1978
3 décembre 1978 – Homélie de la Messe à la paroisse romaine Saint François-Xavier
Je dis à tous les époux et aux parents, jeunes ou non : donnez-vous la main comme vous l'avez fait le jour de vos noces en recevant le sacrement du mariage. Imaginez que votre Evêque vous demande de nouveau aujourd'hui votre consentement et alors vous, comme autrefois, vous prononcez les paroles de la promesse matrimoniale, le serment de votre mariage.
Savez-vous pourquoi je le rappelle ? C'est parce que de l'observance de ces engagements dépendent l'"église domestique", la qualité et la sainteté de la famille, l'éducation de vos '"fils." Tout cela, le Christ vous l'a confié, très chers époux", le jour où, moyennant le ministère du prêtre, il a uni vos vies pour toujours au moment où vous avez prononcé ces mots qu'il ne faudra jamais oublier : "jusqu'à la mort". Si vous vous les rappelez, si vous les observez, mes très chers frères et s½urs, vous êtes également des apôtres du Christ et vous contribuez à l'oeuvre de salut (cf. Lumen Gentium, 35, 41; Gaudium et Spes, 52).
1979
13 janvier 1979 – Discours au comité des journalistes européens pour les droits de l’enfant
On pourrait aussi insister sur le droit de l’enfant à naître dans une véritable famille, car il est capital qu’il bénéficie dès le début de l’apport conjoint du père et de la mère unis dans un mariage indissoluble.
1985
20 mai 1985 – Discours de Jean Paul II au Siège de la Communauté Economique Européenne
Nous nous trouvons face à un ébranlement moral et spirituel de l’homme, particulièrement sensible en vos pays. On dirait qu’il joue avec la vie, quand il ne se laisse pas saisir par la désespérance. L’aisance avec laquelle la science intervient dans les processus biologiques peut entraîner des égarements mortifères. L’acte merveilleux de transmettre la vie se voit privé d’une part de son sens ; la coulpe se ferme sur lui-même ; avec le consentement de la société, il en vient trop souvent à refuser à l’être sans défense la dignité d’homme et le droit de vivre. Ou bien, la volonté de posséder un enfant justifie des manipulations qui font violence à la nature de l’être humain. Une certaine priorité donnée aux satisfactions affectives de l’individu compromet la stabilité du couple et de la famille et fait perdre de vue les vraies finalités du mariage. Ces graves altérations dans l’éthique chez une part de nos contemporains ne sont-elles pas liées à l’absence d’un idéal, à l’étroitesse du projet humain quand il lui manque l’ouverture de la foi ? Mesure-t-on aussi les conséquences d’une diminution du nombre des naissances qui poursuivront les réussites de la population ? L’homme aurait-il perdu confiance dans une libre et fidèle communion avec l’autre, dans le développement de toutes ses possibilités, à commencer par celle de donner le meilleur de soi-même à ceux qui poursuivront les réussites de la civilisation et feront croître sa beauté ? D’avoir renoncé aux aspirations généreuses et désintéressées, cela entraîne les maux de la solitude et durcit les écarts entre les générations. Les jeunes sont déçus du monde où nous les plaçons. Nos manières de vivre leur permettront-elles de respecter leur propre dignité d’hommes, de découvrir un idéal, de s’épanouir dans une communion d’êtres heureux dans leur dignité ? Il est de notre responsabilité à tous de mesurer l’enjeu de ces questions. L’homme a assez de pouvoir sur lui-même pour reprendre sa route, se relever s’il est tombé, et répondre à la vocation de se dépasser sans cesse.
1986
1er décembre 1986- Homélie de la Messe à Victoria
Une société se désagrège quand les mariages se font de moins en moins nombreux et plus instables, lorsque chacun recherche d’abord à satisfaire son égoïsme et les plaisirs faciles, quand on accepte les infidélités et les ruptures. Le chrétiens doivent alors témoigner qu’une vie de foyer solide, bien préparée, animée par l’amour réciproque, est une valeur irremplaçable. En recevant le sacrement de mariage, ils reconnaissent que tout amour vient de Dieu et ne peut être vécu fidèlement qu’avec la grâce de Dieu, avec la force de l’amour que le Christ a manifesté pour son Eglise. Et en accueillant la vie selon une paternité responsable, en la respectant toujours dès qu’elle est conçue, ils sont les coopérateurs de l’amour de Dieu Créateur. Ils sont aussi les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, de leur croissance dans la foi. Chers époux et parents chrétiens, en vertu du mariage, vous avez une mission de premier plan dans l’Eglise et dans la société. Priez, priez ensemble le Christ présent dans votre foyer. Et cherchez, à l’occasion de réunions ou de retraites, à vous entraider entre foyers.
