2005
13 mai 2005 - Avec les prêtres romains
Un de nos confrères a parlé de notre responsabilité envers l'Afrique. Nous avons vu comment l'Afrique est présente à Rome, de même que l'Inde et le monde entier. Et cette présence de nos frères nous oblige non seulement à penser à nous, mais à sentir précisément en ce moment historique, en toutes ces circonstances que nous connaissons, la présence des autres continents. Il me semble qu'en ce moment, nous avons une responsabilité particulière envers l'Afrique, envers l'Amérique latine et envers l'Asie, où le christianisme — exception faite des Philippines — est encore en très grande minorité, même s'il grandit en Inde et se présente comme une force d'avenir. Nous pensons donc aussi précisément à cette responsabilité. L'Afrique est un continent aux très grandes potentialités, dont les populations témoignent d'une très grande générosité, avec une foi vivante qui impressionne. Mais nous devons confesser que l'Europe a exporté non seulement la foi dans le Christ, mais également tous les vices du vieux continent. Elle a exporté le sens de la corruption, elle a exporté la violence qui dévaste à présent l'Afrique. Et nous devons reconnaître notre responsabilité dans ce qui peut permettre que l'exportation de la foi, qui répond à l'attente profonde de chaque homme, soit plus forte que l'exportation des vices de l'Europe. Il me semble qu'il s'agit d'une grande responsabilité. Le commerce des armes a encore lieu. On exploite les trésors de cette terre. Et nous, chrétiens, devons faire toujours de notre mieux pour que la foi y arrive et, avec la foi, la force de résister à ces vices et de reconstruire une Afrique chrétienne, qui sera une Afrique heureuse, un grand continent de l'humanisme nouveau.
10 juin 2005 - A des Evêques d'Afrique en Visite Ad Limina
Les catholiques constituent une minorité dans votre région. Cela suscite de nombreux défis qui requièrent un grand dévouement de la part de l'Eglise pour s'occuper avec soin de son troupeau et, dans le même temps, pour rester fidèle à son engagement missionnaire. C'est pour cette raison qu'il est essentiel que les Evêques promeuvent l'oeuvre cruciale de la catéchèse, afin de garantir que le Peuple de Dieu soit vraiment prêt à témoigner, à travers ses paroles et ses actes, de l'enseignement authentique de l'Evangile. Lorsque je regarde l'Eglise qui est en Afrique, et tout ce qui a été obtenu au cours du siècle dernier, je rends grâce à notre Père céleste pour les nombreux prêtres, religieux et laïcs, hommes et femmes, qui ont consacré leur vie à cette noble tâche. Les Evêques ont la responsabilité particulière de garantir que ces "irremplaçables évangélisateurs" reçoivent la préparation spirituelle, doctrinale et morale nécessaire (cf. Ecclesia in Africa, n. 91)…
… Bien que votre région ait encore davantage besoin de prêtres, nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu pour le nombre élevé de vocations au sacerdoce dont vous êtes les témoins dans l'Afrique sub-saharienne. ..
… c'est au sein même de l'"Eglise domestique", "construite sur les bases culturelles solides et les riches valeurs de la tradition familiale africaine" que les enfants peuvent apprendre le caractère central de l'Eucharistie dans la vie chrétienne (cf. Ecclesia in Africa, n. 92). Il est très préoccupant que le tissu de la vie africaine, sa source même d'espérance et de stabilité, soit menacée par le divorce, par l'avortement, par la prostitution, par le trafic d'êtres humains et par une mentalité en faveur de la contraception, qui contribuent à l'effondrement de la morale sexuelle. Chers frères Evêques, je partage votre profonde préoccupation pour les ravages causés par le virus du SIDA et par les maladies qui y sont liées. Je prie en particulier pour les veuves, pour les orphelins, pour les jeunes mères et pour les personnes dont la vie a été détruite par cette cruelle épidémie. Je vous exhorte à poursuivre vos efforts pour combattre ce virus qui non seulement est meurtrier, mais menace sérieusement la stabilité économique et sociale du continent. L'Eglise catholique a toujours été en première ligne dans la prévention et dans le soin de cette maladie. L'enseignement traditionnel de l'Eglise a démontré être la seule façon intrinsèquement sûre pour prévenir la diffusion du SIDA. C'est pourquoi "l'affection, la joie, le bonheur et la paix apportés par le mariage chrétien et la fidélité, ainsi que la sécurité que donne la chasteté, doivent être continuellement présentés aux fidèles, spécialement aux jeunes" (Ecclesia in Africa, n. 116).
