambition, sa soif de gloire et d'aventure. Ce fut cela qui le conduisit sur les champs de bataille, avant d'être fait prisonnier pendant un an à Pérouse. La même soif de gloire, une fois libre, devait le conduire dans les Pouilles, dans une nouvelle expédition militaire, mais précisément dans cette circonstance, à Spolète, le Seigneur se présenta à son c½ur, le poussa à revenir sur ses pas et à se placer sérieusement à l'écoute de sa Parole. Il est intéressant de noter que le Seigneur a su prendre François dans le sens qui était le sien, celui du désir de s'affirmer, pour lui montrer la voie d'une ambition sainte, projetée sur l'infini: "Qui peut t'être plus utile, le patron ou le serviteur?" (3 Comp 2, 6: FF 1401), fut la question qu'il entendit résonner dans son c½ur. C'est-à-dire: pourquoi te contenter d'être dépendant des hommes, lorsqu'il y a un Dieu qui est prêt à t'accueillir dans sa maison, à son service royal ?

Chers jeunes, vous m'avez rappelé certains problèmes de la condition de jeunes, de votre difficulté à vous construire un avenir, et surtout, des difficultés à discerner la vérité. Dans le récit de la passion du Christ, nous trouvons la question de Ponce Pilate: "Qu'est-ce que la vérité?" (Jn 18, 38). C'est la question d'un sceptique qui dit: "Mais toi, tu dis être la vérité, mais qu'est-ce que la vérité?" Et ainsi, la vérité ne pouvant être reconnue, Pilate laisse entendre: faisons ce qui est le plus pratique, ce qui a le plus de succès sans chercher la vérité. Puis, il condamne Jésus à mort, car il suit le pragmatisme, le succès, son propre bonheur. Aujourd'hui aussi, de nombreuses personnes disent: "Mais qu'est-ce que la vérité? Nous pouvons en trouver des fragments, mais comment pourrions-nous trouver la vérité?". Il est réellement difficile de penser que cela est la vérité: Jésus Christ, la vraie Vie, la boussole de notre vie. Et toutefois, si nous commençons, comme nous en serions tentés, à vivre uniquement en fonction des possibilités du moment, sans vérité, nous perdons véritablement le critère et nous perdons également le fondement de la paix commune qui ne peut être que la vérité. Et cette vérité est le Christ. La vérité du Christ s'est vérifiée dans la vie des saints de tous les siècles. Les saints sont la grande trace de lumière dans l'histoire qui témoigne: voilà la vie, voilà le chemin, voilà la vérité. C'est pourquoi nous avons le courage de dire "oui" à Jésus Christ: "Ta vérité s'est vérifiée dans la vie de tous les saints! Nous te suivons!".

Alors, nous avons entendu répéter dans le chant que saint François a entendu la voix. Il a entendu dans son c½ur la voix du Christ et que se passe-t-il? Il se passe qu'il doit se mettre au service de ses frères, surtout de ceux qui souffrent le plus. Telle est la conséquence de cette première rencontre avec la voix du Christ. Ce matin, en passant par Rivortorto, j'ai regardé le lieu où, selon la tradition, étaient rassemblés les lépreux, les derniers, les marginalisés, à l'égard desquels François éprouvait un sentiment irrésistible de répulsion. Touché par la grâce, il leur ouvrit son c½ur. Et il le fit non seulement à travers un geste d'aumône empli de charité, car cela était trop peu, mais également en les embrassant et en les servant. Lui-même confesse que ce qui lui était auparavant amer devint pour lui "douceur d'âme et de corps" (2 Test 3: FF 110).

La grâce commençait donc à former François. Il devint toujours plus capable de fixer son regard sur le visage du Christ et d'écouter sa voix. Ce fut à ce moment-là que le Crucifié de saint Damien lui adressa la parole, en l'appelant à une mission audacieuse: "Va François, répare ma maison qui, comme tu le vois, tombe en ruine" (2 Cel I, 6, 10: FF 593). En m'arrêtant ce matin à Saint-Damien, puis dans la Basilique Sainte-Claire, où l'on conserve le Crucifix original qui parla à saint François, j'ai fixé moi aussi mon regard dans les yeux du Christ. C'est l'image du Christ Crucifié-Ressuscité, vie de l'Eglise, qui parle également en nous si nous sommes attentifs, tout comme il y a deux mille ans, il parla à ses apôtres, et il y a huit cents ans, il parla à François. L'Eglise vit continuellement de cette rencontre.