Mais il vous faut vous-mêmes approfondir votre foi, pour qu’elle devienne une conviction, un choix personnel. L’instruction que vous recevez dans les différents établissements scolaires représente une chance pour votre avenir, pour l’avenir des Seychelles. Elle doit s’accompagner d’un effort semblable pour connaître ce que Dieu a révélé aux hommes tout au long de la Bible et de l’histoire de l’Eglise. Cette révélation n’explique pas, comme les sciences, les “comment” de la nature, mais elle répond à nos “pourquoi”: elle montre le sens de l’existence dans le plan de Dieu. Ainsi vous serez capables de rendre compte de l’espérance qui est en vous et de répondre sans crainte aux interrogations nouvelles qui surgissent au cours de vos études. C’est pourquoi l’Eglise désire avoir toujours la possibilité de rendre aux jeunes ce service qui, à ses yeux, est primordial: leur proposer, dans le respect de leur conscience, le message chrétien, l’expérience de la vie en Eglise et le sens d’une vie à bâtir à la lumière de Jésus-Christ.
… Préparez votre avenir, en développant aussi les valeurs morales de droiture du c½ur, de loyauté, d’endurance dans l’effort, d’amitié. Préparez-vous à l’amour humain sur lequel sera fondé votre foyer, si telle est votre vocation. Il y a un apprentissage du respect de l’autre, de la connaissance réciproque, de la maîtrise de soi, du don de soi. L’amour est beaucoup plus que les satisfactions superficielles de la sensibilité. Il est une réponse à une vocation merveilleuse que Dieu a inscrite dans vos c½urs, et pour laquelle vous devez être simples, forts, généreux, capables d’assurer ensemble les responsabilités du mariage.
1997
8 mars 1997, à des évêques de France en visite Ad Limina. ORLF 18.3.97
La crise du mariage et de la famille appelle un renouveau du sens chrétien de ce sacrement, qui devrait conduire les couples à témoigner d’une conception authentique du mariage, qui est à l’image de la relation de Dieu avec l’humanité.
4 juin 1997, homélie de la Messe, en Pologne. ORLF 17.6.97
Grâce à la présence sacramentelle du Christ, grâce au pacte librement stipulé, à travers lequel les conjoints se donnent réciproquement, la famille est une communauté sainte.
Un amour véritable ne s’éteint jamais. Il devient source de force et de fidélité conjugale.
5 octobre 1997 – Homélie de la Messe célébrée par Jean Paul II, à Rio de Janeiro, à l’occasion de la IIème Rencontre Mondiale des familles
1. « Que nous bénisse le Seigneur, tous les jours de notre vie » (Psaume responsorial).
Je rends grâce à Dieu pour m'avoir permis de vous rencontrer à nouveau, familles du monde entier, afin de réaffirmer solennellement que vous êtes « l'espérance de l'humanité »!
La première Rencontre mondiale avec les Familles a eu lieu à Rome en 1994. La seconde se conclut aujourd'hui à Rio de Janeiro. Je remercie cordialement le Cardinal Eugênio de Araújo Sales pour m'avoir invité et je remercie également tous les évêques et les représentants des Autorités brésiliennes qui ont contribué au succès de ce grand événement. Nous sommes venus ici de divers pays et de différentes Eglises, non seulement du Brésil et de l'Amérique latine, mais de tous les continents, pour élever tous ensemble cette prière à Dieu: « Que nous bénisse le Seigneur, tous les jours de notre vie »!
En effet, la famille est la communauté d'amour et de vie particulière, et en même temps primordiale, sur laquelle se fondent toutes les autres communautés et sociétés. C'est pourquoi, en invoquant les Bénédictions du Très-Haut pour les familles, nous prions ensemble pour toutes les grandes sociétés que nous représentons ici. Nous prions pour l'avenir des nations et des Etats, ainsi que pour l'avenir de l'Eglise et du monde.
En effet, à travers la famille, toute l'existence humaine est orientée vers l'avenir. C'est en son sein que l'homme vient au monde, grandit et mûrit. En elle, il devient un citoyen toujours plus responsable de son pays et un membre toujours plus conscient de l'Eglise. La famille est également le milieu premier et fondamental où chaque homme découvre et réalise sa propre vocation humaine et chrétienne. Enfin, la famille constitue une communauté qui ne peut être remplacée par aucune autre. C'est ce qui ressort de la lecture de la liturgie de ce jour.