16 juin 2005 - Au nouvel Ambassadeur de Guinée
C'est seulement par un dialogue confiant que les tensions et les conflits peuvent être désamorcés, au profit du bien-être de tous. Pour répondre durablement aux aspirations des peuples à la paix véritable, don qui nous vient de Dieu, nous avons aussi le devoir de nous engager à la construire sur les fondements solides que sont la vérité, la justice et la solidarité.
Parmi les conséquences des violences que connaît votre région, on assiste malheureusement au développement du drame des populations déplacées, qui crée des situations d'urgence humanitaire. Votre pays a généreusement répondu à cette détresse, en donnant notamment l'hospitalité à un nombre important de réfugiés, souvent au prix de grands sacrifices. C'est avant tout le drame d'hommes et de femmes dont il faut soulager les souffrances et à qui il faut rendre l'espoir. Mais ce sont les causes de ces drames qu'il faut éradiquer, car c'est la dignité humaine d'êtres que Dieu a créés qui est gravement atteinte. Je souhaite que les Gouvernants des nations n'oublient pas les réfugiés qui, dans plusieurs pays d'Afrique, attendent avec impatience qu'une attention soit portée à leur sort et que la communauté internationale s'engage avec une ferme détermination en faveur de la paix et de la justice.
22 juin 2005 - Audience Générale
Confirmant ce qu'avait décidé mon vénéré prédécesseur le 13 novembre de l'an dernier, je désire annoncer mon intention de convoquer une seconde assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques.
Je nourris une grande confiance qu'une telle assemblée marque un nouvel élan pour l'évangélisation dans le continent africain, pour la consolidation et la croissance de l'Eglise, et pour la promotion de la réconciliation et de la paix
3 juillet 2005 - Angelus
Mercredi prochain, 6 juillet, s'ouvrira à Gleneagles (Ecosse) le G-8, c'est-à-dire le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays les plus industrialisés du monde, qui aura parmi ses priorités, l'Afrique, un continent souvent délaissé. Je souhaite de tout cœur beaucoup de succès à cette importante réunion, en espérant qu'elle conduise à partager dans la solidarité les coûts de la réduction de la dette, à mettre en pratique des mesures concrètes pour l'éradication de la pauvreté et à promouvoir un authentique développement de l'Afrique.