Oui, chers jeunes: laissons le Christ venir à notre rencontre! Ayons confiance en Lui, écoutons sa Parole. En lui, il n'y a pas seulement un être humain fascinant. Certes, il est pleinement homme, et en tout semblable à nous, à l'exception du péché (cf. He 4, 15). Mais il est également bien davantage: Dieu s'est fait homme en Lui et il est donc l'unique Sauveur, comme le dit son nom lui-même: Jésus, c'est-à-dire "Dieu sauve". On vient à Assise pour apprendre de saint François le secret pour reconnaître Jésus Christ et en faire l'expérience. Voilà ce que ressentait François pour Jésus, si l'on en croit ce que rapporte son premier biographe: "Il portait toujours Jésus dans son coeur. Il portait Jésus sur ses lèvres, Jésus dans ses oreilles, Jésus dans ses yeux, Jésus dans ses mains, Jésus dans tous ses autres membres... Et même, se trouvant de nombreuses fois en voyage et méditant ou chantant Jésus, il oubliait qu'il était en voyage et il s'arrêtait pour inviter toutes les créatures à la louange de Jésus" (1 Cel II, 9, 115: FF 115). Nous voyons ainsi que la communion avec Jésus ouvre également le coeur et les yeux à la création.

En somme, François était un véritable amoureux de Jésus. Il le rencontrait dans la Parole de Dieu, dans ses frères, dans la nature, mais surtout dans sa présence eucharistique. Il écrivait à ce propos dans le Testament: "Je ne vois rien d'autre en ce monde, corporellement, du même très haut Fils de Dieu, sinon son très saint corps et son très saint sang" (2 Test 10: FF 113). La crèche de Greccio exprime le besoin de le contempler dans sa tendre humanité d'enfant (cf. 1 Cel I, 30, 85-86: FF 469-470). L'expérience de La Verne, où il reçut les stigmates, montre à quel degré d'intimité il était arrivé dans sa relation avec le Christ crucifié. Il pouvait réellement dire avec Paul: "Pour moi, vivre, c'est le Christ" (Ph 1, 21). S'il se dépouille de tout et choisit la pauvreté, le motif de tout cela est le Christ, et seulement le Christ. Jésus est son tout: et cela lui suffit !

Précisément parce qu'il est du Christ, François est également homme de l'Eglise. Du Crucifié de saint Damien, il avait eu l'indication de réparer la maison du Christ, qui est précisément l'Eglise. Entre le Christ et l'Eglise, il y a un lien intime et indissoluble. Etre appelé à la réparer comportait certainement dans la mission de François, quelque chose de personnel et d'original. Dans le même temps, ce devoir n'était rien d'autre au fond, que la responsabilité attribuée par le Christ à chaque baptisé. Et il dit également à chacun de nous: "Va, et répare ma maison". Nous sommes tous appelés à réparer à nouveau à chaque génération la maison du Christ, l'Eglise. Et ce n'est qu'en faisant ainsi que l'Eglise vit et devient belle. Et comme nous le savons, il y a de nombreuses façons de réparer, d'édifier, de construire la maison de Dieu, l'Eglise. Elle s'édifie ensuite à travers les vocations les plus diverses, de celle laïque et familiale à la vie de consécration particulière, à la vocation sacerdotale.