2. Les représentants de l'orthodoxie juive, les Pharisiens, se présentent devant le Messie et lui demandent s'il est licite qu'un mari répudie sa femme. A son tour, le Christ demande ce que Moïse a commandé : ils répondent que Moïse permet de rédiger un acte de divorce et de la renvoyer. Mais le Christ leur dit : « C'est en raison de votre dureté de c½ur qu'il a écrit pour vous cette prescription. Mais dès l'origine de la création, Il les fit homme et femme. Ainsi donc, l'homme quittera son père et sa mère, et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi, ils ne seront plus deux, mais une seule chair. Eh bien! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer » (Mc 10, 5-9).
Le Christ fait référence au début. Ce début est contenu dans le Livre de la Genèse, où nous trouvons la description de la création de l'homme. Comme nous le lisons dans le premier chapitre de ce Livre, Dieu créa l'homme à son image et ressemblance, homme et femme il les créa (cf. Gn 1, 27), et il dit « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1, 28). Dans la seconde description de la création, que la lecture de la liturgie de ce jour nous propose, nous lisons que la femme fut créée à partir de l'homme. L'Ecriture rapporte ce qui suit: « Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria : "Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair. Celle-ci sera appelée femme, car elle fut tirée de l'homme, celle-ci!". C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair » (Gn 2, 21, 24).
3. Le langage employé utilise les catégories anthropologiques du monde antique, mais il est d'une profondeur extraordinaire : il exprime d'une manière vraiment merveilleuse les vérités essentielles. Tout ce qui a été découvert par la suite par la réflexion humaine et par la connaissance scientifique n'a fait que confirmer ce qui existait déjà dans le texte.
Le Livre de la Genèse révèle, tout d'abord, la dimension cosmique de la création. L'apparition de l'homme a lieu dans le cadre immense de la création du cosmos tout entier : ce n'est pas un hasard si elle a lieu le dernier jour de la création du monde. L'homme est entré dans l'½uvre du Créateur au moment où toutes les conditions étaient réunies pour qu'il puisse exister. L'homme est l'une des créatures visibles ; toutefois, il est en même temps dit dans l'Ecriture Sainte qu'il est le seul à avoir été créé « à l'image et ressemblance de Dieu ». Cette merveilleuse union du corps et de l'esprit constitue une innovation décisive dans le processus de la création. A travers l'être humain, toute la grandeur de la création visible s'ouvre à la dimension spirituelle. L'intelligence et la volonté, la connaissance et l'amour — tout cela apparaît dans l'univers visible au moment même de la création de l'homme. Ces éléments apparaissent en manifestant précisément dès le début la compénétration de la vie corporelle avec la vie spirituelle. Ainsi, l'homme quitte son père et sa mère, et il s'unit à sa femme, devenant une seule chair; toutefois, cette union conjugale s'enracine en même temps dans la connaissance et dans l'amour, c'est-à-dire dans la dimension spirituelle.
Le Livre de la Genèse parle de tout cela dans un langage qui lui est propre et qui est en même temps merveilleusement simple et exhaustif. L'homme et la femme, appelés à vivre dans le processus de la création cosmique, se présentent au seuil de leur propre vocation en ayant en eux la capacité de procréer en collaboration avec Dieu, qui crée directement l'âme de chaque nouvel être humain. A travers la connaissance réciproque et l'amour, comme à travers l'union corporelle, ils appelleront à la vie des êtres semblables à eux — et créés, comme eux, « à l'image et ressemblance de Dieu ». Ils donneront la vie à leurs enfants, comme ils l'ont reçue de leurs parents. Telle est la vérité, simple et profonde, sur la famille telle qu'elle est présentée dans les pages du Livre de la Genèse et de l'Evangile : dans le dessein de Dieu, le mariage — le mariage indissoluble — est le fondement d'une famille saine et responsable.
4. Dans l'Evangile, le Christ décrit, par touches rapides mais incisives, le dessein originel de Dieu Créateur. Ce récit est également présent dans l'Epître aux Hébreux, proclamée lors de la seconde lecture : « Il convenait en effet, que, voulant conduire à la gloire un grand nombre de fils, celui pour qui et par qui sont toutes choses rendît parfait par des souffrances le chef qui devait les guider vers leur salut. Car le sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine » (He 2, 10-11). La création de l'homme a son fondement dans le Verbe éternel de Dieu. Dieu a appelé chaque chose à la vie à travers l'action du Verbe, le Fils éternel au moyen duquel tout a été créé. L'homme a également été créé à travers le Verbe, il a été créé homme et femme. L'alliance conjugale prend origine dans le Verbe éternel de Dieu. La famille a été créée en Lui. En Lui, la famille est de toute éternité pensée, imaginée et réalisée par Dieu. A travers le Christ, elle acquiert son caractère sacramentel, sa sainteté.