2006
2 mars 2006 - Avec les prêtres du Diocèse de Rome
Le continent africain, est la grande espérance de l'Eglise. J'ai reçu ces derniers mois une grande partie des Evêques africains en visite "ad limina". Cela a été très édifiant pour moi, et aussi réconfortant, de voir des Evêques de haut niveau théologique et culturel, des Evêques zélés, qui sont réellement animés par la joie de la foi. Nous savons que cette Eglise se trouve entre de bonnes mains, mais qu'elle souffre, car les nations ne se sont pas encore formées. En Europe, c'est précisément par l'intermédiaire du christianisme que, au-delà des ethnies qui existaient, se sont formés les grands corps des nations, les grandes langues, et ainsi des communions de cultures et des espaces de paix. Même si, ensuite, ces grands espaces de paix se sont opposés entre eux et ont aussi créé une nouvelle espèce de guerre qui n'existait pas auparavant. Toutefois, en Afrique, dans de nombreuses régions, cette situation existe encore, surtout là où il y a des ethnies dominantes. Le pouvoir colonial a ensuite imposé des frontières, entre lesquelles doivent à présent se former des nations. Mais il existe encore cette difficulté à se retrouver dans un grand ensemble et à trouver, au-delà des ethnies, l'unité du gouvernement démocratique et également la possibilité de s'opposer aux abus coloniaux qui continuent. De plus, l'Afrique continue à être toujours l'objet d'abus de la part des grandes puissances, et de nombreux conflits n'auraient pas pris cette forme si les intérêts des grandes puissances ne se trouvaient pas derrière. J'ai pu constater aussi que l'Eglise, dans toute cette confusion, avec son unité catholique, est le grand facteur qui unit face à la dispersion. Dans de nombreuses situations, surtout après la longue guerre dans la République démocratique du Congo, l'Eglise est restée l'unique réalité qui fonctionne et qui fait continuer la vie, qui apporte l'assistance nécessaire, qui garantit la coexistence et qui aide à trouver la possibilité de réaliser un grand ensemble. C'est pourquoi, dans ces situations, l'Eglise exerce également un service venant substituer le niveau politique, en donnant la possibilité de vivre ensemble et de reconstruire la communion, après les destructions, ainsi que de reconstruire l'esprit de réconciliation, après l'explosion de la haine. De nombreuses personnes m'ont dit que, précisément dans ces situations, le Sacrement de la Pénitence est d'une grande importance comme force de réconciliation et doit également être administré dans ce sens. Je voulais, en un mot, dire que l'Afrique est un continent de grande espérance, de grande foi, de réalités ecclésiales émouvantes, de prêtres et d'évêques zélés. Mais c'est également toujours un continent qui a besoin - après les destructions que l'Europe y a causées - de notre aide fraternelle. Et celle-ci ne peut que naître de la foi, qui crée également la charité universelle au-delà des divisions humaines. Telle est notre grande responsabilité en ce temps. L'Europe a importé ses idéologies, ses intérêts, mais elle a également importé, avec la mission, le facteur de la guérison. Aujourd'hui, nous avons encore davantage la responsabilité d'avoir nous aussi une foi zélée, qui puisse être communiquée, qui veut aider les autres, qui est bien consciente que donner la foi ne signifie pas introduire une force d'aliénation, mais apporter le don véritable dont l'homme a besoin, précisément pour être aussi une créature de l'amour.
J'ai toujours pensé que le service premier du prêtre est de servir les malades, les personnes qui souffrent, car le Seigneur est surtout venu pour être avec les malades. Il est venu pour partager nos souffrances et pour nous guérir. A l'occasion de leur visite "ad limina", je dis toujours aux Evêques africains que les deux piliers de notre travail sont l'éducation - c'est-à-dire la formation de l'homme, qui implique de nombreuses dimensions comme l'éducation pour apprendre, le professionnalisme, l'éducation à l'intimité de la personne - et la guérison. Le service fondamental, essentiel de l'Eglise est donc celui de guérir. C'est précisément dans les pays africains que se réalise tout cela: l'Eglise offre la guérison. Elle présente les personnes qui aident les malades, qui aident à guérir dans le corps et dans l'âme. Il me semble donc que nous devons voir précisément dans le Seigneur, notre modèle de prêtre pour guérir, pour aider, pour assister, pour accompagner vers la guérison. Cela est fondamental pour l'engagement de l'Eglise; cela est la forme fondamentale de l'amour et cela est donc l'expression fondamentale de la foi. En conséquence, cela est aussi le point central du sacerdoce.
31 août 2006 - Avec les prêtres du diocèse d'Albano
Nous voyons qu'en Afrique, l'Eglise, malgré tous les problèmes, possède une fraîcheur de vocations encourageante.