A ce propos, je désire dire un mot précisément sur cette dernière vocation. François, qui fut diacre, et non prêtre (cf. 1 Cel I, 30; 86: FF 470) avait pour les prêtres une profonde vénération. Tout en sachant que même parmi les ministres de Dieu, il existe une grande pauvreté et fragilité, il les considérait comme ministres du Corps du Christ et cela suffisait à faire jaillir en lui un sentiment d'amour, de respect et d'obéissance (cf. 2 Test 6-10: FF 112-113). Son amour pour les prêtres est une invitation à redécouvrir la beauté de cette vocation. Celle-ci est vitale pour le peuple de Dieu. Chers jeunes, entourez d'amour et de gratitude vos prêtres. Si le Seigneur devait appeler certains d'entre vous à ce grand ministère, ou à une autre forme de vie consacrée, n'hésitez pas à prononcer votre oui. Il n'est pas facile de dire oui, mais il est beau d'être des ministres du Seigneur, il est beau de consacrer sa vie pour Lui !

Le jeune François ressentit une affection véritablement filiale à l'égard de son Evêque, et ce fut entre ses mains que, se dépouillant de tout, il fit la profession d'une vie désormais totalement consacrée au Seigneur (cf. 1 Cel I, 6, 15: FF 344). Il ressentit de façon particulière la mission du Vicaire du Christ à laquelle il soumit sa Règle et confia son Ordre. Si les Papes ont manifesté tant d'affection pour Assise, au cours de l'histoire, cela est dans un certain sens une réponse à l'affection que François avait pour le Pape. Chers jeunes, je suis heureux d'être ici, à la suite de mes prédécesseurs, et en particulier de mon ami, du bien-aimé Pape Jean-Paul II.

Comme des cercles concentriques, l'amour de François pour Jésus s'étend non seulement sur l'Eglise, mais sur toutes les choses, considérées dans le Christ et pour le Christ. C'est de là que naît le Cantique des Créatures, dans lequel le regard se pose dans la splendeur de la Création: de frère soleil à s½ur lune, de s½ur eau à frère feu. Son regard intérieur est devenu si pur et pénétrant qu'il perçoit la beauté du Créateur dans la beauté des créatures. Le Cantique de frère soleil, avant d'être une très belle page de poésie et une invitation implicite au respect de la création, est une prière, une louange adressée au Seigneur, au Créateur de toute chose.

C'est à l'enseigne de la prière qu'il faut voir également l'engagement de François pour la paix. Cet aspect de sa vie est d'une grande actualité dans un monde qui a tant besoin de paix et qui ne réussit pas à en trouver le chemin. François fut un homme de paix et un artisan de paix. Il le montra également par la douceur avec laquelle il se plaça, sans jamais toutefois taire sa foi, face aux hommes d'autres confessions, comme le démontre sa rencontre avec le Sultan (cf. 1 Cel I, 20, 57: FF 422). Si aujourd'hui, le dialogue interreligieux, en particulier après le Concile Vatican II, est devenu un patrimoine commun et incontournable de la sensibilité chrétienne, François peut nous aider à dialoguer de façon authentique, sans tomber dans une attitude d'indifférence à l'égard de la vérité ou dans l'affaiblissement de notre annonce chrétienne. Le fait qu'il soit un homme de paix, de tolérance, de dialogue, naît toujours de l'expérience de Dieu-Amour. Ce n'est pas un hasard si son salut de paix est une prière : "Que le Seigneur te donne la paix" (2 Test 23: FF 121).

Il y a besoin de jeunes qui, comme François, s'engagent sérieusement et sachent instaurer un rapport personnel avec Jésus. Il est temps de regarder l'histoire de ce troisième millénaire qui vient de commencer comme une histoire qui a plus que jamais besoin du levain de l'Evangile.

Je fais mienne, une fois de plus, l'invitation que mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II aimait toujours adresser, en particulier aux jeunes : "Ouvrez les portes au Christ". Ouvrez-les comme le fit saint François, sans peur, sans calculs, sans mesure.