Le texte de l'Epître aux Hébreux rappelle que la sainteté du mariage, comme celle de toute autre réalité humaine, a été réalisée par le Christ au prix de sa passion et de la croix. A cette occasion, il se présente comme le nouvel Adam. S'il est vrai que dans l'ordre naturel, nous descendons tous d'Adam, dans l'ordre de la grâce et de la sanctification, nous procédons tous du Christ. La sanctification de la famille puise sa source dans le caractère sacramentel du mariage.
Celui qui sanctifie — c'est-à-dire le Christ — et tous ceux qui doivent être sanctifiés — vous, les pères et les mères, vous, les familles — vous présentez ensemble devant Dieu le Père avec cette supplication ardente, afin qu'Il bénisse ce qu'il a réalisé en vous à travers le sacrement du mariage. Cette prière inclut tous les couples et toutes les familles qui vivent sur terre. Dieu, unique Créateur de l'univers, est en effet la source de la vie et de la sainteté.
5. Parents et familles du monde entier, laissez-moi vous dire : Dieu vous appelle à la sainteté. Lui-même vous a choisis « dès avant la fondation du monde — nous dit saint Paul —, pour être saints et immaculés en sa présence [...] par Jésus- Christ » (Ep 1, 4). Il vous aime beaucoup, Il désire votre bonheur, mais il veut que vous sachiez toujours conjuguer la fidélité avec le bonheur, car l'un ne peut pas exister sans l'autre. Ne laissez pas la mentalité hédoniste, l'ambition, l'égoïsme entrer dans vos foyers. Soyez généreux avec Dieu. Je ne peux que rappeler, encore une fois, que la famille est « au service de l'Eglise et de la société dans son être et dans son agir, en tant que communauté intime de vie et d'amour » (Familiaris consortio, n. 50). Le don réciproque de soi, béni par Dieu et imprégné de foi, d'espérance et de charité, permettra d'atteindre la perfection et la sanctification des deux conjoints. En d'autres termes, il servira de noyau sanctificateur de la famille elle-même et d'instrument de diffusion de l'½uvre de l'évangélisation de chaque foyer chrétien.
Très chers frères et s½urs, quelle grande tâche s'ouvre à vous! Soyez des messagers de joie et de paix au sein de la famille ; la grâce élève et perfectionne l'amour et vous accorde les vertus familiales indispensables de l'humilité, de l'esprit de service et de sacrifice, de l'affection paternelle, maternelle et filiale, du respect et de la compréhension réciproques. Et comme le bien est en lui-même contagieux, je souhaite également que votre adhésion à la pastorale familiale soit, dans la mesure du possible, un encouragement à diffuser avec générosité le don qui est en vous, tout d'abord parmi vos enfants, puis parmi les couples — peut-être des parents et des amis — qui sont loin de Dieu ou qui traversent des moments d'incompréhension ou de découragement. Sur le chemin vers le Jubilé de l'An 2000, j'invite tous ceux qui m'écoutent à ce renforcement de la foi et du témoignage chrétien, afin qu'avec la grâce de Dieu, une véritable conversion et un renouveau personnel au sein des familles du monde entier aient lieu. (cf. Tertio millennio adveniente, n. 42). Que l'Esprit de la Sainte Famille de Nazareth règne dans tous les foyers chrétiens !
Familles du Brésil, d'Amérique latine et du monde entier, le Pape et l'Eglise ont confiance en vous. Ayez confiance : Dieu est avec nous !
1998
22 janvier 1998, Messe à Cuba. ORLF 27.1.1998
“L’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : “Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère”. La Parole révélée nous montre que Jésus a voulu protéger la famille et la préserver de tout danger. C’est pourquoi l’Église, animée et illuminée par l’Esprit Saint, cherche à défendre et à proposer à ses fils et à tous les hommes de bonne volonté la vérité sur les valeurs fondamentales du mariage chrétien et de la famille. de la même façon elle proclame comme devoir incontournable la sainteté de ce sacrement et ses exigences morales pour sauvegarder la dignité de chaque personne humaine.