14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur d'Ouganda
Votre pays, situé au cœur de la Région des Grands Lacs, partage un grand nombre des caractéristiques présentes dans la culture africaine. Certaines de ces merveilleuses valeurs viennent naturellement à l'esprit: le respect qui devrait être porté à toute vie humaine, de sa conception à sa mort naturelle, la place de la famille en tant que pierre d'angle de la société; et un sens transcendant du sacré.
La collaboration entre l'Eglise et la société civile a produit de nombreux fruits bénis en Ouganda, en particulier … dans la lutte contre le HIV/SIDA, où les statistiques confirment la valeur concrète d'une politique de prévention fondée sur l'abstinence et la promotion de la fidélité au sein du mariage. Je souhaite sincèrement que le peuple d'Ouganda continue à recevoir des bénéfices croissants de ce soutien.
14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Mozambique
Tout au long des générations, les cultures africaines ont célébré avec une grande joie la place du mariage au cœur de la société. Comme introduction aux lois sur la famille, votre gouvernement a voulu protéger cette vérité et cette valeur fondamentale qui demeurent la base de toutes les civilisations. Toutefois, on trouve encore sur le continent africain des tendances à vider le mariage de son contenu. L'institution du mariage, établie par le Créateur avec une nature et une finalité propres, est préservée par le droit moral naturel, et ne peut être modifiée pour satisfaire les intérêts de groupes particuliers. Le mariage implique nécessairement une complémentarité entre le mari et la femme qui participent à l'œuvre de création de Dieu à travers le fait d'engendrer des enfants. C'est pourquoi les époux garantissent la survie de la société et de la culture et, … méritent à juste titre la reconnaissance spécifique de l'Etat.
25 décembre 2006 - Message Urbi et Orbi de Noel
J'invoque Dieu pour qu'au Sri Lanka soit écouté, dans les zones en conflit, le désir des populations d'avoir un avenir de fraternité et de solidarité; pour qu'au Darfour et partout en Afrique il soit mis fin aux conflits fratricides et que soient rapidement cicatrisées les blessures ouvertes dans la chair de ce Continent, et que se consolident les processus de réconciliation, de démocratie et de développement.
2007
8 janvier 2007 - Au Corps Diplomatique
Comment ne pas se préoccuper non plus des continuelles atteintes à la vie, de la conception jusqu'à la mort naturelle ? De telles atteintes n'épargnent même pas des régions où la culture du respect de la vie est traditionnelle, comme en Afrique, où l'on tente de banaliser subrepticement l'avortement, par le Protocole de Maputo, ainsi que par le Plan d'action adopté par les Ministres de la santé de l'Union Africaine, qui sera d'ici peu soumis au Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement….
En considérant la situation politique dans les différents continents, nous trouvons encore des motifs de préoccupation et d'espérance. Nous constatons en premier lieu que la paix est bien souvent fragile et même bafouée. Nous ne pouvons pas oublier le Continent africain. Le drame du Darfour se poursuit et s'étend aux régions frontalières du Tchad et de la République centrafricaine. La communauté internationale semble impuissante depuis bientôt quatre ans, malgré les initiatives destinées à soulager les populations en détresse et à apporter une solution politique. C'est seulement par une collaboration active entre les Nations unies, l'Union Africaine, les gouvernements en cause et d'autres protagonistes que ces moyens pourront devenir efficaces. Je les invite tous à agir avec détermination : nous ne pouvons pas accepter que tant d'innocents continuent à souffrir et à mourir ainsi.
La situation dans la Corne de l'Afrique s'est récemment aggravée, avec la reprise des hostilités et l'internationalisation du conflit. En appelant toutes les parties à l'abandon des armes et à la négociation, qu'il me soit permis d'évoquer la mémoire de Soeur Leonella Sgorbati qui a donné sa vie au service des plus défavorisés, invoquant le pardon pour ses meurtriers. Que son exemple et son témoignage inspirent tous ceux qui cherchent réellement le bien de la Somalie.