 




17 juin 2007, avec les prêtres et religieux, à Assise ; à l'occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.
Si nous parlons aujourd'hui de la conversion de François, en pensant au choix radical de vie qu'il fit encore jeune, nous ne pouvons toutefois pas oublier que sa première "conversion" eut lieu à travers le don du Baptême. La réponse totale qu'il donnera une fois adulte ne sera que la maturation du germe de sainteté qu'il reçut alors. Il est important que, dans notre vie et dans la proposition pastorale, nous prenions une conscience plus vive de la dimension baptismale de la sainteté. Celle-ci est le don et la tâche de tous les baptisés. C'est à cette dimension que fit référence mon vénéré et bien-aimé Prédécesseur dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, en écrivant: "Demander à un catéchumène: "Veux-tu recevoir le Baptême?" signifie lui demander en même temps: "Veux-tu devenir saint?"" (n. 31).

Les millions de pèlerins qui empruntent ces routes, attirés par le charisme de François, doivent être aidés à saisir le noyau essentiel de la vie chrétienne et à tendre au "haut degré", qui est justement la sainteté. Il ne suffit pas qu'ils admirent François: à travers lui, ils doivent pouvoir rencontrer le Christ pour le confesser et l'aimer avec "une foi droite, une espérance certaine et une charité parfaite" (Prière de François devant le Crucifié, 1: FF 276). Les chrétiens de notre temps se retrouvent toujours plus souvent à devoir faire face à la tendance à accepter un Christ diminué, admiré dans son humanité extraordinaire, mais rejeté dans le mystère profond de sa divinité. François lui-même subit une sorte de mutilation, lorsqu'on en fait le témoin de valeurs certes importantes, appréciées par la culture d'aujourd'hui, mais en oubliant que le choix profond, nous pourrions dire le c½ur de sa vie, c'est le choix du Christ.

Assise a le don d'interpeller les personnes d'un grand nombre de cultures et religions, au nom d'un dialogue qui constitue une valeur imprescriptible. Jean-Paul II a lié son nom à cette icône d'Assise comme ville du dialogue et de la paix. J'ai apprécié à cet égard que vous ayez voulu honorer la mémoire de sa relation particulière avec cette ville en lui dédiant également une salle avec des peintures qui le représentent, tout à côté de cette Cathédrale. Pour Jean-Paul II, il était clair que la vocation au dialogue d'Assise est liée au message de François, et qu'elle doit demeurer solidement fondée sur les piliers de sa spiritualité.

En Saint François, tout part de Dieu et retourne à Dieu. Ses Louanges de Dieu très-haut révèlent un esprit constamment emporté dans le dialogue avec la Trinité. Sa relation avec le Christ trouve dans l'Eucharistie le lieu le plus significatif. L'amour lui-même du prochain se développe à partir de l'expérience et de l'amour de Dieu. Lorsque, dans le Testament, il se souvient qu'il alla vers les lépreux, comme l'événement initial de sa conversion, il souligne qu'il fut conduit à ce baiser de miséricorde par Dieu lui-même (cf. 2 Test 2; FF 110). Les divers témoignages biographiques concordent pour définir sa conversion comme une ouverture progressive à la Parole qui vient d'en-haut. La même logique apparaît lorsqu'il demande et offre l'aumône avec la motivation de l'amour de Dieu (cf. 2 Cel 47, 77; FF 665). Son regard sur la nature est en réalité une contemplation du Créateur dans la beauté des créatures. Son v½u de paix lui-même se module ensuite comme une prière, puisque lui fut révélée la modalité selon laquelle il devait le formuler: "Que le Seigneur te donne la paix" (2 Test: FF 121). François est un homme pour les autres, parce qu'il est au plus profond de lui-même un homme de Dieu. Vouloir séparer dans son message la dimension "horizontale" et la dimension "verticale" signifie rendre François méconnaissable.

 

 


3 octobre 2007 - Au terme de l'Audience Générale
Que le lumineux exemple de saint François d'Assise vous incite, vous, chers jeunes, à vivre toujours plus dans une entière fidélité à l'Evangile. Qu'il vous aide, chers malades, à affronter la souffrance avec courage, en cherchant dans le Christ crucifié la sérénité et le réconfort. Qu'il vous conduise, chers jeunes mariés, à un amour toujours plus profond pour Dieu et entre vous, pour que vous puissiez faire l'expérience de la joie qui jaillit de votre don réciproque ouvert à la vie.


 

 

 

 

publié le : 30 septembre 2024

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