Le mariage, avec son caractère d’union exclusive et permanente, est sacré car il trouve son origine en Dieu. En recevant le sacrement du mariage, les chrétiens participent au dessein créateur de Dieu et reçoivent les grâces dont ils ont besoin pour accomplir leur mission, pour éduquer et former les enfants et répondre à l’appel de la sainteté. Il s’agit d’une union qui diffère de tout autre type d’union humaine, car elle est fondée sur le dévouement et sur l’acceptation réciproque des conjoints en vue de devenir “une seule chair”, vivant dans une communauté de vie et d’amour dont la vocation est celle d’être “un sanctuaire de la vie”. À travers leur union fidèle et persévérante, les conjoints contribuent au bien de l’institution familiale et démontrent que l’homme et la femme ont la capacité de se donner pour toujours l’un à l’autre, sans que ce don volontaire et éternel ne les prive de leur liberté, car dans le mariage, chaque personnalité doit restée inchangée et développer la grande loi de l’amour : se donner l’un à l’autre pour se consacrer ensemble au devoir que Dieu leur confie. Si la personne humaine est le centre de toute institution sociale, alors la famille, premier lieu de socialisation, doit être une communauté de personnes libres et responsables en qui le mariage se réalise comme un projet d’amour qui tend sans cesse vers la perfection, qui apporte vitalité et dynamisme à la société civile.
Dans la vie matrimoniale, le service à la vie ne se limite pas à la conception, mais se prolonge dans l’éducation des nouvelles générations. Les parents, ayant donné la vie à leurs enfants, ont le devoir important de les éduquer, et par conséquent, doivent être reconnus comme les premiers et principaux éducateurs de leurs enfants. Ce devoir éducatif est si important que lorsqu’il vient à manquer, il peut difficilement être remplacé. Il s’agit d’un devoir et d’un droit irremplaçable et inaliénable. Il est vrai que dans le domaine éducatif, l’autorité publique a des droits et des devoirs, car elle doit servir le bien commun ; toutefois, cela ne lui confère pas le droit de se substituer aux parents. C’est pourquoi les parents, sans attendre que d’autres les substituent dans ce qui est leur responsabilité, doivent pouvoir choisir pour leurs enfants, la méthode pédagogique, les contenus éthiques et civils et l’inspiration religieuse auxquels ils désirent les former de façon intégrale. N’attendez-pas que l’on vous donne tout. Assumez votre mission éducative, en cherchant et en créant les espaces et les moyens adaptés dans la société civile.
La vocation à la vie matrimoniale et familiale, inspirée par la Parole de Dieu, selon le modèle de la Sainte Famille de Nazareth, est grande.
- le 23 janvier 1998, Message laissé aux jeunes, à Cuba. ORLF 27.1.98
Jésus, en s’incarnant dans la famille de Marie et de Joseph, manifeste et consacre la famille comme sanctuaire de la vie et cellule de base de la société.
La plupart d’entre vous sont appelés à former une famille. Combien de situations de malaise personnel et social trouvent leurs origines dans les difficultés, les crises et les échecs de la famille ! Préparez-vous bien à édifier à l’avenir des foyers sains et tranquilles, dans lesquels se respire le climat de la concorde, à travers le dialogue ouvert et la compréhension réciproque. Le divorce ne constitue jamais une solution, mais un échec à éviter. Encouragez donc tout ce qui favorise la sainteté, l’unité et la stabilité de la famille, fondée sur le mariage indissoluble et ouverte avec générosité au don précieux de la vie.
L’amour authentique, auquel saint Paul a consacré un hymne dans la première Épître aux Corinthiens, est exigeant. Sa beauté réside précisément dans son exigence. Seul celui qui, au nom de l’amour, sait être exigeant avec lui-même, peut exiger de l’amour des autres. Il est nécessaire que les jeunes d’aujourd’hui découvrent cet amour, car il renferme le fondement véritablement solide de la famille, et qu’ils refusent avec fermeté toute forme de substitut, comme le soit-disant “amour libre”. Combien de familles ont été détruites à cause de cela ! N’oubliez pas que suivre aveuglément l’impulsion affective signifie souvent être esclaves de ses propres passions.
- le 17 janvier 1998, à le Rote romaine. ORLF 10.3.98
Mon âme de pasteur n’oublie pas le problème angoissant et dramatique que vivent les fidèles dont le mariage a échoué sans faute de leur part et qui, avant d’obtenir une éventuelle sentence ecclésiastique qui en déclare légitimement la nullité, contractent une nouvelle union dont ils voudraient qu’elle soit bénie et consacrée devant un ministre de l’Église.
- le 23 octobre 1998, aux membres de la 2è rencontre internationale de politiques et législateurs d’Europe.