En Ouganda, il faut souhaiter les progrès des négociations entre les parties, en vue de la fin d'un conflit cruel qui voit même l'enrôlement de nombreux enfants contraints de se faire soldats. Cela permettra aux nombreux déplacés de revenir chez eux et de retrouver une vie digne. La contribution des chefs religieux et la récente désignation d'un Représentant du Secrétaire général des Nations unies sont de bonne augure. Je le redis: n'oublions pas l'Afrique et ses nombreuses situations de guerre et de tension. Il faut se rappeler que seules les négociations entre les différents protagonistes peuvent ouvrir la voie à un règlement juste des conflits et faire entrevoir des progrès vers la consolidation de la paix.
La Région des Grands Lacs a été ensanglantée depuis des années par des guerres sans merci. C'est avec intérêt et espérance qu'il convient d'accueillir les développements positifs récents, en particulier la conclusion de la phase de transition politique au Burundi et plus récemment en République démocratique du Congo. Il est cependant urgent que les pays s'attachent à un retour au fonctionnement des institutions de l'état de droit, pour endiguer tous les arbitraires et pour permettre le développement social. Au Rwanda, je souhaite que le long processus de réconciliation nationale après le génocide trouve son aboutissement dans la justice, mais aussi dans la vérité et le pardon. La Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, avec la participation d'une délégation du Saint-Siège et des représentants de nombreuses conférences épiscopales nationales et régionales de l'Afrique centrale et orientale, laisse entrevoir de nouvelles espérances. Enfin, je voudrais mentionner la Côte d'Ivoire, exhortant les parties en présence à créer un climat de confiance réciproque qui puisse conduire au désarmement et à la pacification, et d'autre part l'Afrique Australe: dans ces pays, des millions de personnes sont réduites à une situation de grande vulnérabilité, qui exige l'attention et l'appui de la communauté internationale.
Des signes positifs pour l'Afrique viennent également de la volonté exprimée par la communauté internationale de maintenir ce continent au centre de son attention, et aussi du renforcement des institutions continentales et régionales, qui témoignent de l'intention des pays concernés de devenir toujours davantage responsables de leur propre destin. De même, il faut louer l'attitude digne des personnes, qui chaque jour, sur le terrain, s'engagent avec détermination pour promouvoir des projets qui contribuent au développement et à l'organisation de la vie économique et sociale.
25 janvier - Homélie Vêpres St Paul Hors les Murs
« Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 37), thème biblique proposé par les communautés chrétiennes d'Afrique du Sud. Les situations de racisme, de pauvreté, de conflit, d'exploitation, de maladie, de souffrance, dans lesquelles elles se trouvent, en raison de l'impossibilité même de faire comprendre leurs besoins, suscitent en elles une exigence profonde d'écouter la parole de Dieu et de parler avec courage. Etre sourd-muet, c'est-à-dire ne pouvoir ni entendre ni parler, ne peut-il pas en effet être un signe de manque de communion et un symptôme de division ? La division et l'incommunicabilité, conséquence du péché, sont contraires au dessein de Dieu. L'Afrique nous a offert cette année un thème de réflexion de grande importance religieuse et politique, car « parler » et « écouter » sont des conditions essentielles pour édifier la civilisation de l'amour.
9 mai 2007 - Avec les Journalistes, en vol, vers le Brésil.
J'aime beaucoup l'Amérique latine, j'ai accompli de nombreuses visites en Amérique latine et j'y ai de nombreux amis, et je sais combien ce continent doit faire face à de grands problèmes, mais possède également de grandes richesses. En ce moment, nous voyons que les problèmes du Moyen-Orient, de la Terre Sainte, de l'Irak, etc., sont "dominants". Il existe donc, pour ainsi dire, une priorité immédiate dont il faut tenir compte. Et les souffrances de l'Afrique également sont très grandes, comme nous le savons.
18 mai 2007 - Aux évêques du Mali en visite Ad Limina
Alors que l'Église qui est sur votre continent se prépare à célébrer la deuxième Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour l'Afrique, l'engagement des fidèles au service de la réconciliation, de la justice et de la paix est une impératif urgent.