Il importe donc que ceux qui ont été appelés à conduire la destinée des nations reconnaissent et affermissent l’institution matrimoniale ; en effet, le mariage a un statut juridique spécifique, reconnaissant les droits et les devoirs de la part des conjoints, l’un vis-à-vis de l’autre et à l’égard des enfants, et le rôle des familles dans la société, dont elles assurent la pérennité, est primordial. La famille favorise la socialisation des jeunes et contribue à endiguer les phénomènes de violence, par la transmission des valeurs, ainsi que par l’expérience de la fraternité et de la solidarité qu’elle permet de réaliser chaque jour. Dans la recherche de solutions légitimes pour la société moderne, elle ne peut pas être mise sur le même plan que de simples associations ou unions, et celles-ci ne peuvent bénéficier des droits particuliers liés exclusivement à la protection de l’engagement conjugal et de la famille, fondée sur le mariage, comme communauté de vie et d’amour stable, fruit du don total et fidèle des conjoints, ouverte à la vie. Du point de vue des responsables de la société civile, il importe qu’ils sachent créer les conditions nécessaires à la nature spécifique du mariage, à sa stabilité, et à l’accueil du don de la vie. En effet, tout en respectant la légitime liberté des personnes, rendre équivalentes au mariage en les légalisant d’autres formes de relations entre des personnes est une décision grave qui ne peut que porter préjudice à l’institution conjugale et familiale. Il serait à long terme dommageable que des lois, fondées non plus sur les principes de la loi naturelle mais sur la volonté arbitraire des personnes (Cf Catéchisme de l’Église Catholique, 1904), donnent le même statut juridique semblable à différentes formes de vie commune, entraînant de nombreuses confusions. Les réformes concernant la structure familiale constituent donc avant tout en un renforcement du lien conjugal et en un soutien toujours plus fort aux structures familiales, en gardant en mémoire que les enfants, qui seront demain les protagonistes de la vie sociale, sont les héritiers des valeurs reçues et du soin mis à leur formation spirituelle, morale et humaine.
On ne peut jamais subordonner la dignité de la personne et de la famille aux seuls éléments politiques ou économiques, ou encore è de simples opinions d’éventuels groupes de pressions, même s’ils sont importants. L’exercice du pouvoir repose sur la recherche de la vérité objective et sur la dimension de service de l’homme et de la société, reconnaissant à tout sujet humain, même le plus pauvre et le plus petit, la dignité transcendante et imprescriptible de la personne. Tel est le fondement sur lequel doivent s’élaborer les décisions politiques et juridiques indispensables à l’avenir de la civilisation.
- le 29 octobre 1998, aux Évêques d’Océan Indien en visite Ad Limina. ORLF 3.11.98
Alors que bien des personnes, tout en vivant ensemble, mettent en cause la nécessité du mariage, c’est une exigence première de la mission de l’Église de faire prendre une conscience plus vive de sa signification humaine et spirituelle, comme aussi celle de la famille. Ce sont des réalités voulues par Dieu qui sont essentielles pour la vie de l’Église et pour celle de la société.
Le premier devoir de la famille est “de vivre fidèlement la réalité de la communion dans un effort constant pour promouvoir une authentique communautés de personnes” (F.Consortio, 18). Les époux chrétiens ont la mission urgente de témoigner de l’unité et de l’indissolubilité de cette communion, qui trouve son fondement et sa force en Jésus-Christ.
Je souhaite vivement que les jeunes prennent leurs responsabilités dans ce domaine si important de leur existence et se préparent à former des familles unies et ouvertes à la vie.
Face à des situations de permissivité ou de remise en cause des valeurs essentielles de la vie humaine, il est nécessaire que les jeunes puissent découvrir la grandeur et le rôle du sacrement de amriage qui fait des époux des coopérateurs de l’amour de Dieu Créateur pour transmettre le don de la vie humaine. En leur donnant la grâce de s’aimer de l’amour même du Christ, ce sacrement sera pour eux une aide précieuse pour perfectionner leur amour humain, fortifier l’unité de leur couple et les aider à avancer sur les chemins de la sainteté.
Il est essentiel qu’un soutien suivi soit apporté aux jeunes couples, afin qu’ils puissent vivre leur amour dans la générosité et la vérité. Que leur soit aussi proposé l’exemple de familles chrétiennes rayonnantes, fidèles et ouvertes aux autres !
1999
1er décembre 1999 – Enseignement de Jean Paul II – Audience Générale
Lecture: Jn 17, 20-21
1. Pour une préparation appropriée au grand Jubilé, un sérieux engagement pour redécouvrir la valeur de la famille et du mariage ne peut pas manquer dans la communauté chrétienne (cf. Tertio millennio adveniente, n. 51). Cela est d'autant plus urgent que cette valeur est aujourd'hui mise en discussion par une grande partie de la culture et de la société.
Les modèles contestés ne sont pas seulement certains modèles de vie familiale, qui changent sous la pression des transformations sociales et des nouvelles conditions de travail. C'est la conception même de la famille, en tant que communauté fondée sur le mariage entre un homme et une femme, qui est visée au nom d'une éthique relativiste qui se diffuse dans de vastes couches de l'opinion publique et de la législation civile elle-même.
La crise de la famille devient, à son tour, la cause de la crise de la société. De nombreux phénomènes pathologiques - allant de la solitude à la violence et à la drogue - s'expliquent également du fait que les cellules familiales ont perdu leur identité et leur fonction. Là où la famille se désagrège, le tissu conjonctif de la société tend à disparaître, avec des conséquences désastreuses sur les personnes, en particulier les plus faible s: des enfants aux adolescents, aux porteurs de handicap, aux malades, aux personnes âgées...
2. Il faut donc promouvoir une réflexion qui aide non seulement les croyants, mais tous les hommes de bonne volonté à redécouvrir la valeur du mariage et de la famille. Dans le Catéchisme de l'Eglise catholique on lit: "La famille est la cellule originelle de la vie sociale. Elle est la société naturelle où l'homme et la femme sont appelés au don de soi dans l'amour et dans le don de la vie. L'autorité, la stabilité et la vie de relations au sein de la famille constituent les fondements de la liberté, de la sécurité, de la fraternité au sein de la société" (n. 2207).
La raison elle-même peut arriver à la redécouverte de la famille en écoutant la loi morale inscrite dans le coeur humain. Communauté "fondée et vivifiée par l'amour" (cf. Exhort. apos. Familiaris consortio, n. 18), la famille tire sa force de l'alliance d'amour définitive à travers laquelle un homme et une femme se donnent réciproquement, devenant ensemble des collaborateurs de Dieu dans le don de la vie.
Sur la base de ce rapport fondamental d'amour, les relations qui s'établissent avec et entre les autres membres de la famille doivent elles aussi s'inspirer de l'amour et être caractérisées par une affection et un soutien réciproque. Loin de refermer la famille sur elle-même, l'amour authentique l'ouvre à la société tout entière, car la petite famille domestique et la grande famille de tous les êtres humains ne se trouvent pas en opposition, mais dans une relation intime et originelle. A la racine de tout cela se trouve le mystère même de Dieu, que la famille évoque précisément de façon particulière. Comme je l'écrivais, en effet, il y a quelques années dans la Lettre aux familles, "à la lumière du Nouveau Testament il est possible d'entrevoir comment le modèle originel de la famille doit être recherché dans Dieu lui-même, dans le mystère trinitaire de sa vie. Le "Nous" divin constitue le modèle éternel du "nous" humain ; de ce "nous" qui est tout d'abord formé par l'homme et par la femme, créés à l'image et à la ressemblance divine" (n. 6: Insegnamenti XVII/ [1994], 332).
3. La paternité de Dieu est la source transcendante de chaque autre paternité et maternité humaine. En la contemplant avec amour, nous devons nous sentir engagés à redécouvrir cette richesse de communion, de procréation et de vie qui caractérise le mariage et la famille.
En elle se développent les relations interpersonnelles où une tâche spécifique est confiée à chacun, sans cadres rigides. Je n'entends pas ici faire référence aux rôles sociaux et aux fonctions qui sont l'expression de contextes historiques et culturels particuliers. Je pense plutôt à l'importance que revêtent, dans la relation sponsale réciproque et dans l'engagement commun de parents, la figure de l'homme et de la femme en tant que personnes appelées à développer leurs caractéristiques naturelles dans le cadre d'une communion profonde, enrichissante et respectueuse. "A cette "unité des deux" est confiée par Dieu non seulement l'oeuvre de procréation et la vie de la famille, mais également la construction même de l'histoire" (Lettre aux femmes, 8: Insegnamenti XVIII/1 [1995], 1878).
4. Un enfant doit en outre être considéré comme la plus haute expression de la communion de l'homme et de la femme, c'est-à-dire de l'accueil/don réciproque qui se réalise et se transcende en un "tiers", précisément dans l'enfant. Les enfants sont la bénédiction de Dieu. Ils transforment le mari et la femme en père et en mère (cf. Exhort. apos. Familiaris consortio, n. 21). Tous deux "sortent de soi" et s'expriment dans une personne, qui, bien qu'étant le fruit de leur amour, va au-delà d'eux-mêmes.
2001
- le 1er février 2001, à la Rote Romaine. ORLF 13.2.2001
Parmi les défis les plus difficiles auxquels l’Église est confrontée aujourd’hui, se trouve celui d’une culture individualiste envahissante, qui tend à circonscrire et à limiter le mariage et la famille à la sphère privée.