7 septembre 2007 - Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche
De l'unicité de son nom découle aussi, cependant, pour l'Europe, une responsabilité unique dans le monde. À ce propos, elle ne doit surtout pas renoncer à elle-même. Le continent qui, sur le plan démographique, vieillit de façon rapide ne doit pas devenir un continent spirituellement vieux. De plus, l'Europe acquerra une meilleure conscience d'elle-même si elle assume une responsabilité dans le monde qui corresponde à sa tradition spirituelle particulière, à ses capacités extraordinaires et à sa grande force économique. L'Union européenne devrait par conséquent jouer un rôle de meneur dans la lutte contre la pauvreté dans le monde, et dans l'engagement en faveur de la paix. Nous pouvons constater avec gratitude que les pays européens et l'Union européenne sont parmi ceux qui contribuent le plus au développement international, mais ils devraient aussi faire valoir leur importance politique face, par exemple, aux très urgents défis portés par l'Afrique, aux horribles tragédies de ce continent telles que le fléau du SIDA, la situation au Darfour, l'exploitation injuste des ressources naturelles et le trafic préoccupant des armes.
30 septembre 2007 - Angelus
L'Evangile de Luc présente la parabole de l'homme riche et du pauvre Lazare (Lc 16, 19-31). Le riche incarne l'utilisation injuste des richesses de la part de qui les utilise pour un luxe effréné et égoïste, pensant uniquement à sa propre satisfaction, sans se soucier le moins du monde du mendiant qui se trouve à sa porte. Le pauvre en revanche incarne la personne dont seul Dieu s'occupe : contrairement au riche, il a un nom, Lazare, abréviation de Eleazare qui signifie précisément « Dieu l'aide ». Dieu n'oublie pas celui qui est oublié de tous ; celui qui ne vaut rien aux yeux des hommes est précieux aux yeux du Seigneur. Le récit montre comment l'iniquité terrestre est renversée par la justice divine : après la mort, Lazare est accueilli « dans le sein d'Abraham », c'est-à-dire dans la béatitude éternelle, alors que le riche finit en enfer, « en proie à la torture ». Il s'agit d'un nouvel état de chose sans appel et définitif. C'est donc pendant sa vie qu'il faut se repentir. Le faire après ne sert à rien.
Cette parabole se prête également à une lecture sur le plan social. Celle que livra le pape Paul VI, il y a tout juste quarante ans, dans l'encyclique Populorum progressio est restée mémorable. Parlant de la lutte contre la faim, il écrivit : « Il s'agit de construire un monde où tout homme... puisse vivre une vie pleinement humaine... où le pauvre Lazare puisse s'asseoir à la même table que le riche (n. 47). L'encyclique rappelle que ce sont d'une part « les servitudes qui viennent des hommes » et de l'autre « une nature insuffisamment maîtrisée » (ibid.), qui provoquent les nombreuses situation de misère.
Malheureusement, certaines populations souffrent de ces deux facteurs à la fois. Comment ne pas penser, en ce moment, spécialement aux pays de l'Afrique subsaharienne, frappés ces jours derniers par de graves inondations ? Mais nous ne pouvons pas oublier tant d'autres situations d'urgence humanitaire dans différentes régions du monde, dans lesquelles les conflits pour le pouvoir politique et économique viennent aggraver une situation déjà critique sur le plan de l'environnement. L'appel que lança alors Paul VI : « Les peuples de la faim interpellent aujourd'hui de façon dramatique les peuples de l'opulence » (Populorum progressio, 3) conserve toute son urgence. Nous ne pouvons pas prétendre ne pas savoir quel chemin prendre : nous avons la Loi et les Prophètes, nous dit Jésus dans l'Evangile. Celui qui ne veut pas les écouter ne changerait pas, même si quelqu'un revenait de chez les morts pour le réprimander.