- le 16 juin 2001, aux Évêques du Bénin en visite Ad Limina. ORLF 26.6.2001
Il est particulièrement fondamental pour l’avenir d’éduquer les jeunes à une juste hiérarchie des valeurs et de les préparer à vivre l’amour conjugal de façon responsable, en rapport avec ses exigences de communion et de service de la vie. La vision chrétienne du mariage doit être présentée dans toute sa grandeur, en soulignant que, sans amour, la famille ne peut vivre, grandir et se perfectionner en tant que communauté de personnes, et que les époux sont appelés à grandir sans cesse dans leur communion à travers la fidélité quotidienne à la promesse du don mutuel total, unique et exclusif que comporte le mariage. Il est donc nécessaire que la sollicitude de l’Église se manifeste aussi par un accompagnement discret et délicat des familles, qui sera une aide efficace pour affronter et résoudre les problèmes de la vie conjugale.
- le 5 mars 2002, à des Évêques d’Argentine en visite Ad Limina. ORLF 19.3.2002
L’institution familiale fait aujourd’hui l’objet de nombreuses attaques provenant de divers fronts et à travers de multiples et subtils arguments. Nous assistons à un courant, très fort, dans certains milieux, qui vise à affaiblie sa véritable nature. Les fidèles catholiques eux-mêmes, pour divers motifs, n’ont pas recours au Sacrement du Mariage pour inaugurer leur union dans l’amour. Il est important de rappeler que le Christ « vient à la rencontre des époux chrétiens par le Sacrement du mariage. Il continue de demeurer avec eux pour que les époux, par leur don mutuel, puissent s’aimer dans une fidélité perpétuelle, comme lui-même a aimé l’Église et s’est livré pour elle » (Gaudium et Spes, 48).
Je connais l’engagement que vous placez dans la défense et la promotion de cette institution, et qui a son origine en Dieu et dans son dessein de salut (Cf. FC,49). La diffusion de la crise du mariage et de la famille ne doit pas conduire à l’accablement ou à l’abandon ; au contraire, elle doit nous pousser à proclamer avec fermeté pastorale, comme un authentique service à la famille et à la société, la vérité sur le mariage et sur la famille établie par Dieu.. Cesser de le faire serait une grave omission pastorale qui induirait en erreur les croyants, ainsi que ceux qui ont la lourde responsabilité de prendre des décisions en ce qui concerne le bien commun de la nation. Cette vérité est valable non seulement pour les catholiques, mais pour tous les hommes et femmes sans distinction, car le mariage et la famille constituent un bien irremplaçable pour la société, qui ne peur rester indifférente face à leur dégradation ou à la perte de leur identité.
A ce propos, les conjoints engagés dans l’Église doivent, avec l’aide des pasteurs, oeuvrer afin d’approfondir la théologie du mariage, aider les jeunes couples et les familles en difficultés à mieux reconnaître la valeur de leur engagement sacramentel et à accueillir la grâce de l’alliance qu’ils ont scellée en tant que baptisés. Les familles chrétiennes doivent être les premières à témoigner de la grandeur de la vie conjugale et familiale, fondée sur l’amour réciproque et sur la fidélité. Grâce au Sacrement, leur amour humain acquiert une valeur supérieure, car les conjoints manifestent l’amour du Christ pour son Église, en assumant dans le même temps une responsabilité importante dans le monde : celle d’engendrer des fils appelés à devenir fils de Dieu et les aider dans leur croissance humaine et surnaturelle.
Chers frères, suivez les familles, encouragez la pastorale familiale dans vos diocèses et promouvez les mouvements et les associations de spiritualité du mariage ; réveillez leur zèle apostolique afin qu’ils fassent leur le devoir de la nouvelle évangélisation, qu’ils ouvrent leurs portes à ceux qui vivent dans des conditions difficiles, et qu’ils témoignent de la grande dignité d’un amour désintéressé et inconditionnel.
En outre, il ne faut pas oublier que pour la défense et la promotion de l’institution familiale, la préparation adéquate de ceux qui s’apprêtent à contracter le Sacrement du Mariage est importante (Cf cc.1063-1064 du C.de.DC). De cette façon, on encourage la formation d’authentiques familles qui vivent selon le dessein de Dieu. Dans cette tâche, il faut présenter aux futurs époux non seulement les aspects anthropologiques de l’amour humain, mais également les bases pour une authentique spiritualité conjugale, qui considère le mariage comme une vocation qui permet au baptisé d’incarner la foi, l’espérance et la charité au sein d’une nouvelle situation personnelle, sociale et religieuse.